Récit de la course : Ultra Tour des 4 Massifs - 160 km 2013, par LudoH

L'auteur : LudoH

La course : Ultra Tour des 4 Massifs - 160 km

Date : 23/8/2013

Lieu : Grenoble (Isère)

Affichage : 4273 vues

Distance : 160km

Objectif : Terminer

3 commentaires

Partager :

84 autres récits :

UT4M - Sacré course!

5:20 a Grenoble, sur la bande d'herbe du tram. Je me sens un peu observateur, je trouve que ca part vite, je sens les tensions autour de moi de ces coureurs qui partent pour une épreuve difficile, mais ne veulent pas perdre de temps ...  Je me laisse doubler puis finit par me trouver dans un groupe raisonnable. Moi je sais pas quoi en penser, je sens une pression différente de d'habitude: des soucis de santé et un manque d'entrainement font que je me sens moyennement prêt, mais je vais tenir ce que je peux; objectif numéro 1, arriver a Rioupéroux, et surtout se faire plaisir.

7:15 au Tremplin: C'est monté super-vite, les gens autour de moi courent sur les faux plats montants ... arriveront ils simplement a courir sur le plat a la fin?
Malgré notre avance générale, je ne m'arrête pas au ravito, mais j'attrape un petit-dej et je monte tranquille au Moucherotte, je fais des petites pauses, je laisse les gens me doubler en prenant des photos: on a le temps, no stress!

10:07 au col de l'Arc: Je suis en compagnie du coureur espoir et d'un autre gars, je les croiserai souvent, on discute et s'encourage sur une bonne partie du parcours même si ils descendent plus vite. J'ai fait une bonne pause au dernier ravito, j'ai rempli ma poche à eau qui était vide! J'ai bien mangé et me suis mis de la crème ... j'ai juste oublié de déposer le vêtement de  pluie que l'on a ramassé au Moucherotte, je le laisserai à Vif, je me le suis trimbalé pendant plus de 20 bornes! Dans la descente je calme le jeu, marche vite pour la plupart du temps, et tiens compagnie à une relayeuse qui s'est tordu la cheville, arrivée sur la route elle part en courant ... moi je me contente de trottiner.

12:30 au ravito de Vif: Il faut vraiment que je remplisse mieux ma poche à eau: je l'ai encore vidée à 3km du ravito. Il fait vraiment très chaud. Je m'inquiète pour les autres coureurs: j'en ai déjà vu plusieurs coincer dans la dernière montée, et on a à peine fait 40km, comment vont ils finir?
Je repars avec un sandwich au chocolat, j'appelle ma chérie pour lui donner des nouvelles.

13:00 montée au col de la Chal: le dos commence à tirer, j'ai faim et je commence à fatiguer, mais je tiens bon; une petite pause au col et ça repart. D'ailleurs j'ai plutôt tendance à doubler mes voisins soloistes qui ont l'air de craquer un peu plus que moi.

15:15 Laffrey: Bonne nouvelle! Céline est venue me voir au ravito. Je lui raconte que je gère bien, que je vais vite et que le dos commence à tirer mais je gère. Je m'assois pour manger à l'ombre, ça fait du bien de se poser; Céline m'accompagne sur 500m. Je repars avec les batteries physiques et mentales rechargées à bloc! En plus ça monte, et j'aime bien les montées! (il paraitrait qu'il y en a encore quelques unes au menu, miam miam!)

17:40  a la Morte: Je fais un ravito eclair après avoir discuté avec un Cannois dans la descente, j'ai toujours beaucoup d'avance sur mon planning, tant que je gère le mal de dos, tout va bien. Je repars avec mon jeune espoir et on papote un bon moment, ça fait du bien ... puis il me lâche pour monter à son rythme ... à part lui, je doublerai d'autres coureurs dans cette montée.
La montée à la Baisse de la Vache est raide et longue, ça envoie grave! Il s'agit de tenir jusqu'en haut avant de se poser un peu. 1h40 pour 1000m de D+: encore correct après 5000m de D+.

21:00 su la piste après le lac de poursoulet: J'ai le moral dans les chaussettes: je viens d'allumer ma frontale en partant du précédent ravito qui était très bien pourtant, avec des bénévoles hyper sympas. Je suis encore loin de Riouperoux, il reste une remontée sur piste de 300m de D+, et une descente que tout le monde me dit technique ... ça va mettre un temps fou! Au début de la descente j'appelle ma chérie, je lui dis que ça va êter long mais que pour l'instant ça va. La piste est passée assez vite et cette première partie de descente est raide mais a été bien nettoyée ça avance bien, on discute un peu. Je raccroche et rattrape des coureurs avant que le chemin devienne "enfin" cassant avec des pierres qui roulent un peu partout ... la fin de la descente est longue et pénible.

Minuit, montée de l'Arselle: A Rioupéroux quand les  ne sont pas sages les parents les menacent de les envoyer à l'Arselle; je pense qu'il y a beaucoup d'enfants sages...
Après avoir mangé, m'être changé et reposé, je suis reparti de Rioupéroux en me rendant compte que mon dos commençait à trinquer mais je me suis dit que je m'arrêterai de temps en temps. ERREUR! On ne s'arrête pas dans la montée de l'Arselle, le replat n'existe pas ici, ceux qui veulent se reposer viennent avec un baudrier et se vachent au câble qui marque le milieu de la montée, juste avant les petites dalles où il faut s'aider un peu des mains. Depuis le début de la course je gère mes problèmes de dos en me tenant bien droit, avec les épaules un peu en arrière, spécialement dans les montées et quand je cours. Ici pas question de faire cela, on subit la montée et le corps adopte l'angle qu'il peut. Je détruis mon dos. Je croise 4 trailers qui redescendent dans cette montée ... ça ne va pas me rassurer, mais je continue! je tiens! Quand on est un Ludo et on a un moral en acier trempé on ne se laisse pas avoir par un conte qui a été inventé pour effrayer les enfants, on MONTE (au ralenti certes, mais surtout on ne s'arrête pas, on avance)!!!
1h40 pour monter à l'Arselle (950m), c'est encore relativement honnête mais je n'arrive pas en haut au mieux de ma forme, ni physique, ni morale.

4h15, les pieds dans un marécage sur le parcours de repli: On n'a pas eu le droit de monter en haut de Belledonne à cause des risques d'orage, à la place un parcours de repli moins dénivelant et moins long mais très éprouvant, et moins bien tracé qu'un sentier de montagne. Au ravito de Chamrousse je me suis assoupi 2 minutes, et je sais pas pourquoi je suis reparti, mais je suis pas reparti très frais. IL y a une règle pour ne pas perdre de temps en trail: toujours manger, s'étirer, dormir ou avancer; comme je n'arrivais pas a faire les premières activités je suis reparti dans le froid et la fatigue.
Après le marécages et les descentes raides et cassante arrive une montée interminable. Je ne sais pas où on monte, mais à chaque virage, j'espère que la montée va se calmer, puis je vois une balise, pas très loin car ce trail est très bien balisé, mais beaucoup plus haut; je me résigne et j'avance.

6:30 Arrivé à Freydières. Je me suis pris les pieds dans toutes les racines du chemin, et en sous bois ¸a fait beaucoup! Il faut dire que c'est difficile de marcher les yeux fermés. Je rentre dans le ravito, vise un lit au fond de la tente et écrase pendant 40 minutes. Je me réveille, j'ai froid, je tremble! Je bois un grand verre d'eau chaude et repars.

9:45 un pont sur l'Isère: J'ai fait la descente avec Bruno, on a bien papoté, ça m'a fait du bien, on s'éloigne parfois un peu mais on a un rythme proche; il ne peut plus courir, moi j'ai tellement mal au dos et maintenant aux pieds, que j'ai du mal a maintenir quelque chose qui ressemble à un rythme. Bonnant mallant, nous sommes arrivés à cette deuxième base vie. Merci Bruno!

10:05 St Nazaire, base de vie numéro 2. J'arrive à la base de vie, je ne vaux plus rien, je mange difficilement mes pâtes et ma soupe. Je ne me vois pas repartir: trop mal aux pieds, mais surtout trop mal au dos (l'espace entre mes homoplates n'est que douleur, mes nerfs trinquent, ça picote dans tous le dos) ... putain, j'ai fait 120km et un dénivelé qui doit approcher les 8000m, on ne montera pas à Chamechaude, la Chartreuse ne sera pas si difficile que ça, je suis un peu perdu, je ne sais pas ce que je veux.
Puis les choses s'éclaircissent: non Ludo tu ne t'arrêtes pas, en tous cas pas maintenant, tu te poses et tu vois. A ce point, ma course sera sauvée par 2 masseuses et un podologue qui vont me remettre d'aplomb, et me voila reparti! J'ai plus trop mal au dos, et les pieds vont bien!!! Chapo aux masseuses!
Bruno est reparti avec Raymond (solidarité du team raidlight), ils m'ont cherché pendant que je me faisais masser. Moi je repars au milieu des coureurs du 90km, ils ont la forme eux!

12:12 Il faut fêter ça, je descends une crème de marron! ("Obélix, me dis pas que tu as encore faim")

12:40 Ca y est, le ciel me tombe sur la tête!!! grêle et éclairs, je mets polaire et veste de pluie, et continue la longue montée au col de la Faita. Petit à petit la douleur au dos revient, mais bon j'ai pu avancer un peu. Cette montée ne me déplait pas: interminable, mais pas trop raide, ou pas en continu; je tiens mon rythme et pense à autre chose.

13:50 les pieds dans la flotte en train d'essayer de récupérer la moitié inférieure de mon bâton figée dans la boue. J'aime la chartreuse, mais je la préfère en bouteille, ou au moins par beau temps. Je n'ai plus la lucidité qui me permettrait de traverser ces flaques de boue a vitesse raisonnable, je me retrouve souvent perdu au milieu de la flaque sans avoir anticipé le reste de la traversée, mon dos tire de plus en plus. Après les flaques vient une épreuve nouvelle: la remontée de la pente de boue; la technique: en équilibre sur les bâtons tu as le droit à une femtoseconde d'adhérence sur chaque pied pour avancer à nouveau les bâtons; si tu tombes, c'est la glissade sur une dizaine de mètres et la fin du trail.

14:30 toujours vivant mais à l'intérieur du nuage. Cette fois le ciel est vraiment tombé sur ma tête. Je n'en vois plus la fin de cette remontée au Habert de Chamechaude, d'ailleurs je ne vois pas à 10 mètres non plus!

15:40 Assis dans la boue en dessous du Bachasson. Cette fois j'ai vraiment trop mal au dos, cela tourne à la dépression nerveuse, je chiale de douleur; il y a 10 minutes je chialais d'émotion en lisant les SMS d'encouragement de ma chérie et de Céline, j'ai des picottements douloureux dans tout le dos. Je me décide enfin à prendre un dafalgan ... dur d'avaler un gros cachet avec la pipette, mais quand on veut on peut, c'est ce qu'on apprend en ultra!!!

17:00 au Sappey en Chartreuse: Ca va mieux depuis le Dafalgan, le mal-être et les douleurs sont devenus supportables, je vais finir. Je fais un ravito éclair; la descente a été longue, mais j'ai bien compris que j'avais repris du moral quand j'ai vu les coureurs qui avaient eu droit à un raccourci depuis le habert de Chamechaude, savoir qu'ils avaient échappés à cette longue portion peu intéressante ne m'a rien fait, le moral d'acier est revenu.
Je me surprends en train d'attaquer dans la montée au fort du St eynard 40 min pour 320m, ça va!
Descente en marche hyper-rapide et ravito-éclair au col de Vence "vous voulez quelque-chose? me demande la bénévole ... Oui repartir!"
Pour fêter ça je papote avec une féminine du 90 dans la dernière montée.

Environ 20h40 au pied de la Bastille: Oh joie! Céline m'attends pour m'accompagner en vélo pour les 4km dans Grenoble, ça remonte mon moral, je suis a bloc! Le mal de dos disparait même momentanément! Je cours vite! Céline m'ouvre la route, je suis heureux de recroiser Bruno à 1km de la fin; malheureusement il ne court toujours pas, et là je n'ai plus du tout envie de marcher, on se reverra! Je termine en 40h! (et 15 secs) plus 4h45 de pénalité du aux parcours de repli, mais je retiens 40h.

22h30 chez Céline: Je suis obligé de raccrocher en urgence de mon coup de fil avec ma chérie, je sens un début de malaise vagal arriver; je passerai une soirée de merde, j'arrive tout de même à manger un peu de pizza et à prendre une douche. Le lendemain tout va beaucoup mieux, même si j'ai encore bien mal au dos.

Ce que je n'ai pas (assez) dit dans ce CR:
- Les bénévoles étaient vraiment hyper-sympas, les ravitos très complets
- Le balisage était EXCEPTIONNEL, impossible de se perdre sur l'ut4m, les seules hésitations étaient dans les village et autour de la Bastille mais il y avait toujours quelqu'un dans le coin pour nous indiquer la direction. CHAPO!!!
- Donc un grand merci aux bénévoles, à Céline pour l'accueil et le soutien, aux coureurs croisés pendant la course (Bruno, Eddy, et tant d'autres dont je me souviens plus le nom), et bien sur à ma chérie pour son soutien permanent (alors qu'elle essaye de terminer une épreuve bien plus difficile qu'un ultra trail ...)
- Surtout: n'allez pas à l'UT4M si vous aimez les petits chemins roulants, vous seriez déçus!
- Sur la carte IGN je calcule 10400m de D+ malgré les deux raccourcis dûs à la météo, le grand parcours devait frôler les 12000m!!!
- Au bilan, j'ai tenu l'objectif 1 et me suis fait plaisir jusqu'à Rioupéroux, après ... moins
- J'avais prédit avec Bruno plus de 50% d'abandon ... on est 196 à finir sur 437 partants!
- Si quelqu'un lit ce CR et pense avoir une solution pour mes problèmes de dos, je suis preneur (bien sûr j'ai déjà vu de nombreux ostéos)

BRAVO a TOUS les FINISHERS !!!! l'UT4M c'est une COURSE DE MALADES!!!

3 commentaires

Commentaire de la buse de Noyarey posté le 28-08-2013 à 10:00:10

Bravo a toi , quel courage pour finir un truc pareil .J'etais bénévole a la croix puis au recoin et a chaque fois je me disais "comment trouvent ils la force de repartir sachant qu'il reste 70km".
Pour les pb de dos , j'en ai sooufert longtemps jusqu'au jour ou ça a pété (cruralgie , 3 mois sans pouvoir marcher).J'ai fait des mois de kiné a base d'etirements et de gainage et depuis je n'ai plus de douleurs que ça soit en courant ou dans la vie de tous les jours .Par contre faut le faire régulierement , dés que je relache (genre pdt les vacances) la douleur revient.

Commentaire de PhilippeG-639 posté le 28-08-2013 à 12:15:28

Pour ton dos, pareil que "la buse de Noyarey", gainage lombaires + abdos et étirements le matin avant de se lever, ça ne prend pas trop de temps.
Sinon, bravo d'avoir fini !
L'essentiel est fait...
C'est vrai que c'est parti vite (moi le 1er :-()
Bonne récup et courage pour ton dos, il y a une solution à tout.
@+

Commentaire de LudoH posté le 30-08-2013 à 11:20:24

Merci pour les commentaires et les conseils, en fait j ai fait beaucoup de gainage en 2011 (2 a 3 seances par semaine) et ca m a fait du bien, mais en 2012, comme les problemes n'avaient pas entierement disparus apres 6 mois de gainage intensif et 6 mois un peu plus cool, j'ai un peu relache ...

Mais je n'ai fait quasimen t du gainage que des abdos, et un peu de dorsaux, je me demande si il existe pas des exos orientes plus vers le haut du dos mais je les connais pas

Ludo
merci encore pour les commentaires :)

Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.

Votre annonce ici !

Accueil - Haut de page - Aide - Contact - Mentions légales - Version mobile - 0.07 sec
Kikouroù est un site de course à pied, trail, marathon. Vous trouvez des récits, résultats, photos, vidéos de course, un calendrier, un forum... Bonne visite !