L'auteur : Sandrine74
La course : Andorra Ultra Trail Vallnord - Ultra Mitic
Date : 6/7/2012
Lieu : Ordino (Andorre)
Affichage : 3243 vues
Distance : 112km
Objectif : Terminer
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Mitic tellement mythique
Les photos associés à ce récit sont sur Picasa
Des éclats de rire s’échappe de cette tablée à l’étage du Topic, se racontant chacun nos expériences, nos coups de moins bien, notre progression dans cette course : l’Andorra Ultra trail Mitic version 2012.
L’exercice est de taille cette année réussir à surmonter 3 arrêts sur la même course… Ne pas terminer une telle course ne représente pas une fin en soi, surtout quand on en connait la difficulté.
Il s’agit d’une petite balade de 112km et 9700m+ sur des terrains techniques, à surmonter des conditions parfois un poil difficile.
Autour de nous après avoir dépasser le Pas de la Case qui est purement touristique et vraiment affreux, nous nous éloignons pour gravir le col à 2400m avant de redescendre sur Andorre la Vieille.
Les montagnes en imposent, les couleurs sont belles et le soleil n’est pas encore au rendez vous. Nous sommes simplement le jeudi et nous allons bientôt retrouver les copains. Il y a bientôt le briefing pour la Ronda auquel nous nous rendons (c’est le lieu de rendez vous…).
A la sortie nous retrouvons les Coureurs Célestes venues en nombre, Eric, quelques UFO. Nous nous encourageons et partageons nos expériences.
Cette année, c’est mon quatrième départ et j’espère bouclée.
L’attente va devenir interminable d’ici le départ ce vendredi 6 juillet à 23h. Maux de tête, nausées, les pâtes aux pestos qui ne passent pas du tout, blotties dans 2 polaires à une heure du départ.
Péniblement je me change pour vêtir mon habit de traileuse, certain de ces habits ont vécus quasi toutes mes grosses courses.
Emmanuel me motive.
5...4...3...2...1 des hurlements des joies s’échappent, « Venga, venga »… Le clou du feu d’artifice c’est notre départ. Le chrono a côté de l’arche compte déjà les secondes. Voilà nous y sommes…
« Je reprends ma respiration qui est à mon goût bien courte, je ne ressens pas trop la morsure du soleil grâce au vent qui souffle par moment à plus de 80km/h, je repense à hier soir »
Je me fixe des petits objectifs le tout étant d’aller le plus loin possible, le premier c’est Llorts :
6 km déjà en 45 min, je me freine un max pour éviter de me griller, ça tombe bien juste avant le départ je ne suis pas au top, je suis bien concentrer et arrivé à Llorts je vais doucement mieux.
« Le sel de ma transpiration me brûle les yeux par moment, presque à chaque pas une goutte vient s’écraser sur les cailloux qui jonchent le sol »
Ah cette montée au Pic del clot del cavall, c’est long et court à la fois, dans la nuit les repaire ne sont plus les même et le temps s’écoule différemment 1172m d’ascension sur 6km : après une partie boisée le long d’une rivière, le vent se fait ressentir, les pieds se mouillent facilement aux différentes traversées un peu marécageuse.
Sur la crête le vent est une fois de plus violent, j’enfile veste et gants pour retrouver un peu de chaleur. Le brouillard nous fait évoluer dans une troisième dimension, à certain moment je vois à peine mes pieds… alors les balises…
C’est des bénévoles blotties dans un abri de fortune qui nous pointe il est 1h59 du matin.
« Je vois Pierrick s’éloigner tel mes forces, tout me fait défaut. Je profite de l’ombre pendant qu’il y en a encore pour reprendre des forces, le vent assèche les voix respiratoires, je repars tel l’ombre de moi-même m’affranchissant d’un mètre après l’autre »
J’allonge le pas, je connais cet endroit et je sais qu’il est traitre, l’an dernier je m’y étais fait mon entorse à la cheville, je sais aussi qu’au sortir du brouillard la lumière qu’on voit ce n’est pas là où l’on va. En arrivant au Pla de l’Estany à 3h10 je vois Alain avec qui j’ai l’habitude de faire le yoyo.
Bien ravitailler je repars à l’assaut du Pic du Comapedrosa, ni plus ni moins que le point culminant d’Andorre.
« C’est un col à rallonge, et je ne vois pas par où nous allons passer, je ne sais plus à quel moment mes forces se sont échappées, Eric me passe il divague un peu émettant des propos qui ne sont plus cohérent, lui qui est déjà passé par là ne connait plus, pourtant hier il nous racontait… »
Nous ne verrons pas la lune cette nuit, le chemin serpente dans une pente bien raide, doucement les blocs et les éboulis prennent le dessus sur la terre et les pentes herbeuses. Nous rentrons à nouveau dans le brouillard nous constituons un groupe pour avancer, les fanions réfléchissant sont peut être un peu trop éloigné les uns des autres et une fois encore le fait de connaitre l’endroit nous permet d’avancer pas trop mal. Nous nous rendons compte des chutes qu’il y a eu par des tâches plus ou moins importante de sang qui jonchent des rochers.
Suivant les faveurs du vent, j’entends la Gaïta qui résonnent, malheureusement j’arrive trop tard pour faire la bise à Albert, il s’est rentré dans la tente pour se reposer, vaincu aussi par les forts vents, le brouillard et le froid. Il est 5h15 et je ne verrais pas le soleil se lever.
La descente est glissante, avec ces rochers saillants, je n’échapperais pas à la glissade. Il fait bon de retrouver cette monotrace passant sur les névés qui longent les lacs, serpentant et me menant en 1h10 au refuge du Comapedrosa.
J’ai faim, et ça tombe bien y’a plus grand-chose à manger… Je mange ce que je peux range la frontale et la veste et repars, triste de n’avoir pu me rassasier, mais heureuse de voir que mon état de forme est beaucoup mieux que la veille au soir.
« J’arrive enfin au Refuge de Prat Primer, je m’allonge 5 min dans l’herbe me laissant emporter par la fatigue, c’est la caresse fraiche du vent qui me réveille. Je frissonne me relève et repart vers le vrai col ce coup-ci, je longe le torrent où beaucoup recharge en eau, je m’assieds à côté de Pascal qui est sur la Ronda et qui me propose de monter ce col De Bou mort ensemble, je profite de l’aubaine. Arrivé en haut je le remercie et le regarde s’éloigner »
J’avale le Portella de Sanfons, j’enchaine sur la descente pour la traversée, le jour s’est levé, je suis bien, j’ai des supers bonnes sensations, à part au GR73 cette année ça faisait 3 à 4 ans que je n’avais pas ressenti ça, ayant été dans la réserve pendant plusieurs heures, de n’avoir pas trop eu à manger au refuge me suffit quand même.
Il est 8h quand j’arrive au Col de la Botella, les premiers coureurs du trail arrive, je me faufile dans la salle où se trouve le ravitaillement et goûte à presque tous les mets qui nous sont offert, un festin : sandwich saucissons fromage, pastèque, orange, banane, cacahuètes, biscuits, coca, eau gazeuse. Il n’y a que la soupe que je ne trouve pas formidable et donc en mange peu.
« La descente est aussi pénible que la montée espérant vite arriver au prochain ravitaillement, croyant que le premier refuge que je vois et justement le ravito, j’affiche une grosse déception, 2.5km c’est long quand on est pas bien, assise sur un rocher j’attrape mon téléphone espérant entendre la voie d’Emmanuel, il est surpris de savoir que je suis presque déjà à Perafita, alors qu’il se repose au pied du Collada dels Pessons, il me dit que c’est exceptionnel la suite. Je me lance le défis du prochain point. Le coin est déjà magnifique, mon cerveau décroche je réfléchis au nom des plantes, je regarde les formes diverses des petits cailloux (j’en ai porté un pendant 28km il a une forme de cœur tout ça pour l‘offrir à Emmanuel), je sors l’appareil photo pour immortalisé ces moments, je fais un rapide état des lieux, au final je suis juste vider par ce vent, par cet asthme qui depuis des heures m’épuises et que je n’arrive pas à faire passer. On longe des ruisseaux, on arrive à un lac dans lequel je piquerais bien une tête l’Estany de la Nou. Au loin enfin le refuge se dessine »
Je repars de la Botella avec un compagnon de route Jean Yves, une fois de plus je me surprends relance sur les faux plats, le Bony de la Pica me parait une formalité, une fois de plus nous sommes repris par le brouillard, le passage de cordes et chaines et plus rapide qu’il y a deux ans, arrivée à Aixas je suis toujours aussi bien, le Col Jovell et cette descente sur la Margineda… Eric se change en plein milieu du chemin ;) je continue tout va bien, j’entends l’animation en bas, c’est chouette de ne pas être aux portes des barrières, il est 11h30 quand j’entre dans le gymnase qui sert de base vie,
3h d’avance sur la barrière.
Je fais l’indispensable : rechargement en eau, récupération du sac, manger et boire. Je m’aperçois que les féculents c’est du riz bien trop assaisonné avec énormément d’olive, le reste du ravitaillement est identique aux autres.
Eric m’a rejoins nous discutons et repartons ensemble.
C’est d’abord la traversée de la route, puis ce fameux Pont de la Margineda, voilà à partir de maintenant c’est l’inconnue pour moi.
Je laisse rapidement Eric, il fait étouffant dans ce fond de vallée….
…Le vent souffle et nous essouffle toujours, les bénévoles font de leur mieux et comme le ravitaillement sur certain aliment fait défaut, ils jouent d’astuce du pâté tartiner sur des tucs ce n’est pas mauvais, mais peut être pas suffisant…
Il m’aura fallu 3h45 pour parcourir 11km et 1550m+.
John-Lee me pousse à repartir, et puis Emmanuel m’a dit que c’était chouette, le tout ce n’est de pas se faire prendre par la barrière à Illa, car autrement j’y serai bloquée la nuit.
Je prends donc de l’avance, et part avec Juan Carles.
Les paysages sont sonctueux, à chaque pas se dessine un nouveau tableau. Je me dis que j’ai cette chance d’être là et de pouvoir en profiter.
Nous traversons un troupeau de vaches pour rejoindre le Collada de la Maiana km57. De ce côté du col c’est plus minéral dans un premier temps avant de retrouver des grandes prairies, c’est aussi enclavé seul les randonneurs peuvent y accéder, nous entrons dans le Vall del Madriu déclaré patrimoine mondial par l’UNESCO.
Le contraste est violent entre le Pas de la Case et ici. Je revis dans ce calme, mais il faut que j’avance car malheureusement le temps ne s’arrête pas.
Les 5.5km qui séparent la traversée du Madriu au Refuge d’Illa sont des km à rallonge, je crois ne jamais en voir le bout, le jour décline il est déjà 19h15 quand le refuge se dessine.
Les bénévoles m’encouragent mais il ne m’est pas possible d’accélérer dans cette dernière petite montée qui rejoint le refuge, je prends le temps de me ravitailler, je prends cette décision de m’arrêter ½ h pour dormir.
Le vent, la respiration courte, la fatigue, ça ne sert à rien d’avancer dans cet état autant profiter de ma légère avance pour reprendre du poil de la bête.
On m’installe dans le dortoir, où les tapis de sol sont posé sur des sommiers de fer, je me recouvre d’une couverture avant que le sommeil m’emporte dans un sommeil court et profond. A côté d’autres coureurs tel Juan Carles sont allongés et profite aussi du gîte, la journée a été longue pour tous. Je me réveille avant même que la bénévole le fasse. Il est 21h.
Le temps de me vêtir chaudement, de sortir de mes songes me voilà déjà reparti 10 min plus tard fouettée par le vent qui ne nous laisse pas de répits.
Les buffs ont remplacé la casquette, la frontale la lumière du soleil… J’ai toutefois encore le temps de monter jusqu’à la crête avant de l’allumé, après cela devient indispensable, la lumière déclinant, le vent ayant balayé la crête, certains fanions se sont envolés ou partiellement déchiré.
Cela devient difficile de rester stable, la crête est longue est rocailleuse, j’aperçois au loin des lumières : se sont les bénévoles qui eux sont blotties contre un petit muret de pierre battu par les vents à 2850m c‘est le Collada del Pessons, nous sommes obligés de crier pour s’entendre et surtout se comprendre. Ils m’indiquent le chemin, je leur souhaite bon courage, ils ont vraiment du mérite ces bénévoles.
A peine j’attaque la descente une bourrasque me déstabilise et provoque cette chute devenue maintenant inévitable, je me demande encore comment j’ai réussit à me retenir et à ne pas descendre plus vite que de raison cette pente.
Après une belle frayeur faite aux 2 espagnoles me précédent, je reprends une bonne allure me méfiant d’autant plus de ce vent.
Nous évoluons à la frontale maintenant, et rapidement je prends la tête du petit groupe étant plus alerte du fait de mon repos, je repère rapidement les fanions réfléchissant.
Je distance petit à petit mes compagnons et rejoins un autre groupe avec lequel j’évolue. Nous arrivons enfin au pointage, je me dis que c’est bon vu que nous marchons depuis pas mal de temps maintenant. Tel le couperet, le bénévole nous annonce qu’il nous reste 5km pour Bordes d’Envalira.
Depuis quelques km déjà je suis obligée par moment de m’arrêter dans cette descente pour reprendre mon souffle, le sifflement est constant, la respiration courte, les bronches suffoquent et brûle, si j’essaie une respiration normal j’ai le droit à une quinte de toux qui malheureusement n’expulse plus rien…
C’est une piste légèrement montante qui nous mène vers cette dernière tranche de descente, une fois de plus je prends la tête du groupe, et malgré mes quelques ralentissement pour les attendre, je les distance. C’est un mélange de pistes, de bois, de sentiers qui me mène à cette montée de cette base vie.
J’espère y trouver un médecin pour voir si c’est possible de faire quelque chose, il n’y a que des kinés, c’est peut être normal il est 1h20 en ce dimanche matin.
Je prends donc un thé fortement sucré, laisse un peu passé de temps mes compagnons arrivent 20min plus tard, la toux fini de me sécher.
Il fait nuit, il fait noir, c’est trop tard, je rends mon dossard… Essoufflée je me rends compte du chemin parcouru : 76km qui en feront plutôt 80km d’après les GPS, 7100m+… Des paysages magnifiques, des moments magiques, des compagnons de routes vraiment sympa.
Merci à vous Valérie, Gérard, les bénévoles courageux et pleins d’attention, Eric, Pierrick, Xavier, John-Lee, Juan Carles, Valérie, Alain, Pierre, Pascal… pour m’avoir tirer et pousser dans ces moments de doutes et de moins bien. Emmanuel merci pour ta patience et ces entraînements pas toujours facile mais qui paient.
Aujourd’hui je suis bien, sans courbatures, avec l’envie qui renait de plus en plus de parcourir toutes ces contrées.
Ce que j’ai le plus aimé…
C’est dur mais c’est beau, et improbable… Le parcours !
Ce que j’ai le moins aimé…
Les ravitos vides, ou de ne pas trouver du basic à manger (riz ou pâtes nature, et à côté mettre des accompagnements…)
Si c’était à refaire…
J’avais un rêve en venant, Andorre se mérite, l’an prochain je serai grande, promis j’essayerai encore.
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2 commentaires
Commentaire de laulau posté le 15-07-2012 à 22:13:48
Qu'il doit être dur ce mitic ! Même si ce voyage en altitude est resté inachevé, tu as eu quand même un très grand mérite d'aller jusque là. L'année prochaine sera la bonne !
Commentaire de Miche posté le 17-07-2012 à 19:44:26
Il va falloir déménager en Andorre pour s habituer à l altitude! En tout cas, belle rando jusqu à Envalira. Il ne reste pas grand chose pour la prochaine fois...
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