L'auteur : LudoH
La course : Grand Raid Occitan
Date : 1/6/2012
Lieu : Vailhan (Hérault)
Affichage : 2045 vues
Distance : 147km
Objectif : Pas d'objectif
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Bref, je vous passe les preparatifs, l'angoisse de pre-course, les tentatives de repos dans la journee du Vendredi pour commencer a 18h, quand le depart est lance pour ce Grand Raid occitan! C'est un gros morceau, je suis pas tout a fait assez entraine a cause de multiples blessures, mais l'experience et un bon fond de preparation devraient suffire a boucler ... j'espere!
Lac de Salagou - Vaillhan
On part a bon rythme avec Nico venu specialement du Canada pour nous voir et courir avec nous (ou presque). Ca me fait plaisir de courir avec Nico, je mène le rythme: il s'agit de ne pas s'exploser au début, on ne court que sur les parties les plus roulantes; pour le reste on marche d'un très bon pas, et avance un peu plus vite que le rythme prévu mais pas trop non plus. On n'a plus trop l'habitude de courir ensemble avec Nico, et je me rends vite compte qu'il a moins la forme que moi (il est encore plus sous-entrainé!). A de nombreux passage je courrais bien mais Nico préfère marcher; c'est bien : ça me ralentit ce qui est bon pour durer. Mais plus on se rapproche de Vaillhan, plus la différence de rythme est visible, on se sépare autour du km 30, on se reverra au ravito, mais je partirai a 23h15 de Vaillhan. Quelques petites douleurs aux cuisses et mollets dans cette section m'inquiètent un peu ... mais c'est surement que je m'écoute trop.
Vaillhan - Faugères
Les coureurs de la 6666 vont me rattrapper, j'espererais que ca ne soit pas trop tot pour qu'ils soient déjà pas trop resserrés, j'avance donc d'un bon pas dans une partie que je trouve très difficile techniquement; je cherche les balises et vérifie de temps en temps que je suis bien sur la trace sur mon GPS. J'alterne course et marche a rythme soutenu, ça avance bien les jambes tirent à peine, le cardio fatigue un peu mais j'avance bien.
Faugères - Lamalou
Ca fait du bien maintenant d'être parmi les coureurs de la 6666, ça fait de la compagnie; ils vont plus vite que moi mais pas beaucoup; ca nous laisse le temps de discuter. Je tiens bien le rythme et je fais bien attention. Je croise un kikourou au point d'eau du tunnel. Il faut dire que j'ai choisi de me poser pour manger des fruits secs, je suis le seul a m'arrêter mais j'ai deja fait pas mal de parcours, il faut s'économiser! Je cherche quand meme pas mal les balises dans ce passage, il faut rester vigilant car elles sont pas toujours très visibles ...
Le pic de la Coquillade est très cassant (et le sommet d'avant aussi) je laisse les coureurs alentours me doubler petit à petit, mais en arrivant a Lamalou c'est Nico(M) qui me rattrappe, lui fait le relais, il a fini. Il me tire un peu jusqu'au ravito et m'aide a désescalader un passage sous le pont en arrivant a Lamalou. Je serais surpris que personne ne se soit blessé là: c'est de la désescalade et tous les esprits ne sont plus frais à ce point de la course.
Marine part faire son relais et Sémi arrive peu après nous.
Lamalou - Colombières
J'avais repéré ce passage comme la première difficulté du parcours. La montée est longue mais assez roulante et agréable; la descente sera un peu plus pénible mais ce n'est pas la pire. Je suis avec Semi; on discute et on se dit qu'on tient un bon rythme, je me prends a rêver d'arriver plus tôt que mes prévisions, genre vers 2h du matin ça serait chouette! Je sais que c'est une erreur de penser déjà à l'arrivée mais bon ...
En arrivant à Colombières je commence à être usé, sûrement entre-autres par la descente; j'ai du mal à m'organiser mais j'essaye de faire au mieux. Je souffre surtout d'un énorme échauffement entre les cuisses. On croise Marine et les 2 Nicos sont la pour nous accueillir mais ils sont fatigués. En tous cas le moral est bon, c'est reparti pour la montée au Carroux.
Colombières - Mons
La ça commence à être dur, sans vraiment le sentir je vais me fatiguer dans la montée et user un peu le moral (sûrement un coup de chaud combiné avec la fatigue cumulée). On monte d'un bon rythme. Arrivé en haut ça va moins bien: plus moyen de relancer, je me sens fatigué. Sémi s'éloigne doucement, je commence à louper 1 ou 2 intersections, je décide de naviguer au GPS plutôt que de suivre les balises, je suis trop fatigué pour être assez attentif. Mine de rien je reprends un rythme correct mais le moral n'est plus trop là. Je ne sais plus trop où j'en suis, je ne sais pas trop ce qui ne va pas; je n'ai pas trop mal, j'ai toujours ces brulures à l'entrejambes et des tensions un peu partout maintenant, mais c'est normal ... peut être la chaleur ou la fatigue.
En y réfléchissant c'est certainement à ce moment que j'aurais peut être dû accepter le coup de moins bien, mieux ralentir pour mieux gérer la suite, mais j'essaye de me battre et ça marche j'attaque la descente raide à bon rythme, elle est longue et cassante, mais j'y croise Marine; ça remonte mon moral on fait un bout ensemble avant qu'elle n'ait mal au genou. C'est long et je finis tout seul, j'ai vraiment envie d'arriver je finis mon eau à la fin de la descente. Mons approche ... j'arrive au ravito ... sauf qu'un conducteur me signale que je l'ai loupé! il est 700m derrière, demi tour (j'ai trop suivi mon GPS et les balises étaient vraiment peu visibles!) La tout s'écroule: j'ai chaud, ça m'énerve, je suis usé je voulais gagner du temps et j'ai juste perdu du temps et de l'énergie, je suis à bout!
Bon! Retour au ravito, un bon km sur la route en plein soleil en rab GRRR! pas très visibles les balises je vous dis!
J'arrive au ravito nerveusement cassé. J'attribue mon coup de barre du sommet au manque de sommeil, j'ai d'ailleurs décidé depuis le haut de dormir a Mons c'est pour ça que je suis descendu vite. Marine est déjà là. Au ravito, la descente aux enfers continue: pas moyen de dormir, je me lève et mange ce qui me passe par la tête de façon peu structurée. Finalement Marine propose de m'apporter de quoi mieux manger: du pain et du fromage, mais là l'estomac se bloque .. .je suis au fond du gouffre, je ne veux pas m'arrêter mais franchement je me demande ce que je fais là: tout est en travers de mon chemin!
Marine et les nicos sont là pour me soutenir mais de mon côté je ne sais plus trop que faire. Je décide d'aller au moins jusqu'à Ollargues. Je discute un peu au départ avec Nico puis un coureur, je sens que le moral revient un peu.
Mons - Ollargues
Après presque une heure d'arrêt au total je repars donc, j'espère ateindre Ollargues. Un coureur m'explique que c'est encore un gros monstre qui nous attend, et en effet, c'est des montées difficiles mais je gère mieux mon rythme: depuis que j'ai accepté de ralentir et de mieux m'écouter, aussi sûrement grâce à la pause à Mons tout va mieux. L'avancé lente me déprime un peu, mais je m'habitue. Le "final" du Montahut se fait attendre, mais je gère plutôt bien, j'arrive à manger et boire à peu près correctement. Je commence à me dire que grâce à la fraicheur, je suis ressorti du gouffre et je vais probablement terminer, COOL!
Marine m'appelle dans la descente sur Ollargues, je lui explique que tout va mieux, je suis heureux! je vais finir ce monstre qu'est le GRO. Il me reste des difficultés à gérer et la fatigue va encore me jouer des tours mais c'est bon je sens que ça va bien se faire: le moral est de nouveau au beau fixe, et puis il ne fera plus chaud! J'ai aimé cette descente où enfin je me sentais à nouveau à ma place dans ce raid, sans la pression du début, sans la chaleur de la mi-course. Tout va bien ....
Mais pas pour longtemps! Quelques km avant Ollargues le dos se "coince", je m'explique:
Imaginez un muscle qui fait une boule dans le bas du dos a gauche. ensuite une chaine de muscle se met à faire de même en remontant dans le dos ... jusqu'à atteindre un muscle sous l'homoplate qui vient compresser un nerf! Ca ne fait pas mal, au plus ça chatouille ou picote un peu. Par contre la pression sur le nerf me draine tout mon moral, et mon énergie. Si il y avait un équivalent localisé à la dépression nerveuse, je crois que ce serait ça. Ce n'est pas la première fois que j'ai ce genre de désagrément (habituellement ça tourne en frein vagal, mais pas cette fois) et la première chose à laquelle je pense c'est: "Non, pas maintenant!" "C'est pas juste!" "J'en ai marre!" "ça fait 8 ans que j'ai ce genre de soucis cela ne va donc jamais me laisser tranquile?"
Pourtant dans les dernières années ça allait mieux, mais ce n'est toujours pas passé complètement. malheureusement!
Bref, je craque, je n'en peux plus , je me fais doubler par des coureurs qui me lachent un mot ou 2 mais sans vraiment se rendre compte, je rappelle Marine au fond du gouffre, elle me dit de m'arrêter, elle a sûrement raison. De toutes façons, je vais faire ces 3 derniers kilomètres en pleurant, un peu de déception pour la course, beaucoup de fatique nerveuse, mais surtout, surtout, à cause de ce nerf qui me plombe, et parce que j'ai l'impression de m'être fait rouler. J'abandonne après 120km et 6000m de D+ a 20h et quelques, frustré, pas tant par mon résultat parce que c'est déjà pas mal, que par la façon dont ça s'est terminé.
Il faut savoir accepter l'échec mais celui là est douloureux, j'ai l'impression d'être malade, d'un mal incurable, souvent j'ai su gagner face à la maladie, au prix d'une dépense d'énergie considérable (comme au Tor par exemple) mais cette fois j'ai sûrement manqué d'énergie.
Je tiens à remercier ici tous les participants au WE (Marine pour son soutien permanent, les nicos pour leur soutien crucial pendant la course, Semi pour m'avoir indique le chemin et m'avoir accompagne un bout de route, Virgile pour l'aide dans la preparation a la course, Celine et Thibaut pour leur ramassage du Ludo a la petite cuillere), mais aussi à m'excuser pour mon état d'humeur lamentable à la fin du week-end. Je remercie aussi les benevoles et l'organisation qui etait tres bonne, si il y a une chose à améliorer pour l'année prochaine ce serait le balisage (entre autres les balises blanches, c'est pas terrible mais ça c'est une remarque pour Lafuma!). Et enfin je remercie aussi les coureurs que j'ai croise et qui m'ont aidé, à travers discussions et encouragements, à aller là ou je suis allé.
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10 commentaires
Commentaire de Eric Kikour Roux posté le 05-06-2012 à 16:31:41
On ressent bien dans ton récit l'alternance des coups de moins bien et de l'euphorie. Tant d'efforts pas assez récompensés: qu'importe, tu prendras peut-être ta revanche sur ce GRO en 2013...avec un peu de chance, il y fera moins chaud! Commence aussi par soigner ce mal étrange, non?
A bientôt par nos monts et par nos vaux (du Caroux)...
Eric
Commentaire de LudoH posté le 05-06-2012 à 16:54:42
ca fait longtemps que j'essaye de soigner ce mal etrange ... sans grand succes ... mais j;apprends chaque annee a mieux le connaitre le dompter, et un peu l'eviter jusqu'au jour ou (peut etre) je trouverai quelqu un qui sait vraiment soigner ca, mais je commence a douter!
Commentaire de stéphane85 posté le 05-06-2012 à 22:04:12
oui,oui,oui je confirme : la chaleur et les montées, mais pas le balisage. Je pense que tu étais trop focalisé sur ton GPS. D'abord ça pèse et puis on n'était plus au TOE, donc tu aurais pu le laisser au placard. Je t'assure que si tu avais balayé un peu plus dans tous les sens tu aurais vu les rubalises. Mais bon, avec la fatigue, le sommeil et le GPS c'est plus facile à dire qu'à faire. Quoiqu'il en soit, je te souhaite une bonne récup, soigne bien ton soucis de dos et à bientôt sur une autre course.
Commentaire de LudoH posté le 05-06-2012 à 22:09:07
En fait je me suis mis a naviguer au GPS apres 1 ou 2 debut de loose topo donc franchement le GPS n'etait pas un handicap, au contraire!!!
Commentaire de stéphane85 posté le 05-06-2012 à 22:15:38
Tu cours trop vite, c'est pour ça que tu rates les balises. Tu aurais du rester à la traine avec moi... Cependant, le dernier tronçon : Vieussan-Roquebrun était différent de l'année dernière, et le ravitailleur après le Pic de Naudèche m'annonce plus que 4 à 5 kms de descente. En fait, il y en avait au moins 10 !!! J'ai eu l'impression de tourner en rond pendant plus de 3 heures. J'ai même appelé Pascal au téléphone de l'organisation pour lui dire, mais d'après lui, tout était correct, je n'étais pas perdu. En effet, les derniers kilomètres sont vraiment pour te faire tourner dans tous les sens sur les hauteurs de Roquebrun. Mais bon, l'arrivée était tout de même au bout du chemin...
Commentaire de OF82 posté le 06-06-2012 à 09:07:56
L'ultra est un pari à chaque fois et ça ne marche pas toujours... Les conditions étaient visiblement très dure et il faut savoir écouter ce que son corps et donc y compris son mental a à dire, sinon c'est l'arrêt assuré pour longtemps. On court d'abord pour le plaisir, il ne faut jamais l'oublier :)
Commentaire de LudoH posté le 06-06-2012 à 09:20:18
et en tous cas merci a tous pour les commentaires, c'est sympa :) :)
Commentaire de carapatte38 posté le 09-06-2012 à 11:50:28
Aïe! Quel dommage!
Tu as fait preuve de beaucoup de courage pour surmonter le coup de moins bien moral et c'est cette drôle de douleur qui se réveille :(
Comme ça a déjà été dit, l'ultra est une épreuve à risque où le moindre détail peut coûter cher, tu as une revanche à prendre en 2013!
Sinon je partage ton avis, le seul point qui n'était pas irréprochable dans l'organisation c'était le balisage: une petite flèche au sol à certaines bifurcations aurait grandement aidé.
Commentaire de the dude posté le 09-06-2012 à 11:53:41
En fait le commentaire précédent vient de moi, j'étais connecté sous le pseudo de madame...
Commentaire de LudoH posté le 09-06-2012 à 12:20:44
Oui c'etait dur et pourtant j'ai bien gere, mais c est un tres bel ultra et je ne regrette pas l'aventure, la deception post-course a laisse place a de nombreux bons souvenirs ... et c'est pour cela qu'on re-signe :)
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