Communauté des sports d'endurance

Dans la mythologie bretonne, le Bugul Noz   (le Berger de la Nuit ) est un esprit féérique qui vit dans les régions boisées de la Bretagne. Il est le dernier de son espèce et il est dit être incroyablement laid, ce qui lui cause beaucoup de peine. Son apparence est si terrible que même les animaux de la forêt l'évitent et il pousse parfois des cris pour avertir les gens de son approche, pour qu'il ne les effraie pas. Quoique non malveillant (en effet, plutôt gentil et doux), il est toujours seul à cause de son effroyable apparence. Il veille sur les animaux de la forêt et gare à celui qui ne serait pas rentrer avant la nuit. Il lui faudra veiller jusqu'au petit matin. Voilà, pour la légende mais ce n'est pas vraiment ce qui nous intéresse aujourd'hui.

Le Bugul Noz, c'est aussi un trail d'environ 40 km avec 1200 mètres de dénivelé positif. Un parcours concocté par Christophe Malardé sur ses terrains d'entrainements et le moins qu'on puisse dire, c'est que le tracé est somptueux. Bien sûr, on est en Bretagne donc les paysages ne sont peut être pas aussi exceptionnels que dans les Alpes ou les Pyrénées mais le parcours, lui, n'a rien à envier aux trails de montagne.

 

Un tracé qui épouse les multiples collines et il se relève particulièrement sélectif. Il faut toujours courir et tant qu'à faire vite si on espère bien figurer. Beaucoup de monotraces, des descentes techniques en hors pistes tout en gardant un juste équilibre avec les parties roulantes. Un grand bravo, j'ai adoré le parcours.

Revenons à la course à proprement parler, la course se déroulant entre chien et loup, le départ est tardif (18h30). Après un rapide briefing du maitre des lieux, nous nous élançons dans la campagne bretonne.

Le plateau est relevé avec la présence de la plupart des meilleurs trailers bretons (Pasquio, Lecoq, Jaffré, Le Guern, Mercereau...) ainsi que la présence des protagonistes du challenge (Perrignon, Fruchart ...). Il faut donc s'attendre à une course relevée. J'aborde cette course avec confiance sur un parcours qui devrait bien répondre à mes qualités.

Le 1^er kilomètre est en faux plat descendant sur la route donc le rythme est soutenu mais je le trouve raisonnable. Nous attaquons les premiers sentiers et Olivier Le Guern prend la tête tandis que je me positionne derrière lui. A la faveur d'une montée, je prends la tête. Certes, je dois être vigilant au balisage mais je mène la course à mon allure. La physionomie de course reste plus ou moins la même jusqu'au 10 kilomètre avec  Arnaud Perrignon prenant la tête pendant 1 ou 2 kilomètres. Nous sommes donc un groupe de 6 ou 7 coureurs lorsque David allonge la foulée à la faveur d'une descente. Il accélère franchement mais je le suis car je me doute que le changement de rythme sera bref. Toutefois, à ma grande surprise, la sélection s'est faite. Il ne reste que 3 coureurs que sont David Pasquio, Laurent Jaffré et moi-même. Au fil des kilomètres, je m'échappe avec David. Dans une montée sélective (dré dans le pentu comme il dirait en Savoie), Laurent lâche définitivement. A la faveur d'une portion plate (à souligner, il n'y en avait pas tant que ça), nous arrivons au moulin de Botconan. Premier ravito au kilomètre 15, après 1h20 de course, nous remplissons nos bidons (pas d'assistance extérieure) et repartons pour une boucle de 10 km. Le second ravito a lieu au même endroit. Je ressors un peu avant David  et je monte un peu plus calmement en attendant qu'il revienne. A la sortie du ravito, c'est une longue montée peu pentue qui nous attend. On rejoint le pointage au km19  pour s'assurer que tout le monde effectue bien la boucle avant de partir en direction de l'arrivée. Nous poursuivons sur un bon train et à la faveur d'une descente, on rate une intersection mais nous revenons aussitôt sur nos pas. Vigilance absolue sur cette partie où il y a beaucoup de changements de directions. Le parcours est toujours varié avec un peu d'escalade pour atteindre le rocher du chevreuil. Un parcours de sanglier, je vous dis même si on a grimpé le rocher du chevreuil. Vous me suivez toujours ?!  Au bout de  2h10 de course, nous rattrapons les derniers concurrents qui arrivent au 1^er   ravito alors que nous en sommes au second passage. Ravito assez long et David ressort avec quelques secondes d'avance mais je comble tout de suite le retard. Il reste donc environ 15 kilomètres et je commence à ne plus être très fringant. Je ne prends plus de relais et je me contente de suivre le rythme de David. Plus on s'approche de l'arrivée, plus les mollets se rapprochent des crampes en montée. On atteint le dernier ravito dans un magnifique village et David commence à hausser le rythme. J'ai du mal à suivre mais une branche vole à mon secours. Percutant la tête de David, il se retrouve un peu sonné. Je lui demande si tout va bien  et je prends la tête du duo pour faire le rythme. Répit de courte durée car David reprend ses esprits et il accélère de nouveau. Je lâche peu à peu et à 2,5 kilomètres de l'arrivée, la décision est définitive. Je finis assez fort ne sachant pas où se trouve mes poursuivants. J'arrive dans le village de Quistinic où une dernière montée nous attend. Le final est encore magnifique avec un monotrace jusqu'à 100 mètres de l'arrivée. J'en termine en 3h13'10'' à 50 secondes d'un David Pasquio de retour à un très bon niveau.

Ce voyage breton reste une satisfaction avec une course solide même s'il y a des regrets de laisser échapper la victoire. Décidemment, je n'arrive à claquer une grosse victoire. Satisfaction, en revanche, de prendre la tête du challenge et d'avoir produit une course pleine. David ayant dû s'employer pour aller chercher la victoire.

Un grand merci aussi à mon hôte breton qui prend une magnifique 24^ème  place.

Félicitations à toute l'équipe organisatrice, c'est du beau boulot !