Récit de la course : 24 heures des Yvelines 2011, par c2

L'auteur : c2

La course : 24 heures des Yvelines

Date : 21/5/2011

Lieu : Feucherolles (Yvelines)

Affichage : 1580 vues

Distance : 0km

Objectif : Pas d'objectif

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24 heures des Yvelines 2011

24 heures des Yvelines 2011 

 

 

Dimanche 29 mai. 6h. Ciel pur, rues vides, premiers rayons de soleil. Un écureuil me salue. Petit chemin monotrace. Après deux mois sans pluie, une insolente herbe grasse - mais de quoi se nourrit-elle ? -, mouille mes pompes avec une rosée improbable. 9°C, tee-shirt noir, à 7 j’aurais mis le vert. Eh ben oui le vert, il est un peu plus chaud. A 12 ça aurait été le rouge. Les fibres techniques ne se ressemblent pas. Qu’en pensez-vous ? Deux oreilles beiges d’un lièvre en vadrouille dépassent d’un maïs rachitique à la hauteur ridicule. Les indicateurs sont sympas. Un doux vent de face me freine et un soleil insistant me chauffe le dos. La nature s’éveille. L’orchestre mental se met en place. J’ai des jambes de feu. Ca doit être les nems bien gras d’hier soir ou alors les cerises dont je me suis gavé. Et dire qu’à l’entraînement club d’hier matin j’étais mal. Va savoir. Les 40 grammes de musiques à ma ceinture appuient aléatoirement sur le bouton Michel. Un Polnareff planant de jeunesse m’envoie dans un flashback de 8 jours.  

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Samedi 21 mai, 7h. Feucherolles.  Au concours du premier rencontré c’est Chtigrincheux qui gagne. Je lui dis d’entrée que j’aime bien sa prose. Jean-Luc le grand ordonnateur est partout. C’est bon, gare toi là. Accueil familial. La grand messe se met doucement en symphonie. Tables, tentes, barnums, chaises, parasols, glacières….. Il va faire chaud. Il fait d’ailleurs déjà chaud. Mauvaise pioche. Enfin pour les coureurs. Moi je viens pour bronzer, ….enfin pour motiver ma douce. A propos de messe, la chapelle et le temple locaux sont transformés en dortoirs potentiels remplis de tatamis soft. Les lignes religieuses bougent. Ce 24heures était Villennes il sera Feucherolles. Légèrement en dehors. Hameau de Saint-Gemme. Forêt de Marly à deux pas. Je vous parlerais bien d’un marathon givré 1983, comme un vieux Bordeaux peut-être un peu fané sortant d’une cave à souvenirs, dans cette même forêt de Marly mais ça ferait ancien combattant. Il avait pour sûr la palme du premier de la saison. Givré nous l’étions peut-être, à courir sur tout ce qui bougeait, mais en février le sol y était lui fréquemment givré version béton.

 

 
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Bon, revenons au présent. Feucherolles n’est pas vilaine ni Villennes. Immenses demeures, lourdes clôtures et grosses berlines modernes meubleront ce carré tour de piste de 1286 mètres vendus au gramme prêt par le chef d’orchestre. En fait Jean-Luc, c’est pas le chef. Il le reconnait publiquement au micro d’ailleurs. Le chef, c’est Nadine. Aussi discrète et grande coureuse qu’efficace derrière son ordi distilleur d’infos live sur les cheminements variés de tout un chacun. Saint Gemme sur la hauteur est heureusement assez plat. Mais ce virage rentrant de deux petits mètres de creux, c’est clair certains s’en souviendront bien demain matin. Runner14 fait de la pub pour une revue bien nommée Ultrafondus. C’est vrai je suis déjà abonné. Jean-Marc, vainqueur du France à Séné m’explique, malgré ses 260 km, combien on peut parfois flotter en cours d’épreuve. On évoque un futur 24 heures à Orléans.

  

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Ah le téléphone, il est vraiment partout et sert à plein de choses : Aux prisonniers bagnards à se regarder comme dans un miroir, à d’autres à se laver les joues. Promis j’en achète un dès qu’ils feront rasoir portable pour rester présentable en fin d’ultratrails après deux nuit dehors. Même pas sale.

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  Ca sort les casquettes, les lunettes de soleil, les buffs. Les guerriers introspectent à fond. Cette sortie d’église est bien étrange. Le magasin est triple, rayon 6, 12 ou 24 et se détaille clairement sur les dossards. En six cent, en mille deux cents et en deux mille quatre cents. Astucieux les GO. On sait qui fait quoi. Pour les mille, version action de soutien caritatif, c’est la version relais, avec derrière en impression mentale des visages d’enfants avides de vie. 10h pétantes. Feu. Le feu il va venir bien vite sous les semelles, sur les épidermes et dans les gossiers. Pas de quartier. La fonte des motivations sera lente mais prévisible. C’est clair, le cap 12 heures-16 heures va rissoler doucement quelques neurones et faire fondre pas mal de connexions. 

 

Les 6 heures rentrent au garage et sont rapidement honorés comme il se doit. Comme un voyageur en avance sirotant en terrasse une boisson d’attente (de train) dans un hall de gare, je glisse mon mental en ethnologue-psychologue et décortique les progressions variées. Les stratégies différentes : Rapides entrecoupées de pauses significatives. Plus lentes, plus régulières plus non-stop. Robotiques sans trace de faiblesse. Plus épicuriennes basées sur la fête où la perf peut sembler plus secondaire. Les gars, les filles pas nécessairement fait du même câblage.  Bref la vie quoi dans toute sa variété.

 

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17h. Les minutes de retard commencent à tacher doucement la feuille de route de ma douce. Imperceptiblement. Les chiffres que je note sont implacables. Pas besoin de lui raconter des bobards. Pas même besoin de lui dire. Marie se connait trop bien. Deux trois tours de réflexion et de mauvaises sensations. Deux, trois remarques. La messe est dite. Objet de désir, la perf s’éloigne. A quoi bon. Pas question de faire dans la demi-mesure. Jeté d’éponge. Nous comprenons et respectons. D’autres feront de même. Mais la vie ne s’arrête pas là. Il y a ceux qui continuent.  Il y a les potes qui passent. Ceux qui avaient promis, ceux qui n’avaient rien dit, fiers de l’effet de surprise. Les discussions échangées. J’évoque un 10 bornes récent bien sympa, ça me répond diago et marathon des sables. A chacun son menu du moment. Entre deux gorgées de punch au top et en refaisant le monde de la course, le temps passe vite même à l’arrêt.

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  L’ombre progresse, l’air devient plus respirable. On secoue un peu Michèle, fringante V3 sur le final qui en termine en nous claquant une marque à 80km. Les 12 heures mettent le clignotant. Bien contant d’arriver à bon port avec une nuit de sommeil bien méritée qui se profile pour eux presque comme le commun des mortels. Seuls les circadiens restent dans l’arène. Mi-parcours, seulement, cogitent surement certains. On n’est pas rendu. Vous l’avez voulu, vous l’avez eu diraient d’autres coureurs qui ne comprennent vraiment pas cette motivation hamster. C’est le moment de faire le vide. De ne penser à rien au risque de se faire peur. Les heures passent. Certains carburateurs version ancienne ou injecteurs version moderne hoquettent. Les moteurs ne donnent plus la même puissance. Il y a des ratés comme si l’essence ne coulait plus en continu.

 

Le Cyrano marche gagne du terrain chez certains fantômes bardés de fluo aux allures de plus en plus dégingandées en s’agitant face à une circulation quatre roues très faible de jour et devenue quasi-improbable en nocturne. Plus personne ne triche même en enquillant pour la centième fois la rue de la Tricherie. Chacun est face à ses problèmes. Trou noir à gérer dans les têtes et entre deux lampadaires en trainant une besace remplie de mètres au poids de plus en plus lourd à porter. Le stand général et les stands perso viennent en appui : Liquides, solides pour la carcasse, encouragements et conseils pour le cerveau. Tout est bon à prendre quand tout n’est que raison de ralentir. Le final de jour sera source variée, de satisfaction nette, mitigée ou jugée médiocre. A chacun sa lecture de sa propre partition.   

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Le 24 heures est terrible et impitoyable. Il ne fait pas dans la dentelle ni dans le détail. Il coupe parfois dans le vif. Il ne se décode pas facilement. Tel un aimant il attire. Pas tous, mais pas mal. De plus en plus, je trouve. Une dure quête sans ligne d’arrivée.

 

Feucherolles s’était tout bon. On va pas donner une note, trop scolaire. Mais c’est du lourd. Venez faire fumer vos pompes et discuter de choses et d’autres sur 1286m.

A votre avis, en mai 1286 Edouard 1er, roi d’Angleterre, surnommé Edouard aux longues jambes qui avait poussé jusqu’à Paris discutait-il déjà 24 heures avec Philippe le bel, roi de France ?

 

La cloche de l’église me ramène au présent. 8 heures sonnent. Je boucle ma sortie. La vache encore 22 heures. A quand ma prochaine danse sur le double tour d’horloge? Affaire de timing, de calendrier ! Affaire d’envie, surtout d’envie !!

 

 Marie affute déjà sa motivation pour une nouvelle tentative 2011. Et vous, c’est où et quand le prochain ou le premier ?

Christian

2 commentaires

Commentaire de Pat'jambes posté le 30-05-2011 à 22:14:00

Merci Christian de ce CR que j'ai dévoré :^)

Candidat circadien le 1er octobre 2011, j'ai pris plein de notes... et pas que des rassurantes :)

Commentaire de runner14 posté le 03-06-2011 à 17:42:00

Salut c2!Très beau CR qui identifie remarquablement le monde des cicardiens(ennes).Nôtre rencontre a était une nouvelle fois bien savourée surtout sur une épreuve de ce type!
Bonne récup à ta protégée.

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