Récit de la course : Trail des Maures - 45 km 2011, par Free Wheelin' Nat
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La fille qui rêvait d’un d’un « camping gaz"...
... d’un rouleau de PQ et d’un Trail des Maures bouffé tout cru
Tout d’abord, je voulais exprimer ma gratitude après de deux supers nanas sans lesquelles je n’aurais pu courir ce trail…
- Sylvie qui m’a prêté sa C4 (elle m’a bien proposé sa 307 décapotable, mais je n’étais pas sûre d’arriver à y caser la tente, les gamins et le reste …)
- Betta (et Michel) qui ont joué les grand parents de substitution pendant que la mère indigne jouait l’Indiana nana dans le massif des Maures.
Oh, pis c’est chouette, j’ai pu découvrir la conduite automatique …
Sympa, mais c ’est un peu déstabilisant au début , surtout aux péages : (« maman ? » « oui » « t’as pas besoin des vitesses » « je sais oui… je fais quoi, là ? ... Ah oui…Rien… »)
Encore plus sympas les deux heures de lecture non stop au soleil (devinez quoi) avec ma salade de riz préférée et un bon sauciflard avec moi-même et moi-même.
J’ai redécouvert également les joies du camping et les nocturnes Cui Cui Cui, Ouah Ouah Ouah, Tchoup Tchoup, Braooommm , Côa Côa Côa Coâ .
J’ai bien oublié deux trois choses pour que tout soit parfait, mais je ne m’étendrai pas (un grand merci à Jean-Mi qui m’a fait don au petit matin d’un peu d’eau chaude et de quelques feuilles de cellulose)
Celui-ci restera songeur devant les trois kilos de flotte que je me prépare à emmener avec moi…
A gauche pipette boisson isotonique légèrement sous dosée , à droite pipette eau pure.
Non seulement ce trail est une prépa et un test avant la Montagn’Hard , mais comme toute personne évoluant principalement en altitude et au frais, je crains fort les chaleurs varoises prévues ce jour là : 30° annoncés.
Après un échauffement en compagnie de Brague , c’est parti !
Assez vite d’ailleurs …
Bien sûr je suis me trouve rapidement en queue de peloton, et nous abordons la descente qui nous fait sortir du village. Je suis un peu dans le vague (moi et la foule…) , mais un son me fait lever la tête.
Brièvement, je me dis que c’est pas discret toutes ces semelles sur le bitume, mais ce n’est pas ça. Ce son… presque la mer… Bon sang ! Les camelbags !! C’est l’eau des poches et des bidons qui fait ce bruit !
J’ai devant moi une marée humaine qui s’écoule dans un sourd ressac , un bruit qui court.
… Etrange instant…
Héééé, m….e , la pipette boisson fuit c’te c…e !! Et pas qu’un peu !
Donc tout en courant, je ne me démonte pas et procède à l’échange standard : je retire l’embout plastique de la poche à eau, le met dans ma bouche , je plie le tuyau puis enlève celle de la poche boisson après avoir aussi plié le tuyau , le garde dans la main, transfère… Appelez moi Shiva , y’en a de partout, mais je suis trop forte, rien par terre et j’oublie l’incident.
Juste un truc qui me surprend un peu , je souffle comme une forge, l’air à du mal à passer…
D’habitude je suis plutôt discrète (l’ été , j’adore faire sursauter les chevaux des gendarmes en arrivant par derrière…) , mais là, je me gêne et j’ai peur de gêner . Certains doivent croire que je vais péter une durite le trail à peine commencé.
A sept heures du matin, il fait déjà chaud pour moi, mais j’ai de l’eau et sûrement d’autres trucs plus importants à régler après .
A ce moment même, pas de souvenirs précis de la première phase de ma course, si ce n’est l’arrivée à Notre dame des Anges (premier ravito), et le premier contact visuel avec les deux traileuses qui vont me précéder pratiquement tout du long de la course.
A partir de là, le peloton s’étire et le vrai voyage commence, je vais pouvoir commencer à sortir les antennes.
La végétation me dépayse un peu : le chêne et le chataigner sont absents de ma montagne et j’ai envie à plusieurs reprises de ramasser ces grosses pommes de pin pour les emmener en souvenir. Des pommes de pin… (j’ai quel âge ?) Chez nous elles sont toutes petites.
L’olivier lui, je le connais, pas besoin de faire les présentations…
Sur les plateaux par contre, je suis frustrée car je ne reconnais pas tout ce qui passe dans mon champ de vision… c’est jaune, blanc, violet, rose , et quel parfum.
Le soleil commence à taper et la chaleur s’élève du sol pierreux . La nature qui a chaud sent bon.
Narines grandes ouvertes, je fais le plein ! (« la truffe en l’air, l’oreille levée, je veux trotter, comme un lourdeau, un soupçon déglingué.. » Quizzz : L'auteur? )
Du temps qui passe, je ne vois que ces dix minutes qui bornent mes prises de liquide .
Par moment je m’absente un peu, mais je n’oublie surtout pas ce pour quoi je suis là : ADDM.
Aller Au-Delà du Marathon.
Autant l’épreuve en elle-même me laisse froide , autant l’idée d’aller au-delà me tient depuis un bon moment. Et de préférence en compagnie des piafs, des arbres, des arbres , des fleurs et de D+.
Boum.
Le mur (hein ???)
Je ne sais pas, il est peut être une vingtaine de kilos après le départ, et j’en ai marre.
Plus envie, j’en ai plein les pattes, le coin me gave. Je me sens totalement merdeuse d’avoir osé penser que je pourrais courir un truc pareil .
L’idée même de faire la Montagn’hard me filerait presque la nausée . Non mais pour qui je me prends ?
Avoir ce type de pensées est nouveau pour moi et c’est flippant. A même pas la moitié du parcours ça se passe comme ça ? Ca donnera quoi sur la Montagn'Hard???
Du n’importe quoi…
Bon, on met ça de côté.
J’ai un 45 à finir moi…
Mange…
Je me retrouve pendant quelque temps dans un petit groupe et j’essaie de sortir un truc gluant de son papier pour m’alimenter un peu "histoire de" , je n'aime pas manger en course mais faut s'y faire en prévision de « vous savez quoi » .
Espèce de barre à la con.
Crac.
Pas la barre… ma cheville.
Je gueule comme un âne, moins de douleur que de colère.
Le gars devant me demande si ça va . Je réponds juste « oui » en pensant « je viens de me refaire la cheville » , mais je le garde pour moi.
Quelques foulées ralenties, et je mets ça de côté.
Je repasse en « mode Dawa » , et je me laisse à nouveau porter par les sons, les odeurs et la terre .
Et la dernière phase de la course commence peu après.
La plus chaude, yeee haaa !
Et à moitié endormie je reste derrière un gars qui finit par dire « y’a plus de rubalises ».
J’ai l’estomac qui se met en boule , je passe en mode urgence et je regarde le sol : « c’est pas foulé , faut faire demi tour ». On continue un peu pour confirmer l’absence de balisage mais j’insiste, et on retrouve le passage à gauche.
Hé merdre, les deux filles qui j’ai laissées à un ravito précédent sont repassées devant c’est certain . Ca m’apprendra à suivre un mec , tiens…
Bon, c’est pas important, on passe.
La chaleur commence à sérieusement me gêner malgré mes douches maison et les épisodes forestiers qui absorbent un peu le soleil.
Mes douches maison ? 3 tétées à la pipette de droite, transfert dans le bob, plouich, et le tout sur le crâne avec le petit coup de tête bien comme il fait pour que ça arrose les cheveux avec un petit reste pour la nuque.
Voilà, le pourquoi de la seconde poche : refroidissement par eau.
Un autre gars et le bob une fois de plus trempé mais dans un ru tout maig’ un chouille terreux :
Le gars : « pas géniale l’eau »
Moi : « pas grave, ça mouille » (suis déjà devant avec mon bob tout marron )
Je ne savais pas pourquoi j’ai pris mon buff rouge préféré pour le mettre autour du chapeau, mais j’ai l’illumination, et hop, je le descends sur le cou, c’est fraiiiis….
Par mégarde je vois que j’ai couru 39km …Oh ben ça se tire !
Enfin si on veut lol , je vous passe les détails sur la chaleur qu’il peut faire à midi heure solaire ! Râ pète la forme malgré les quelques cumulus qui trainent dans le ciel.
Au passage je vois un coureur assis sous un arbre, je lui demande si ça va aller, il me répond que oui avec un grand sourire. Dégât collatéral.
Il me rappelle quelqu’un , mais je vois mal cette personne se cramer sur un trail ( type de coureur à refroidissement par air). Bon.
Je ne suis pas mal en fait, mais les pieds commencent à chauffer au niveau des premières phalanges, surtout à gauche :curieusement je me suis reprise à trébucher du pied droit à plusieurs reprises au début du trail et c’est le pied gauche qui se jette en avant pour éviter la chute .
A chaque fois c’est le gros frottement , et à la première alerte, j’ai bien cru que le fessier allait s’arracher du postérieur.
Les ongles ont pris aussi., logique.
C’est tolérable, on passe.
Alors la dernière montée (et y'en a eu beaucoup, des montées! lol)… Avec un collègue on finit par se demander si on ne s’est pas plantés malgré les rubalises , . Interminable!!
Je les adore ces bâtons qui servent même pour redescendre, ça commence à être douloureux côté membres inférieurs !
Pour être honnête , j’aurai eu beaucoup plus de mal à finir sans eux, je pense .
Les ruines du château en haut du village signifient la fin du run et je dévale les ruelles qui descendent vers l’arrivée , pu mal aux pieds là ! Je suis même accueillie par une rafraichissante petite averse !
Un dernier virage et j’entends mon prénom . Je ne suis guère habituée aux comités d’accueil , ça stimule mieux qu’un gel, ça !
Je suis ravie ravie ! Et trop contente de retrouver les topines dont Betta qui me jetterait presque dans la fontaine pour faire refroidir la cheville et le reste.
Mais la cheville revient au premier plan et le moral se prend une claque et un gros point d’interrogation "in ze face".
Je pars manger et laisse Yanne ( trop vite disparue), Japhy , son homme et Mr Me Betta.
Merci à eux de m’avoir attendue (pour Betta y’avait intérêt: "rapt de mineurs" ça fait désordre sur le dossier… lol)
Bilan ? Positif quand même si j’en crois la bonne gestion de l’hydratation, le bon usage des bâtons et le bouclage du trail.
Côté bobo, le toubib a fait une drôle de tête quand après m’avoir dit « je ne te donne rien » (« rien ?? » ) , je lui ai dit « chouette ! je vais pouvoir courir le trail de la Peira dans 15 jours alors ? »
Il n’a rien dit.
Une chevillère, un peu de rééduc, et on passe .
J’ai une Montagn’Hard à courir…
PS: pour le chrono quand même: 7h28 (moins 2 heures pour Lisel Dissler!)
Et les deux filles que j'ai doublé me sont effectivement repassées devant et m'ont repris 5 minutes .
Entre la première VF1 et moi: 8mn autant dire pas grand chose!
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9 commentaires
Commentaire de Fab06 posté le 29-05-2011 à 20:54:00
Bravo ! Récit très sympa et félicitations car la course était vraiment pas facile (j'ai bien souffert aussi dans l'interminable dernière montée sous le soleil).
Et bon courage pour la Montagn'Hard ;)
Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 30-05-2011 à 12:57:00
C'est vivant et agréable à lire. Bravo, pas facile ce trail apparemment.
Commentaire de fulgurex posté le 30-05-2011 à 22:26:00
je me dépêche de répondre au quizz le premier et je replonge dans la lecture plaisante: Richard Gotainer
Commentaire de fulgurex posté le 30-05-2011 à 22:33:00
Tu racontes bien, c'est plaisant à lire.
j'espère que ta cheville va mieux. Bon courage pour la suite, c'est bien parti;
Commentaire de kkris posté le 31-05-2011 à 17:31:00
merci pour ce récit très sympa!
Commentaire de maï74 posté le 31-05-2011 à 18:53:00
salut Nat,
excellent récit, bien écrit, très vivant !
Bon ces chevilles elles commencent à nous casser les noisettes non ? ;-))
Bonne expérience pour ta future montagn'hard, et puis t'inquiète pas, on se demande toujours comment on va pouvoir faire 2 fois plus de km, mais finalement le cerveau se conditionne et ça l'fait !
Bonne récup et bonne fin de prépa pour ton objectif,
biz
Commentaire de brague spirit posté le 01-06-2011 à 08:15:00
Le réchaud et le Pq,c'est vital.Sinon un CR vivant,vivifiant.
J'espere que la cheville va tenir le choc,dans un mois.Ca va le faire.
Commentaire de raspoutine 05 posté le 04-06-2011 à 22:17:00
Toujours aussi sympas tes récits; un vrai plaisir que de les parcourir. Mais bien sûr que ça va être un grand moment pour toi la Montagn'hard ! Il me tarde déjà de lire ta prose à ce sujet. D'ailleurs, bien vu ton réflexe à la Mac Giver pour ton Camel back. Heu... Shiva ? Connaît pas ! lol !
En tout cas, bon courage pour la suite.
Encore bravo
Raspa
Commentaire de JLW posté le 12-06-2011 à 22:26:00
J'ai revécu mon trail des Maures d'il y a 2 ans. Un trail difficile de par la météo qui peut être très très chaude et la gestion de l'hydratation, pas facile.
Merci pour ton récit et bonne fin de prépa pour la Montagn'hard.
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