L'auteur : Arno Le Fou
La course : Landes et Bruyères,Cap d'Erquy-Cap Fréhel
Date : 30/4/2011
Lieu : Erquy (Côtes-d'Armor)
Affichage : 2185 vues
Distance : 32km
Objectif : Pas d'objectif
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Quand on aime le trail, il faut bien passer des caps de temps en temps ! En l’occurrence, à l’occasion de ce Landes et Bruyères 2011, j’en ai passé 3 : Le Cap Fréhel, le Cap d’Erquy et le cap des 30km dans une course à pied.
Petit rappel tout de même de mon profil de coureur pour ceusses qui ne me connaissent pas. Pas endurant pour un sous j’ai commencé à trottiner pour être « mieux » sur les terrains de badminton il y a maintenant 5 ans. Je suis asmathique et ai toujours réussi à éviter toute course à pied ou endurance depuis l’enfance. Puis poussé par les fous, j’ai fait mon premier 10km, les Ecluses, en 2007 puis mon premier trail, La course de la mer, en 2008. Et vlan, me voilà mordu des courses Nature et trail sans m’en rendre compte. Mais le trail est exigeant et trottiner ne suffit plus, il faut maintenant aussi penser à s’entrainer. Heureusement l’envie est là et malgré mon physique se rapprochant plus d’un rugbyman que d’un coureur de fond (1,81m pour 90kg pas forcément de muscles !), j’ai avalé du kilomètre et rarement en étant forcé. Les caps se franchissent un à un depuis 2 ans en progression logique : 15km puis 20 puis 25 puis 30 mais en 2 étapes (Weekend Trail) et maintenant, les 30km en une seule fois. Mon objectif étant un jour de pouvoir m’aligner sur un 50km du genre de Guerlédan ou bien un trail montagne aux dénivelés conséquents. Présentation dans un but unique de présenter un profil de coureur, pas pour justifier (ou pas) un quelconque exploit.
Alors voilà, l’objectif de ce début d’année était de faire les 32km et presque 900D+ du trail des Landes et Bruyères. Non sans peur il faut le dire car j’avais souffert dans les 2 derniers trail de 20km que j’avais fait et je me rappelais aussi du visage à l’arrivée de Rose et Micky qui l’avaient tenté l’année précédente, bien que largement plus affutés que moi pour ce genre d’épreuve.
Alors, du coup, je me suis attelé à un programme d’entrainement plus solide. Je me suis inscrit à Jiwok et ai choisi un programme permettant normalement de finir un marathon en 4h00 en l’adaptant sur des circuits plus vallonnés. Jiwok permet donc d’éditer des séances mp3 ou un coach virtuel vous dit ce qu’il y a à faire. Simple, pas de chrono, il n’y a qu’à se laisser guider. Ainsi donc, j’ai alterné des séances longues (2h00 à 75%), des séances de récup (40-45min à 75%) et différents types de fractionnés (15s à 95%, des 1min à 85% et des 30min à 80%). Je me suis enfermé dans ma bulle et pendant ces 30 séances j’ai parcouru environ 220km. Je me suis donc préparé comme un fou (forcément !) et j’étais prêt à faire ce trail d’Erquy.
Direction Erquy donc et après moultes péripéties et de sorties ratées, nous arrivons au camping où les GOF arrivés plus tôt, ont déjà hissé les couleurs et le drapeau des fous. L’équipe du TRAIL DES FOUS est dans la place. Une bonne pasta party entre nous et le ton est donné, on est là aussi (et surtout) pour s’amuser. En bon sportifs que nous sommes, on se couche tôt, enfin ….. pas trop tard, enfin …. On se comprend !
Le samedi, matin l’ambiance est plus tendue, forcément c’est le grand jour. Le stress monte pour moi mais c’est du bon stress. La préparation s’est donc faite correctement et sans casse, je suis donc prêt physiquement. Ca c’est que je pensais !
On s’entasse dans la voiture et direction Plévenon pour le départ des 32km.
Sous un soleil écrasant, le départ est donné et la colonne des presque 1000 coureurs s’élancent. Les premiers à fond la caisse pour pouvoir passer correctement les monotraces qui arriveront plus loin, les derniers, comme moi, prenant le temps. Le but fixé était 4h00, il fallait donc que je tienne un 8km/h de moyenne mais dès le début, c’est bien plus rapidement que je suis le troupeau. Seb, à mes cotés, grimace déjà et cela m’inquiète. Plus loin, j’ose lui demander et il semble souffrir du genou ! Gloups ! Nous n’avons fait que 2km pour l’instant.
Les sensations sont bonnes mais sur les conseils du vieux sage Jean-Mi, je ne pousse pas la machine. Je sais que les difficultés interviennent sur la deuxième partie du circuit. Il faut donc en garder sous le pied. Arrivés aux environs de Fort Lalatte, le premier blocage intervient. Il faut patienter, et suivre la colonne unique qui se forme. Ca fait partie du jeu, nous l’avons tous compris et le ton est à la plaisanterie. Je me retourne et aperçoit la casquette fluo de Seb, plus loin, juste avant les chasubles des coureurs balai. Bien ! Nous sommes déjà dans la queue du peloton !
Direction Cap Fréhel maintenant et la colonne des coureurs s’étend à perte de vue jusqu’au phare.
Phare du cap Fréhel au pied duquel est situé le premier ravitaillement au kilomètre 7 et que je passe après environ 40min de course sous les yeux de mes supportrices (merci les filles !). L’allure est bonne, ça va pour l’instant. Il en sera ainsi jusqu’au 2eme ravito que je passe en 1h40. Mais déjà le sable mou des premières plages m’a fait puiser dans mes réserves, je le sens déjà.
Sur la plage des Sables d’Or, je passe le panneau 15km restants en m’écriant yesss ! Mais l’allure a ralenti malgré moi. Quelques décharges aux mollets m’ont fait comprendre que le plus dur allait arriver. Puis c’est le tour des muscles de la cuisse, (Oui, Mike, juste au dessus du genou) qui commencent à se raidir. Ca y’est, ça recommence comme mes 2 derniers 20 bornes. Ca bloque, ça ne crampe pas mais ça se raidit. Je ne peux lutter et les quelques étirements n’y changeront rien. Seb m’a depuis longtemps dépassé. Il a dû trouver un nouveau genou en cours de route car il m’a déjà doublé peu après le 2eme ravito.
Me voilà seul avec mes douleurs. La colonne s’est déjà depuis longtemps effilée et autour de moi, c’est un peu le bal des éclopés. Ca boite, ça crampe, ça vomit même pour certains. Et pour le rien arranger, le ciel s’est assombri et la pluie arrive, suivit de peu par de la grêle. Youpi, un vrai trail breton, les organisateurs ne reculent devant rien. Dans ce malheur, j’ai un peu de chance car cette grêle arrive juste au moment ou je passe dans un chemin creux bien protégé par les arbres. Ca ne m’empêchera pas d’être trempé mais au moins, la grêle ne m’aura pas fait mal. Par contre en haut de ce chemin, le vent très fort me rappellera bien que je suis mouillé de la tête aux pieds. La cadence a fortement ralentie désormais J’arrive à tenir une marche rapide dans les montées mais les descentes sont pour moi des occasions de souffrance.
Je rejoins petit à petit une concurrente appelée Isabelle avec laquelle je vais finir la course. On va se soutenir mutuellement, c’est ça le trail, c’est cet esprit qui me fait avancer. Elle souffre comme moi, nous sommes des compagnons de galère. A ce propos, bravo aux organisateurs d’avoir mis notre prénom sur les dossards. Tout au long du parcours les spectateurs jouent le jeu et des hourras ou bravos suivit de notre prénom, ça fait chaud au cœur, nous pique d’une belle décharge d’adrénaline (et surement de fierté aussi) et nous rebooste pour quelques centaines de mètres.
Nous passerons le panneau 10km aux alentours des 3h00 ce qui pour l’instant, pour ma part reste honorable et sensiblement dans mon temps fixé. Mais la cadence ralentira indéniablement, sans s’en rendre compte. Nous passerons l’avant dernier ravitaillement ou l’on voit bien que nous sommes les derniers. Il doit bien y avoir une quinzaine de bénévoles pour un coureur de temps en temps, au compte goutte. Alors forcément, ils sont aux petits soins avec nous. Merci aux bénévoles ! Je ne peux m’empêcher de penser à la pub ou on voit arriver un coureur à un ravito et ou il peut choisir son cocktail ! Il se passe des choses bizarres dans la tête quand on est à bout.
Viens désormais le temps du cap Erquy et je le sais pour avoir fait déjà le 14km deux fois que cette partie est dure. Marches, montées, chemins très rocailleux, plages, … Effectivement c’est dur. Heureusement que les paysages sont magnifiques, ils effacent un peu les douleurs des jambes. J’ai une furieuse envie d’avancer mais le corps ne suit plus hélas. Je crois que pourtant, je n’ai jamais eu autant la niak sur un trail, peut être dû à mon entrainement plus soutenu pour le préparer. On dit souvent que quand la tête veux, le reste suis, ce n’est pas le cas pour moi aujourd’hui.
La fin du parcours s’amorce différemment des autres années et au final pour mon plus grand plaisir. Au revoir la boucle interminable au dernier ravitaillement et bonjour le passage dans la carrière dominant le port d’Erquy. C’est magnifique. Ca me rappelle un peu le trail D’ollioules ! Manque l’odeur du thym et le chant des cigales. On entend le speaker s’égosiller dans le micro plus bas. On sent la fin proche et avec Isabelle, on se rassure, ça y’est ! C’est (presque) fini ! Sauf qu’un gentil monsieur nous annonce « Arrivée dans 3.3km » ! Arghh ! Luttons alors, ça fait déjà des kilomètres qu’on lutte, on peu tenir ces derniers misérables mètres.
Je suis étonné car proche de l’arrivée, nous doublons quand même quelques coureurs dont les profils sont pourtant plus affutés que moi. Puis au loin, le t-shirt orange de Gilou. Il reste 1,5km et il m’encourage et me sert de lièvre. Ca fait chaud au cœur ! Je résiste, je gère la toute petite dernière montée juste après la flamme rouge et surtout gère la descente de la mort qui suit. Puis plus loin c’est Sylvain qui est là. Ah des visages connus ! Je l’entends au téléphone, il prévient les autres « Arno arrive ! ». Ils sont resté là les copains, ils m’ont attendu (et c’est pas parce que c’est moi qui ai les clés du bungalow et la bière dans mon frigo ! nan nan !). En effet à 200m de l’arrivée, une haie d’honneur couleur vert pomme me fait la hola. Warf ! Là c’est trop, fatigue aidant, les larmes arrivent. Les petits fous et Estelle courent à coté de moi pour le finish.
Grand moment d’émotion. Je suis allé au bout. Le temps de souffler un peu et je vois Isabelle arriver, elle pleure aussi et je lui tape dans la main. Elle aussi est allée au bout.
Au final, 4h27, j’ai craqué dans les 10 derniers km parcourus en plus d’une heure vingt. Je me rassure en me disant que c’est normal, c’est le premier.
Merci les fous pour le soutien, merci aux organisateurs et aux bénévoles, merci aux spectateurs encourageant des inconnus par leur prénom. Pendant les 2 nuits suivantes, cette course hantera chaleureusement mes rêves. Avec Estelle et mes 2 petits fous, je laisserais le rêve continuer en parcourant avec eux tout le début (Cap Fréhel – Fort La Latte) et toute la fin (Cap Erquy) du parcours, en randonnée, tranquillement, la semaine suivante.
Première course dépassant les 30km, première course avec plus de 4h00 sur un circuit. Malgré les douleurs, rien n’a égratigné mon envie. Une petite pause pour récupérer et c’est reparti, trop envie de continuer. On aura beau dire mais cet esprit là, y’a rien de mieux : de superbes paysages, un dépassement de soi, de supers moments partagés avec ceux qu’on aime, je vous le demande, quoi de mieux ?
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2 commentaires
Commentaire de pascal72 posté le 12-05-2011 à 19:35:00
Bravo à toi.
Je connais bien ce trail car je l'ai fait en 2008 et 2010. Il est très sympa. Maintenant que tu as réussi ce trail, je te conseillerai de faire le trail "les gendarmes et les voleurs de temps" à Ambazac près de Limoges. Il fait aussi 32 kms avec plus de dénivelé. L'ambiance y est géniale. Ensuite, tu poourras augmenter la distance progressivement. C'est ce que j'ai fait.
Alors, bon courage et bon entrainement pour tes futurs défis.
Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 20-05-2011 à 07:50:00
Je constate que, comme moi, tu as besoin d'une fille devant toi pour avancer...
Bravo pour ta course, elle n'est pas si facile et la météo fut vraiment spéciale...
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