L'auteur : STEEV
La course : Merrell Oxygen Challenge - 45 km
Date : 15/5/2010
Lieu : Le Lioran (Cantal)
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Distance : 45km
Objectif : Pas d'objectif
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Cette fois ci, c'est en ouvrant la portière de la voiture qu'Olivier et moi même, mon petit scarabée compagnon de route, ressentons la terrible température que nous n'espérions plus connaître de la saison : un bon 3°c bien ventilé.
Nous avons failli à ce moment là, vite la refermer pour rester bien au chaud mais il nous en fallait réellement plus pour altérer alors notre motivation !
Un trail hivernal de plus à ajouter à notre tableau de chasse.
Le retrait des dossard ayant été fait la veille, nous n'étions tout de même pas si étonné que ça.
J'en profite donc du temps restant devant nous pour répéter mon protocole de course à Olivier, qui m'écoute comme son maître de course avec grande attention. Je ne le savais pas encore, mais j'allai être fier de lui plus tard, à la fin de l'épreuve:
Gel au magnésium avant le départ plus un cachet de Sporténine, puis prise hydrique tous les quarts d'heures, un gel glucidique toutes les demies heures et enfin un cachet de Sporténine toutes les heures.
Tout cela pour nous assurer une course la plus confortable possible au niveau musculaire et nous faciliter ainsi la récupération.
Pas draconien mais une discipline à s'imposer tout de même ! Tout cela m'avais déjà plutôt réussi lors des précédents Trails (hormis le Vulcain bien sur où l'eau avait gelée!). J'attendais par contre le résultat de l'apport de la Sorténine que j'ajoutais sur cette course
C'est donc en approchant de la ligne que nous avons vite appris que le départ était différé d'un quart d'heure sans réellement savoir pourquoi.
Peut être les conditions météo ?
Le trajet que nous allions emprunter avait déjà été modifié la veille pour cette raison et les cimes du Plomb du Cantal était en effet couvertes de nuages et cela avait l'air de bien souffler en haut; sûrement une sage décision.
L'organisation, quelques temps après nous informait d'ailleurs que nous serions très exposés au mauvais temps sur les crêtes reliant le Puy Griou au col de Rombière et que la température la haut était de -10°C en ressenti et nous priant donc de bien nous équiper contre le froid.
Nous passons donc le sas, on nous colle une vignette rouge sur le dossard et nous voilà dans l'arène où nous progressons pour nous rapprocher de la ligne de départ. Nous rencontrons Stéphane et son pote Stéphane (nous sommes en force) en bonne position, dans le premier quart et resterons là jusqu'au départ; la pression déjà palpable chez moi ne fait alors qu'augmenter au fur et à mesure que le speaker égraine les minutes qui nous séparent du départ.
Ce dernier essai de mettre l'ambiance de ce froid glacial et nous fait bouger les bras, crier, sauter...
Il y a de la musique, de plus en plus forte, le compte à rebours commence et puis c'est parti !
C'est une libération, un petit moment de calme presque hors du temps et pour tant tout commence maintenant, tout cet entraînement pour cet instant, magique !
Toute une horde s'élance vers la montagne, les pistes de ski qui vont donc nous amener vers le buron de Gardes.
Nous sommes tout de suite dans le vif du sujet avec une vraie bonne montée qui nous mène tout droit vers le buron des Gardes et nous oblige rapidement à marcher, sauf pour les premiers qui partent comme des fusées parmi lesquels je reconnais Yoann Meudec. Mais ça part vite tout de même et ça double de tous les cotés, on s'accroche avec Olivier et nous montons bien.
Et cela dure 15 min, pour parcourir 1,3 kms, c'est dire !
Puis cela s'arrête, nous sommes au niveau de la réserve d'eau, cela ne monte plus et on me dérouler tranquillement à un rythme beaucoup plus rapide.
Je suis presque content à ce moment là que le parcours soit modifié et je jette un regard dérobé envers le Plomb du Cantal pour apprécier toute la côte que nous aurions du gravir.
Ensuite tout va plus vite et c'est beaucoup plus facile; il faut tout de même prendre garde où mettre ses pieds car le chemin est très caillouteux et boueux par endroit, il ne faudrait pas tout de même salir nos belles chaussures !
Pour un concurrent, la course va s'arrêter là entre le 3ème et 4ème km pour cause de cheville hors d'usage, abîmée par ces fameux cailloux; il peste comme un damné et je le comprends, aussi j'essaie de faire attention.
Puis les kilomètres se déroulent sous nos pieds au grès des montées et des descentes, encouragés ça et là pas des gens sur le bord de la route ou sous les yeux éberlués de quelques agriculteurs bien sympathiques à notre égard.
Le temps est rythmé par les sonneries de ma montre, tous les quarts d'heures et Olivier suis mes ordres; boit, prend un gel... à la lettre.
On papote mais on va vite sans trop forcer 5:20, 6:00, 5:50/km selon les endroits, car nous savons ce qui nous attends plus loin.
Petit arrêt rapide au 1er ravito au 11 ème km où je m'étonne de voir déjà tant de monde arrêté. pour nous, ça dure à peine et nous pouvons ainsi grappiller facilement quelques places; super !
Partie en chemin, en route, c'est tout de même assez facile pour l'instant.
Puis la vue se dégage et je montre à Olivier le versant d'en face, la fameuse montée de Thiezac qui m'avais tant impressionné l'année dernière lors de la randonnée et j'aperçois même le sommet de l'Elanceze.
Je lui dit: c'est là qu'on va et il me sourit; ça veut tout dire !
Nous rejoignons ensuite rapidement le parcours d'origine qui nous enfonce dans les bois, traversons une magnifique cascade où nous nous étions arrêté l'année dernière avec Matthieu, les pieds dans l'eau mais pas encore mouillés du moins pour moi, passons au pied du chaos de Casteltinet et sous une porte en pierre dont je ne me souvenais pas, magnifique !
Traverser de tels endroits, que du bonheur qui vaut bien qu'on transpire un peu !
Bien entendu, tout était bien glissant mais le balisage nous prévenait par de grand panneau des fortes descentes qui arrivaient; Très bien organisé.
Ensuite, c'est le retour au bitume et l'arrivée sur Thiezac; nous venons de faire le plus facile.
Là de nouveau, beaucoup de monde nous encourage et nous félicite, ça fait du bien au coeur ; voilà pourquoi j'aime tant les compétitions où tout cet effort est partagé entre tous, coureurs ou non.
Avec Olivier nous y allons de nos petites anecdotes, sur les souvenirs que nous avons ça et là du précédent trajet.
Nous sommes au milieu du 16ème km lorsque nous passons sur les palpeurs du 1er temps intermédiaire (sois dit en passant, ces puces aux chevilles et ce système de comptage sont assez géniaux)
Ce sont les derniers moments de course avant d'attaquer la montée du chemin de croix (un peu de sacré tout de même !) où un chemin très pentu nous amène jusqu'à la ferme de trielle en passant par la grotte de l'ermite et devant la statue du l'archange St Michel.
C'est vite écrit comme ça mais il faut connaître l'endroit pour pouvoir bien apprécier ces lignes car nous sommes sur un petit chemin qui serpent la colline et la montée est vraiment rude.
Moi je suis bien et sans vouloir fanfaronner, je me met à doubler certain concurrent pour en fait pouvoir maintenir mon rythme. Je me retourne plusieurs fois et Olivier ne me suis pas mais reste tout de même à portée de vue.
J'arrive ainsi au ravito du 18ème km et l'attend environ une minute.
Eau plus oranges pressées entre les dents pour en recueillir le jus, rechargement du stock de gel pour la suite et sachets usagés à la poubelle, nous pouvons repartir d'abord en marchant puis rapidement en trottant.
Nous parcourons environ un kilomètre et demi de bitume puis empruntons une bonne montée qui nous fait basculer directement sur l'autre versant et nous permet ainsi d'apercevoir au bout de quelques minutes un des plus beaux passage de ce trail, la cascade du Faillitoux.
Je distance assez facilement Olivier mais je prends le temps de l'attendre, il n'est pas si loin après tout. Un petit arrêt pipi ensemble et un petit groupe nous dépasse; le groupe est bien étiré maintenant !
C'est reparti pour les rattraper, je signale alors à Oliv que nous venons de parcourir un semi marathon, pas mal tout de même !
Petite accélération pour doubler petit à petit le groupe et là, douleur aux mollets : les crampes sont de retour.
J'ai du jus et pense maintenant que la course risque d'être moins facile. Le point positif est qu'elle apparaissent de plus en plus tard au fil des compétitions, allez on va essayer de composer avec elles !
Nous arrivons donc les pieds dans la boue au pied de la cascade (petit regard vers l'endroit où nous avions bivouaqué l'année dernière) où nous attends un petit ravito inattendu et merveille équipé de gels Fenioux (partenaire officiel) au magnésium contre les crampes.
Bien entendu, je me jette dessus et malgré les difficulté à l'ouvrir, les miens sont nettement plus performants de ce coté là et bien meilleur de goût, j'en avale le contenu goulûment !
Le spectacle est magnifique et malgré le discours du speaker au départ, il va nous falloir mettre les pieds dans l'eau pour traverser le torrent.
La main courante est même proche de la chute d'eau et emprunter cette voie nous rincerait irrémédiablement.
Ce sont donc les rochers glissants qui sont préférés mais le passage bien que difficile est excitant.
Une autre montée bien drue et nous voici au dessus de la cascade et il faut une nouvelle fois traverser le ru. Je ne me pose plus de question maintenant et je fonce tout droit ! Olvi, lui essaye de sauver ce qu'il peut et trouve un gué un peu plus loin.
Maintenant ça ne fait que monter, de manière régulière d'abord puis la montée avant les crêtes sommitales de l'Elanceze est assez difficile. Je me retourne encore et je vois mon Oliv un peu en retrait , doublé par un groupe de 3 gars habillé de manière identique (peut être une équipe ?) qui montent assez rapidement d'un bon pas.
Quelques temps après effectivement, il me dépassent mais nous allons jouer au chat et à la souris pendant longtemps. Ils sont également accompagné d'un coureur que j'avais remarqué en début de parcours car il faisait les séries et c'était donc sa 3ème course du week-end; bonne forme donc.
Voyant Oliv peiner un peu et moi pas trop mal en point, ne ressentant d'ailleurs pas vraiment mes mollets, je décide alors de continuer ma route tout seul, j'aurais quelques remords à ce sujet car j'ai tout de même pris cette décision seule. Je risquais également de le laisser en souffrance, bref, pas fier de moi ! Pourvu qu'il continue à boir et prendre ses gels selon le rythme imparti.
La montée jusqu'au sommet se déroule donc sans peine et je double l'équipe qui s'est arrêté puis entame la descente que je redoute un peu car je me souviens de son contact escarpé.
La un bénévole me prévient que c'est très glissant et il a raison; c'est tout enneigé et c'est un véritable toboggan.
Ce qui doit alors arriver s'exécute et en un instant malgré tous mes efforts, je me retrouve par terre avec une douleur instantanée au mollet droit qui me donne l'impression d'exploser tant je me suis crispé.
Je suis donc assis quand les compères me dépassent en prenant soin tout de même de me demander si je vais bien. "Crampes" je crie alors.
J'arrive à repartir, ça glisse encore puis le chemin redevient propre et je me met à courir en essayant d'être détendu sur mes mollets ce qui va ensuite assez me réussir puisque ils ne me feront plus souffrir.
Voici le ravito du col du Perthus où on nous indique que nous ne sommes plus qu'à 12kms de l'arrivée.
J'en profite pour vérifier mon paquetage et mettre dans ma pochette les derniers gels en attendant secrètement olivier qui n'est peut être pas si loin.
Je fais également quelques étirements puis je repart.
Je suis de nouveau rattrapé par le groupe de 3 puis par le gars des séries et je decide de les suivre, ils me serviront de locmotive.
Je les dépasse même un instant mais ce n'est pas un bonne solution et je les laisse repasser devant rapidement. Faire le lièvre m'est en fait assez difficile à supporter !
Cette situation va ensuite perdurer jusqu'au col du Gliziou ou je perd un peu de terrain car le rythme est fort et le Puy Griou où la montée assez sévère va me retarder un peu. Je passe tout de même le concurrent des séries qui s'est arrêté pour mettre un blouson, ce qui me redonne un peu d'énergie.
Je vois s'éloigner le groupe peu à peu et les aperçois sur le chemin de crête qui mène au col de Rombière.; Je suis un peu largué alors à peut être 3 minutes.
Sur ce chemin, la course reprends et la descente du col dont le début est rendu glissant par la neige se passe bien.
Je maintien un bon train mais laisse passer un concurrent qui descend plus vite alors.
Le chemin devient moins chaotique, s'élargie, passage près du buron où nous avons quelques souvenirs de randonnée avec mon père et Olivier, et la vue du Lioran en fond de vallée commence à me donner des ailes.
Mais le regain de courage ou d'énergie arrive lorsque je rejoints le groupe des 3 qui lui même a rejoint d'autres coureurs.
A leur niveau, au fond d'Alagnon, en faux plat descendant, je cours plus vite qu'eux.
Je sais que l'arrivée est toute proche avec une parfaite connaissance du profil de cette dernière partie d'environ 1,5 kms.
Je tente alors le tout pour le tout et accélère encore à l'image d'une échappée du Tour de France cycliste.
En me retournant, je vois que le groupe essaye de suivre mon rythme mais j'arrive à le distancer un peu.
Je cours donc autant que je peux dans la montée d'une piste de ski où je tire tout droit en cherchant les meilleurs trajectoires. C'est en marchant que j'arrive au sommet mais c'est avec la vitesse la plus rapide que je peux produire à ce moment là !
Les coureurs sont dans la montée mais je suis un peu plus loin maintenant et il ne me reste plus que la descente !
Je suis parcouru de frissons d'émotion et déroule jusqu'à la plaine de Sagnes où m'attend l'arrivée.
J'arrive à fond dans la dernière ligne droite à 4:23/km, les mollets piquent un peu mais qu'importe et à quelques mètres de la ligne, j'entends qu'on m'appelle et j'aperçois Laetitia et mon père qui sont là; c'est un grand moment !
5h49 et 58 s pour parcourir au final 38,130 Kms avec 1932 D+ ce qui me place 122 ème sur 315 partants environ.
Je suis vraiment satisfait de ce résultat car il m'en restait encore sous la pédale et ce final d'anthologie pour moi correspondait vraiment à mon souhait formulé après le Vulcain : arriver avec de la fraîcheur pour terminer dans de bonnes conditions.
Pour info, mes poursuivants sont arrivés entre une et deux minutes après moi !
Olivier ne vas pas tarder et arrivera 17 min plus tard. Je l'accueillerais les bras ouverts pour le féliciter et lui dire mes regrets de l'avoir abandonné en pleine difficulté. "Pas de soucis, tu as bien fait car si j'avais pu, je t'aurais dit de continuer sans moi" me dira t'il , ce qui me réconfortera !
Stéphane arrivera 1h après moi en ayant connue une grosse difficulté suite à une douleur au genoux mais son arrivée sera belle, au mental en ayant rien lâche, chapeau !
Quelle belle aventure !
Merci à mon entrainement qui n'était pas si mal !
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