L'auteur : Le polatouche
La course : Trail de la Vallée de la Vère - 30 km
Date : 25/4/2010
Lieu : Athis De L'Orne (Orne)
Affichage : 2170 vues
Distance : 30km
Objectif : Faire un temps
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On dit souvent que le marathon commence au trentième kilomètre, que le 1 500 se gagne avant la course, etc. Et bien cette année, le trail de la Vallée de la Vère a vraiment commencé avant la course. La veille précisément...
Un type normal qui veut faire une belle course assaisonnée d'un beau chrono, ben la veille, ou les jours qui précèdent, s'il est encore plusse normal, il se recharge en influx nerveux, il "fait du jus". Normalement, je fais comme ça mais...
Samedi 24. 9h15. J'arrive au club d'aviron avec la ferme intention de me faire plaisir. Une petite séance de skiff technique. "Une heure maxi hein ?" C'est ce que me dit la petite voix du coureur. Mais bon, il faut croire que le coureur était un peu aphone. Et puis, il faisait si beau. Un plan d'eau digne des plus beaux miroirs, avec un soleil radieux et une absence quasi totale de vent.
Donc, je prends mes pelles et me voilà parti tranquillement. Enfin pas bien longtemps car la glisse appelle la propulsion qui appelle la glisse qui appelle la propulsion. Bilan 1h30 d'endurance bien active mais un vrai bonheur.
Donc évidemment, le lendemain, pas de séquelle mais un peu de fatigue. Un grand petit déjeuner. J'arrive à Athis vers 11h15. Je fais du tourisme : l'église, la boulangerie et son pain aux céréales complètes et la superette avec ses bananes, sa Badoit et... son pack de RedBull. Nan c'est pour rire ! C'était pour voir si vous suiviez. Je passe chercher mon dossard et mes cadeaux. Super important les cadeaux. Car à chaque fois que je rendre d'une course, numéro 3 me pose la même question : "Qu'est-ce que t'as eu comme cadeau ?". Bon cette année, on est gâtés. Un porte-bidon de ceinture et son bidon, un parapluie et une barre énergétique Isostar goût muesli. En revanche, il faudra que quelqu'un m'explique pourquoi ils offrent à chaque fois des cotons-tiges. Hein ? Quoi ? Des quoi ? Qu'est-ce que tu dis ?
La séance de la veille me rappelle un peu que je lui dois de l'énergie. Je la rembourse à l'occasion d'une petite sieste dans la voiture. Ensuite, je flâne en tenue. Je m'échauffe très progressivement. Et voici le départ. Record à battre 2h48 en 2008. Pourvu que la sortie d'hier ne me porte pas trop préjudice. Ah oui parce qu'hier en fin de sortie, j'ai aussi fait 3 départs suivis de 10 coups cadence course. Pour faire simple, à fond sur 20-30 secondes. Ca fait monter le coeur et ça brûle les jambes pire que tout. Ah oui là j'ai déconné d'accord. Mais bon, je n'ai pas pu m'en empêcher.
Et voilà, c'est parti. Parcours habituel (je suis déjà venu deux fois) mais pulsations qui montent assez vite comparé à l'Ice Trail où j'avais mis bien plus de temps pour arriver dans les tours. En fait, c'est surtout que ça va plutôt vite. 4'17" au kilomètre ! Il faut dire que là aussi j'ai un peu déconné parce que... mais chaque chose en son temps. Parce que ça va bien malgré tout.
Cette année, c'est plusse tempête de sable que voyage au pays de la tourbe. Il n'a pas plu depuis des semaines et les trous à vache bien durcis sont particulièrement traître pour les chevilles (ils nous ont prévenus au départ d'ailleurs).
Bon, je cherche un "rythme", même si le trail est un changement perpétuel de rythme.
Premier constat : Je suis complètement paumé. Et pour cause, je me rappelle à l'instant seulement que nous faisons le parcours... à l'envers. Mais bien sûr ! Ils l'avaient dit tout à l'heure. Je n'écoute pas, comme dirait une personne que je connais bien.
Deuxième constat, comme je viens de l'écrire (difficile d'écrire en courant) je trouve que ça va drôlement vite. 182 au cardio (max 202) pour suivre la meute : trop cher pour moi. Alors tant pis pour les bip-bips qui sont devant. Je lâche légèrement l'affaire. Je reviendrai plus tard.
Je sais qu'au-dessus de 182, c'est la zone interdite en trail. Surtout qu'il reste encore deux heures bien tapées à crapahuter et folâtrer dans les essences.
Nous passons devant un groupe de spectateurs comptables. Quoi ! 104ème ! A l'allure à laquelle je bombarde ! C'est quoi ce délire ! D'accord hier j'y ai été un peu fort, mais 'faut pas déconner non plus.
Mais là encore, j'ai déconné. Watson aurait dû écouter Holmes. Tu n'écoutes pas. Les bip-bips que tu suis ce sont les coureurs... du trail court. Pff ! Tricheurs !
Et en effet, voici le moment venu de nous séparer. "Le long à droite, le court à gauche !" Nous tournons à droite et eux prennent à gauche. C'est dingue comme d'un seul coup je suis seul. C'est dingue comme d'un seul coup tout le monde est plus raisonnable sur le champignon cardiaque. Dans un sens, ça me rassure. Et toc ! D'après les statistiques d'un autre petit groupe de comptablomaniaques, j'ai repris 30 places !
Bon alors, comment dire, hormis le fait que je suis perdu, ce trail, bien que très fatigant et très exigeant musculairement, c'est surtout des points de vue extraordinaires (sur les hauteurs) et des senteurs de sous-bois au printemps. Et tout particulièrement dans les parties humides et ombragées. Apaisantes à souhait. Parce qu'il faut dire que cette année, il fait beau. Vraiment beau. Un beau soleil et un air encore suffisamment frais pour ne pas lyophiliser le bipède trop rapidement. Les ravitaillements sont copieux, les bénévoles aux petits soins. Partager un verre d'Isostar avec son t-shirt et ses chaussures prend 10 secondes, se prendre ledit verre en pleine poire à la volée en prend moins de 5, mais il n'en faut pas plus de 45 pour prendre le temps de boire correctement, de manger des morceaux de banane et de chocolat, et surtout de dire merci à ces gens vraiment sympathiques. D'ailleurs la majorité des coureurs prennent le temps et ça fait partie du truc aussi.
Bon au kilomètre 13 d'après M. Polar, on attaque une descente méga-longue. Je partage mes impressions avec mes compagnons du moment et nous convenons de deux mauvaises nouvelles : la première c'est que tout ce que l'on descend, il va falloir le remonter. Et la seconde, c'est que ça commence dans 2 000 m d'après le topo. Et franchement, je ne me souviens pas avoir gravi un si long dénivelé dans l'autre sens deux ans auparavant. Je m'autocongratule (rires). Bon voilà mi-parcours et là les godillots vont devenir très lourds dans le sac. On remonte des tas de trucs plus vaches les uns que les autres. Et à flanc de pente, les transitions me donnent l'impression que mes chevilles vont casser tellement elles sont mises à rude épreuve (je n'ose même pas penser à la crampe aux mollets à ce moment-là), et les descentes me brûlent plusse les cuisses qu'elles n'aident à récupérer.
Fin de course. La moyenne chute pour tout le monde. Les réserves se vident plus vite à chaque kilomètre. La moindre dénivellation se transforme en mur d'escalade. Hors de question que je m'endorme. Je passe un coureur qui reste un peu avec moi. Je rentre en mode "finisseur" et le lâche puis je remonte quelques autres bipèdes au milieu des randonneurs qui convergent eux aussi vers l'arrivée, en prenant de la vitesse (moi, pas les randonneurs). Il doit rester 2 000 m. Rendez-vous au tas de sable. Je lance mes dernières forces dans la bataille pour éviter la somnolence qui pousse mon organisme à penser à un hamac et à un jus de fruits fraîchement pressés. Bon sang, j'ai mal partout. En fait, la douleur et la fatigue sont harmonieusement réparties. Je ne sais pas ce que ça veut dire exactement mais c'est très joli comme expression. Bon disons que je n'ai mal nulle part en particulier tellement j'ai mal partout. Même si ça reste très désagréable, c'est plus facile à oublier qu'une crampe au mollet; vous me suivez là ? Dernière ligne droite, je mets le turbo et entame le sprint. A 50 m de la ligne, les crampes aux mollets me font signe que le cardio est à 196. Allez je termine. Tant pis pour les deux coureurs que j'avais en ligne de mire. Je viens mourir juste derrière eux.
2h51. Au regard des facéties de la veille, et sans compter que le parcours à l'envers m'a donné l'impression d'être paumé, je me dis que je peux bien oublier les 3 minutes qui me séparent de mon record. Je reviendrai le battre l'an prochain. C'est vraiment toujours une belle course. Moins technique peut-être que le tout nouveau trail de la Roche d'Oëtre, qui jouit de surcroît, des paysages de la vallée encaissée de la Rouvre, mais toujours aussi belle. Il ne reste plus qu'à l'organiser de nuit. Là ce serait vraiment le top !
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2 commentaires
Commentaire de Mustang posté le 27-04-2010 à 23:41:00
beaucoup de plaisir à lire ton récit d'une course que je connais pour l'avoir faite de nombreuses fois!
bravo pour ton humour et ta perf!
Commentaire de caro.s91 posté le 18-05-2010 à 15:04:00
J'ai bien ri en lisant ton CR!
En tout cas bravo pour ta perf!
Caro
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