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CHAPITRE 4Pour fini, petit (pas) précis de sociologie du coureur à pied Saint-Marien :
Comme je le disais en préambule, j’ai fini par rassembler quelques observations quant aux us et coutumes du coureur à pied du coin. A la volée, lorsqu’on parle de :
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qui court ? Essentiellement de très jeunes, avec quelques exceptions allant jusqu’à la mi-quarantaine. Après ça, ça devient compliqué. Ils sont beaucoup plus en forme que nous à 20 ans, mais beaucoup plus fatigués à 45 ou 50 ans. Question de pénuries et déséquilibres alimentaires, mais surtout de vie dure, travaux aux champs et existence émaillée de nombreuses maladies de merde comme le palu.
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les filles ? Là, c’est un peu le hic, la tâche, le mi-bas qui blesse. ça avait décollé à l’époque où on emmenait une quantité astronomique de fringues et cadeaux, ce qu’on fait moins depuis qu’il y a beaucoup de vêtements bon marché dispos dans les marchés locaux. Faut voir, on refera peut-être un gros stock les prochaines fois. Parce que là, on était 5 sur la course et 1 (…moi) sur l’aquathlon. Pas facile pour les minettes d’oser se lancer, les garçons ne sont pas toujours très cool, et se permettent des réflexions assez machos ou en tout cas moqueuses, bien que ça se soit calmé au fil des ans depuis qu’on a peu râlé.
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les motivations : pour la course sur route : le goût de la compète pour certains, une simple participation amicale pour d’autres, les petites primes ou les cadeaux aux premiers (quand même hein), la grosse bouffe à la fin ou encore … « l’habitude » de participer chaque année ! Pour l’aquathlon : vivre de l’intérieur la dernière connerie que les vazahas ont inventée, parce qu’il se passe pas grand chose au village et parce qu’on n’est pas les derniers à aimer faire les cons !
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toujours dans la motivation : le vainqueur historique a couru une fois malade du palu comme un chien. Il a quand même gagné puis est retourné se coucher sans prendre part au repas. N’essayez pas de comprendre ni pourquoi ni comment, on ne peut pas comprendre, ça nous dépasse. Dans un autre genre, la doyenne de la course, 56 ou 57 ans, court tous les ans quoi qu’il arrive, même si elle est notoirement bourrée tous les jours de l’année. Une bonne femme incroyable, un monstre de résistance, dont la fille a gagné la course une fois. Là encore, faut pas chercher à comprendre, juste rigoler avec elle quand elle arrive les bras au ciel, super fière d’avoir fini encore une fois alors que tant d’autres ne participent pas ! Elle met 5 min de plus chaque année, mais on s’en fout !
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l’entraînement ? Quasi inexistant pour la très grande majorité, à l’exception des deux ou trois premiers, qui arrivent en 42 min pour 11,8 km. Les suivants sont très près derrière pourtant. Certains jouent au foot cela dit, et qui a déjà planté du riz sait qu’on n’a pas franchement besoin de courir pour être en forme sur de petites distances lorsqu’on bosse aux champs, et qu’en plus on a un % de graisse avoisinant les 6 % sans doute….Mais quand même, petit discours de Jean-Zélo après course, encourageant les jeunes à s’entraîner pour aller gratter les cadeaux vélos sur les courses du Sud, organisées par de plus riches ! D’ailleurs beaucoup de coureurs du village ont fini premiers d’autres courses, y compris Sanova, vainqueur d’un récent trail organisé par je ne sais plus quelle assoce de la réunion je crois, l’été dernier.
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Régime et hygiène de vie ? Ha ha ha. Ha ha. Bon, pas de low carb ou autre fancy nutrition pour des raisons évidentes d’accès à la nourriture. Essentiellement du riz et des légumineuses. Pas de friture ni le lait de coco avant course, comme dans les habitudes pour les matches de foot. Par contre on peut parfaitement se bourrer la gueule dans la nuit et finir dans le top 3 à 7h du matin sur la course, observé maintes et maintes fois. ET encore jouer au foot l’après-midi.
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Equipements ? sobre. Quelques chaussures de course et T-shirts des années précédentes. Régulièrement : des sandales en plastique, des tongs, des chaussures de bateau, voire des mocassins à semelles en caoutchouc, et évidemment, beaucoup de pieds nus, même sur le bitume.
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Luttes d’ego ? comme partout je suppose. Mais que des warriors, là où nous on se laisse vivre parfois, moi la première. Cela va des lancers de défis avant course, aux « retournages » de tête constant pendant la course pour voir qui arrive derrière, et la capacité de s’arracher littéralement la rate pour finir avant untel ou untel. En gros, personne n’y va « cool ». + foutage de gueule le cas échéant après l’arrivée ! Seul petit truc que je n’aime pas, difficile de faire rester les spectateurs pour voir arriver les derniers, pas très gentil mais pas trop de place pour « l’échec » finalement.
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Ambiance ? Enorme et bruyante, encore plus sur l’aquathlon, où le format se prête à la rigolade, voire à la déconne pure et simple, où les quelques très grands se sont contentés de marcher sur le fond de l’eau plutôt que de nager !
Bon voilà, chez nous on vit l’annulation de courses, alors il faut bien se venger comme on peut !