Calaferte a écrit:Ouch c'est joli tout ça, tu as du énormément progresser pendant ta prépa, et t'as pris des risques, j'imagine que tu devais être dans le doute quand tu as battu ton record semi sur le marathon
Bravo en tout cas superbe perf, maintenant tu peux battre tes record sur 10 et semi tranquillement! Elle est pas belle la vie?
Oui, j'aimerai bien passer sous les 40mn aux 10 maintenant. Ca me semble très jouable, effectivement. Et puis retour sur trail en 2015
.
Sinon, elle est intéressante ta remarque : à savoir comment j'ai géré cette course mentalement, sachant que tout indiquait que le rythme était a priori trop rapide pour être tenu jusqu'au bout, ce qui était pour moi évident dès le début de la course : 1er km en 4mn (=AS10), dès le 3ème km je suis à 87% FCM alors qu'un marathon couru sur son potentiel ne doit pas dépasser 85%... et alors que je m'étais donné une alerte à 82% (150bpm). Mais malgré tout je continue pied au plancher presque sans me poser de questions, et j'y ai quand même cru jusqu'au bout.
Pourquoi ? Aller, j'en profite pour commencer un CR que je reprendrai plus tard pour le mettre à sa place. Désolé, ça va être un peu long et limite HS de ce post. Disons que c'est un retour d'expérience sur la partie mentale de la prépa sur marathon :
1. J'ai décidé de me fixer cet objectif fou en gros 2 semaines avant le marathon, en constatant que les deux plus grosses semaines de mon plan (S10 et S11/13) étaient passées facilement, signe de grande forme. Un test sur 15 km à 4'14/km de moyenne (= AS42 pour 3h) où je reste sous les 150 bpm (82%) achève de me convaincre que c'est jouable
.
2. Je dévoile cet objectif inavouable à quelques potes histoire de me mettre dos au mur
.
3. J'optimise complètement les deux dernières semaines : semaine à la montagne pour faire des globules rouges, régime dissocié scandinave, très bonnes nuits, baisse du volume dans les entrainements mais maintien de l'intensité. Un très bon signe : je me couche à 21h30 la veille, et je m’endort quasi immédiatement, jusqu'à 6h le lendemain où je me réveille 15 secondes avant le réveil. Aucune anxiété. Physiquement et moralement, je me sens "invincible", prêt à en découdre. Je suis le premier à entrer dans le sas des 3h15, et comme un lion en cage en attendant le départ. Je me surprend même à rugir
. Je me place juste sur la ligne de départ, au même niveau que les kenyans
.
4. Dans cet état d'esprit, je me bloque sur l'objectif, et en vérité, comme je sais que rationnellement, il y a 90% de chances pour que je ne puisse pas tenir, à un moment je décide carrément de m'en foutre et de ne plus écouter aucun conseil, ni ceux des autres, ni les miens. J'ai
envie de le courir sur une base de 3h, et me donne comme objectif de rester devant le meneur des 3h aussi longtemps que mon corps pourra tenir. C'est mon 3ème marathon, il y en aura d'autres. L'abandon est envisageable et pas dramatique. Sur mes deux premiers, j'ai beaucoup plus appris de celui où j'ai abandonné que de celui que j'ai terminé (où j'ai quand même pris nettement plus de plaisir
).
5. Pendant presque toute la course, les sensations restent très bonnes. Je surveille de près le chrono et le cardio, bien sûr, je fais gaffe à m'alimenter régulièrement, à boire suffisamment avec 10s de pause à tous les ravitos... mais je reste plus à l'écoute de mes sensations et de l'envie qui demeure que des informations "techniques" de ma polar
(qui me feront quand même ralentir deux ou trois fois, comme après le premier km où les sensations ne m'avaient pas averties de ce départ vraiment trop rapide).
6. J'arrive logiquement au semi encore très bien sur le plan physique et mental. Cardio stabilisé autour de 153 - 154bpm, un peu haut mais très stable. J'accélère très légèrement pour passer sous les 1h29 (1h28mn57s), me disant que si des fois plus tard j'explose, ça sera toujours ça de pris
. Le meneur d'allure des 3h est à une quinzaine de secondes derrière moi. Il pleut.
7. Au ravito du 30ème km (que je passe en 2h07mn05s), le meneur 3h me rattrape pendant que je fini de boire. Je cours presque coude à coude avec lui jusqu'au 36ème ; il encourage régulièrement le groupe qui l'accompagne par des injonctions à tenir jusqu'au bout, mais je prends 10s de pause au ravito suivant qu'il ne prend pas... au pied d'une belle montée, et je décroche. Je ne me sens pas encore complètement K.O. mais ça commence à devenir vraiment difficile. Tenable jusqu'au 39ème en serrant bien les dents : je n'arrive pas à revenir sur mon drapeau rouge mais il reste toujours en vue. Pas trop loin, environ 100 m devant... Comme moi, il est tout mouillé.
8. Puis je décroche progressivement de mon allure cible sur les 3 derniers kms que je termine terriblement dans le dur, à en crier (ce que je fais à deux reprises)
. Les 3h me semblent encore accessibles jusqu'au 41ème km (passé en 2h54'54"). 5mn pour finir. 5mn à ne surtout pas marcher alors que tout mon corps supplie d'arrêter. Je limite comme je peux le ralentissement d'allure en essayant plusieurs fois de relancer, mais rien n'y fait. J'y suis presque ; j'entends très clairement le speeker qui compte le rebours pour les 3h... 5, 4, 3, 2, 1... 3H ! Il me reste encore une centaine de mètres à parcourir. 3h00mn23s.
Il pleut.
9. 1h15 à attendre sous la flotte pour récupérer mon sac. Je suis trempé, épuisé et je grelotte. Après course pas très intéressante à raconter mais qui finie en plan galère. Je rate tous mes RV avec les kikous. Dommage.
10. Content. Frustré. Content. Frustré... je ne sais toujours pas.