3 août 2167
Les herbes synthétiques à effet piézo-électrique ployaient sous la brise rechargeant à chaque flexion un peu plus les condensateurs du refuge proche. Gypaète 65 pourrait à coup sur faire le plein pour sa ceinture lumineuse avant la nuit.
Le Road book signalait une pose obligatoire aux abords du refuge avant la montée nocturne du couloir de l’Y depuis plusieurs années maintenant à sec tout l’été. La descente sur le versant Espagnol promettait d’être rapide et le trailleur pourrait rattraper un peu du temps perdu lors de l’agression par les ours de la nuit précédente. La descente ne comportait qu’une petite partie en glace, restes du grand glacier de jadis. Avec un peu de chance il rejoindrait Belette 77 et Monstre-des-cîmes, ces pseudos devenait ridicules mais avait néanmoins fini par supplanter les noms d’origines. Là au moins, l’individu conservait une once de singularité.
Gypaète 65 courrait l’ultra trail du tour de France pour la première fois. Ce tour à étape sur plusieurs mois empruntait toutes les chaînes des monts Français et le plus possible sur leur frontière. La partie Pyrénéenne avait débuté sur la côte Atlantique par le mont d’Ansabère comme toujours sous la brume pour aller jusqu’à l’Ossau où un premier repos obligatoire au bas de la face sud était organisé. Le lendemain une étape facultative d’escalade permettait aux moins fatigués de gravir la cheminée Joly pour engranger des options de repos supplémentaires et de précieuses minutes de bonus au classement annuel. Bien sur la presse Internet était présente sur les relais pour couvrir l’épreuve. C’est entre deux relais presse, que Ghost avait frappé. Le favori de la course était affublé du nom d’Idéal Inet marque de son sponsor bien connu un fournisseur d’accès. Ghost l’avait attendu dans la niche sous le départ proprement dit de la cheminé et l’avait tué et pendu sous le premier surplomb. Il avait laissé sur la roche son pseudo « Ghost » et une suite de chiffres incompréhensibles : Y3 S4 JK JI 27 O1 H3 27. Le mystère fit les belles pages de tous les moteurs de recherches et permit de passer facilement sur la mort du favori.
Le Tour de France tenait son sujet, maintenant le public était en haleine. Les ventes de produits dérivés s’affolaient.
La deuxième étape reliait l’Ossau au Vignemale par le tracé de la haute route. Au pied de
La face nord les options étaient soit le Gaube en contre la montre soit le piton carré en solo. Gypaète 65 avait choisi la montée dans les raillères au plus direct entre la face nord et le piton carré. Si le névé vestige au bas du couloir n’était pas trop gelé il ne lui faudrait moins d’une heure pour rejoindre le bord et prendre pied sur les éboulis du versant au soleil. Là il pourrait courir et rattraper la Belette qui occupe ses pensées. Mais avant il faudra dormir et récupérer.