Récit de la course : Mascareignes 2017, par Drey

L'auteur : Drey

La course : Mascareignes

Date : 21/10/2017

Lieu : Grand Rivière (Réunion)

Affichage : 2228 vues

Distance : 64.7km

Objectif : Terminer

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La Masca 2017 : mon premier trail comme une grande ;)

Alors voilà, on y est : mon premier récit de course. Et oui, tout arrive ;) Mais bon ma première vraie course de grande en solo, bien que certains la considèrent comme une course pour enfants… (je ne citerai pas de noms ici) Pied de nez.

Alors je pense que je vais avoir du mal à faire court, j’en suis désolée et du coup je vous passe les détails d’avant course.

Nous voilà jeudi 19 octobre 2017 à 21h45 à l’arrêt de la navette à Saint Gilles pour rejoindre Grand Ilet à 3 heures de route. Je monte dans une des navettes et, avec ma chance éternelle, je tombe sur un chauffeur qui pense nous emmener en boîte de nuit plutôt qu’au départ d’une course : lumières allumées durant les 3 heures de trajet et musique à fond... Moi qui espérais profiter de ce trajet pour me reposer avant le départ de « ma grande course », raté ! Bref, j’essaie de rester calme et de ne pas m’énerver inutilement. Arrivée à Grand Ilet aux alentours d’une heure du matin (ah oui, j’ai oublié de vous dire que le conducteur n’était jamais monté à Grand Ilet, je vous laisse donc imaginer le bonheur de cette montée de route de montagne, Grand Ilet se trouvant à 1116 mètres d’altitude). Il y a beaucoup de monde, nous sommes 1700 au départ et le contrôle des sacs prend un certain temps. 2h30, ça y est je suis prêt dans le stade. Certains se positionnent déjà sur la ligne de départ… Je me sens plutôt sereine, même si je sais que la route va être très longue et le parcours plus qu’exigeant mais je me sens prête psychologiquement. Physiquement ce n’est pas la forme depuis plusieurs semaines mais je ferai au mieux.

3h00 : top départ. Ca y est, c’est parti avec un pti feu d’artifice pour nous encourager à rejoindre la Redoute.

Les 5 premiers kilomètres se font sur le bitume, j’en profite car je sais que je ne suis pas près de le revoir et que nous allons bientôt entamer 1000 mètres de D+ sur 5 kms. Nous attaquons le sentier. Embouteillage de folie, nous restons bloqués 45 minutes avant de pouvoir franchir la première ravine, de quoi se refroidir et se dire que la barrière horaire risque de se resserrer. Allez, c’est parti, attaquons la montée vers la Plaine des Merles. La montée se fait lentement mais sûrement… Les oiseaux commencent à gazouiller l’aube à poindre, quel bonheur. Premier ravito au bout d’une dizaine de kilomètres. Un pti coup de pression : « si vous voulez abandonner c’est maintenant car après vous rentrez dans Mafate et plus rien n’est possible ». Ok, pas de souci, on continue. On redescend vers Sentier Scout, premier pointage après 12 kms et déjà 3h20 écoulées. Je plonge vers Mafate, non sans une légère appréhension mais surtout une vraie excitation. Je connais la magie de cet endroit et ai hâte d’y être, j’espère que mes genoux se comporteront bien. Hop, hop, hop, on y va, on ne réfléchit pas, go pour 7 kms de descente, avec roches glissantes, mains courantes… tout ce que j’aime mais tout se passe bien. Je n’évolue pas très rapidement mais je suis sereine. Petite remontée vers Aurère – Ilet à malheur : portera-t-il bien son nom ? Et bien non, ravito et pointage du 20 ème kilo à cet endroit où nous arrivons dans une ambiance de dingue. Les bénévoles d’Aurère étaient magiques. Bon pas trop le temps de traîner, cette fichue barrière n’est qu’à 25 min de moi…. Prochaine étape : La rivière des galets et deux bras où m’attend le prochain pointage. Ca monte, ça descend, ça remonte, ça redescend, des pierres, des marches, hautes, très hautes même… Allez lève tes jambes ;) Je continue sur mon rythme tortue. On franchit des rivières, allez bim les pieds dans l’eau et pas de chaussettes de rechange. Tant pis, on ne pense pas. Pointage à deux bras qu’avec 15 minutes d’avance sur la BH. C’est chaud. Je ne me décourage pas, je continue, déterminée à aller au bout coûte que coûte. Dans ma tête, la seule chose qui pourrait me faire arrêter serait que la barrière me rattrape. Je tente de la sortir de mon esprit. C’est parti pour monter à dos d’âne. Quel chemin horrible… enfin entendons-nous : chemin long et difficile. La beauté des paysages qui m’entoure est indescriptible mais il faut la mériter ;) Voilà, mi-course passée à dos d’âne J Zhou, descente vers Chemin ratineau-chemin Kaala. Cette fois-ci je passe le pointage avec 40 min d’avance ! Petite satisfaction mais je sais que je ne peux pas souffler malgré tout car je suis une piètre descendeuse (de chemins, les bières c’est plus facile, hein ^^) et chemins ratineau et kaala me promettent bien des difficultés, j’étais prévenue par Clément : « tu verras, tu pourras t’accrocher aux arbres pour descendre ».  Effectivement ces beaux chemins ne manquent pas à leurs promesses : des pierres, des racines, des tonnes de racines même, du sable, ça glisse, on joue à Tarzan à s’accrocher aux branches des arbres pour descendre. Pas facile, je fatigue un peu mais allez, je sais qu’en bas, il y aura 2 kilomètres de plat, je les attends avec impatience après 42 kilomètres de montagnes russes. Quelle ne fut pas ma surprise, car ces deux kilomètres sont du plat réunionnais, hahaha !!! Arrivée à la Possession avec seulement 12 minutes d’avance sur la barrière. Quelle course effrénée contre cette fichue barrière. Je me remémore ces longues minutes durant lesquelles nous avons été bloqués au départ, sans lesquelles j’aurais pu être un peu plus sereine. « Bon arrête de te poser des questions, continue à avancer. Pour le moment elle ne t’a pas attrapée cette BH ». Les ravitos sont plus que légers. Quasi rien à manger, rien de salé, c’est un peu rude. Je n’ai pas faim, comme d’hab sur mes courses, mais je sais qu’il reste beaucoup de kms et d’heures, il faut prendre un peu de forces quand même. PS pour moi-même : mettre un pti mot à l’orga pour parler des ravitos. Les prochain kms me sont connus pour les avoir parcourus il y a deux ans. Direction le fameux Chemin des anglais pour rejoindre Grande Chaloupe. Une succession de pierres. C’est la partie la moins technique du parcours mais pas facile pour autant. J’ai perdu la nana avec qui j’ai parcouru pas mal de kilomètres, je pense qu’elle n’est pas repartie de la Possession. Tant pis, elle était sympa cette petite réunionnaise. Ouf, arrivée à Grande Chaloupe mais comment dire… 3 minutes avant la barrière. Elle se rapproche cette conne. Je flippe un peu de me faire croquer. Il est maintenant 17h15 et j’ai parcouru 51 kilomètres. « Plus que » 14/15 pour arriver à la Redoute mais tout est encore loin et long. C’est reparti pour la seconde partie du chemin des anglais. Et oui, ça monte encore ;) Je rencontre au début de cette ascension celui qui sera mon compagnon de route durant les dernières heures. Nous grimpons, ti lamp, ti lamp. Passage au pointage à Saint Bernard. Je me crois presque arrivée en haut mais non encore 4/5 kms de montée avant d’arriver à ce fameux Colorado. On le visualise là haut, tout là haut, il paraît inatteignable, je vois le couperet de 20h00 se rapprocher à grands pas. Pti coup de mou. Je dis à mon compagnon d’aventure d’avancer sans moi car je suis certaine de ne pas passer la barrière. Je le vois s’éloigner. Tant pis pour moi… Et puis, ouf, cette montée semble enfin terminée, je rejoins un faux plat mais un chemin beaucoup moins hostile. Allez je décide de jouer le tout pour le tout, mes jambes sont ok pour trottiner, je motive deux gars en chemin, les encouragements commencent à se faire entendre. Mes  yeux sont rivés sur ma montre. J’entends des « allez , allez, tu es arrivée, plus que 200 mètres, tu passeras… ». Go Forrest, ne te pose pas de question, oublie que t’as aucune chance, vas-y, fonce. Je pointe à 20h01 et ça passe sans problème J Je n’y crois pas. Ca y est je suis en haut, plus de côtes, « plus qu’une descente », 1h30 avant  de rejoindre cette fameuse Redoute. Sauf catastrophe, je devrais franchir cette ligne d’arrivée. Les bénévoles là haut sont adorables, enfin quelques ptis trucs salés à manger (il serait temps…). Allez hop, un peu de grenadine, on recharge en eau et go. Je retrouve mon compagnon d’aventure à l’infirmerie, il a mal au genou. Je l’attends et nous repartons pour la descente finale. Cette célèbre descente du Colorado. Elle n’est pas facile (et encore il ne pleut pas !), la fatigue se fait sentir. C’est dur, nous progressons lentement mais sûrement. Un troisième larron se joint à nous. Les minutes défilent. Nous commençons à entendre la clameur du stade mais il apparaît encore bien loin. Peut-être aurons-nous la chance d’être doublés par le premier du Grand Raid. Pointage à la Citerne avant Pont Vinsan, à quelques kilomètres de l’arrivée. Les encouragements nous font un bien fou mais la ligne ne me semble pas pouvoir être franchie dans les 8 minutes. Mais là tout le monde nous dit que ça va l’faire que nous avons pointé et qu’ils nous attendent en bas. Allez, gogogo !! On se ressaisit, on ne va pas lâcher maintenant à quelques minutes (longues certes, mais les dernières). On arrive enfin tout en bas J J Plus que quelques centaines de mètres sur le bitume. L’émotion est là, présente, j’ai envie de hurler, de pleurer. Nous pénétrons dans le stade sous des ovations de fou. Il y a beaucoup de monde car le premier du Grand Raid est attendu (et ouais, il ne nous a pas doublé ;) ). Emotion indescriptible. Un soulagement, une fierté que je n’ai pas pour habitude de ressentir, la ligne se rapproche, je ne réalise pas. Ca y est, Ludovic Collet est là, on l’entend nous parler et voilà cette ligne à laquelle nous avons tant pensé est franchie à 21h37 (on est un peu à la bourre hein mais ce n’est pas grave ;) ). Accolade bien méritée avec mon camarade que sa femme attend. On me passe ma médaille autour du cou, quelle joie. Je fais partie des dernières arrivées, je termine à la 1101 ème place et ma seule fierté est de m’être dépassée, d’avoir su gérer seule et de ne pas faire partie des plus de 600 abandons a priori. Bien que ce n'était pas ce qui était prévu, j’y suis arrivée toute seule, sans personne !! Comme quoi… il faut toujours y croire. Je n’ai jamais autant souffert physiquement (mais les genoux ont été super sympas) mais ma tête était forte et la seule qui pouvait m’arrêter ne m’a pas rattrapée alors je savoure cette victoire, victoire sur moi-même, pour moi-même, pour mes proches et tous ceux qui m’ont soutenu et que j’ai eu la change de lire sur les sentiers. Merci à vous tous Bisou ♥

6 commentaires

Commentaire de st ar posté le 25-10-2017 à 21:02:36

Super récit Audrey ! Beaucoup d'émotion sur la fin...et oui tu peux être fière sans hésiter car tu as bataillé contre cette satanée BH
T'as un gros mental, bravo encore !!
Soffian

PS : à quand la Diag ?! ;)

Commentaire de Bérénice posté le 26-10-2017 à 00:38:11

Bravo Audrey !!! Oh la pression que tu as eu avec la BH... ! Super de l'avoir vaincue et sacré course. Ça va t'ouvrir un grand champ de possible maintenant :-))).

Commentaire de Shoto posté le 26-10-2017 à 07:53:29

Sympa ton 1er CR et bravo pour ta place de Finisher. Tu n avais pas choisi la course la plus facile pour ton 1er 64 km. Et les BH

Commentaire de FOREST Alex posté le 26-10-2017 à 13:26:35

Génial ton CR !!
Je n'avais pas regardé les barrières horaires, je me doutais qu'elles étaient pas loin, mais je ne pensais pas que c'était aussi serré.
Il faut de l'expérience pour gérer une si petite marge.
Bravo championne !!
Et hâte que tu me racontes tout ça de vive voix.

Commentaire de bubulle posté le 26-10-2017 à 20:40:36

J'ai appris pour les BH juste sur la fin de ta course (que j'ai aussi suivie pendant la journée) au moment où les premiers du Grand Raid étaient en train de fondre sur vous (ils disaient même à la radio que la Mascareigne s'arrêtait officiellement quand le premier du Grand Raid arrivait. Du coup, je flippais encore plus....

Bravo pour ta ténacité !

Commentaire de Bert' posté le 29-10-2017 à 12:41:16

Encore Bravo Audrey !
Je ne me rendais pas compte que c'était aussi chaud pour les BH ! En tout cas, ta régularité et ton mental ont payé :-)
Assurément un très bel épisode, après les doutes... qui ouvre encore de nouvelles perspectives.

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