Récit de la course : Saintélyon 2012, par Arcelle

L'auteur : Arcelle

La course : Saintélyon

Date : 2/12/2012

Lieu : St étienne (Loire)

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Distance : 71km

Matos : Asics Trabucco

Objectif : Terminer

6 commentaires

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Holiday on ice

15 avril 2012, je termine dans la douleur le marathon de Paris. Avant cette étape, j’avais dans l’idée de m’inscrire dans la foulée àla Saintélyon. Pendant et surtout à la fin de la course, je me dis, je m’écris en GROS, en GRAS et je signe « OUBLIE L’IDEE DE LA SAINTELYON ! » : si déjà je galère sur 42 km plats, alors 70 en pente …

4 novembre 2012, moins d’un mois avant la course, je m’inscris, oubliant les mauvaises résolutions. Je ne peux pas dire que la préparation va être trop courte puisque j’étais déjà un peu dedans de manière inavouée ; preuve en est la course de préparation quelques jours plus tôt de nuit au fin fond de l’Essonne. Course très mal vécue qui me sera d’un grand secours : j’ai eu froid, j’ai eu mal au ventre, j’ai attrapé des ampoules, ma frontale était mal réglée, bref autant de problèmes que j’ai donc cherché à solutionner AVANT avec succès !

La semaine précédent l’épreuve, quand on me demande ce que j’ai prévu pour le week-end, j’essaie timidement d’expliquer le programme, mais les réactions se ressemblent toutes : « c’est débile, c’est vraiment chercher à se faire mal volontairement », « tu ne voudrais pas essayer de vivre normalement ? », « tu fais partie d’une secte ou quoi ? », « t’es vraiment tarée », « mais quel est l’intérêt de faire ça de nuit ??? » « s’il y a de la neige, tu n’y vas pas quand-même ?! », …

1er décembre, nous y voilà, un mois que je ne pense plus qu’à ça. J’arrive heureusement à faire une bonne nuit de 9h de vendredi à samedi, et profite du temps disponible pour les derniers préparatifs et vérification une énième fois du contenu du sac. 16h départ pour la Gare de Lyon, 19h45 arrivée à St Etienne, direction le Parc des Expositions. Le retrait des dossards est très rapide, arrivée au Flore dans la foulée, c’est très calme, ça contraste avec le brouhaha du Parc des Expo. Dîner en discutant avec des kikous venus de Paris, de Haute-Savoie ou d’ailleurs, c’est fort sympathique (merci Nini et Elcap) ; puis les préparatifs, on a toute la place nécessaire pour se changer, se crémer, s’étaler, parfait quoi. Enfin dépose des sacs (là aussi très rapide, organisation bien huilée), SAS 9h-11h, et c’est parti !

Je prends bien garde à ne pas m’enflammer dès le début, je cours tranquille sans effort. Sortie de Saint-Etienne, puis assez rapidement les premières plaques de verglas, ça met dans l’ambiance. Et dès les premiers chemins, la neige arrive, de plus en plus dense. On commence à voir de belles glissades, et des coureurs sortent déjà les crampons.10 km après le départ, je chausse aussi mes Yaktrax ; c’est marrant ça m’avait pris 10 secondes en essayant de les enfiler au chaud dans un fauteuil, là il m’a bien fallu 4 ou 5 minutes et les deux mains congelées par la neige.

A chaque plaque de glace, les coureurs crient « attention verglas » et ralentissent. Moi j’ose de plus en plus passer dedans et constate que je ne glisse jamais, efficaces ces chaînes ! Je vais les garder non-stop jusqu’au 35ème km environ, pas une seule chute, quand la majorité des coureurs en est déjà à 3 ou 4 minimum.

J’entends un coureur hurler de douleur, en cours d'évacuation sur civière avant Saint-Christo, je crois maintenant d'après la description que c'était toi freddo90, vraiment bravo d'avoir pu supporter ça et de le prendre avec tant de philosophie.

Plus loin, je me surprends à un sourire béat : c’est simple, je m’éclate, je trouve le décor absolument magnifique, les jambes tournent bien, je suis bien ! Je me retourne, quel spectacle ce long serpent lumineux de frontales qui éclairent cette immense étendue de blanc, c’est féérique !

Attention, ne pas s’emballer, j’ai envie d’accélérer, de batifoler comme un enfant dans la neige. Mais il y a tellement de monde et les passages sont étroits en raison notamment des congères (mais aussi parfois des flaques d'eau !), et ça bouche, donc impossible d’aller plus vite. Peu après Sainte Catherine, c’est même près de 10 minutes à l’arrêt, c’est frustrant, mais je positive en me convaincant que c'est un mal pour un bien (l'énergie économisée ici, je la retrouverai plus tard). D’autres en plaisantent : « Les télépéages à gauche, les cartes bleues à droite ! ».

Je passe très vite aux 2 premiers ravitos, il y a tellement de monde qu’il est difficile d’accéder aux tables, ce n’est grave, j’ai tout ce qu’il faut dans le sac.

Puis arrive la descente du Bois d'Arfeuille, on nous avait prévenu, on n'a pas été déçu : un Homme sur chaque arbre, il ne manquait que les lianes, mélange de décor de guerre des tranchées et de jungle, mais avec un esprit de corps du peloton fantastique.

J'ai donc appréhendé la descente du Bois dela Dame, mais soit on ne l'a pas faite, soit les Lyonnais nous ont menti en la décrivant aussi terrible voire pire que le Bois d'Arfeuille, je n'ai rien vu d'affreux ou bien j'étais vraiment dans un état second !

La suite, sans grand fait marquant autre que la boue et toujours le verglas, je l'avais imaginée très difficile avec une longue chute d'énergie vers l'arrivée. De Saint Genoux à Beaunant, la fatigue dans les jambes se fait bien sentir, mais quelle surprise, pour ma première au-delà de 42km, de constater que la tête a pu commander les jambes bien cuites au 60ème km pour dire "allez, on va chercher les 11h" et rattraper entre Soucieu et l'arrivée près de 50 minutes de retard sur le plan de marche prévu !

Ce plan de marche je l’ai fait avec Course Generator (merci Patrovite) et avait prévu 70% de coefficient de fatigue, et finalement ma portion la plus rapide après le départ a été Sainte-Foy – Lyon, certes ça descend, mais j’ai quand-même atteint la vitesse supersonique de 9km/h sur 5 km !

On entre dans Lyon, ça y est je réalise que j’y suis arrivée (grosse boule au fond de la gorge, mais ce n’est pas le moment, il faut finir d’abord). Juste un coup de moins bien plus mental que physique sur les galets de Confluence (aïe l’ampoule sous le pied !). Je réalise que je n’ai pas vu passer le reste de la course, surtout en raison des conditions qui ont éveillé l’attention en permanence. Là sur ces quais, je m’ennuie. Mais on finit enfin par apercevoir l’arche et le panneau « 100 m », on accélère, ça y est !

Je ne m’effondre pas, je savoure, je suis sereine. Un SMS arrive 30 secondes après : « je n’ai rien depuis le passage à Sainte-Catherine à 4h03, tu en es où ? » ; « tu ne pouvais pas tomber plus juste, je suis arrivée en 10h55 environ ».

Le maillot finisher (celui de la rando Déçu …), la douche (chaude !), le panier repas, et direction la gare pour le retour. Le contrôleur du TGV encourage les voyageurs à faire les présentations entre voisin ; le mien me dit « si je vous explique que je viens de passer la nuit à courir dans la neige, le verglas et la boue, vous me prendriez pour un fou » … Ce fou s’est mis à ronfler très fort au bout de 7 secondes à peine, il aurait pu attendre que je m’endorme ! J’y suis parvenue finalement, mais j’ai vite glissé sur une plaque de verglas, zut déjà réveillée !

3 jours après, je ne suis pas encore descendue de mon nuage. Les courbatures ont déjà disparu et les runnings me font les yeux doux, je réfléchis à la prochaine course.

Mais je ne sais toujours pas comment expliquer avec des mots ce qu’on vient de vivre. Quand j’essaye j’ai toujours en retour ce même regard ahuri d’incompréhension (quel plaisir peut-il y avoir à courir de nuit dans le froid, la neige et la boue pendant 70 km ? et en plus 6,5 km/h, ce n’est pas de la course, c’est de la rando !).

6 commentaires

Commentaire de Arclusaz posté le 05-12-2012 à 19:00:19

Super première STL et super premier CR sur kikourou : ta description de l'incompréhension des gens qui nous entourent est vraiment très justement rendue. Mais, ils ont raison : nous faisons partie d'une secte, la secte de ceux qui savent que ça vaut la peine d'en baver un peu.

Bien content d'avoir fait ta connaissance à Gerland (on s'était raté au Flore !). L'année prochaine, on finit ensemble !

Commentaire de Arcelle posté le 05-12-2012 à 21:01:24

Merci Arclusaz. C'est noté, RDV l'année prochaine pour moins de 10h (même si c'est Lyon St-Etienne !)

Commentaire de Japhy posté le 05-12-2012 à 19:21:59

Bravo pour cette course très bien menée de bout en boue! (ha ha, fallait que je la fasse celle-là)
Mais tu étais où au Flore?
J'ai bien ri avec le "je m'écris en gros et en gras: oublie!" J'ai pensé exactement la même chose cette fois.
Pour l'incompréhension des gens, il ne faut pas t'en faire. C'est comme ça, ce n'est pas grave. Tant que ce n'est pas ton entourage immédiat qui te décourage (je veux dire tes proches), les autres tu t'en fous. On en parle 5 min, et basta. C'est trop difficile à expliquer de toute façon.

Commentaire de Jean-Phi posté le 05-12-2012 à 19:27:27

On s'est raté au Flore mais j'espère que c'est partie remise ! En tout cas bravo pour avoir bouclé cette grande première qui en appelle invariablement une seconde !

Commentaire de franck de Brignais posté le 05-12-2012 à 21:46:58

Bravo finisher ! C'est vrai, les running font rapidement les yeux doux... prend tout de même le temps de récupérer. Rt tiens nous au courant de tes prochains objectifs !!

Commentaire de Caro74 posté le 08-09-2013 à 20:57:35

Je découvre maintenant ce récit. Sympa! C'est vrai que j'ai toujours pris les participants de cette course pour de doux dingues.... Mais je suis inscrite maintenant... J'ai rejoint la secte!!!!

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