Récit de la course : Le Grand Raid de la Réunion : La Diagonale des Fous 2010, par jluc92

L'auteur : jluc92

La course : Le Grand Raid de la Réunion : La Diagonale des Fous

Date : 22/10/2010

Lieu : ST PHILIPPE (Réunion)

Affichage : 1923 vues

Distance : 150.1km

Objectif : Pas d'objectif

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Une course de OUF !

 

 

Direction Cap Méchant pour le départ.

Départ de St Leu en voiture à 18h30. Il faut compter une bonne heure de route pour se rendre à St Philippe. Alain m'y emmène en voiture. L'affluence se fait sentir à 2 kms de St Philippe. Malgré cela, on se gare facilement près du départ. Il y a un monde incroyable, énormément de spectateurs sont présents. L'ambiance est vraiment festive avec la présence d'un orchestre. Tout ça permet de faire descendre la pression et je suis vraiment décontracté, ce qui n'est pas mon cas habituellement au départ d'une course. Je dois passer au contrôle du matériel, c'est à ce moment que je quitte Alain. Il m'encourage une dernière fois, je le fais également pour lui, qui prendra le départ le samedi matin pour le Semi Raid.

 

H – 30 minutes

Je suis dans le stade, l'ambiance est toujours au top, l'orchestre ne cesse de faire du bruit. C'est assez impressionnant et on sent parfaitement cette ambiance tropicale. A l'extérieur du stade, tous les spectateurs se sont agglutinés sur les trottoirs. Parmi les raideurs, ca discute sur les différentes stratégies au départ. Partir vite pour éviter les bouchons à l'entrée du sentier ? Pour ma part, je vais partir tranquillement, j'aurais bien le temps par la suite de prendre mon rythme et tant pis pour les bouchons dans le sentier.

 

Cap Méchant 22h – Le départ

Au troisième coup, c'est parti. Les premiers sont partis comme des fusées pour se positionner en tête de course. De mon côté, je suis dans le paquet et on prend le départ en marchant. C'est de la folie côté ambiance. Ca crie de partout, on est encouragé comme jamais. Je n'ai jamais vécu une telle ambiance, c'est incroyable. On commence par 3km de plat sur la route, on court tranquillement, on se fait doubler, on double, toujours autant d'encouragements. Ensuite, on enchaine 12kms sur une longue route forestière pour 800m de dénivelé. On peut courir mais je préfère marcher car on m'a conseillé d'y aller doucement, la route est longue jusqu'au volcan. De toute façon, tout le monde marche. Mais par moment je m'autorise quelques portions où je coure. J'arrive au km15 en 1h50, je recharge rapidement le camelbak et je me m'attarde pas plus longtemps. Et maintenant, il faut emprunter le sentier et là commence la galère. C'est un sentier très étroit, la pente est beaucoup plus importante. Avec le monde, des ralentissements sont fréquents. Par moment, on reste immobile 3 à 4 minutes, c'est long. La montée de 5km pour 1400m de dénivelé se fera à ce rythme, long, trop long. Certains se permettent de doubler, ce qui n'arrange rien. Il ya même un gars qui nous doublent en tongue ! Si si, je vous jure, le gars fait la course en tongue. Je ne le reverrai jamais et je ne sais pas s'il a terminé comme ça.

 

Vendredi matin – 5h – km 25

C'est à ce moment que nous assistons à un superbe spectacle que nous offre la nature. En effet, le volcan est en éruption depuis quelques jours. Nous passons à une centaine de mètres d'un petit cratère encore en activité. Nous assistons à une coulée de lave, c'est un moment magique que je prends le temps d'admirer. Je suis là pour ça aussi, prendre du plaisir, lever la tête et observer cette nature où parfois nous ne sommes pas grand chose …

Mais il faut reprendre la route. J'arrive au volcan vers 6h après 30 kms, le jour se lève, nous sommes au dessus des nuages.  J’ai perdu beaucoup de temps dans le sentier en montant à cause des ralentissements. Au ravitaillement, je prends une soupe chaude car il fait 3° à 2500m d'altitude.

 

Vers le Piton Textor – 40km

Je repars en traversant la plaine des Cafres, paysage lunaire. Je reprends en courant sur une rare portion de plat. Beaucoup de vent et la température est toujours un peu fraiche. J’attaque une petite difficulté, le piton Textor, 156m de d+. Le jour s’est bien levé, les paysages sont superbes.

 

Mare à Boue – 50km

Ensuite, on attaque 10km de descente et de terrain vallonné, vers Mare à Boue. Je reprends un rythme un peu plus soutenu. En arrivant sur Mare à Boue, c’est la foule, beaucoup d’encouragements. Déjà 11h35 de course, nous sommes le vendredi matin, il est 9h30. Je m’accorde une pause pour profiter du ravitaillement avec un bon plat de pates et poulet. Je prendrais 30 minutes d’arrêt au total, quelques étirements et c’est reparti.

 

La forêt de Bélouve vers Hell Bourg

On attaque la forêt de Bélouve. Ca commence par un sentier très technique. La partie descendante est assez glissante et il faut s’aider des branches et des différents appuis en faisant attention. On est dans l’est de l’île où il fait très humide. On arrive sur une route, où l’on peut de nouveau courir. On emprunte un nouveau sentier vraiment technique. Il se met à pleuvoir et le terrain devient très glissant avec les nombreuses racines. Ce sentier est long, on est en groupe, environ une douzaine de raideurs. On a l’impression de tourner en rond, la végétation est très dense. Cette portion du parcours va faire mal. Normalement, nous aurions dû emprunter la route pour arriver au gîte de Bélouve. On entend parfois les voitures et on espère être proche du ravitaillement mais il n’en est rien. On y passera 3h dans ce sentier de quelques kilomètres, la progression est vraiment lente. On arrive enfin au ravitaillement, beaucoup sont déjà épuisés. De mon côté ca va et le fait d’avoir traversé la forêt en groupe a maintenu mon moral. Je ne m’attarde pas contrairement à d’autres et je repars pour la descente sur Hell Bourg. La descente n’est pas trop technique et on peut y courir assez facilement. Je reprends un gars avec qui je commence à discuter. On arrive ensemble à Hell Bourg, sous la pluie.

 

Hell Bourg – 70 km

J’arrive à Hell Bourg à 15h20 pour 17h20 de course. La barrière horaire est fixée à 17h. J’apprendrais par la suite que la barrière sera repoussée d’1h pour permettre à des centaines de raideurs de continuer. Je fais une bonne pause avant d’attaquer une des grosses difficultés du raid, le Cap Anglais et le Gite du Piton des Neiges avec 1500m de D+ sur 10km. Il tombe une pluie fine et j’hésite sur la tenue à prendre : veste de pluie ou non ? Finalement je reste en t-shirt avec les manchettes, on sera à l’abri dans la montée et la température est très clémente. Je repars avec mon compagnon  de route pour faire la montée ensemble, celle ci sera très dure et c’est toujours mieux de se motiver au moins à deux.

 

Vers le Cap Anglais et le gite du Piton des Neiges

Le début du circuit est assez facile mais toujours très glissant à cause des nombreuses racines. On arrive face au « mur » du Cap Anglais. On fait une petite pause avant de l’attaquer. On est en fin de journée et on arrivera certainement en haut de nuit. Cette montée est incroyable, la pente est terrible, que des marches à travers les rochers. Il faut gérer l’effort et je m’accorde quelques pauses pendant la montée. Je commence à souffrir, c’est vraiment difficile. Boire, s’alimenter pour ne pas se « cramer ». Je repars, je m’arrête, j’alterne les efforts. Je ne suis pas très bien et beaucoup de raideurs me doublent, c’est toujours mauvais pour le moral. Dans mon plan de route, je me suis dit que je dois arriver à Cilaos dans un état relativement correct, c’est mal parti … La fin est de plus en plus difficile et j’arrive enfin au Cap Anglais. Mais ce n’est pas fini, il faut arriver au Gite avant 21h, encore 5 km et 300m de d+. Même si j’ai fait le plus dur, je commence à m’inquiéter de la barrière horaire. Philippe, un ami de Raid-UP, suit ma course et m’envoie de nombreux SMS. J’échange avec lui et je lui dis que je ne suis pas du tout confiant pour la barrière horaire. Là, je suis vraiment mal et l’idée d’abandon (ou plutôt l’idée qu’on me retire mon dossard) commence à me traverser l’esprit, je ne serai pas finisher, tout ça pour rien, mes entrainements, mon projet humanitaire et que vont penser mes amis, ma famille ? J’en ai tellement parlé autour de moi. Mais Philippe me booste par SMS et me harcèle en me disant de m’accrocher. Le problème c’est que je suis persuadé que je devrais voir le gite depuis bien longtemps mais que je n’ai rien en vu. Après une ènième petite pause, je repars, le circuit devient un peu moins technique et facilite la progression. J’aperçois enfin le gite qui n’est plus très loin. Je passe avant la barrière en y arrivant à 20h36, quel soulagement … J’apprendrai également plus tard que cette barrière a été également repoussée à 22h. Je reprends mes esprits, j’avale une soupe bien chaude. Maintenant il faut descendre vers Cilaos

 

La descente vers Cilaos, pendant 5km

Cette descente je la connais pour l’avoir fait en randonnée. Elle est très technique, que des marches parfois très hautes. Je ne suis pas très à l’aise mais j’ai retrouvé le mental en étant rassuré sur mes temps de passage. Je dois arriver à Cilaos avant 0h30, ce qui ne devrait pas poser de problème. Je fais attention car il y a parfois des portions très humides et d’autres totalement sèches. C’est délicat et les chaussures n’accrochent pas toujours. C’est long, très long, je suis avec un petit groupe, ca cause en créole … On arrive enfin à la sortie de ce sentier, il reste 2 kms de route pour arriver au stade de Cilaos.

 

Arrivée à Cilaos – 90k et 25h50 de course

Enfin, l’arrivée à Cilaos, je respire un peu. J’ai une assistance qui m’attend. Tout ça a été négocié la veille du départ grâce à mon pote Alain qui travaille chez Air France. Je bénéfice donc gentiment de l’assistance de l’association sportive d’Air France. J’ai les pieds en feu et quelques peu détruits. Mais je vais d’abord me ravitailler. Je retrouve le gars avec qui j’ai fait le Cap Anglais, il est arrivé une dizaine de minutes avant moi. Au menu, cari poulet et ca fait du bien de manger chaud. Je vais ensuite voir les podologues pour me faire soigner les pieds car ils en ont vraiment besoin. J’ai prévu aussi de dormir, je vais donc voir l’assistance Air France où je dors dans le camion. Après mon compagnon de route, on décide de se donner RDV à 2h30 pour repartir à 3h (heure limite de départ 3h20). Je vais donc dormir 1h30 et je me fais réveiller. Je trouve rapidement le sommeil. Au réveil, je me sens quelque peu reposé quand même, je me couvre car il fait froid. Je prends mon sac d’assistance pour recharger mon sac de course avec le nécessaire en alimentation, sans oublier un jeu de piles neuf et de rechange. Avant de repartir, je profite qu’un kiné soit disponible pour me faire masser, c’et toujours ça. Il est 3h et nous repartons.

 

Vers le début du Col du Taibit

Nous repartons à plusieurs en direction du sentier qui mène au col de Taibit. Il y a 7km et 380m de d+. Les jambes vont bien, le moral également et je mène le rythme de ce petit groupe. Le jour vient de se lever quand nous arrivons au pied du col, nouveau point de ravitaillement. Ce qui me surprend, c’est qu’il y a plusieurs raideurs qui dorment, alors que Cilaos n’était pas très loin (mauvaise gestion de course ?). De mon côte, je décide de ne pas trop m’attarder, j’avale 2 cafés.

 

 

Col du Taibit – 101 km

La pente du sentier n’est pas trop difficile, il y a 4km de montée pour 950m de d+. C’est même agréable au lever du jour comme ça, le ciel est bleu et je profite pleinement des paysages. Cependant, cette météo annonce certainement de grosses chaleurs dans Mafate. Je croise certains raideurs qui sont très fatigués, je verrai même un gars allongé et qui dort dans sa couverture de survie. Je me refuse à faire ça car le réveil peut être douloureux et l’abandon pas très loin… Pendant la montée, nous sommes filmés par un hélicoptère de Canal+ Réunion. La chaine diffuse plus de 100h pendant la semaine et à sa disposition 3 hélicoptères, notamment pour Mafate. Nous arrivons au col du Taibit sous un soleil radieux, c’est donc l’occasion de prendre des photos.

 

La descente vers Marla.

Mafate, nous y entrons ! Un peu d’histoire … Mafate est le seul cirque qui n’est pas accessible en voiture. Donc quand on y rentre, on se débrouille pour en sortir, l’abandon ne sert à rien. Mafate est peuplé d’anciens esclaves qui ont fui l’esclavagisme. A l’époque, ils se sont réfugiés dans ce cirque sachant qu’ils ne seraient pas poursuivis. C’est une autre facette de l’île de La Réunion qui me fascine, au même titre que le paysage surprenant.

Dans la descente, je reprends un rythme en courant pour me faire plaisir. Dans ces moments, je prends conscience de la chance que j’ai de me trouver ici. Je me sens libre mais également prisonnier de cette nature …

 

Marla – 103 km et 34h45 de course

Il est 8h45 quand j’arrive à Marla mais ca ne m’empêche pas de déguster un bon rougail saucisse. Je vois de plus en plus de raideurs épuisés. Je décide de ne pas trop m’attarder, je suis relativement en bonne forme mais mes pieds me font de plus en plus souffrir.

 

Trois Roches – Roche Plate – Ilet aux Orangers

Sur cette partie du circuit, c’est une succession de descente et de montée sans fort dénivelé mais sur un terrain très accidenté. On doit également traversé la rivière. Les paysages sont magiques, on se sent loin de tout. Il fait très chaud et la crème solaire est de rigueur. J’ai également sur la tête la casquette saharienne que nous a donnée l’organisation. Il faut penser à boire régulièrement. Depuis le début, je carbure à la boisson énergétique Nutratlétic. Elle se présente sous forme de dosette, ce qui est très pratique sur ce type d’épreuve et se transporte facilement dans le sac. J’utilise cette boisson depuis 1 an et elle me convient parfaitement. De part sa composition, elle permet également de consommer moins de solide.

Sur cette portion du circuit, je fais de courtes pauses aux ravitaillements. Cependant à Ilet aux Orangers, j’ai une grosse envie de sommeil. J’y ai retrouvé le gars dont j’ai fait la connaissance du côté d’Hell Bourg. Je lui demande de me laisser une dizaine de minutes pour dormir et ensuite me réveiller pour repartir.

 

Vers Deux Bras

Il y a 10 kms pour arriver à Deux-Bras, autre gros point de ravitaillement et sur lequel le parcours Semi Raid (90 km) rejoint le parcours du Grand Raid. Très peu de dénivelé (255 m), donc un parcours à profil descendant où j’arrive à courir par moment. Mais ca devient difficile, la fatigue se fait vraiment sentir, déjà 40h de course … Et l’état de mes pieds ne s’arrangent pas, malgré la pommade.

 

Deux-Bras – 127 kms et 44H15 de course

En arrivant sur Deux Bras, il faut traverser la rivière. J’ai de grosses hallucinations et je vois les rochers, sur lesquels je dois passer, bouger de gauche à droite. Il faut absolument que je me repose à Deux Bras. Mais il y a beaucoup de monde et dormir ici semble difficile. Je décide dans un premier temps de manger et au menu de nouveau, un excellent rougail saucisse, j’adore ça … Avec mon  « équipier », nous décidons de ne pas dormir et de poursuivre la route jusqu’à Possession et voir là bas. On  va prendre quand même une petite heure de repos mais sans dormir.

 

Dos d’Ane – 4km de montée pour 700m de d+

La nuit vient de tomber, c’est la troisième que nous entamons. On commence par retraverser la rivière et certains y mettent les pieds dans l’eau. Il y a un peu plus de monde avec le Semi Raid et la fin du parcours est commune aux 2 épreuves. La montée est de nouveau assez technique, c’est une des dernières difficultés mais avec la fatigue et l’état de mes pieds, ca semble de nouveau interminable. Dur mais faut s’accrocher, j’ai quand même fait le plus dur mais li reste des kilomètres. En arrivant à Dos d’Ane, c’est l’effervescence ! Que de monde ! On se croirait en haut d’un col du Tour de France. Je suis de nouveau impressionné par les encouragements. Et les encouragements sont très particuliers car notre prénom est écrit en majuscules sur notre dossard et donc très visible. Tout ceux qui nous encouragent, le font en prononçant notre prénom, c’est comme si on était connu de tout le monde ! Incroyable et ca me fait chaud au cœur. Je fais de nouveau un arrêt pour soigner mes pieds, ca devient compliqué et c’est un vrai calvaire pour les soigner. De plus, je ralenti « mon équipier » qui  été rejoint par un de ses amis (qui est hors course). Ca me file un coup au moral. Mais au moment de repartir, j’entends « Jluc, Jluc ! ». Mais je connais cette voix ! Et là surprise, c’est mon pote Alain qui est sur le Semi Raid qui me reconnaît. Un vrai bonheur de le voir, on va pouvoir terminer la course ensemble, il reste 32 kms à parcourir. C’est la première fois qu’il fait un trail et même le Semi Raid est loin d’être évident, il n’a pas commencé par le plus facile. Pour lui tout va bien, il y prend du plaisir mais c’est dur également.

 

Vers La Possession

Déjà 47h de course, ca devient un enfer avec mes pieds mais heureusement que le reste du corps va bien, la tête également parce que je ne vais rien lâché. Le début de la descente sur La Possession se fait par la route. On récupère, on a le temps de discuter et je lui ai dit que je ne veux pas m’arrêter pour dormir. J’abandonne l’idée de dormir à La Possession.  Je veux avancer, même lentement, mais toujours avancer en limitant le temps de mes pauses. Le circuit commence à devenir un peu moins intéressant. Une nouvelle petite difficulté assez technique où il faut s’accrocher aux branches et de nuit ce n’est pas très évident. Alain a pris un epu d’avance à l’approche de La Possession. J’y arrive vers 2h30 du matin, le dimanche.

 

La Possession – 142 km et 52h40 de course

Beaucoup de raideurs s’y arrêtent pour dormir, c’est le dernier point de ravitaillement permettant de s’y reposer facilement. De mon côte, je reste sur mon idée de poursuivre. Je prends quelques minutes pour boire plusieurs cafés. Je ferme les yeux quelques instants, assis sur le rebord d’une fontaine. Mais Alain est là pour me rappeler qu’il ne faut tarder. On repart

 

Vers La Grande Chaloupe.

On prend la route qui longe la mer, pour arriver au pied du Sentier des Anglais. Il y a peu de dénivelé, 360m, mais ce ne sont que des pavés. C’est une horreur pour moi, avec mes pieds, j’ai l’impression de marcher sur des aiguilles. Alain va plus vite mais m’attend. On a emporté avec nous une bouteille de coca et j’alterne avec la boisson énergétique. La descente sur la Grande Chaloupe redevient un enfer, mes pieds ne supportent plus du tout le terrain. Je me fais doubler par de nombreux raideurs, c’est dur …

 

La Grande Chaloupe – 147km et 55h20 de course

Il est 5h20, le jour vient de se lever. Encore 16 kilomètres mais plusieurs heures. Alain, sur le Semi Raid, doit arriver avant 11h, je lui dis ne plus m’attendre car il sera hors délai. Il ne veut pas le comprendre mais finit par s’y résoudre. Je reprends encore du café et j’attaque les derniers kilomètres.

 

Vers Colorado

C’est une montée assez longue, le terrain redevient plus facile mais je commence vraiment à fatiguer, le sommeil est là. Je me pose 5 minutes pour fermer les yeux. Je repars, on arrive sur une route, ca soulage mes pieds mais j’avance vraiment lentement. Mais je dois terminer, rien de peu maintenant m’arrêter et me faire lâcher quoi que ce soit. Je suis largement dans les temps pour finir, j’avais 5h d’avance à la Grande Chaloupe. Je n’ai donc pas de pression sur le chrono et mon seul objectif est de terminer quelque soit le temps. C’est vrai que j’avais imaginé un temps entre 50 et 55h mais avec le manque d’expérience sur cette course  

On quitte la route pour emprunter un nouveau sentier qui nous mène à Colorado. Le sentier est assez facile mais après plus de 55h d’effort, chaque obstacle, chaque mètre de dénivelé, deviennent pénible.

 

Colorado – 158 kms et 59h10 de course

J’y suis ! C’est le dernier point de contrôle avant l’arrivée. Je croise le président de l’organisation qui me félicite. Je m’assois quand même un peu car je sui s vraiment « cramé ». Je mange quelques sandwiches, je bois du coca mais j’ai hâte de terminer, je repars donc rapidement. Il reste 5kms à descendre. Cette descente est comme toutes les autres. Mais je profite, je commence à prendre conscience de ce que je suis en train de réaliser.  Toutes ces heures d’entrainements, les questions que je me suis posées sur la course, les doutes que j’ai eus aussi avant et pendant la course … Je commence à entendre le speaker du stade, que je vois en contrebas. Ca devient bon, je vois la route et les spectateurs. Au passage, je suis interviewé, j’ai bien 5 minutes de mon temps à donner, après 60h passées sur le raid. C’est fait, je quitte le sentier pour arriver sur la route, plus que 500m.

 

ARRIVEE – ST DENIS – 163km en 61h 26min 15sec

Je suis accompagné par une femme qui me donne encore des encouragements. Je dois avoir une drôle de tête vu le regard des personnes que je croise. Je rentre dans le stade, un demi-tour à faire, dernier effort, je coure pour passer la ligne d’arrivée. C’est fait, j’ai survécu ! Je suis détruit … Je récupère ma médaille avec les félicitations des bénévoles, j’ai mon t-shirt bien sur. Quel bonheur d’être là et peu importe le temps que j’y ai mis. C’était un rêve il y a quelques années … i l se réalise aujourd’hui.

 

3 commentaires

Commentaire de Bacchus posté le 05-11-2010 à 18:57:00

Bravo pour ta course, belle gestion
Super récit.
Je suis surpris par ton temps de passage au ravito du Volcan (6H du mat, donc 8H de course) alors que tu passes en 1H50 au kiosque de basse vallée, il a du se passer quelque chose, non ?
(tu es 10min devant moi au kiosque et 1H30 derrière moi au volcan alors que je suis vraiment pas un TGV)
En tout cas bravo pour ta course

Commentaire de jluc92 posté le 06-11-2010 à 18:19:00

J'ai perdu du temps avec les bouchons et je n'ai jamais doublé, je suis resté tranquille. Peut être que toi tu as doublé ?

Commentaire de Cédric74 posté le 28-11-2010 à 02:57:00

Bravo pour ta course et merci pour ce CR, j'ai retrouvé des passages et des sensations que j'ai éprouvé moi aussi.

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