Récit de la course : La Grande Traversée des Mélèzes 2005, par yeti_jl

L'auteur : yeti_jl

La course : La Grande Traversée des Mélèzes

Date : 24/7/2005

Lieu : Beauvezer (Alpes-de-Haute-Provence)

Affichage : 3591 vues

Distance : 43km

Matos : Salomon XA Pro
Short genre Cycliste + T-Shirt "technique" Millet col zippé
Bandana
Batons téléscopiques (seulement 2nde partie)
Sac à Dos Deuter + petite pharma + bouteille d'eau (!?#$£%) + micro polaire

Objectif : Terminer

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Al'aise les Mélèzes !

Je n'étais pas super bien préparé, plutot tendu, et pourtant ... il n'y avait pas d'enjeu, je voulais juste terminer un premier trail en montagne.
Et ce fut super !
Le temps final est sans importance, meme si je pense que "j'aurais pu mieux faire". Une autre fois sans doute.
L'objectif avoué, et à peu près respecté, était juste de finir sans etre complètement détruit. En prenant un max de plaisir.

La Grande Traversée des Mélèzes est une course idéale pour une première expérience sur un trail "long" en montagne. 43km, 2400m positifs et 2200m négatifs.
Les chemins sont souvent "monotraces" et la plupart du temps assez confortables. Ils sont rarement excessivement pentus, et pas vraiment techniques. En plus, toute la première partie, très boisée, est en soleil rasant donc pas trop chaud.
Ca se déroule dans la Haute Vallée du Verdon, entre Beauvezer et Allos en passant par Colmars les Alpes. En gros, c'est 1 montée, une traversée en foret et une descente, suivis d'une nouvelle ascension, un parcours de crete et une descente.

Maintenant que les présentations sont faites, comment ai-je vécu cette course ?
Départ tranquille mais pas tout à fait serein à cause d'une fuite de dernière minute sur ma poche à eau. D'où transvasement dans une bouteille avec l'aide de ma femme qui m'avait accompagnée au départ. Ouf, merci ;)
Donc, ça part tranquillement et je ne m'en plains pas. Presque en descente meme, alors que les concurrents de la distance courte (23km, quand meme) attaquent une bonne cote.
Je double quelques concurrents vraiment trop lents, tout en essayant de rester raisonnable. En plus ce n'est pas toujours très facile de passer vu que la trace n'est vraiment pas large.
A mesure que le sentier s'élève et que l'on quitte les zones habitées, on découvre la vallée du Verdon, vers l'aval, et les montagnes au loin semblent s'abaisser tout doucement vers la mer. Petit à petit, la foret s'éclaircie et le sentier passe sur des dalles calcaires en léger dévers. Vue plongeante sur la vallée. Au détour d'un virage, on rentre dans un beau vallon très vert et de nouveau plus boisé. Dernière montée avant le ravito, sur un petit col. Ambiance bon enfant, ça rigole bien.
Quelques fruits secs, du gruyère (bonne idée, ça) et je repars.

Je suis derrière une certaine "Vero" (c'est écrit sur son short !). Le chemin rentre très vite dans une magnifique foret de mélèzes. Sol très doux, vert intense, bonne fraicheur et légère descente. Ca incite à "appuyer" un peu. Hou là doucement m'avertit Vero. Il faut faire attention de ne pas se cramer. On n'est qu'au tiers de la course. C'est vrai que c'est tentant, mais il faut garder des réserves. Je continue donc dans la foulée de Véro, et nous discutons un peu... conseils, impressions du moment. Petit à petit on se retrouve plusieurs à se suivre sur un sentier qui nous promène entre sous-bois plus ou moins frais selon l'orientation, et ravins pierreux où il vaut mieux ne pas mettre le pied à coté ...

Ca dure, ça dure, et ça commence à devenir dur dur cette longue traversée qui n'en finit pas. Là, je commence à trouver le temps long et à "gamberger". Au bout d'un moment je me demande vraiment quand on va commencer à descendre vers Colmars, et aussi quand arrive le ravito suivant. Ah bon, il faut remonter ... pas grand chose, 100 ou 150m de dénivellé. Il est temps pour moi de me sustenter un peu avant que je ne commence à voir des étoiles en plein jour;). Je prends un peu de temps au bord du chemin pour m'alimenter tranquillement. Boisson et pain d'épice. Du coup, j'ai perdu le groupe, et je me retrouve quasiment seul. Dommage, ça tournait bien. On passe un col, une bergerie. Un peu d'hésitation pour trouver la balise suivante, et c'est la descente vers Colmars avec un ravito au milieu, juste avant d'attaquer une piste forestière. Là "ça dépote". Par contre, l'arrivée sur Colmars est plutot difficile. Piste très caillouteuse où il est très difficile de trouver des appuis corrects. D'ailleurs, un coureur y laissera une cheville. Dommage.

Personnellement, j'arrive à Colmars avec des pb de serrage de mes godasses. Une fois de plus. C'est bien le seul problème de ces chaussures par ailleurs excellentes. En fait, dans certains cas, c'est la languette qui descend et ça finit par occasionner une inflammation au niveau du coup de pied. Mais bon, il n'est pas trop tard pour réagir, et j'arriverai à gérer ça.
Je m'offre une pose d'1/4h pour me ravitailler, boire, reprendre de l'eau et m'étirer. A l'ombre parce que le soleil tape dur. Dommage que le ravito ne soit pas dans la ville !
Je repart à 3h30 de course, je suis bien dans la fourchette que j'avais prévu. Il reste pas loin de 1000m de montée, la crete puis la descente. Je vais attaquer ça "calmement" en tentant de me préserver pour aborder la descente finale dans de bonne conditions. Je sors les batons, et c'est parti pour une montée que je vais délibérément faire en marche rapide. La foret est belle, assez dense pour protéger de la chaleur malgré l'exposition au sud. Je suis seul, et une fois géré mes petits problèmes de courbatures, c'est vraiment le pied. Meme sans courir, je "ramasse" deux gars mal en point. Des problèmes d'alimentation, semble-t-il. Petit à petit la foret se fait moins méditerranéenne, et le sous bois devient plus vert à mesure que l'on monte et que le sentier nous amène sur des pentes "moins sud". Après une sorte de col, et un passage en traversée où je cours un peu, me voilà sur une piste. Tiens, mais c'est le ravito de la cabanne de l'Autapie. 800m en moins d'1h30, env.600m de dénivellé à l'heure sans trop forcer. Je prends encore le temps d'une petite discussion, de quelques étirements et c'est reparti. Faire gaffe, je suis presque euphorique et j'attaque un peu trop fort. La pente a vite fait de me calmer. On sort de la foret et on attaque les alpages dans un champ d'arnica ... les organisateurs ont vraiment tout prévu ;).
Il y a du monde devant, et à mesure que l'on s'élève je me sens de mieux en mieux. Du coup, je double pas mal de coureurs, pas vraiment en difficulté, mais sans doute moins frais. Et toujours quelques mots pour se donner du courage.

Ca y est, je suis sur la crete. Je me dis que quoi qu'il arrive, je finirai. A part une chute, "il ne peut plus rien m'arriver" et je prends le temps de savourer le panorama. J'entends des moutons, quelque part dans le vallon en dessous.
Mais bon, une crete, c'est pas plat. Et celle là nous réserve quelques belles bosses, tout droit dans la pente. Cela dit, avec le vent qui souffle, on ne risque pas d'avoir trop chaud meme en attaquant fort.
Tiens, il y a des motards qui veillent là haut. Salut, et merci ! Un petit tour d'horizon, le temps de trouver les tours du Lac d'Allos, et aussi le début de la descente ... encore 2 bosses plus loin.
Bon la suite n'est sans doute pas ce qu'il y a de plus drole sur cette course parce qu'on rejoint des pistes de ski caillouteuses à souhait. Heureusement que le paysage est beau.
Un télésiège en haut d'une bosse, un autre. Ca y est je suis en haut de la descente. Pause. Ravito perso. Je m'accorde un bon morceau de pain d'épice. Je papote aussi avec trois vieux du coin qui m'encouragent très gentiment et me disent aussi de bien faire attention à la descente. Il y a un passage délicat un peu plus bas. Merci, j'y ferai attention. Aller, va falloir que j'y aille. Hop, c'est parti. Ouh là, mais il est pas marrant du tout ce chemin. Tout creux. Pas grave, j'attaque quand meme, mais raisonnablement parce que je ne suis de toutes façons pas un excellent descendeur. Evidemment, je me fais doubler pas un gars. J'en rattrape aussi. Une petite halte au dernier ravito tenu par les memes bénévoles qu'au premier. Quelques blagues, et ça repart. Plus que quelques km, un petit quart d'heure. On rentre dans la station. Sentiments partagés entre joie d'en finir et un peu de regrets de n'etre plus là haut, seul dans le vent.

Mais c'est quand meme avec soulagement que je pique un dernier sprint (enfin, j'accélère un peu, quoi) pour passer l'arrivée avec un grand sourire et un petit salut à mes voisins de tente attablés plus loin.

6h38 et des poussières. Meme pas mal !
Enfin si, mais je vais mettre plusieurs minutes avant de pouvoir me "poser". Je tourne en rond, incapable de m'arreter, comme si bouger, avancer, était devenu un état normal.
Je finis par approcher du ravito, chercher la douche ... Autre bonne idée, ça. Parce que le Verdon, il est quand meme pas chaud. Bon, les douches du parc de loisirs ne sont pas terribles, mais c'est suffisament chaud et ça fait du bien.
Ensuite direction les massages. Et là, chapeau. Il y a pas mal de kiné, et celle qui m'a pris en charge a vraiment pris le temps de chercher partout "là où ça faisait mal". Et vu les grimaces, et le temps passé par les autres coureurs qui se faisaient massés, ça semblait vrai pour tous. Je ne dis pas que j'étais pret à repartir, mais je me sentais beaucoup mieux après.
Ce n'est qu'après ça que je suis enfin aller cherché mon repas. Entre temps, ma petite famille m'a retrouvé, et nous nous sommes installé à l'ombre pour assister à la remise des prix.

Superbe course, donc, et une rencontre bien sympa.
Notre voisin de tente, au "camping du Bois Joly" à Colmars (Pub ! ;), est un grand Suisse à qui j'avais demandé quelques infos la veille, sans savoir qui il était. Il m'avait répondu avec beaucoup de gentillesse, en me décrivant le parcours avec tellement de détails et d'enthousiasme, que j'avais l'impression d'un "gars" sans doute bon coureur (ça, c'était juste au vu de son allure) mais qui avait pris le temps de regarder le paysage. A l'arrivée, je m'apercevrai qu'il s'agissait tout simplement de Philippe Rossier, précédent vainqueur et je crois recordman de l'épreuve, arrivé second cette fois-ci. Philippe, si jamais tu passes par ici, je te salue bien. Merci pour ta disponibilité et ta gentillesse ! ;)
Nous avons rediscuté le lendemain, et il avait gardé le meme ton enjoué, expliquant qu'entre "Dominique" (le premier) et lui, c'était un grand jeu et qu'ils aimaient bien se "chambrer" et se tirer la bourre.
Bref, du sport, vrai et encore humain.

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