Récit de la course : Trail de Vulcain - 29 km 2004, par hérisson

L'auteur : hérisson

La course : Trail de Vulcain - 29 km

Date : 22/2/2004

Lieu : Volvic (Puy-de-Dôme)

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Distance : 29km

Objectif : Pas d'objectif

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Le récit

Le Trail de Vulcain (Puy-de-Dôme), 22 février 2004

Un trail pas loin de chez ma belle-famille, dans une région que j’aime bien, allez, je me lance… Pas d’objectifs précis sauf ceux de profiter des paysages du Parc Naturel régional des Volcans d’Auvergne, de faire une sortie longue « en nature » et de ne pas me mettre dans le rouge ; des 2 distances proposées par l’organisation (30 ou 50 km), j’opte plutôt pour la moins importante : je n’ai pas envie de galérer tout un dimanche surtout si les conditions sont mauvaises et puis bon, je ne vois pas belle-maman si souvent donc je me dois de ne pas rentrer trop tard ce dimanche…

Volvic, grosse bourgade au pied du Puy de la Nugère, construite toute en pierre noire locale (non, non, ce n’est pas de la crasse sur les murs des maisons !) vaut le détour ; dommage qu’une zone d’activités et de commerces installée à proximité défigure un peu le lieu…
Justement, pour arriver au départ, il faut la traverser en ce dimanche matin pluvieux ; j’ai beau me dire et me répéter que la pluie du matin n’arrête pas le pèlerin, pour l’instant, cela ne fait pas trop envie de partir à l’assaut des volcans…
Huit heures moins le quart – tiens je pensais qu’il fallait plus de temps pour aller de Vichy à Volvic - : j’ai largement le temps d’aller chercher mon dossard ; pour l’instant il n’y a pas encore grand monde mais le vaste parking se remplit vite sous les directives des bénévoles.

Dossard en poche je prends le temps d’un petit café et d’une tranche de quatre-quart : sympa ce petit buffet d’accueil ! Près de l’entrée de la salle, sur une grande carte les deux parcours sont tracés ; un membre de l’organisation répond aux questions des coureurs ; il y a aussi une carte de France indiquant la provenance des coureurs par départements : bonne idée ! Autre document qui retient mon attention sur ce même panneau, le budget de cette course : il apparaît qu’un coureur coûte 28 E à l’organisation alors que l’inscription est de 20 E : subventions et sponsoring comblent la différence…
La pluie s’est arrêtée (il y a donc du vrai dans mon dicton !) ; je m’habille (long en bas et en haut mais pas de blouson), petit sac à dos avec la couverture de survie et le sifflet réglementaires, la ceinture porte-bidon, ce dernier rempli à la Volvic (normal) ; avant de pénétrer dans le sas de départ – je suis content, j’apperçois une belle arche ! - deux « vérificateurs » pointent notre dossard et notre matériel.

600 coureurs sont inscrits mais nous semblons moins nombreux que cela : le mauvais temps et les mauvais chemins annoncés ont peut-être rebuté certains ; pas de bérets bleus à l’horizon, pas de tee-shirts animalesques en vue : j’y pense maintenant mais j’aurais dû accrocher sur mon sac à dos une photo d’hérisson (signe de reconnaissance qui ne fait pas uniforme, non ?) ; je le note pour la prochaine fois… Quelques têtes déjà vues deçi-delà comme ce V2 qui a terminé dans les 10 premiers à la Sainté-Lyon 2003 : il y a des costauds quand même !

Neuf heures pétantes le flot des trailers est lâché : premières centaines de mètres et cela monte déjà en direction du centre de Volvic : une voiture « ouvreuse » imprime la cadence tant que nous sommes sur le bitume : l’ordre a été donné de ne pas la dépasser avant l’entrée dans les chemins de terre : de toute façon, cela ne me concerne pas : le gyrophare est déjà loin devant !
La traversée de Volvic se fait en peloton compact ; un petit coup d’œil aux maisons construites en pierre de lave nous confirme que l’on est bien au pays des volcans. Un peu plus haut je reconnais le château de Tournoël et me souviens d’y être passé lors d’une randonnée entre copains dans les années 80…
Le passage devant la Maison de la Pierre et de la Société des Eaux de Volvic annonce la fin du bitume ; jusqu’au Puy de la Nugère (988 m), 400 m de D+ nous attendent ; le chemin que nous empruntons est caillouteux à souhait et plein d’ornières : mes nouvelles « Mizuno » se comportent bien : ça cramponne dans les endroits glissants et dans les trous, le pied reste stable : c’est la première course que je fais avec et j’espère les avoir suffisamment « cassées » les semaines auparavant ; le rythme que j’adopte dans ce sentier est « celui-du-coureur- devant-moi » : pas facile de doubler vu l’étroitesse et puis pour l’instant ça me convient au niveau FC.

Une première difficulté se présente avant d’atteindre le sommet du premier puy : un talus ou plutôt un mur en forêt qu’il nous faut escalader : l’exercice se révèle périlleux surtout parce que les appuis sont très instables : le sol de ce sous-bois est très meuble et mouillé, recouvert de feuilles mortes ; à chaque pas il faut lutter pour ne pas repartir en arrière et risquer la belle glissade dans la pente…500 mètres d’efforts mains sur les cuisses ou en train de s’accrocher aux quelques branches ou troncs et je me remets à courir.

Au col (870 m) quelques dizaines de personnes sont présentes : des familles venues applaudir et encourager un des leurs et des signaleurs dans leurs blousons jaunes. De l’autre côté de la route, la montée continue, toujours sur un mauvais chemin aux cailloux pointus, raviné par les eaux et les engins forestiers. Quelques replats ou secteurs moins montants permettent de relancer un peu – un tout petit peu tant la boue commence à coller aux chaussures -. Si dans les premiers km j’essayais d’éviter les flaques d’eau et de boue, maintenant j’y renonce : c’est épuisant de slalomer, de se hisser sur le bas-côté du chemin pour parfois glisser et se retrouver les deux pieds dedans !
Mon attitude est donc plus celle du sanglier qui va droit sans se poser de questions. De toute façon, l’humidité a déjà atteint mes chaussettes alors à quoi bon ! De chaque côté toujours la forêt et un peu plus loin on passe à l’altitude 1000 m. avant de redescendre jusqu’au pied du Puy de Louchadière (km 12), deuxième difficulté du jour.

Je n’en avais pas encore commencé l’ascension que déjà les premiers étaient en bas et filaient vers le premier ravitaillement ; dur pour le moral quand, comme ici, le tracé du circuit fait un aller-retour ! Mais bon, pour l’instant les jambes sont ok, le temps est agréable tout comme le paysage : à l’assaut des 2 km de sentier jusqu’au sommet du puy. Ouaï ! qu’il est raide le gaillard ! Comme pour en rajouter à la difficulté de la pente, toujours des appuis instables (boue, feuilles mortes glissantes) et un peu de neige par plaques. Un coureur équipé de bâtons me double : sûr que ça doit aider sur ce genre de terrain mais sur les secteurs roulants n’est-ce pas encombrant ? La montée se fait en file indienne : tout le monde souffle et « souffre » en silence…
Le sommet (1050 m) est atteint et maintenant le sentier serpente au milieu de noisetiers. Sur ma gauche le cratère de ce volcan éteint se devine – nous courons sur le rebord du cratère mais il y a bien peu de risques de tomber dedans ! – et sur ma droite le ciel dégagé me permet de reconnaître quelques autres puys de la chaîne dont le plus imposant, le Puy-de-Dôme. J’ai toujours la même envie dans ce genre de paysage : m’arrêter, déplier une carte, repérer les éléments naturels qui m’entourent…(sûrement les études de géo qui resurgissent !). Pas le temps de flâner, la descente arrive : il faut contrôler, ne pas s’emballer, éviter les pierres pointues, les trous, ne pas trop penser à ses chevilles sinon l’on descend le dos à la pente en s’accrochant aux herbes ! Retour au point « zero » c’est à dire au pied du puy : à moi de croiser maintenant les coureurs qui abordent l’ascension… Un chemin forestier assez large nous conduit jusqu’au ravitaillement (km 16, altitude 1000 m)

Ce chemin presque plat me paraît interminable : je n’ai encore rien avalé depuis le départ si ce n’est quelques gorgées d’eau et le début d’hypo guette : il faut dire que je ne ménage pas mes efforts surtout avec cette boue en continue qui fait dépenser une énergie bien plus grande que sur terrain stable : j’ai bien du pain d’épices dans le sac à dos mais je n’ai pas envie de m’arrêter et de tout déballer (j’ai oublié mes gels que d’habitude je glisse dans la petite poche latérale du sac…Pas malin l’Hérisson…).
Ne voyant toujours rien venir, j’en arrive à me demander si je ne me suis pas trompé de chemin et ne me suis pas malencontreusement aiguillé sur le grand circuit. Un 4X4 remonte les coureurs ; je m’apprête à maugréer contre ces pollueurs du dimanche quand à l’arrière deux types avec caméra et micro me font comprendre le pourquoi de l’engin en ces lieux : c’est France 3 Auvergne et d’un coup j ‘ai le sentiment de participer à une grande course puisque même la télé s’est déplacée ! Bon, ça m’a distrait un moment mais cela ne m’a pas donné du sucre pour autant et le chemin continue de monter.
L’allure n‘est pas bien rapide mais je m’accroche et arrive enfin au ravito salvateur ; un coup d’œil à la montre m’indique que je coure depuis deux heures. Je n’ose le croire ; je n’ai jamais eu une moyenne aussi faible sur une course – il faut dire aussi que j’ai peu l’habitude des trails, des vrais - : deux heures pour 16 bornes : le calcul est vite fait ! Bon j’ai faim et soif et les tables sont copieusement garnies de sucré et salé, boissons chaudes et froides. Le temps de reconstituer les réserves, je m‘attarde facilement entre 5 et 10 minutes (c’est beaucoup mais c’est bon !)

Je repars sur un mauvais chemin de boue détrempé à souhait avec ça et là de la neige ; à ce niveau il y a peu de changements ! Vulcania, le grand centre européen, mondial (?) du volcanisme doit se trouver dans les parages : une visite à prévoir avec les petits Nérissons et Madame…
Un kilomètre plus loin les blousons jaunes nous indiquent le lieu de séparation entre le petit et le grand parcours. Je ne me pose pas de question et oblique à gauche ; il doit me rester alors 13 km jusqu’à Volvic avec encore deux ou trois puys à franchir. Un regret que j’ai alors : ne pas avoir suffisamment mémorisé (ou l’avoir sur soit) le profil du parcours ; j’avais assez bien en tête le début de la course mais là je ne sais plus trop où l’on en est…

Et voilà qu’après avoir serpenté en sous-bois le sentier se remet à monter. Je marche, la pente est raide et glissante ; devant moi encore assez loin deux ou trois coureurs. Je les « récupère » avant le sommet du Puy de Leyronne à 1070 m. (sans le petit écriteau planté au sommet je ne l’aurais pas su). A ce moment, je commence à me sentir mieux : les verres de coca et les fruits secs ingurgités au ravito commencent à produire leur effet. Je me suis rechargé en sucre et cela devrait suffire jusqu’à l’arrivée si je pense à bien boire (mon bidon est encore à moitié).
Léger plat vallonné avec une série de virages et le sentier monte à nouveau. Un coureur au tee-shirt orange constitue mon point de mire pendant cette ascension. Comme en vélo, c’est important d ‘avoir des repères ! 1152 m pour le Puy de la Coquille et en prime une vue magnifique sur le Parc des Volcans. Je passe le tee-shirt orange et avale dans la foulée le Puy de Jume (1101 m) et le Puy de la Ravide (1026 m).

La descente qui nous ramène sur la portion déjà réalisée au début du parcours est rapide mais pas trop technique : je relâche les muscles, laisse pendre un peu les bras le long du corps. Deux coureurs – ou peut-être des randonneurs ? mais non ils ont un dossard ! - semblent englués dans la boue du chemin du col de la Nugère. Un petit mot d’encouragement en passant mais je n’entends qu’un grognement en guise de réponse…Traversée de la route toujours avec les signaleurs et cette fois, j’en suis sûr, la dernière difficulté du parcours avant la descente finale sur Volvic. La pente ne me permet pas de courir mais j’adopte un bon pas en balançant bien les bras : c’est vrai que ça aide ! Le sentier est très mauvais ; il faut dire aussi que 600 coureurs l’ont dévalé tout à l’heure ; ça laisse des traces ! Pour la deuxième fois de la matinée, je franchis le Puy de la Nugère . Il ne me reste plus qu’à me laisser glisser jusqu’à l’arrivée.

Dans la descente, j’ai vraiment de bonnes sensations et allonge autant que possible la foulée. C’est dans ces six derniers km que je peux faire remonter ma moyenne horaire même si ce n‘était et n’est pas mon objectif : je ne suis toujours pas remis de mes 8 km/h de moyenne pour arriver au ravito !
Je double une féminine : « vous êtes la première ? » « Non, troisième ! », « allez, accrochez-vous, on essaie de remonter ! ». Je l’accompagne un instant en renouvelant mes encouragements mais elle me demande de garder mon rythme ce que je fais. Re-passage devant la société des eaux de Volvic et puis la traversée de la bourgade tout en descente. Je me régale. Les jambes commencent à tirer un peu mais je dépasse encore quelques coureurs : c’est fou ce que ça motive ! Dans toutes ces ruelles je prends garde à ne pas prendre une mauvaise direction mais le fléchage est bien fait. Le bas de la ville, passage devant la fontaine comme ce matin et là-bas, à 500 mètres, l’arche, l’arrivée, les barrières…

3 heures 32 annonce le chronométreur, je suis content d’en avoir terminé : je récupère mon bidon-cadeau, reprend mon souffle appuyé à une barrière, m’étire tout en assistant aux arrivées qui se succèdent. Après m’être décrotté – c’est vraiment le mot – direction la cantine du lycée tout proche pour se restaurer : soupe chaude, lentilles-saucisses : humm, j’aime l’Auvergne comme ça…

Avec quelques jours de recule, ce trail me laisse vraiment une impression positive : bravo pour les bénévoles au départ, sur le parcours et à l’arrivée toujours sympas et dispos ; bien aussi pour l’organisation en général, les ravitos copieux et variés, c’est loin d’être toujours le cas sur les courses !
Côté physique pas de souci pendant (excepté ma fringale) ni après la course. Les chevilles ont tenu sur ce redoutable terrain ; je ne regrette pas de ne pas avoir choisi l’option du grand parcours et tire mon chapeau, au passage, aux 200 classés du 50 km. Mon scratch me satisfait : 39ème sur 375 classés à 45 mn du premier ; A mi-course je n’aurais pas parié un euro sur ce résultat. Comme dans les autres courses longues auxquelles j’ai déjà participé, je finis en pleine forme et bien souvent je suis plus mal dans le premier tiers de la course que dans le dernier.

Je reviendrais sûrement à Volvic même si je regrette le trop de boue et le fait que le parcours ne fasse pas une vraie boucle : les dix premiers km de la course sont aussi les dix derniers, mentalement je n’aime pas trop.
Si parfois je trouve que le mot « trail » est utilisé un peu à toutes les sauces ces derniers temps, Volvic, à mon avis, mérite vraiment cette appellation : on cours dans la nature du début à la fin (ou presque) sur des chemins en semi-autonomie.
Une image, pour finir, de ce trail : la vue magnifique sur la chaîne des volcans du haut du Puy de Louchadière. Le trail de Vulcain : à faire ou à refaire…

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