Récit de la course : Trail 91 2003, par chacal
L'auteur : chacal
La course : Trail 91
Date : 13/9/2003
Lieu : Mondeville (Essonne)
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Distance : 91km
Objectif : Pas d'objectif
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Le récit
Preambule
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A presque 4h du mat, Gaétan, souriant et nerveux comme un écolier qui va pour la première fois au collège, n’a pas l’air de se ressentir de la bouteille de St-Julien qu’on s’est siffle la veille. Son accent chantant, sentant bon le Saint-Laurent a charme les enfants toute la soirée, mais leurs rêves de caribous, silencieux comme la maisonnée, ne sauraient couper notre élan. J’ai prépare un carbo-cake avec les bols de café, et je mâche ma part avec difficulté en l’admirant engloutir la sienne comme une poignée de caouètes. Pour son premier ultra a pied, il est venu goûter aux grimpettes des massifs forestiers de l’Essonne, sans que j’aie eu beaucoup à le pousser, il faut bien le dire. ..
Un dernier coup d’œil au contenu des sacs, à peine dix minutes de voiture et c’est déjà Mondeville et sa salle polyvalente bourdonnante de coureurs affairés fixant dossards et frontales. Ca me fait chaud au cœur de voir que mes deux compères, Atomic JF et Robert Charvin, prêts a en découdre avec leur ami chacal , sont fidèles au départ de cette nouvelle aventure. J'arbore mon tee-shirt magique, mais ne repère pas d'autres UFOs , a part bien sur les 2 precedents qui sont inscrits au Forum, de meme que Jean-claude, mon copain de l'ARJ St-Vrain, qui finira 6eme; ( je sais maintenant qu'il y avait aussi Floeser et Rainman caches dans le paysage, mais c'est vrai qu'il faisait nuit)
La Montatou (24 km)
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5 Heures. Le temps de donner une bonne poignée de main et des encouragements a mon Canadien favori, on sait nos allures prévues trop différentes pour tenter une course ensemble, avec rendez-vous sans faute au ‘bout du bout ‘, et Jean-pierre Delhotal, le magicien de la nuit, chaleureux comme à son habitude, donne le départ.
La nuit est douce, c’est encore l’été, et les échanges entre coureurs anonymes sont facilites par l’obscurité. Vous avez remarques comme on cause plus facilement la nuit que le jour ? J’ai l’estomac lourd, le gâteau du matin a vraiment du mal à passer, et comme j’ai decide de boire tout de suite à une bonne cadence, ça ne va pas en s’améliorant. J’adopte donc une allure raisonnable en attendant une digestion hypothétique, et laisse filer, pour le moment, mes deux amis du JDM. Et du fond de Malabri au bois de Moigny, je roule une allure peinarde en m’économisant dans les montées, pas trop raides heureusement sur cette partie du parcours.
Apres 2h et moult arrêts pour soulager ma vessie, l’estomac consent a s’alléger un peu . Je m’aperçois avec le jour qui se leve que j’ai déjà presque 20 minutes de retard sur mon chrono de l’an dernier. Je sais que j’avais démarré trop vite, mais ça fait peut-etre un peu beaucoup. Atomik et Robert sont loin devant.
Ravito : Je patine un peu avec mon sac a eau en essayant de le remplir au robinet, alors que les bouteilles d’eau bien en vue me tendent les bras. J’y arrive néanmoins . Un chargement de Maxim neutre façon pachyderme qui déménage ( pardon .. hypotonique) et ca repart derechef.
Le Rocher du duc (16 km)
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En quittant Mondeville, j’aperçois mon Robert engagé la-haut dans les champs, et presse un peu la foulée a défaut de citron pour le rattraper. Apres la descente du plateau, le parcours devient aussi joli que technique, avec passage dans les rochers et risques d’entorses associés, surtout quand on regarde le paysage. Je reste donc prudent, en prévenant mon acolyte qu’on va sûrement rattraper JF, puisqu’il ne va pas manquer de s’arrêter prendre quelques photos dans ce magnifique chaos naturel.
Bien sur, ça ne manque pas d’arriver, et nous poursuivons à trois notre chevauchée fantastique ( t’emballe pas chacal). Le carbo-cake est définitivement oublié, et c’est en forme que je finis la deuxième boucle, avec tout de même presque une demi-heure de retard sur mon temps de passage de l’an dernier. Gast ! suis-je trop lent ou avais-je carburé trop sévère, me dis-je dans un patois incompréhensible !
Je repars donc, non sans avoir ete applaudit par des amis que j'ai encourage a former une équipe de relais, et dont le premier élément, Didier , s'élance au meme instant, puisqu'il est 9 heures
La butte (17 km)
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Ravito, Maxim et ça repart. Je décline une proposition de soupe a un Cuistot un peu deçu qu'on boude ainsi sa pitance, mais j’ai peur d’alourdir de nouveau un estomac maintenant bien dégagé. Atomik me tire un beau portrait en sortie du village ( je vais l’envoyer pour ma fiche, tee-shirt oblige !), et alors que nous engageons la partie de campagne et que tête en l’air j’ai tiré tout droit sur le chemin au lieu de tourner a droite malgré le balisage abondant, il me rappelle pour me remettre dans le droit chemin, me privant du même coup de mon détour additionnel et traditionnel. Reflexion faite, j’ai bien continué au meme endroit l’an dernier pour quelques centaines de mètres supplémentaires ! Robert en tout cas en a profite pour s’ échapper . Je continue un moment avec JF, qui commence a souffrir du ventre et bientôt s’écarte pour me laisser passer. Sa fin de course va être plus difficile. J’accélère avec un petit pincement de cœur, pour rattraper le deuxième compère, qui d’ailleurs nous avait mis une patée l’an dernier .
S’ensuit un chemin en forêt étroit et interminable, ou je finis en effet par rattraper Robert, avant d’attaquer la butte, grosse difficulté qu’on avait évite l’an dernier, pour cause de gens du voyage bien placés ( pour eux, pas pour nous). La fin du parcours, modérément difficile, avec le passage à la ferme ou les vaches ne nous attendent pas cette années, se passe sans trop de soucis . Coup d’œil à la montre : toujours le même retard par rapport a l’an dernier, mais au moins ca ne s’aggrave plus. D’un autre coté , j’étais quasiment grillé a ce stade-la en 2002 !
Le tertre blanc (24 km)
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Ou la boucle du jugement ! C’est en effet la qu’on règle les comptes, qu’on paye les départs rapides, les hydratations approximatives, et qu’on teste son courage !
Je l'aborde cette année toujours avec prudence, en essayant de retrouver la foulée ondulante et chaloupée si seyante a l'Ufelle, et si économique à l'UFO fatigué.
Je ne vois plus Robert, qui fait des pauses un peu plus longues , si pour moi on peut appeler ça des pauses, je ne fais que remplir le camelbak et repartir. Par contre, je suis rattrapé puis bientot depassé par ce que je crois être un V2 particulierement efficace et détendu, qui prends des nouvelles de ma santé au passage. En fait ca va bien, je le lui dis et le laisse continuer a son allure sans chercher a m'accrocher, car tant que le tertre blanc sera devant j'ai decidé de m'interdire les fantaisies. J'apprendrais a l'arrivée qu'il s'agit d'Ignace Leclerc, qui terminera 1er.. V3! et 14eme au scratch, juste derriere la premiere feminine. Je le garderai en ligne de mire assez longtemps, jusqu'a ce que je commence a le rattraper, puis le repasser un peu plus tard, alors que dans les passages degagés, j'apercois du coin de l'oeil Robert, manifestement en forme, qui refait progressivement son retard . Je me demande interieurement si ca m'inquiète, mais m'entends me repondre que non, partager un podium V2 ( je commence a y croire) avec Robert sera un plaisir, meme s'il est devant, et décide donc de continuer tranquillement mon bonhomme de chemin, en attendant qu'il me rattrape. Il me confiera plus tard avoir penser a revenir a ma hauteur, puis y avoir renonce pour ne pas y laisser trop de forces .
J'essaie depuis pas mal de kilometres d'utiliser une technique "Rodio-Chacal" pour monter les cotes en marchant , quoique si Rodio voyait ca il renierait surement le mouvement , voire meme son initiateur . En bref je prends simplement une marche rapide (pour moi), en me penchant en avant et en balancant les bras assez haut . C'est presque aussi rapide que ceux qui courent devant ( les cotes sont raides sur le trail 91), mais la relance apres le sommet est bien plus facile pour moi et j'y laisse moins de fatigue . Avec le manque d'habitude, le lendemain j'ai eu plus mal aux bras qu'aux jambes !
Finalement j'arrive a ce fameux tertre blanc sans avoir épuise mes dernières forces, et encore moins le mental, et peux donc profiter de sa longue descente dans le sable, digne d'une belle dune. Allons, le juge aura été clement. J'arrive au ravito en même temps que le vainqueur de l'epreuve, Patrick guignot, qui finit deja son parcours, et peut beneficier un peu de ses acclamations ! J'ai non seulement refait mon retard sur le temps de l'an dernier, mais déjà repris un quart d'heure.
Le cul d’enfer (12 km)
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Robert, toujours a mes trousses me rejoint au ravitaillement. Je prends de ses nouvelles avant de m'élancer dans la derniere boucle, la plus courte. Je me sens bien, le tertre blanc qui m'avait tant fait souffrir l'an dernier est loin derriere, et décide d'accélerer un peu, malgre le terrible cul d'enfer, derniere grosse difficulte du parcours. Je repasse une paire de concurrents épuises, dont JM Nirlo, qui finira 3e V2 (11eme au scratch) . La derniere cote vers Mondeville , que j'imaginais plus courte dans mes souvenirs me ramène un peu aux dures réalites, mais dans l'ensemble je termine plutot bien, premier V2, 8eme au classement,en 9h40, soit une heure de mieux que l'an dernier. . Robert me suit quelques minutes derriere. Atomik JF finira avec courage un peu plus tard, ( 4e V2 et 17eme au scratch quand meme sur 78 finishers) manifestement marque par ses douleurs gastriques. On aura un peu inverse les roles, cette annee !
Postambule
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A Mondeville, c'est la fete, avec les defiles des relais et des individuels . Il y a encore pas mal de dégats, avec 42 concurrents qui ne boucleront pas l'ensemble du parcours dans les delais impartis. Le juge de paix du tertre blanc a encore eu du coeur a l'ouvrage !
Gaetan sera dans les delais, et va boucler le parcours 74eme en 14 h 08, avec une arrivee au sprint et en bonne forme pour son premier ultra . Gageons qu'il y en aura beaucoup d'autres !
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