Récit de la course : L'Ardéchoise 2004, par Mathias

L'auteur : Mathias

La course : L'Ardéchoise

Date : 18/6/2004

Lieu : St Félicien (Ardèche)

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Distance : 216km

Objectif : Faire un temps

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Le récit

Et hop, voici un p’tit baratin sur mon ardéchoise 2004 !

500kms de vélo cette année, je ne me sens pas dans de supers conditions. J’ai décidé de faire le circuit 216kms et 4000m de D+, avec la contrainte de devoir repartir de StFélicien à 18h : ça va être chaud !

Samedi 18 juin 2004, 4h45, debout !
4h de sommeil seulement, c’est pas la forme. J’ai mal au bide (la pasta-reblochon d’hier ?), je n’avale qu’un café. Un peu léger… dans la voiture j’arriverai à manger 2 petites galettes au miel : c’est mieux que rien !

6h : je retrouve Julien par hasard, on tombe sur le même parking ! Nous n’avons pas notre dossard : on pensait avoir largement le temps en arrivant à 6h, mais il faut aller chercher le dossard, puis laisser les affaires à la consignes pour éviter de retourner à la voiture. Et c’est seulement à 7h passées qu’on se retrouve dans le sas de départ.

Au passage : la consigne est payante ! J’ai connu des courses plus généreuses… on est toujours content d’avoir un petit choix de produits du terroir dans le sac, mais quand on a payé 45 euros, qu’on trouve une bouteille d’eau et un pain au raisin minuscule dans son sac, et qu’on nous demande 2 euros de consigne, c’est bof bof… Le gars qui était devant moi n’avait pas de liquide sur lui !

Bref, un conseil : récupérez votre dossard la veille, ça permet d’éviter la consigne et surtout d’arriver un peu tôt sur la ligne de départ. En effet, avec le peuple qu’il y a (plus de 14 000 partants), c’est seulement à 8h17 qu’on franchit la ligne !

Départ
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On a décidé de partir tranquille. Ca commence par un faux plat puis une petite descente, ça roule, mais soudain, au bout de 2,5kms, on n’est pas partis depuis 3 minutes qu’on tombe sur un gigantesque bouchon ! Des centaines et des centaines de vélos… J’apprendrais plus tard que la chute d’un cycliste a nécessité la présence d’une ambulance, qui a resseré le passage et provoqué ce bouchon… Allez, 16 minutes à rouler au pas, grrrrrr… C’est pas qu’on soit là pour faire un chrono, mais on a envie d’avancer … et puis il faut que je sois de retour à 18h, je suis attendu !
Je m’attends d’une minute à l’autre à ce qu’un des cyclistes pressés qui nous doublent en frôlant le fossé, se retrouve 3m plus bas dans les ronces… sont marteaux ces gars là !

Col n°10 : col du Buisson
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On attaque une montée, avec un panneau enigmatique : « col n°10 ». Damned ? Cela signifie qu’il y a 10 cols à franchir ? Mais on ne m’avait pas dit ça… ;-)

Le passage dans la zone de Pailharès dévastée par les flammes il y a quelques années, et pour laquelle l’ardéchoise organise une collecte, n’est pas aussi impressionnante que ce à quoi je m’attendais. Par contre, l’accueil, lui, y est impressionnant : banderoles « merci pour votre générosité », décorations, spectateurs…

On roule doucement, j’attends Julien dès qu’il se fait décrocher, mais je ne suis pas tranquille. Je n’ai pas l’habitude de rouler en peloton, et même si on ne va pas vite dans la montée, 20kms/h, il y a une importante densité de cyclistes, et ceux qui sont speed doublent par la droite ou la gauche en criant « droiiiiiiite ! » et on est censé s’écarter… j’aime pas ça !

1h04, 17 kms : on bascule de l’autre côté. Ca va pour l’instant, ça monte pas trop fort.
Ravito d’eau, on se faufile (un monde fou !). Je me suis forcé à manger la seule barre de céréales que j’ai emportée, mais le bide ne va pas mieux. Bah ça va passer…

Puis vient une descente assez stressante : la plupart des cyclistes descendent très prudemment, trop à mon goût. On double par la gauche, en faisant bien gaffe, mais de temps en temps, on entend de nouveau « droiiiiiiiite » et des fou-furieux nous doublent à fond la caisse… brrr pas rassuré !

27kms, 1h17 : on se traîne toujours… faudrait que je prenne un peu d’avance sur la moyenne, si je veux vraiment être de retour à 18h !

Col n°9 : col des Nonières
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Ayé, voilà le panneau ! Bon c’est pas une blague hein, il semble bien qu’il y ai 10 cols !
Bon ça va, il est pas très long celui-là. 11kms mais moins de 300m de D+. On monte ça en à peine 1/2 heure.
Les Nonnières : encore un ravito, mais toujours uniquement de l’eau. Et des centaines de cyclistes agglutinés !
Rigolo : un bénévole aide le flot de cyclistes incessants : « à droite le ravito, à gauche pour continuer direct » crie-t-il sans interruption. Sympa. Seul hic : il parle de sa droite et de sa gauche à lui ;-)
La descente est un peu plus fluide, mais c’est pas encore ça.
Et on arrive au Cheylard, 50kms en 2h02. Avec le 1/4 d’heure perdu au départ, ça fait une moyenne correcte, par rapport aux 22kms/h visés. Surtout que pour l’instant, on y va toujours tranquille ! Julien m’autorise à rouler au-dessus de 25kms/h, car il peut alors se mettre dans la roue et suivre. Dès que ça monte un peu il rame. C’est pas la grosse forme, mais faut dire qu’il a 60kms au compteur cette année !

On arrive au ravito sous la pluie : pas glop.
Ah, enfin du solide. Quasi rien bouffé depuis la veille moi. On se gave de petits biscuit, c’est le seul truc que j’arrive à manger correctement. J’essaie de me forcer à boire, de l’eau, car mon isostar ne passe pas.

A cet endroit là, on quitte le circuit 120kms : ça éclaircit considérablement les rangs !

Col n°8 : col de Mézilhac
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On attaque le col de Mézilhac, 700m de D+ en 23kms. Ca monte pas très fort, mais c’est long. Julien est vraiment à la peine. Je vois pas comment il peut terminer les 216kms, vu comment c’est parti ! Espérons que ça s’améliore…

Au bout de quelques kms, je réalise que j’ai vraiment besoin de me dégourdir les jambes. On est doublés par des dizaines de cyclistes, j’ai envie de suivre. Et au 10ème km de la montée, je laisse tomber lâchement mon équipier, et je mets le turbo… Ahhh ça fait du bien.
Et je grimpe les 13kms et 500m D+ restants, sans trop forcer, en moins de 40 minutes : je me sens en pleine forme.

A Mézilhac, 3h14 pour 71kms, il faut faire le choix entre le 216kms et le 170kms. Je me sens bien, je suis confiant, la pluie s’est arrêtée, pas de problème pour faire les 22 kms/h de moyenne prévu. Allez zou, sans hésitation, c’est parti pour le 216.
Je prends à bouffer au passage : sucré, plus un sandwich au jambon cru et un autre au roquefort. Miam !

La descente est trop bonne : pas très rapide, mais comme il y a beaucoup moins de monde, on peut s’amuse un peu plus. Je prends en chasse un binôme de fou furieux, et on s’amuse bien avec nos trajectoires…
20 minutes pour 15,5 kms, et 3h38 pour 87kms depuis le départ. 24kms/h de moyenne, j’aimerai bien avoir un peu plus de marge pour la fin…

Col n°7 : col d’Aizac
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Ca va, le col suivant est à ma portée : 4kms et 200m de D+.
C’est avalé en moins d’1/4 d’heure.
Problème : je commence à ne pas aller très fort. Je ne bois presque plus, je ne mange plus, j’ai la nausée, et je me sens un peu faiblard. Mais ce petit col passe correctement, je réussi à rester entre 140 et 150BPM.

Col n°6 : col de la Moucheyre
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Mais ce n’est pas le cas du col suivant, la Moucheyre, 5kms après un court faux plat de 3kms. Je suis pas bien, vidé de mon énergie, et j’en bave pour arriver au sommet. Le moral n’est pas tip-top : il me reste quand même 120kms, alors si je n’arrive plus à m’alimenter… pas glop :-(
Je garde quand même une moyenne autour des 13-14, ça ne monte pas très fort.

Col n°5 : col de la Barricaude
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4h28, 103,5kms : arrivée à Burzet. La descente a fait du bien. Comme la selle m’a rapidement fait des misères (ma peau de bébé n’est pas assez endurcie…), j’ai décidé de ne pas trop forcer dans la descente, de ne presque pas pédaler, et de récupérer. Ma foi, c’est fort agréable de se laisser glisser dans la pente…

Et me voilà au pied de LA grosse difficulté de l’ardéchoise : bon, c’est pas les Alpes, mais quand même : la montée vers La Barricaude, et dans la foulée l’ascension du Gerbier de Jonc. 900m de D+, chic !

Rien ne va plus dans cette montée. Je suis complètement incapable de forcer. J’ai la nausée, de pire en pire, et toujours une grosse boule dans les intestins. Je ne bois plus d’isostar, et je dois me forcer pour boire de l’eau, mais pas assez souvent. Et c’est nouveau, je m’endors sur mon vélo. Je me sens épuisé. J’ai les paupières qui clignotent, et à plusieurs reprises, je le sens, je m’assoupis ! Ca va pas m’empêcher de terminer, mais à 10-11kms/h, c’est mal barré pour arriver à 18h ce soir !

Au bout d’à peine 3kms de montée, c’est plus fort que moi, je fais une pause, tente une vidange… Cet arrêt de 7 min me fait du bien. Je repars un peu mieux. Mais toujours cette envie de roupiller… je suis à 2 doigts de m’arrêter de nouveau « juste pour m’asseoir 2 minutes », mouais tu parles, pour piquer un petit roupillon oui !

C’est pas que je me fasse mal, je suis juste à plat… FCmoy de 120 sur l’ascension : je suis au repos !!! Bref, je vous passe le calvaire en accéléré ;-)

J’arrive à Sagnes à 5h47 de course, 117 kms de bouclés. A peine 20 de moyenne depuis le début… mal barrés mes objectifs modestes de 22kms/h…
1h20 pour 13,5 kms d’ascension ! A peine du 10 de moyenne !!!

Col n°4 : col du Gerbier de Jonc
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Une succession de faux-plats, plutôt montants, va me permettre de me remettre un peu. J’essaie de chopper des wagons au passage, pour prendre la roue, j’y arrive à peu près.
Anecdote : je suis tout seul, je me fais doubler par un coureur qui a un bon différentiel de vitesse. Chic, c’est un bon wagon. Je force pour prendre sa roue. J’y arrive pas. Je fais l’élastique, me remotive, et arrive enfin à prendre sa roue. J’essaie de récupérer un minimum pour pouvoir le suivre, quand il se retourne et me dit : « ça va t’es bien au chaud ? ». Je ne sais pas comment le prendre, je lui réponds : « ça va ça va, j’ai un peu de mal mais j’arrive à suivre ». « Ouais ben faudrait rejoindre le groupe là bas ». Je ne réponds pas, moi aussi j’aimerais bien, mais j’ai pas la force. 15 sec après, le gars ralentit de 5kms/h pour me faire comprendre qu’il ne me laissera pas profiter de lui… je trouve ça incroyable, cette mentalité, à 20kms/h, dans les profondeurs du classement… bonjour la solidarité entre cyclistes !

Pour la petite histoire : je me déchire en prenant un relais, je le ramène dans le fameux groupe, 2 min après on attaque le dernier coup de cul du col, et je les regarde s’envoler alors que je tombe à 11kms/h… ;-)

Gerbier de Jonc : 6h30, 130kms de course. Il est rigolo ce Gerbier de Jonc : un gros bloc posé là, tout seul…
J’arrive enfin à manger : un tout petit bout de sucré, et 2 petits sandwich au bleu d’auvergne… miam ! Allez, je me force à boire, il le faut… et après une poignée de secondes d’arrêt, je repars et mange mes sandwiches tranquille dans la descente.

La descente est sympa, mais j’ai personne avec qui me tirer la bourre, pas rigolo. Je descends tranquille, presque sans pédaler. Faut que je récupère un max, et puis je tiens à pouvoir m’asseoir sur une chaise au boulot lundi ;-)

St Martin de Valamas : 7h de course et 152kms.

Col n°3 : col de Clavières
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Voici la montée sur StAgrève. Dans ma tête, ayant vu rapidos le profil sur le Web, il s’agit de la dernière difficulté mis à part un dernier coup de cul juste avant l’arrivée. Hauts les cœurs !

J’y vais doucement, tout doucement, mais ma FCmoy est quand même remontée à 133, c’est mieux que rien.
Je passe le col au km 171, au bout de 8h17 de course. Je fais mes petits calculs : 1h40 pour passer sous les 10h, ça me parait pas possible. Ben zut alors, je vais même pas réussir ce gentil petit objectif ? Si tant est qu’on puisse parler d’objectif, je suis quand même venu là pour me promener ;-)

S’ensuit une descente où je me fait bien plaisir, 7kms en 8-9 minutes

Col n°2 : col de Rochepaule
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Ce petit col de 4 kms est avalé en 16 minutes, tranquillement, sans forcer, mais je me sens mieux. Allez du nerf, il ne me reste plus que le col du Buisson, dont on m’a dit tant de bien dans ce sens là ;-)
Arrivé en bas du col, au bout de 9h05 de course, mon compteur indique 194 kms. Les panneaux indiquant la distance restant à parcourir, tous les 10 kms, ne me semblent pas correctement placés. Bizarre. Je commence à me dire qu’il reste peut être un peu moins que les 22 kms qu’indique mon compteur : et si j’essayais de me bouger un peu pour passer sous les 10h ? Au pire, je pourrais toujours me dire que j’ai perdu 15 minutes au départ dans les bouchons, et les retrancher à mon temps final ;-)

Col n°1 : col du Buisson (bis)
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Je m’efforce de ne pas traîner dans cette montée, mais c’est rude. Des passages à 15% sont sans pitié pour les cyclistes épuisés. J’en verrai plusieurs descendre de vélo…
Des épingles à cheveux… Tiens, un groupe de musique : c’est dommage, c’est le seul que je verrais, alors que visiblement il devait y en avoir un peu tout le long de la montée.

Je double maintenant pas mal de monde, j’ai repris une allure raisonnable (12kms/h !!!). Je passe le col au bout de 9h40 de course. Mon compteur indique 200,5 kms, mais les indications nous donnent 13,5 kms à parcourir et non pas 15,5.
Ces 2 petits kms de marges vont faire la différence : je n’ai pas eu l’impression de vraiment pouvoir me donner jusqu’ici, et maintenant je me sens bien, je vais enfin pouvoir m’amuser et me tirer la bourre avec le chrono ;-)
D’autant plus que je trouve un autre furieux avec qui je fais la descente à fond. Cette descente n’est pas très roulante, il y a pas mal de virages serrés, et la route est étroite. 13,5 kms en moins de 20 minutes, avec les 2 kms de remontée à la fin, c’est pas gagné…

J’ai vraiment l’impression de courir contre le chrono : je regarde le temps à chaque km, je sens que je grignote quelque seconde par km, mais est-ce que ça suffira pour la fin en faux plat montant ?

Arrivée…
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Arg, voici le faux plat, il reste 2kms et moins de 5 minutes ! Va pas falloir trainer.
J’attaque la petite montée qui se présente à 24kms/h, et quelques centaines de mètres plus tard, quand ça se tranforme en faux-plat montant, j’accélère à 36-37. Ouille, mes pauvres cuisses demandent grâce… Je double un cycliste qui doit rouler à 20, à qui je fais peur et qui râle sur mon passage ;-)

Ahhh que ça fait du bien, un sprint final, rien de tel pour éliminer les toxines ;-)
Je termine en 9h59, ouf c’était juste !, pour 216kms (213,5 au compteur ?), 4030m de D+, et une FC moy à 129, soit 57% de ma FC de réserve ! Bref, j’ai été flemmard ;-)

Je ne retiendrai pas cette Ardéchoise pour le côté sportif : mis à part ma « perf » moyenne, les conditions ne sont pas vraiment réunies, de toute manières, pour faire un temps. Et puis c’est pas l’objectif ! On vient ici pour s’amuser avant tout…

Je n’ai pas encore parlé des animations tout au long de la course : les mamies qui s’égosillent au bord de la route, les villages décorés aux couleurs de l’ardéchoise, le public toujours là même quand il pleut un peu, les bénévoles qui s’excusent pour la météo ( !), et les encouragements, toujours et encore ! C’est vraiment sympa, et c’est vraiment un truc à essayer ! Je ne le referai probablement pas toutes les années, car des cyclos il y en a d’autres…


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