Récit de la course : Ceven'Trail - Ultra du Bout du Cirque - 101 km 2025, par poucet

L'auteur : poucet

La course : Ceven'Trail - Ultra du Bout du Cirque - 101 km

Date : 1/3/2025

Lieu : Le Vigan (Gard)

Affichage : 177 vues

Distance : 101km

Objectif : Pas d'objectif

6 commentaires

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Le récit

 

Ultra du Bout du Cirque


C’est après le petit mot de bienvenue et le traditionnel briefing que Gildas le boss du Ceven'Trail a passé le relais à Daniel, qui avec son saxo envoûtant a chauffé la halle des sports où piaffaient quelques 320 furieux dans l’attente du décompte. J'ai connu déjà connu quelques frissons aux départs de courses mythiques mais celui-là, inédit et authentique, m’a vraiment fait vibrer.
La météo nous promettait une belle journée, mais à cette heure matinale (4h) la température était glaciale. Pourtant nombreux étaient les coureurs en shorts. Pour ma part j’avais opté pour le collant et j’avais carrément enfilé 3 couches en haut, avec buff et gants évidemment.
Quelques kilomètres tout plat sur les berges de la Sarre permettent de faire chauffer les machines. C’est facile, fluide, parfait avant d’aborder le premier petit taquet, bien raide déjà, qui permet à chacun de prendre son rythme. Le second arrive très vite, le givre recouvre les bas-côtés mais j’ai déjà trop chaud. Je prends le temps de me poser pour enlever mon coupe-vent et déplier les bâtons. On traverse quelques hameaux où c’est l’effervescence au passage des coureurs, c'est très agréable.
On aborde ensuite la principale difficulté de la journée qui heureusement se présente en début de parcours. Ça grimpe par paliers successifs jusqu’à La Rouvierrette au km 17 où la table de ravito est déjà bien entamée. J’aurais apprécié une boisson chaude mais je dois me contenter d’un coca glacé. J’ai envie de sucré, le cake permet de se refaire la cerise. A ce moment je suis classé 303eme et il n'y a plus grand monde derrière moi.
Une belle piste permet de relancer jusqu'au col des vieilles où les vieux sont déjà bien entamés. Les jeunes aussi je crois. C'est alors que le plus difficile commence, il faut vraiment s’arracher dans la caillasse fuyante pour se hisser jusqu'au sommet de la Toureille à 1253m, après à peine 23km de course. J'ai repris 8 places, je suis 295eme. La récompense c'est la vue extraordinaire, au soleil levant. Je m’autorise quelques minutes de répit pour plaisanter avec les bénévoles et immortaliser l’instant.
Mais le chemin est encore long et il ne faut pas traîner. Je zappe le point d’eau au Cap de Coste juste en dessous et m’engage avec mesure dans la longue et facile descente jusqu'au ravitaillement de Mandagout au km 32. C'est la seule section où je perds une place. Là je bascule au salé et je me régale avec les excellentes rillettes artisanales.
Gildas nous avait expliqué que les 40 premiers kilomètres étaient les plus compliqués et qu’il fallait se préserver. Pourtant la suite n’est pas vraiment une promenade de santé, j’ai trouvé la liaison jusqu'à Arrigas encore bien technique et très difficile. Quand on rejoint le parcours du 63 et qu’il n'est même pas possible d’accrocher le coureur balais ça plombe le moral. Les points d’eau intermédiaires à Serre et au Travers ont été les bienvenus. Les coups d’œil sur la montre se font de plus en plus fréquent jusqu’au passage du 51em kilomètres qui apporte enfin un gros bonus mental : la moitié est dans le rétro, il reste juste à rentrer …
C'est ainsi que j’arrive à Arrigas à 14h35, avec 25’ de marge sur la barrière horaire, mais très loin de mes prévisions. J'ai cependant repris 28 places, classé 268eme. La soupe de pâtes n’est pas la meilleure du monde mais le sujet du jour n’étant la gastronomie, ça glisse tout seul et ça fait largement le job. Là nous pouvions retrouver un sac d’allègement. Il y a encore pas mal de monde, je comprends que beaucoup attendent la navette de rapatriement. D’ailleurs j'ai la surprise d’y croiser Vincent mon jeune colocataire au village vacances du Vigan qui m’explique qu'il ne peut plus courir, rattrapé par son manque d’entraînement. Il ne semble pas vraiment déçu, même content d'avoir pu profiter de beaux paysages. Et surtout de retrouver sa fille un peu plus tard pour aller manger une pizza … glups, pour un peu je n’étais pas loin de mettre le clignotant pour l’accompagner. Mais finalement Vincent m'a aidé à faire le plein de ma poche a eau et des flasque et je suis reparti cahin caha.
La grosse montée vers le Causse de Blandas se présente rapidement. Sur ce versant ombragé la température tombe brutalement, je me traîne à la vitesse d’un escargot, c'est un soulagement d’arriver en haut car on retrouve quelques rayons bienfaisant et je sais que le profil me sera plus favorable. Effectivement j’arrive à retrouver une petite foulée pour rejoindre sereinement Le Quintanel et son ravitaillement. Nous sommes alors au km 64 et le dessert débute. Alors que le soleil tombe doucement sur l’horizon, quelques kilomètres descendants à travers les grands espaces du Causse nous déposent sur la superbe monotrace qui surplombe les Gorges de la Vis. C'est magnifique, on en prend plein les mirettes et ma petite foulée suffit à rattraper pas mal de monde. C'est l’heure du grand kiffe !!!
Plus on plonge à travers la forêt vers le Moulin de la Foux. Je reconnais parfaitement l’endroit où en 2017 lors de ma première participation, alors que je cavalais encore bien, sans bâtons, j’avais senti un souffle revenir de l’arrière. Manu Gault alors en tête du 63, dans un style impeccable, m’avait déposé comme une fleur avec un petit mot sympa. Inoubliable. Huit ans plus tard ce n'est plus la même chanson, cette fois ce sont bien les bâtons qui ont assurés mon salut en préservant mes quadri, notamment dans les descentes.
Dans un vacarme assourdissant, les gilets jaunes des bénévoles à travers les arbres annoncent le bas de la descente et son fameux moulin. Je suis partagé entre l’envie de lever les yeux pour profiter du spectacle et celle de regarder mes pieds pour de pas me vautrer dans les gros blocs glissants.
Au fond des gorges, sur l’autre rive de la Vis, le GR offre à nouveau de belles sections à courir. Finalement j’arrive au hameau de Navacelles en même temps que la nuit. Je remplis une flasque à la fontaine et sors ma frontale pour attaquer la terrible remontée sur le Causse. Là je peine à nouveau, quelques coureurs semblent plus vaillants et me déposent dans les innombrables lacets qui s’enchaînent. On débouche enfin sur le Causse, j'aperçois les frontales pas très loin devant. Tout le monde marche et ma petite foulée me permet de reprendre le paquet avant d’arriver enfin au Belvédère de Blandas km81. Il est presque 20h, j’ai gagné 28 places mais le chef de poste m’annonce que la barrière horaire est dans 5’. Oups, ce serait vraiment trop bête d’être arrêté si proche du but. Mais j’ai les crocs. Alors j’englouti vite fait tout ce qui me tombe sous la main et un gobelet de coca, je remplis ma flasque et je dégage aussitôt …
On navigue à nouveau sur le Causse et ça me va bien. Nous sommes quelques-uns à faire le yoyo en fonction du profil, chaque petite montée m’étant défavorable. Et puis la descente sur Bez arrive assez vite et je reprends à nouveau quelques frontales au gré des lacets. Du coup j’ai bien redressé la barre puisqu’au derrière ravito j’ai 20’ de marge après avoir repris 13 places. C'est probablement le point de ravitaillement le plus confortable, bien au chaud dans une grande salle mais il n’est plus temps de prendre racine.
Il reste un bon talus et 10 bornes pour rallier l’arrivée … Une petite bruine vient alors nous gâcher le plaisir d’en finir avec l’ultime montée. Ce n’est pas mieux sur l’autre versant où la caillasse glissante nécessite une attention extrême pour ne pas se retrouver sur les fesses. C'est un soulagement de retrouver le bitume, les lumières de Cavaillac et les encouragements des bénévoles en bas de la descente. Il reste 3 kilomètres à trottiner au bord de l’Arre pour passer enfin sous l’arche d’arrivée. Le chrono indique 19h38'38”, j’ai repris 6 places pour finir 221eme sur 235 classés (322 partants), le seul M6 a avoir terminé.
J’espérais faire mieux, je pensais pouvoir être en dessous des 19h. J’ai trouvé le parcours bien plus difficile qu’en 2017 et évidemment c’est quand même une satisfaction de ne pas avoir lâché mentalement et d’être allé au bout. Mais à voir les images et vidéo sur les réseaux j’ai aussi un peu l’impression d’être passé après la fête, de n’avoir connu que quelques bribes de la formidable ambiance qui a illuminé cette très belle organisation.
C’est ainsi, il faut l’accepter. Des épreuves aussi difficiles deviennent compliquées pour mes vieilles jambes et je me disais en passant l’arche que cet Ultra serait probablement mon dernier. Après quelques jours de repos j’en suis moins sûr, il existe des courses au profils plus compatibles a mes possibilités de petit vieux. A voir donc …
Je ne saurais terminer ce petit blabla sans féliciter et remercier chaleureusement toute l’équipe d’organisation. Loin du bizness de plus en plus présent sur les barnums médiatiques le Ceven'trail Le Vigan - 30 respire le terroir et donne une très belle image d’un trail populaire, convivial et humain. Celui que j’aime depuis l’origine.

 

6 commentaires

Commentaire de philkikou posté le 07-03-2025 à 08:54:39

Malgré les pépins physiques et les opérations le mental est toujours là ! beau récit d’un ultra en début de saison : faut être costaud pour terminer à ras les barrières horaires et si tôt dans la saison !

Commentaire de vuillerl posté le 07-03-2025 à 09:01:54

Bravo pour cette course et quel plaisir de revivre cette "balade"...
J'ai trouvé cette course particulièrement difficile en comparaison avec celle que j'avais faite en 2022. La section Mandagout - Arrigas était tellement usante, laissant peu d'énergie pour les sections plus roulantes.
En tout cas, chapeau bas pour avoir fini cette course.

Commentaire de Gilles45 posté le 07-03-2025 à 10:27:35

Merci pour ton récit Poucet et pour toutes ces belles photos. ce trail que je ne connais pas fais fichtrement envie. Bravo en tout cas

Commentaire de PhilippeG-645 posté le 07-03-2025 à 11:09:30

Bravo à toi Gilles :-)
Que de bons souvenirs de cet ultra, j'avais adoré, cette région un peu paumée également.
Chapeau pour ta victoire en catégorie ;-)
Merci pour ces belles photos !
Bonne récup et @+

Commentaire de laulau posté le 07-03-2025 à 17:36:45

Bravo Poucet pour avoir eu le courage d'aller au bout...de cet ultra (et pas de ce cirque ! Belle victoire en M6 😉
C'est dur de se préparer pour un ultra en hiver.
Et merci pour ce beau récit !

Commentaire de bubulle posté le 07-03-2025 à 18:20:44

Bravo, Gilles ! J'ai quasiment reconnu chaque caillou (en fait, pas totalement puisqu'ils ont changé depuis 2020, mon édition à moi). Les BH sont quand même vraiment raides, je ne suis pas sûr que je les aurais passées cette année. La première partie semble notamment être assez nettement plus difficile.

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