L'auteur : marathon-Yann
La course : Le Grand Marathon de Saint-Denis
Date : 27/10/2024
Lieu : St Denis (Seine-Saint-Denis)
Affichage : 396 vues
Distance : 42.195km
Objectif : Pas d'objectif
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Pas d'autre récit pour cette course.
Rarement je n'aurais commencé une course si fatigué. Je ne parle pas des reliefs de mon festin grec, mais de la conjonction d'une période très chargée au boulot et de la tempête Kirk, qui a eu la mauvaise idée d'inviter Yvette dans mon sous-sol. Plutôt que courir dans les bois, cela fait deux semaines que je nettoie, trie, jete des souvenirs, et me prends la tête dans de savants calculs impliquant les devis de différents artisans et les promesses des assurances. Bref, c'est la tête ailleurs, presque surpris, que je me retrouve sur la ligne de départ de ce nouveau marathon de Saint Denis, un peu comme lorsque l'on est ébloui par la lumière en sortant brusquement d'un tunnel. Qu'est-ce que je fais là ?
Ce que je fais là ? Un marathon (presque) à domicile, sur un parcours inconnu près des sites olympiques qui nous ont fait rêver cet été, l'aubaine était trop belle pour que je résiste à la tentation de m'y inscrire, il y a quelques mois. Et puisque je suis inscrit et bien présent, autant en profiter. En me glissant dans mon sas "3h" au pied du stade de France, je suis surpris de voir qu'il y a si peu de coureurs avec moi. Ça me rappelle un peu Cernay, où j'avais fini sur le podium de ma catégorie. Je me dis même que si j'étais à mon niveau, je pourrais jouer une place intéressante en M3. Alors, jouons!
Jouons, mais pas n'importe comment ! J'ai la bonne surprise de voir qu'il y a un meneur d'allure "3h". Je me colle à ses basques et teste sur les premiers kilomètres si je tiens cette allure à laquelle je n'ai pas couru depuis longtemps. Premier kilomètre plutôt en descente, facile, le second nous fait passer sur une jolie passerelle au dessus d'un canal, amusant, au troisième je suis encore au côté du meneur d'allure, pas facile mais pas non plus au bout de ma vie. C'est décidé, je reste à ses côtés le plus longtemps possible. Et comme je suis prévoyant, je prends même quelques mètres d'avance pour satisfaire un besoin naturel.
Mais comme nous sommes en ville, je suis prévoyant mais pudique, j'attends un peu avant de trouver un endroit discret. Je m'approche puis m'accroche à un petit groupe de coureurs bien sympathiques. Alain vise son premier sub3, pour cela il est accompagné de deux copains, dont Laurent qui vient de finir les 100 km d'Amiens en 7h16, une pointure.
C'est plus facile avec eux. Les petits mots d'encouragement, la possibilité de choisir ses trajectoires, le rythme régulier proposé par Laurent me permettent de prendre beaucoup de plaisir. La météo est idéale, une quinzaine de degrés, pas de vent, pas de pluie, et le parcours ne me déçoit pas. Après une section urbaine, nous pénétrons dans un très joli parc où nous resterons de nombreux kilomètres. J'en profite pour faire mon biobreak, et il me faudra plus d'un km pour rattraper mon petit groupe. Qui me distancera définitivement au ravitaillement suivant, peu avant la mi course. C'est pas grave, j'en ai bien profité, et je suis toujours devant le meneur 3h.
Je suis frappé par le nombre de bénévoles qui, à chaque intersection, assureront notre sécurité avec un grand sourire. Pour être honnête, il y a peu de voitures en ce dimanche matin, mais nous sommes en ville et les carrefours nombreux, autant de points à sécuriser. Le parcours me rappelle parfois celui des foulées de Malakoff ou des 10 km de Houilles, par l'aspect des habitations. Je ne reconnais pas les sites olympiques, même si l'on m'expliquera plus tard que nous avons bien vu la piscine olympique, mais nous passons au pied du Stade Bauer et je suis heureux de pouvoir situer sur une carte le repère historique du Red Star.
Je navigue maintenant tout seul et me demande quand je vais me faire rattraper par le meneur d'allure 3h. Le plus tard sera le mieux : ayant déjà vécu des situations pareilles, je sais que si je me fais doubler après le km24 ou 28, je peux faire un bon temps, à mon niveau, ce qui veut dire moins de 3h10.
Ce sera au km 30, juste au moment où nous passons devant la mairie de Saint Denis. Je m'accroche un petit peu dans la rue piétonne où nous nous frayons un chemin parmi les promeneurs qui vont faire leurs courses dominicales, mais le rythme est trop rapide pour moi et je me fais rapidement décrocher.
Je constaterai plus tard, en regardant ma montre, que ce dépassement marquera une rupture dans ma course, et que mon allure sera beaucoup plus tranquille après. Mon nouvel objectif, plus ou moins conscient, est de faire mieux que 3h10, ce qui est presque acquis à ce moment de la course. Je profite encore mieux du parcours. Je rattrape et encourage Alain, qui ne battra pas aujourd'hui son record (ce sera pour une prochaine fois !). Nous sommes sur un trottoir et le jeune coureur devant moi, maintenant accompagné d'un copain, fait un "tout droit" car le gendarme qui assure la signalisation est en train de discuter avec un automobiliste. Puis nous quittons le trottoir pour emprunter une large avenue qui nous est réservée.
Nous nous rapprochons du stade de France, et nous croisons près de la station du RER D de nombreux coureurs du semi qui ne manquent pas de nous encourager. Je prends le temps de m'arrêter au ravitaillement. Le jeune bénévole qui me tend un verre d'eau me demande quel âge j'ai. "Faire ça à 53 ans, c'est incroyable !". Je ne suis pas certain d'apprécier le compliment.
Après une dernière boucle, nous rejoignons les coureurs du 10 km avant de traverser les entrailles bétonnées du Stade de France. Puis nous jaillissons sur la piste violette, presque surpris, un peu comme quand nous sommes éblouis par la lumière à la sortie d'un tunnel, étonnés de nous retrouver dans ce lieu mythique que nous attendions depuis 42 km. Le DJ sait ce qu'il fait et nous passe les classiques qui ont accompagné notre été, de Parade à Édith Piaf. On s'y croirait (d'ailleurs, on y est). Dernière ligne droite, et je fini en 3h05, 41eme et premier M3, comme à Cernay, quelle bonne surprise. Je retrouve mon frère et Cindy, qui ont participé au 10 km en répétition de leur prochain marathon à New-York, et nous rentrons joyeusement ensemble, heureux du tour joué aux petites contrariétés de la vie.
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2 commentaires
Commentaire de Yannael posté le 24-11-2024 à 13:50:54
Mince, désolé pour toi ; ça ne doit pas être drôle, ces inondations.
Bravo pour ta course en revanche. 3h05 sans préparation spécifique, c'est fort. Je n'avais pas connaissance de ce nouveau marathon en Seine St Denis. Bon à savoir.
Commentaire de marathon-Yann posté le 16-01-2025 à 17:44:43
Merci Yannael pour tes commentaires toujours sympas ! Je ne sais pas encore si ce marathon sera reconduit en 2025, je surveille !
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