L'auteur : Zaille
La course : Trail du Petit Ballon
Date : 17/3/2024
Lieu : Rouffach (Haut-Rhin)
Affichage : 440 vues
Distance : 53km
Objectif : Faire un temps
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Le trail du Petit Ballon fête ses 20 ans, pourquoi ne pas y retourner ? Les 53km et 2200m de dénivelé seront un excellent entraînement pour la suite de la saison. En plus, il y a aussi un 42km qui lui sera une excellente entrée en matière sur le format pour Laetitia qui prépare le MIUT 42 pour fin avril.
Sub 6H
Ça sera ma 2ème participation après un sub 6H réussi l’an dernier avec juste 3 petites minutes de rab. Je compte évidemment bien réitérer « l’exploit » et confirmer ma forme de début de saison trail après le 30K de Turckheim plutôt bien réussi. Mon plan marathon pour Fribourg dans 3 semaines est quelque peu malmené mais c’est le prix à payer quand on ne peut pas choisir entre les sentiers et le bitume 😊
Cette année on décide de se loger sur place pour éviter un réveil avant le chant du coq. Les 1h30 de route seront faites la veille permettant notamment le retrait des dossards et la récupération de la bouteille de crémant offerte. Prévoyant que nous sommes, on achète aussi de suite les tickets bières et tarte flambée pour ne pas avoir d’attente après la course, on appelle ça le sens des priorités !
Sas « Elite »
Un réveil à 6h15 nous laisse le temps d’une préparation sans stress d’autant plus qu’on est qu’à 10 min de route de Rouffach. La nuit a été mouvementée gastriquement pour ma part. La veille, comme l’an dernier, j’ai participé au nettoyage de printemps de ma commune suivi d’un repas et de tout ce qui va avec de l’apéro jusqu’au digestif. Je ne parle pas de la pizza-bière du soir car là rien d’exceptionnel. Une fois de plus je mets au chômage tous les nutritionnistes du sport, désolé.
On arrive sur place une bonne demi-heure en avance, bien assez pour trottiner un peu et se placer dans le sas « Elite ». Eh oui Messieurs-Dames !! Pour pallier la cohue du départ, un sas « Elite » a été prévu pour ceux qui projettent une balade en moins 6h. Avec un temps de référence à 5h57, j’ai accès à ce privilège in extrémis ! J’avoue, on n’est pas loin de l’imposture, je me faufile donc bien au fond de ce sas peuplé de jeunes lévriers affutés comme je ne le serai jamais.
On déroule
Juste avant le coup de feu de 8h, je retrouve Dominique qui a un peu le même objectif que moi. L’an dernier il s’était préservé pour le 100M de l’UTMB Alsace mais cette fois-ci il est motivé avec Pace Pro programmé sur la Garmin et calé à 6h. Je vois aussi 2-3 amis RIMois qui me souhaitent bonne chance, eux partiront plus tard sur le 24k. Je crois que je suis le seul sur le 53 mais d’autres sont avec Laetitia sur le 42k.
Les premiers km se font à travers les vignes sur des chemins bien larges. Ça monte puis ça redescend un peu durant 9km où tout se fait en courant. Il n’y aura qu’un petit sentier à l’origine d’un étranglement ralentissant le flux des coureurs et qui nous obligera à marcher un peu. Terre, béton, gros pavés, aucune difficulté, on déroule.
Maud Mery de Montigny
Km10, premier ravito, light, je ne m’arrête pas. On va rentrer en forêt et prendre le premier singletrack en zig-zag où tout le monde sera à la marche pour de bon, à la queuleuleu. Je me souviens de ce passage, il ne sera pas très long avant de pouvoir recourir. On fait aussi connaissance avec la boue, ça aurait été étonnant qu’il n’y en ai pas par endroit avec toute la flotte qu’on s’est pris ces dernières semaines.
Quelques places devant moi je reconnais une silhouette qui ne m’est pas inconnue, celle que j’avais déjà repérée sur une course du côté de Lyon : Maud Mery de Montigny. Salut Maud, tu me reconnais, bonnet orange, LyonSaintéLyon … Ah oui, on avait terminé ensemble. Objectif 6h pour elle aussi, je lui explique qu’il faut, selon mes temps de l’an dernier, être au sommet en 2h55. D’autres autour de moi enregistre également l’info, un bon point de repère de mi-course.
L’ascension
Déjà la zone de divergence, le km20 et son ravito, là où les 42k et les 52k vont se séparer. Je pense à Laetitia, j’espère que tout va pour elle. Cette fois-ci je m’arrête un peu et me ravitaille avec le traditionnel mix Tuc-Fromage-Saucisson-Coke. Je regarde derrière moi et voit Dominique arriver également. Je l’avais dépassé 2-3 km plus tôt. J’attends un peu pour pouvoir échanger avec lui. Il dit avoir 8 minutes d’avance mais j’ai bien peur que ça soit serré pour l’objectif car la montée qui s’amorce à présent va nous faire perdre pas mal de temps.
J’attrape une compote et c’est parti pour l’ascension (presque) finale vers le sommet avec 5km de montée. C’est raide, je marche comme toute le monde, presque tout le monde. En effet, un coureur alterne marche et course. Ça fait tilt chez moi et j’imite ce coureur embâtonné avec finalement assez de facilité, ce n’est pas si raide que ça. J’avance bien, j’ai hâte d’arriver à la grande prairie juste avant le sommet. Je regarde ma montre, 2h30, il reste 25 minutes pour être dans les temps tout là-haut.
Une minute de retard
Je suis en manche court et je sens l’incidence de l’altitude sur la température ambiante, j’ai un peu froid malgré l’effort ascendant. On sort de la forêt, voilà la prairie et son sentier qui la coupe en 2 avec un gigantesque « Z ». L’an dernier on avait le vent de face et il fallait plier l’échine pour fendre la bise glaciale. Aujourd’hui la météo est beaucoup plus clémente mais la pente reste la même mais le point de bascule n’est pas loin, le gros des difficultés est bientôt derrière moi.
Le sommet, la statue de la vierge et un peu plus de spectateurs pour nous encourager. Le tracé nous fait descendre vers une ferme-auberge-ravito pour nous faire remonter illico une 2ème fois au point culminant, ça sera l’une des montées les plus dures de la journée. J’appuie pour la première fois sur les cuisses et le cardio est aux fraises. Dans quelques moments ça sera plus facile, je regarde la montre, 2h56. Environ une minute de retard par rapport à 2023, Je reste positif, tout va bien, il me reste 25km pour remédier au problème.
7km de descente
La descente, cool. J’avais en tête un sentier plus compliqué mais là …. Oups !! Waow, une demi-seconde d’inattention, une pierre mal placée, ou plutôt un pied mal placé, et voilà que je plonge dans le pré avec réception en rouler-bouler. J’atterri dans l’herbe et m’en sort avec juste des mains pleines boue. Je rassure mes poursuivants et repars aussi sec dans cette très longue descente.
7km de descente avec petits sentiers caillouteux ou/et maculés de racines mais aussi de gros chemins à la pente parfaite où je déroule parfois avec aisance sous les 4:30 au kilo. Je sais que c’est là que je vais pouvoir gagner les précieuses minutes mener à bien ma mission. Je prends plaisir à courir en groupe ou rattraper les multiples points de mire que m’offrent certaines belles lignes droites.
Tenté par un banc
Je suis essoufflé et en général c’est l’indicateur que la descente se fait à bonne allure pour moi. Les quadri morflent et j’ai hâte de retrouver le ravito du km32 pour une petite pose gastronomique. Je dépasse vraiment beaucoup de monde et c’est bon pour le mental même s’il reste plus de 20km.
Comme prévu, arrêt au stand. Je suis même tenté par un banc qui a l’air de m’appeler pour un petit moment assis mais non … Je garde mon objectif en tête et pars à la marche tout en faisant un sort aux derniers morceaux de saucisson que j’ai dans la main, le tout arrosé d’Elsass Cola. Je sais que qu’un raidillon m’attend dans pas longtemps, je prends mon temps.
A fond les ballons
Voilà, ça grimpe, j’arrive quand-même à courir de temps en temps, me motivant grâce à la foulée d’un coureur embâtonné, le même qu’avant le sommet. Objectif, le km38, le ravito de la confluence, celui où on retrouvera les coureurs du 42k. J’adorerai retrouver Laetitia mais en même temps je me dis que si c’était le cas, elle serait dans un chrono qui serait décevant. On verra bien …
Une nouvelle bascule, je ne descends plus aussi vite, cette dernière montée a laissé quelques traces mais bientôt le prochain ravito et il ne restera « plus que » 14km. Par moment les chemins sont bien boueux et en descente on joue parfois à l’équilibriste mais rien d’effrayant. Je déboule à fond les ballons (d’Alsace) et me serre une eau pétillante expresse, pas de temps à perdre.
Je crois que ça va le faire
Je commence à regarder mon chrono et les km restants : 4h30 – 12km. Faire 12km en 1h30 sachant qu’il y aura une descente finale plutôt rapide dans mes souvenirs … Je crois que ça va le faire ! Je vais peut-être même faire mieux que prévu. En tout cas je suis motivé et je vais dépasser beaucoup de coureurs, surtout ceux du ventre mou du 42k.
Je scrute si je ne vois pas un maillot blanc de la RIM, mon club et soudain : Eh !! Thomas ! Ça geht ? Oui ! T’as pas vu Laetitia ? Non ! Tu me suis, je veux faire Sub6. Je vais voir … Je cours mais il continue de marcher, tant pis, dommage, je suis trop près du but, j’avance. Justement, Laetitia, des nouvelles, un SMS, elle vient d’arriver, j’ai 5h18 sur ma montre. Je suis content et rassuré. Pour moi il reste 6km, la bonne nouvelle me redonne un petit coup de boost.
Il me reste 35 minutes
Dernier ravito, juste deux quartiers d’orange, je ne m’arrête pas. Ça monte et ça descend sans arrêt mais on arrive au bout. Ça fait un moment que j’entends de la musique, une espèce d’électro, elle provient d’un stand installé en contre-bas dans un chemin où un gars, seul, s’éclate avec un drôle d’instrument couplé à une boîte à rythme, l’animation du jour !
Plus que 4km mais un coureur me parle lui de 5km … Il me reste 35 minutes, dans un cas comme dans l’autre on est dans le faisable pour ce fameux sub6. Il n’y a plus que des petits sentiers depuis un moment et mon allure même en descente n’est plus des plus véloces. De plus, parfois, ça monte encore bien sur quelques mètres, la moyenne en prend un coup, ne vendons pas la peau du traileur avant de …
12 minutes
Dernière frayeur, en descente, dans un escalier, je trébuche et me vois déjà atterrir 5 mètres plus bas. Je me rattrape, je ne sais pas comment, d’une manière totalement improbable en retombant hors-piste mais sur mes deux pieds. J’en ai eu des sueurs froides, ce n’est pas le moment, pas maintenant. Je repars, il doit rester 3km et au loin on voit Rouffach, enfin !
Retour dans les vignes ! On arrive mais pas avant un dernier petit coup de cul où je passe Vincent qui est sur le 42k : Allez la RIM. Un court instant j’ai imaginé terminer avec lui mais je n’ai pas une confiance aveugle en mon GPS, je ne peux pas me permettre de ralentir. Il reste 1km ou peut-être plus, en fait je ne sais plus trop. Je n’ai qu’à courir, je verrai bien, il reste 12 minutes avant le gong final.
100m, à gauche, l’arche, c’est bon !
On rentre en ville, je reconnais le tracé du départ, enfin du monde, des barrières, à droite, 100m, à gauche, l’arche, c’est bon : 5h53 pour 53 km alors que tout le long j’avais 52 en tête, soit … Content, un finish sans trop de mal, pas de douleurs et un effort bien géré. Je suis malgré tout bien crevé et il faut que je m’assoie un peu, là sur un bout de trottoir pour répondre à Laetitia qui est déjà à la douche.
Je récupère mon lot Finisheeeer, un pull à capuche plutôt sympa et la désormais traditionnelle médaille en chocolat. Dommage une fois de plus qu’il n’y ait pas de vrai ravito d’arrivée mais juste un sachet avec une bouteille d’eau et quelques douceurs. Je rejoins ma belle qui a bouclé son premier maratrail en 5h13, sacré perf’ pour une première et en plus, cerise, 2ème M2 !
Bières et knack pour fêter ça avant de rentrer contents. Maintenant focus marathon, il reste 3 semaines en mode relâchement/affûtage pour rêver un 3h15 … Wait and see.
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2 commentaires
Commentaire de poucet posté le 21-03-2024 à 18:22:44
Joli perf et un récit bien sympa. Bravo. J'étais au bord des sentiers avec mon épaule déglinguée protégé par une attelle. J'ai encouragé une casquette Kikourou, c'était toi ?
Commentaire de Zaille posté le 21-03-2024 à 19:55:46
Mais ouiiii, je me souviens de l'encouragement d'un kikoureur ! C'était bien moi avec la casquette rouge !! Incroyable !
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