Récit de la course : Neapolis Marathon Naples 2022, par marathon-Yann

L'auteur : marathon-Yann

La course : Neapolis Marathon Naples

Date : 23/10/2022

Lieu : Naples (Italie)

Affichage : 383 vues

Distance : 42.2km

Objectif : Pas d'objectif

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Pas d'autre récit pour cette course.

Voir Naples et mourir

C'était inévitable. Depuis plus de 10 ans, mon collègue de bureau napolitain me parlait de sa ville natale, de ses pizzas frittas, de la beauté de la baie de Naples et de son bleu incomparable. Depuis plus de 10 ans, je lui parlais de course à pied, le sport le plus stylé de l'univers. Pour la seconde édition du marathon de Naples, c'était inévitable que nous nous y retrouvions. 

Ce récit devrait donc être celui de cette bromance et de la visite de Naples, qui ne nous a pas déçu. Il pourrait contenir des anecdotes sur les rebondissements de notre voyage, avec un vol annulé la veille du départ et un chauffeur de taxi napolitain prêt à nous laisser à 3 km de notre hôtel pour gagner 5 minutes. Il devrait aussi être la description halletante de ma course, qui concluait une improbable série de 5 dossards consécutifs, comprenant le Paris Versailles, le Spartathlon (246 km), les 20 km de Paris et les 10 km de Paris Centre. Mais il sera un peu plus que tout cela. 

Car plus que mon 33eme marathon, ce week-end fut celui du premier semi-marathon de mon grand ado de fils, et j'ai presque vécu avec plus d'intensité sa course que la mienne. Et ce d'autant plus facilement que le parcours s'y prête parfaitement : une boucle de 21,1 k, à parcourir une fois pour lui, deux fois pour moi, avec un départ en commun et quelques aller retour pour se faire coucou. 

Chacun sa course, chacun son destin. Je ne veux pas rajouter au fiston le stress supplémentaire de courir sous le regard  paternel. Nous partirons chacun avec notre objectif : moins de 2h pour lui, près de 3h pour moi, au cas où l'euphorie des dernières courses l'emporte sur la fatigue accumulée.  

Départ de la plazza del Plebiscito, sous un beau soleil, ce dimanche matin. C'est en fait 3 courses qui partent en même temps : le marathon (400 participants), le semi (900 coureurs) et un 8 km. Mais l'avenue est large, et nous trouvons tout de suite notre place. Cette première partie est la plus jolie : un aller retour de 7 km le long de la mer. Nous passons au pied d'un stade de tennis construit pour un tournoi ATP 250 qui se joue en ce moment. J'ai lu que les joueurs se plaignaient de l'humidité qui rendait le cours glissant. Si notre macadam n'est pas glissant, je ne m'étonne qu'à moitié d'être en nage après à peine 2 km, le temps est vraiment lourd.  

Je récupère avec reconnaissance une bouteille d'eau au km 5, et la transmet à moitié pleine à mon fils que je croise une première fois juste après (il doit être au 4ème km). Je suis déjà rassuré : il est parti raisonnablement, collé à son meneur d'allure, et surtout il affiche un grand sourire.  

Si mon fils suit un meneur d'allure, j'en ai 4 à suivre, qui avancent de concert. Pourtant, je réalise très tôt qu'ils vont trop vite pour moi aujourd'hui, que ce soit à cause de la fatigue ou de l'humidité. Je prends le prétexte que l'un des 4 mousquetaires ralentisse pour rester avec lui et me mettre dans une allure plus confortable, dès le 9ème km. Voir Naples et mourir, ce ne sera pas pour aujourd'hui.

Nous empruntons ensuite une jetée, qui nous est ouverte pour l'occasion. 1,5 km vers le large, autant au retour, c'est sympa même si nous voyons peu la mer à cause d'un mur. Mais nous voyons en détail un immense ferry qui mouille sur le port, et surtout je croise une nouvelle fois mon fils, qui a toujours l'air très bien.  

Le troisième tronçon de cette première boucle (je ne sais pas si je suis clair) nous emmène pour un nouvel aller retour vers le Vesuve, toujours en ville . Sur une large avenue qui nous est réservée, nous courons sur la voie du tram pour éviter les pavés irréguliers. Je vois avec surprise un vénérable monsieur assi à un arrêt de tram, a t-il compris que la circulation était interrompue ce matin ? Ou alors c'est nous qui allons avoir une drôle de surprise ! Je croise aussi le regard noir d'un pompiste qui nous regarde, pourtant je n'y suis pour rien si la circulation est coupée ! Je vois pour ma part les meneurs d'allure s'éloigner, mais ce n'est pas un problème. J'ai décidé de profiter au maximum de cette course, pour cette probable dernière course de l'année, c'est presque les vacances. Je prends même le temps de m'arrêter pour boire tranquillement au ravitaillement du km 15, ce que je vais faire chaque fois maintenant.  

Demi-tour sous les fenêtres de la maison de mon ami, et retour vers la plazza del Plebiscito. L'occasion de croiser une troisième fois mon fils, toujours souriant, quelques centaines de mètres devant ses meneurs d'allure. Je suis définitivement rassuré.  

Dernier aller-retour en ville, puis retour vers la Plazza del Plebiscito. Un coureur me double en m'encourageant :"ultimo chilometro!". C'est gentil, mais il me reste une boucle à faire ! Je l'aborde avec curiosité : combien serons-nous ? La réponse est immédiate : peu. Sans vouloir divulgacher la suite de ce récit, je serai seul sur ce deuxième semi, le nombre de dépassements que je ferai ou que je subirai se comptant sur les doigts d'une main.  


Je considère que je n'ai qu'un semi à faire, remettant immédiatement les compteurs à 0. Deux km de fait ? C'est déjà 10 %! (et non 23/42, ça évolue plus vite comme ça). Je suis intrigué par les bornes kilométriques qui ont été installées pour nous : celles de la deuxième boucle (km 23, 24,...) sont placées 100 m après celles de la première boucle (km 2, 3,..), alors qu'elles devraient être situées avant, non ? C'est un détail, mais qui va m'occuper l'esprit sur toute la deuxième partie de cette course.  

Celle-ci passe vite. Non pas que j'avance très bien, mais les repères que je me suis fixés, la beauté du parcours, les silhouettes de Capri et du Vesuve qui se dessinent dans la brume, les châteaux, les ravitaillements où je continue de me poser, les souvenirs de la première boucle et des sourires de mon fils, sont autant d'objectifs intéressants que j'atteins régulièrement. Déjà le km 36, déjà le 37, plus que 4, c'est presque fini.   Je vois mon fils près de l'arrivée, un large sourire sur le visage et une lourde médaille autour du cou, légitimement fier de ses 1h54, puis ma fille et mon épouse, puis mon copain Giovanni et son épouse. Le speaker m'accueille :"et voici Yvan", puis il s'enflamme en voyant mon tee shirt de finisher du Spartathlon:  "Yvan qui a fini le Spartathlon, c'est un véritable athlète !" Je fini 25ème en 3:14, j'ai déjà fait mieux mais j'ai déjà fait pi(s). 


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