Récit de la course : Grands Trails d'Auvergne - 130 km 2022, par godas

L'auteur : godas

La course : Grands Trails d'Auvergne - 130 km

Date : 8/10/2022

Lieu : Aubusson D'Auvergne (Puy-de-Dôme)

Affichage : 1337 vues

Distance : 130km

Objectif : Objectif majeur

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Une belle balade

11 ans après avoir couru mon premier long trail (les templiers en 2011), je me suis lancé dans une nouvelle aventure : faire le 130 km du grand trail d’Auvergne (avec 4900m D+)
Nous nous étions motivés avec 2 copains du club pour faire cette course. Pour différentes raisons, ils ne se sont finalement pas inscrits, et j’ai décidé de quand même y aller, me retrouvant seul dans cette aventure.
Car c’est bien d’une aventure dont il s’agit pour moi, je pars un peu dans l’inconnu. Depuis que je cours, j’ai appris à appréhender les trails qui durent 4 à 5 heures. Temps de course que j’apprécie bien, qui permet de mixer une nécessité de gestion de l’effort pour pouvoir finir, mais qui permet également d’envoyer un peu et de se faire plaisir.
J’ai souvent eu du mal à gérer les courses plus longues, lié en particulier à des difficultés à gérer l’alimentation et le rythme de course.
Ma préparation s’est assez bien déroulée, même si je suis peut-être un peu moins à fond mentalement que pour certains autres gros objectifs de course que j’ai eu. J’ai peut-être un peu plus de distance que parfois avec mon objectif personnel (finir cette course correctement). Mais je suis prêt, je me suis préparé au mieux, j’ai pu tester mon matériel.
Je ne suis pas totalement serein avant de prendre le départ. Je n’ai jamais couru plus de 10 heures, et là je pars pour 18 ou 20h… Je me répète en boucle qu’il faut partir très très prudemment, marcher dans toutes les côtes, et surtout ne pas s’emballer à la mi-course, même si je me sens bien, car c’est souvent l’erreur que j’ai pu faire par le passé.

8 octobre 2022, 3h30, c’est parti…L’émotion du départ est là, je pars comme prévu prudemment, tout va bien pour l’instant.
Comment résumer les 17h42 qui vont suivre ??
Beaucoup d’émotions vont se succéder, des moments où je suis juste bien, heureux d’être ici et d’autres moments où je me demande ce que je fais là.

Des moments, où je remets en cause mon investissement important dans la course en terme d’énergie (temps passé à l’entraînement, contrainte que je fais peser sur ma famille, charge mentale…), pour un petit plaisir somme tout assez fortuit et égocentrique.
Et d’autres moments où à l’inverse je trouve plutôt beau tous ces efforts consentis gratuitement, pour en arriver là, à la fois presque rien, juste mettre un pied devant l’autre mais recommencer, toujours et encore, sans s’arrêter… L’être humain est capable d’une incroyable capacité d’adaptation, quand on y pense !!! C’est à la fois totalement dérisoire, et proprement inhumain…
Juste pour être là, profiter de la montagne, sentir la nature, se sentir vivant !!!

Des moments de doute, où l’on se dit qu’on n’y arrivera pas, qu’une nouvelle fois on s’est montré trop prétentieux, qu’on a manqué d’humilité.
Et des moments, à l’inverse de fierté intense. Je pense en particulier à la fin de course,après le 103ème km, lorsque l’on rattrape et double des coureurs du 78 km. Des coureurs déjà d’un bon niveau, qui vous encouragent et vous regardent avec des yeux admiratifs, un peu comme moi je regarde les extraterrestres du trail.

Des moments de solitude, comme lorsque je passe près de 3 heures sans voir aucune âme qui vive, dans un brouillard intense dans les pentes au dessus de Chalmazel, du 55 au 75 ème km, favorable à une introspection riche.
Des moments de partages avec les collègues coureurs, comme avec ce coureur expérimenté avec qui j’ai eu le plaisir de partager une bonne partie de la longue cote après le Brugeron (après le 86 ème km).
Un moment de partage particulier avec ma sœur, mon beau frère et leurs enfants, à la 2ème base de vie à la Renaudie (103ème km). Moment où je me suis senti étonnement bien, après un petit coup de mou.
Moment où j’ai pu me ravitailler très bien, avec de la soupe et des pâtes, après une période plus difficile au niveau alimentaire.
Des moments où le temps semble long, que l’horloge n’avance pas, qu’on aimerait bien être plus tard, et d’autres moments où l’on est surpris d’être déjà là, où l’on a pas vu le temps passer. Le rapport au temps est modifié, cela à quelque chose d’assez grisant !
Au final, 17h42, c’est presque peu pour vivre des émotions aussi variées.
Et, je n’oublie pas que ces 17h42 ne restent qu’un prétexte pour toutes ces longues sorties d’entraînement que j’ai pu faire, que ce soit en montagne ou autour de chez moi, seul ou accompagné des copains du club.

Je continuerai par un point de vue plus sportif, j’allais dire anecdotique, mais en fait, non, pas si anecdotique que cela, car au fond de moi je reste un compétiteur (ben oui, mais je me soigne...)
Je termine en 17h42mn46s, à la 10ème place. Très content donc. Globalement, j’ai suivi assez précisément mes temps de passage que j’avais établi pour chaque ravito.
Je passe en 15ème position au 1er pointage du 38ème km (4h55), jusque là tout va bien, j’ai le pied sur le frein et me force à marcher à chaque côte.
55ème km, 1ere base de vie, je rattrape 4 coureurs alors que je suis seul depuis une dizaine de km, pour l’instant, ça va. Une petite soupe au ravito et je repars assez vite, pour la partie la plus difficile du parcours, sur la station de ski de Chalmazel, avec quelques grosses côtes. Je fais alors 20 km seul, dans le brouillard, moment assez particulier, où je suis toujours bien. Un coureur me rattrape juste avant le ravito du 75ème km, au col du Béal. Je suis alors pointé à la 9ème place (9h49) J’éprouve le besoin de me ravitailler un peu plus longuement. Je repars pour 11 km de descente que j’effectue en un peu plus d’une heure.
Au ravito du 86ème km, je ne suis pas forcément au mieux, et j’appréhende les 600 m de D+ qui arrivent juste après. Je prend donc un peu de temps au ravito, ce qui permet à un coureur de me rejoindre. Au final, la côte se passe correctement, elle n’est pas trop raide, je la monte avec le collègue qui vient de me rattraper, en marchant d’un bon pas.
Au alentours du 98 ou 100ème km, j’ai un petit passage à vide, je n’arrive plus trop à manger et j’ai un petit moment de doute. Je laisse donc le collègue partir. J’arrive avec 8 mn de retard sur lui à la base de vie du 103 km (10ème en 13h55). Là, j’arrive à bien manger (soupe, pâte).
Je repars ainsi bien requinqué et je suis plutôt mieux sur la partie suivante. Au départ presque euphorique, puis la fatigue me rattrape petit à petit, mais je tiens le rythme. Les 2 derniers km sont pratiquement les plus plats du parcours, le long du lac d’Aubusson, je continue de courir, malgré la fatigue, je profite un max de ces derniers moments….
Je finis donc 10ème en 17h42mn, très heureux de cette course.

Ps : 2 jours après cette grande balade, alors que je me pose cette question inévitable : c’est quoi la  course suivante ? Vers quoi je m’oriente ? Encore plus long ou pas ? Je repense à cette citation de Glenn Gould affiché dans la salle d’équinoxe :
L'objectif de l'art n'est pas le déclenchement d'une sécrétion momentanée d'adrénaline, mais la construction, sur la durée d'une vie, d'un état d'émerveillement et de sérénité.
Et là, je me demande si je ne considère pas le trail de plus en plus comme de l’art ?

Vivement la suivante !!!

1 commentaire

Commentaire de centori posté le 10-10-2022 à 22:32:56

bravo belle course. J'étais sur le 74km qui en faisait 78km et finalement 80km. lol.

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