Communauté des sports d'endurance

 

Quel plaisir de reprendre un dossard et surtout de retrouver une ambiance festive autour de notre sport. Les espagnols savent y faire pour cela!

Première partie : Vielha - Bossost (57km - 3800m D+) : 12h20

Près de 1000 coureurs au départ de Vielha, grosse ambiance, je suis au fond du peloton, ne sachant pas trop comment cela allait partir.
Pendant les 10 premiers kilomètres, je remonte pas mal le peloton pour trouver les coureurs qui avancent à mon rythme.
Il fait très chaud et je transpire à grosses gouttes, un peu inattendue en cette fin de journée.
Ca commence par des sentiers assez agréables et rapidement on retrouve les premiers bouchons, le temps que cela se passe et on arrive au premier ravito assez sommaire.
La course se poursuit et je commence à avoir le sentiment de ne pas avancer, d'être plaqué au sol, le cardio qui s'envole. J'ai certainement manqué d'adaptation à l'altitude, je prend sur moi en me disant que ça ne commençait pas dans les meilleures conditions.
Le cadre est magnifique avec des côtes bien raides et une belle section sur des cretes. Ca poursuit par une longue descente assez technique ou l'on arrive au troisième ravitaillement avant que la nuit commence.
Le froid commence à bien se faire sentir, j'enfile une seconde couche et prend la frontale. Les sensations ne sont toujours pas là, l'idée de l'abandon commence à germer, je m'accroche, sans plaisir, pensant que ça allait passer...
On arrive au ravitaillement de Artiga de Lin (32km), point de départ d'une sacré montée, elle fut interminable, beaucoup de coureurs dormaient aux bords des chemins, peu engageant quand on manque de motivation!
La nuit se passe au mental, toujours sans plaisir avec les cuisses dures comme du bois, usés par ces montées et descentes bien raides et bien longues. Je m'accroche me disant que si je dois abandonner, je le ferai à la base de vie...
La course se poursuit et après le ravitaillement de Baretja (47km), mes jambes vont mieux je fais les dix derniers kilometres en courant, le moral remonte et j'arrive à la base de vie motivé, me félicitant de ne pas avoir laché.

Deuxième partie : Bossost - Beret (105km - 7500m D+) : 24h57

Le jour s'est levé, on traverse la seule section plate de la course pour relancer la machine et c'est parti pour une belle journée!
On traverse une joli partie boisée, on reprend des ascensions peu techniques sur des chemins, il fait beau, la cadre très agréable, dans des zones plutôt ombragées. Les ravito de Canejan (66km) & Sant Joan De Toran (72km) passent assez vite.
Le moral est excellent, les jambes sont là, tout va bien, bien que la chaleur commence à m'inquieter...
Après la ravitaillement de Sant Joan De Toran, une longue montée nous attend (1400m de D+ sur 10km), je fais connaissance avec Linda, avec qui je vais faire une bonne partie du parcours.
La montée se passe plus facilement en discutant, toujours dans des zones ombragées.
Cette ascension se poursuit sous le soleil sans ombre, il est 13h, on n'avance plus, la cote est raide, ça grimpe dur, on se rafraichit comme on peut avec le peu d'eau que l'on trouve sur ce parcours bien minéral.
Enfin, on en fini avec cette ascension! On arrive sur un plateau minéral, une immensité de pierre, le paysage est lunaire avec ces vestiges de mines de fer, ces rails menant nulle part, ces arches, on imagine facilement ces tunnels laissés à l'abandon.
On commence la descente et le décor change, les vestiges de vielles batisses de l'ère industriel se présentent à nous et on commence à découvrir les premiers lacs.
Cette chaleur devient pesante et je ne suis pas mécontent d'arriver au ravito! J'espérai pouvoir avoir un moment protégé du soleil mais le ravito du Pas Estret (86km) n'était composé que de 2 petits barnum ou l'ombre était rare et peu disponible!!!
Il nous reste plus qu'une ascension avant de rejoindre la seconde base de vie, elle se passe plutot bien, peu technique, on passe au col de Montoliou et direction Montgarri (100km) par une longue descente plutot sympa & joli.
La dernière section entre Montgarri et Beret se fait par un sentier plutot technique, dans des zones boisées plutot agréable.
Physiquement, j'ai souffert de ces chaleurs mais je me sens bien!

Troisième partie : Beret - Colomers (141km - 9250m D+) : 39h08

Après 1h30 de pause peu reposante, n'ayant pas réussi à dormir, nous repartons avec Linda direction Salardu (114km) descente boisée plutot tranquille pour repartir.
On reprend une ascension peu technique mais régulière et longue, mon cardio repart de plus belle, comme la nuit précédente...
Je n'arrive pas à le maitriser, je m'accroche jusqu'au ravitaillement de Bahns Tredos (126km).
On ne s'y arrete pas longtemps, le temps de se changer etant donné qu'il y faisait vraiment froid et on repart avec gants, bonnets, seconde couche, coupe-vent,... la totale.
On reprend l'ascension, je n'arrive plus à suivre Linda, dès qu'on repart, mon cardio s'emballe, ca ne va vraiment pas. On prend une pause pour essayer de dormir, sans succès pour moi, et on repart.
La suite ne s'arrangeant pas, je laisse partir Linda pour essayer de me reposer, toujour sans succès.
Ca devient particulièrement difficile, on rentre dans de gros pierriers, mon manque de lucidité commence à m'inquiéter, je n'avance plus et ça commence à devenir limite dangereux!
On poursuit par de l'escalade à la frontale, je n'en vois pas le bout! Le soleil commence à se lever et je fini l'ascension au Coth de Podo (135km) en 5h13 pour 9km!!!
Usé, fatigué, toujours sans avoir réussi à me reposer, je poursuis par cette descente technique, également interminable jusqu'à Colomers, la cadre est somptueux, aussi splendide que difficile.
J'arrive enfin à Colomers (141km), il ne me reste que 24km pour en finir!
Je prend un moment, refait le niveau de mes flasques et repart.
Il est 9h du matin, le parcours reprend par une ascension régulière. Il fait déjà une chaleur d'enfer!!!
Au bout de quelques mètres, je commence à m'interroger, suis-je capable de encore prendre sur moi, à me surpasser, à affronter cette chaleur alors qu'il n'est que 9h du matin?
Je me résigne, fait demi-tour et abandonne...
J'avai trop puisé en moi sur ces deux nuits pour affrontés ces derniers kilometres, il ne me manquait pas grand chose mais sur le moment cela m'a semblé le plus raisonnable! J'ai certainement manqué de lucidité par manque de sommeil.

Conclusion sur la course:
Le parcours est splendide, technique, très exigeant, sans aucun doute le plus difficile auquel j'ai participé.
L'ambiance, à l'espagnol, super sympa.
La logistique, trop légère à mon gout, le contenu des ravitaillements insuffisant en rapport avec les efforts fournis, les ravito sont peu adaptés à la récupération.
Un roadbook aura peut-etre permis de mieux appréhender les difficultés. Ca devrait être plus "simple" pour les prochains...

Conclusion sur ma course :
Le manque d'acclimatation, l'absence de sommeil ont certainement été les facteurs qui m'ont empéchés de finir cette course.
J'ai fait quelques erreurs comme l'autonomie de mon portable qui m'ont empeché d'avoir de petits réconforts ou d'attendre un ami sur la course pour finir ensemble,...
Cependant, je suis très content d'avoir pu reprendre un dossard et ce parcours était vraiment magnifique.
Sans regret, j'en garde de bons souvenirs bien que cela me rappelle qu'un Ultra, ce n'est pas à prendre à la légère!

Un bravo à Linda qui a fini cette course en 44h!!!

PS : 6 jours après cette course, je commence tout juste à aller un peu mieux, la probable intoxication alimentaire qu'il y ait eu ne m'a pas ratée... J'ose espérer qu'il y aura des enseignements de cette malheureuse péripétie.