Récit de la course : TOR30 Passage au Malatra 2019, par BouBou27

L'auteur : BouBou27

La course : TOR30 Passage au Malatra

Date : 14/9/2019

Lieu : Courmayeur (Italie)

Affichage : 1500 vues

Distance : 30km

Objectif : Se défoncer

2 commentaires

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Pas d'autre récit pour cette course.

Grazie Kikourou

Introduction


Au début de cette année, Kikourou a organisé des tirages au sort pour gagner des dossards pour de nombreux trails. Je m'inscris à celui du TOR qui propose 2 dossards: un pour le TOR DRET de 130km, petite soeur du vrai TOR de 330km, et un autre pour une nouvelle course de seulement 30km: Le passage à Malatra. J’ai cliqué un peu par hasard estimant peu probable de gagner. Je n’ai pas trop regardé si j’étais disponible à cette date là…


Le 23 Janvier, je reçois un mail comme quoi j’ai été repêché, celui ayant été tiré au sort ayant décliné l’invitation. Je passe vite un coup de téléphone à ma chérie, un autre à mes parents pour savoir s'ils pourraient garder mes filles, et 1h plus tard, c’est bon, la décision est prise d’aller faire ce 30km en Italie au pied du Mont Blanc.


Le TOR, j’en avais entendu parlé sur Kikourou bien sur, mais de loin, tellement cette course n’était même pas envisageable pour moi: 330km et 24000m de dénivelé (oui oui, 24km en vertical, à peu près la distance terre lune) à faire en 6 jours. Mais bon, voilà. Cela sera l’occasion de côtoyer ces monstres et voir de que c’est.


Mon programme de l’été devait être l’Echappée Belle 85km dans les Alpes fin Août, et avec Murielle, nous avions prévu un long week end de randonnées à Aiguebelle fin Mai pour voir un peu le terrain et me rassurer dans les longues montées qui n’existe pas en Normandie. 


Mais entre temps, j’ai aussi gagné un dossard pour la Montagn’hard 60km début Juillet. Cela fera donc 4 aller retour dans les Alpes entre fin Mai et mi Septembre.

L’été s’est très bien passé avec une Montagn’hard un peu raccourci (40km) pour cause de risque météo et une Echappée Belle 87km en 22h30. C’est donc sans inquiétude que je pars pour cette “petite” course en montagne.

Préparatifs


La seule inquiétude concerne le matériel obligatoire dont la liste est assez longue et calquée sur celle du TOR, l’éclairage et la batterie de secours pour le téléphone en moins.


Voici l’extrait du règlement:


MATÉRIEL OBLIGATOIRE
Matériel devant obligatoirement accompagner le concurrent tout au long du parcours

  • Verre ou autre récipient approprié pour boire aux points de ravitaillement

  • Téléphone portable (entrez les numéros de sécurité de l’organisation, ne masquez pas le numéro et n’oubliez pas de partir avec les batteries chargées).

  • Carte d’identité et carte européenne d’assurance maladie (ou similaire)

  • Deux couvertures de survie

  • Réserves de nourriture

  • Réserve d’eau (minimum 1,5 l) 

MATÉRIEL NÉCESSAIRE POUR AFFRONTER L’ÉPREUVE EN TOUTE SÉCURITÉ
Matériel que le concurrent peut décider d’emporter dans son sac à dos, par choix personnel ou par obligations de la Direction de course.

  • Catégorie de chaussures entre A2 et A5 (intermédiaires > trail).

  • Dispositif antidérapant (crampons) (ex : NORTEC, GRIVEL, CAMP)

  • Veste thermique avec capuche adaptée aux températures basses (même -15°)

  • Veste résistante à l’eau avec membrane imperméable respirante et coutures thermosoudées avec capuche

  • Pantalon ou collant de course (couvrant au moins le genou)

  • Pantalon long imperméable

  • Deuxième couche chaude : pull technique à manches longues, pantalon long

  • Bonnet couvrant les oreilles

  • Gants chauds et imperméables

  • Vêtements de rechange

  • Sifflet

  • Trousse d’automédication

  • Altimètre

  • Navigateur GPS avec tracés de l’itinéraire

  • Couteau

  • Corde

Cela me parait un poil disproportionné pour une course d’au maximum 8h pour les derniers, même si le passage au point culminant à Malatra peut être difficile par mauvais temps... 

J’envois un mail aux organisateurs pour leur demander et la réponse que je reçois est celle ci:

« le matériel répertorié dans la liste est recommandé pour traiter les aléas et les conditions météorologiques possibles qu'il peut rencontrer. Ce sera son choix de décider, après avoir consulté les prévisions météorologiques et connaissant ses capacités athlétiques, ce qu’il faut apporter. Exactement comme lors de la préparation de votre sac à dos pour votre entraînement.

Avant de partir, informez-vous des conditions de l'itinéraire et de l'heure prévue.»


Mais bon, moi, à l'entraînement, je suis au max à 147 mètres au dessus de la mer… alors dans le doute de ce qu’ils pourraient rendre obligatoire, j'achète des crampons, une doudoune (mais seule -5°C), un pantalon de pluie et une seconde couverture de survie.


Mais bon, tout cela ne rentre pas dans mon sac de 5L. Je prends donc un sac à dos de trail décathlon de 15L, qu’il me faudra de toute façon l’année prochaine (en théorie pour le programme planifié).

Et en plus, ca rentre:

Le sac pèse 2,743 kg, sans l’eau.

Avant course


Avec ma chérie, nous partons Jeudi matin de notre Normandie et arrivons sans encombre à notre logement situé à quelques kilomètres de Courmayeur. En fin d’après midi, nous y faisons un tour pour voir la ville et le site de l’arrivée en espérant voir des finishers arrivés. Malheureusement, nous sommes tombé sur une période creuse: pas d’arrivée entre 17 et 18h quand nous prenions un petit rafraîchissement au café juste en face la ligne. Mais nous avons tout de même croisé Luca Papi qui se promenait en famille (en poussant un déambulateur en forme de poussette… non, même pas vrai, il marchait parfaitement bien alors qu’il a fini son 480km le matin même...).


Le lendemain, nous décidons de faire une petite randonnée pour reconnaître la fin du parcours et croiser les “TORistes” (et pas touriste…) qui en terminent. Nous montons donc au refuge de Bertone et continuons un peu pour manger et ramasser des myrtilles. Nous croisons quelques coureurs que nous encourageons. Ils ont l’air globalement plutôt bien mais certains sont bien émoussé, dont un asiatique qui fait une pause 1km avant le refuge de Bertone.

 Nous aurons fait 18km et 1000m de D+ à un rythme très tranquille.

Une petite glace pour prendre des calories pour la course:


La course

Samedi matin nous partons pour Saint Rémi. Il faut tout de même 1h de route pour arriver au village ou la police nous gare un peu n’importe comment le long d’une petite route.


Au retrait des dossards, je demande le matériel obligatoire. On me répond qu’il n’y a pas de contrôle et que je prends ce que je veux… y a plus qu'à tout enlever du sac ! Le temps est au beau fixe avec un grand soleil et de la chaleur. J’enlève tout ce qu’il y a pour la pluie, mais garde les crampons et un haut manche longue au cas ou en altitude ca caille un peu.

Je me place au ⅓ du peloton pour pouvoir partir assez vite sans être bloqué. La musique du départ est lancé (pas terrible terrible la musique de Pirate des Caraïbes) et zou, c’est parti.

Cela part très vite autour de moi. L’impression de perdre beaucoup de places alors que je suis à 5’/km. Au premier virage, je vois Murielle mais elle ne me vois pas. Elle m’a pris en photo par hazard…:

PHOTO

On commence doucement à monter et nous continuons de courir. Je marche vite avec mes bâtons quand cela monte un peu plus pour relancer en courant quand la pente s'adoucit.

Il y a environ 1500m de dénivelé à monter pour être au col de Malatra, point culminant de la course à 12,5km de course. Mais il y a un ravitaillement au 10ème km à 2500m d’altitude.

Je monte bien, sans me mettre dans le rouge (peut être pas assez). Les sensations sont bonnes, mais mon coude droit est un peu douloureux et me limite pour bien pousser sur le bâton, dûe à une petite tendinite (je pense) suite à l’échappée belle 87km de fin Juillet.

Au fur et à mesure de la montée, les sommets apparaissent et je me demande par où nous allons passer, ne connaissant pas la topologie des lieux.

Au km 7,5 nous rejoignons une piste en faux plat montant ou il “faut” courir pour monter au Merdeux.

Le ravitaillement de Frassati est atteint au bout d’1h35. Nous le voyons qu’au dernier moment car il est situé sur un petit replat avec un petit lac juste devant. Je m’arrête juste le temps de picorer un peu et de remplir ma flasque vide (j’en ai 2). Il fait bien chaud (28°C à ma montre), même à cette altitude car nous sommes bien à découvert.

J’attaque la dernière partie de la montée. La végétation se fait de moins en moins présente au sol. Cela fait un moment qu’il n’y a déjà plus un arbre. Je remonte peu à peu quelques coureurs, mais de moins en moins souvent.

Je commence a ressentir l’altitude et le rythme diminue. Je vois enfin le passage de Malatra. C’est une petite fenêtre dans la crête. Au fur et à mesure que j’approche, j’entends les cloches de plus en plus fort: un petit groupe de spectateurs est monté pour mettre l’ambiance en encourageant les coureurs.

Une randonneuse me demande si je veux qu’elle me prenne en photo alors que j’en faisais du paysage:

La fin de la montée est très raide et se fait à l’aide de corde et d’échelle. Comme il y a un peu de monde un peu devant, je prends mon temps pour arriver au pied de cette dernière épreuve pour ne pas être bloqué.

Enfin, je suis en haut. Le paysage est magique sous ce très beau temps.

J’attaque la descente en essayant d’attaquer un peu. 

Le début est assez simple même si un faux pas peut être dangereux. 

Ensuite, il y a un peu plus de rocher. Nous devons descendre au refuge de Malatra avant de remonter un peu.

Je suis tout seul… J’ai l’impression d’aller assez vite, mais je ne rattrape personne alors qu’il y a bien du monde devant…

Un peu avant la fin de la descente, je ressens une gêne au talon droit. Je pense que c’est un petit caillou qui est entré et me dis que je l’enlèverai au ravitaillement. Je ralenti un peu le rythme pour le ménager. Je commence à dépasser les derniers du TOR 330/450.

Au ravitaillement, je mange 2 ou 3 trucs et nettoie ma chaussure, mais pas grand chose ne sort. Je repars, mais c’est pas mieux alors je m'arrête de nouveau. Un tout petit caillou sort d’un trou de la chaussure. C’est vrai que ma paire est vraiment morte après l’Echappée Belle. Je me suis dit que pour juste un 30km cela irait, mais c’était peut être une mauvaise idée…

Je repars après cette pause (j’en ai profité aussi pour une escale technique…) et me fait dépassé par une russe qui finira 2nd femme. Dans la montée, je la repasse (toujours le coude droit douloureux en poussé), mais elle me lâche définitivement dans la descente suivante.

Ma douleur au talon droit ne passe pas. Cela empire même, et même chose pour le gauche ! L’impression d’avoir deux grosses ampoules sous les talons… après 12km de courses !! Jamais eu ca ! Peut être un problème de chaussette: j’ai mis des chaussette decathlon avec 2 couches qui sont censés éviter les frottements. Mais c’est comme si j’avais une barre sous le talon, peut être une pliure de la chaussette…

Bref, ca fait mal…

En montée, ca va pas trop mal: j’avance sur l’avant du pied.

Sur le plat, c’est mieux en courant qu’en marchant, donc je cours.

Mais en descente, aie aie aie… pas facile de courir en descente sur l’avant du pied. Alors je me traine un peu en faisant attention ou je pose les talons.

Je commence à me faire dépasser. Pas beaucoup, mais quand même. Cela se voit que mon rythme a réduit.

Je dis un petit mot a chaque coureurs du TOR des géants passés (“bravo”, “great job”, …).

J’en profite pour discuter avec 2 coureurs français du 330. Alors faut pas trop que je me plaigne de mon petit bobo. Ces gars là sont des warriors… strappé de partout. Un me dit qu’il était bien placé avant de se blesser à 50km de l’arrivée, mais qu’il va finir…


Arrive le dernier ravitaillement au refuge de Bertone à 14h05 avant la dernière looooongue descente. Je refais le plein d’eau pour être sûr de ne pas manquer, j’envois un message à Murielle pour l’avertir que j’arrive (texto “Au refuge. Les talons HS”), et c’est reparti.

Aie. Je suis pas trop douillet, mais c’est pas facile.

Un train de 4 ou 5 coureurs me passent a fond. Grrrrr. Je me relance et réussi à emboîter le pas du dernier qui va moins vite que les autres. Mais je ne peux tenir ce rythme pendant très longtemps et lâche une dizaine de mètres. 

J’arrive à le rattraper et dans un virage à gauche, il s'arrête net ! Je crois comprendre qu’il a une crampe (il parlait italien). Moi de ce coté là, ca va. Aucun problème musculaire, respiration facile, coeur tranquille… juste les pieds sur de la braise.

Un autre italien me rattrape et on discute un peu (il parle français). Je lui explique la fin du parcours, reconnu la veille avec Murielle, mais c’est pas la peine: il m’explique qu’il est un local et que je suis dans son jardin (la chance qu’il a !).

On finit par arriver sur la piste avant de reprendre un peu les chemins, mais je sais que nous serons bientôt en ville.

Sur le bitume, j’arrive à courir un peu mieux dans la descente sans avoir à être concentré à 200% sur la pose de mes pieds.

Enfin le parc à descendre, puis nous arrivons sur la rue principale. Au bout c’est l’arrivée !

Je laisse partir mon italien pour passer seul la ligne.

Il y a de l'ambiance. Beaucoup de spectateurs. Je check quelques mains d’enfants. Je suis bien conscient qu’ils sont là pour encourager ceux qui sont dans la montagne depuis 6 jours, mais je profite tout de même de cette arrivée.

Murielle est là derrière la ligne à m’attendre pour le bisous.

Je fini en 4h41 à la 71ème place sur 402.

Après course


Nous revenons en fin d’après midi pour assister à l’arrivé des derniers. Il y a beaucoup de spectateurs et d’émotions pour ceux qui arrivent au bout de ce très long voyage. Cela me fait dresser les poils...


Il nous faudra un petit spritz pris en face la ligne d’arrivée pendant qu’elle est démontée pour nous remettre de nos émotions ;)


Conclusion

Ce fut un très beau week end. Merci à Kikourou et à VDA trailers de m’avoir offert ce dossard. Ma course n’aura été qu’un détail dans ce voyage. Cela a surtout été l’ambiance d’une ville toute au couleur du TOR, les paysages somptueux et les italiens très sympa (sauf le serveur du refuge de Bertone...).

Et nous revenons, ma compagne et moi avec une petite graine dans la tête: Nous reviendrons très probablement l’année prochaine pour que ce soit elle qui fasse le 30km. Et pour moi, le vrai TOR dans un coin de la tête pour un jour peut être.


Encore merci a Kikourou et à VDA Trailers pour le dossard !

2 commentaires

Commentaire de Benman posté le 11-10-2019 à 23:07:38

Eh eh, le petit grain est là...
Bravo pour ta belle perf qui parachève cette saison de montagne magnifique. Et le Malatra.... ralalaaaa

Commentaire de BouBou27 posté le 16-10-2019 à 08:17:36

Merci Benoit !
Oui, le Malabar sous le soleil, c'est magique

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