L'auteur : EMN75
La course : Trail Aquaterra - L'EDFi des Lacs - 110 km
Date : 7/7/2018
Lieu : Bort Les Orgues (Corrèze)
Affichage : 2618 vues
Distance : 110km
Objectif : Pas d'objectif
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Une fois n’est pas coutume, je vais prendre le temps cette fois de noter sur papier les quelques images que j’ai encore en tête et partager avec vous cette longue épopée (clin d’œil pour Aziz qui se reconnaîtra)
Au début, comme souvent, cela commence par un hasard. Et le ‘besoin’ d’avoir des points pour l’UTMB. Pas très glamour ce choix d’ultra... Confortablement installé dans le canapé, je clique donc à droite et à gauche pour trouver une course qui coche les critères (5 points, pas trop tôt après les triathlons, pas trop tard avant l’Echappée belle où je me suis laissé entraîner par mon ami Najim, ni trop loin de Paris, ni trop dur,...). Bref ce sera finalement l’Aquaterra, au moins le nom de cette course est beau, à défaut d’être connu (en tout cas de moi).
Sur le papier, c’est un ultra de 110k et 4500m D+. Le départ a lieu à minuit dans la nuit de samedi à dimanche à Bort-les-Orgues au milieu de la France en haute Corrèze, coincé entre l’Auvergne et le Limousin. Les plus grandes villes à proximité se nomment Tulle, Aurillac ou Clermont, elles sont à près de 2h par car - Et oui il n’y a plus de train ici. C’est cela aussi que j’aime dans le trail : découvrir des territoires riches en histoire, gâtés par la nature et pourtant souvent oubliés et loin de tout. Il y a eu Millau et de ses causses abruptes, St Geniez d’Olt dans l’Aubrac et ses paysages battus par le vent, le Perréon dans les Vignobles des coteaux du beaujolais. Je me demande ce que je vais découvrir ici… Selon les dépliants il y a un barrage construit dans les années 50, les récits sur Kikourou et vidéos YouTube sont à la fois rares et ne t’incitent pas vraiment à te lancer dans l’aventure...
Finalement, me voilà donc 2 mois plus tard à Bort les Orgues. “Extremis finibus Lemovicensium et Arvernorum" (aux confins des territoires limousin et arverne) - devise de la ville.
Je viens de récupérer mon dossard, c’est une toute petite organisation, familiale, très sympathique, gentille et humble comme je le découvrirai à chacun de mes ravitaillements. Nous sommes tout juste 90 sur cet ultra ! C’est intime, je serai d’ailleurs la plupart du temps seul sur le chemin. Nous croiserons juste sur la dernière partie du parcours des coureurs engagés sur d’autres distances, il y a en effet pour tous les goûts ici : 5 trails de 5 à 110km avec des parcours communs, 2 swimrun, et 3 randos dont certaines à cheval !
J’ai réservé une chambre dans un petit hôtel à proximité de la gare routière, pour me reposer avant la course. Je vérifie tout mon matériel, enlève mes vêtements de pluie et froid - pas besoin ce WE :-), et organise le sac selon mes petites habitudes (nourriture poche droite, petit matériel poche gauche, nourriture en accès rapide poche devant dont des noix de pécan pour cette fois, etc). Je regarde une dernière fois le parcours, c’est schématiquement 2 boucles : une première de nuit dans la campagne et la forêt avant de revenir vers le lac à mi-parcours avec comme « base de vie » le château de Thynières où on pourra récupérer un sac de délestage, puis une seconde boucle qui fait le tour du lac d’abord sur la rive droite puis sur la gauche. Deux moitiés très différentes pour un même trail...
J’essaye ensuite de faire la sieste, et m’interromps juste pour le dîner. Je me laisse entraîner par des tagliatelles poulet sauce fermière, je résiste héroïquement à l’appel d’une bière et même à l’attaque d’un panaché mais pas à celui d’un café gourmand qui est juste extrêmement gourmand - on est pas à Paris ici. Il me faudra bien les quelques heures qui me séparent du départ pour digérer tout cela...
Sur un ultra-trail - à part peut-être pour les élites - la question n’est pas de savoir le temps qu’on va mettre, mais plutôt si tu seras finisher ou pas. Malgré l’entraînement, tu ne sais jamais ce qui se passera en course et si tu franchiras la ligne ! Et c’est justement cette incertitude qui est le sel de cette aventure.
Nous venons d’écouter les traditionnelles consignes de sécurité, explications du balisage et point météo. La directrice de course profite de ce moment d’attention pour nous rappeler l’origine de cette course. Pour faire court, 70 ans après la construction du barrage, une bande d’amoureux de la région a voulu réunir de nouveau 3 villages engloutis par les eaux avec des sentiers tracés en pleine nature. C’est beau, et le parcours sera donc sauvage et technique. Le décor est planté !
Il est bientôt minuit, nous sommes à présent sur le pont qui enjambe la Dordogne au centre de la ville, la frontale éteinte sur le front. Je profite de ce moment de calme avant la tempête et m’inonde de pensées positives. Je crois que j’aime bien en fait les départs de nuit.
Ça y est, le compte à rebours est lancé. 10 secondes. Nous allumons les frontales. 5 secondes. Une grande respiration. 1 seconde le départ est donné ! Nous devenons très vite une petite chaîne de points lumineux qui s’étire sur la route puis dans la forêt, la nuit est percée par le halo des frontales. Le chemin ondule et serpente à travers bois, nous suivons tantôt des sentiers coincés entre 2 murs de vieilles pierres recouvertes de mousse et des passages fraîchement dégagés sous une voute de feuillage, nous longeons un tronçon de ligne de chemin de fer qui ne doit plus conduire nulle part, nous passons des rivières que nous entendons plus que nous voyons. Comme un jeu de piste, le chemin se découvre au dernier moment éclairé par les frontales à la recherche des balises. J’ai l’impression d’être dans un grand 8 où je vire tantôt à gauche à droite en haut en bas, tout en suivant les quelques coureurs devant moi ou ouvrant le chemin au grès des relais improvisés. Les sensations sont bonnes, le cardio - seul point de repère ici- est stable à 140. Tout est noir autour, le temps passe nonchalamment, mon esprit s’envole.
Après un ravitaillement, nous croisons soudain plus loin dans la forêt un groupe d’une dizaine d’anciens 68ard, en pleine « rave party » rythmée par un accordéon qui nous encourage chaleureusement. L’ambiance est incroyablement joyeuse, j’ai presque envie de m’arrêter et de danser moi aussi avec eux. Quelques mètres plus loin trône fièrement une pancarte « ici, un monde imaginaire ».
Plus loin, nous sortons de la forêt pour des passages à travers champs, je suis seul à présent et j’éteins ma frontale quelques instants pour profiter de cette nuit noire parsemée d’étoiles. Pas de pollution lumineuse ici, Cassiopée est juste au-dessus de moi, la grande Ourse sur la gauche, partout des constellations dont j’ignore le nom, et à l’horizon à droite un point orange plus gros que les autres étoiles, c’est une planète, Mars ou Vénus ? La lune, elle, se lève juste et apparaît par intermittence selon le relief et entre les arbres de ces plateaux de la Haute Corrèze. De couleur rousse, elle blanchit avec son ascension.
Il est maintenant 4h, encore 2h avant le lever du soleil. Je garde le regard concentrés sur le chemin pour éviter les racines et les pierres. Le risque ici, c’est de chuter ou me faire une entorse, mon pied droit part d’ailleurs à 1 ou 2 reprises sans conséquence heureusement. Je dépense beaucoup d’énergie à lire le sol et vérifier mes appuis. Je me perds aussi en loupant une balise indiquant un petit chemin à gauche et j’en suis quitte pour un aller-retour. Nous traversons plusieurs rivières à l’aide de petits ponts improvisés et parfois juste d’une corde tirée entre 2 arbres sur les rives. C’est ludique, certes, mais on sort de ces gués les pieds trempés 😅 !!
Enfin le ciel s’éclaircit : il est 5h et l’aube arrive. Je viens de passer la barrière des 40 kilomètres, la distance d’un marathon. Je ne sais pourquoi mais je pense alors à la chèvre de Mr Seguin : après avoir lutté toute la nuit, je vois moi aussi le jour se profiler. Pas de loup ici pour me manger, seules la fatigue et la lassitude qui commencent à arriver. La frontale est toujours utile même si le paysage se découvre enfin. Le temps est frais. Alors que nous étions plongés jusqu’à présent dans un silence absolu, la nature se réveille et les oiseaux se lancent dans des concertos ininterrompus. Au loin j’entends un coq chanter et un chien aboyer. Nous sommes conscients avec les quelques coureurs que je croise, de vivre un moment magique.
Arrivé au 3ème ravitaillement je suis un peu déçu de ne pas avoir de café pour ce début de journée. Il faudrait patienter encore quelques kms et arriver au château qui marque le début de la seconde partie de ce trail.
Le lac se découvre enfin entre 2 arbres au loin. Le chemin oblique vers les rives et nous faisons un bout de parcours commun avec le tracé du Swimrun. Les eaux du lac me donnent envie de plonger dedans, et le sable qui rentre dans les chaussures celui d’arriver fissa au château ! En fait, contrairement au rescapé château de Val qui se tient encore fièrement debout flanqué de ses 4 tours en bord de lac, le château de Thynières n’est plus qu’un tas de ruine. Pas d’électricité ici, pas de café non plus. Je profite de cet arrêt pour me changer et soigner des ampoules naissantes - mauvais signe... La première féminine arrive juste après moi mais ne s’attarde pas. Avec 3 autres coureurs nous ferons un petit groupe se doublant les uns les autres tout au long de cette deuxième partie du parcours. C’est presque aussi roulant que le début avec de nombreux enchaînements de côtes que nous marchons et de descentes agréables à courir où nous pouvons relancer en souplesse.
Arrivé au ravitaillement de la Grange Haute, on m’annonce 13e je suis surpris et me demande si je ne suis pas allé trop vite sur cette affaire. Il reste encore 15 km avant de passer sur la rive Ouest. Je me rappelle du briefing d’avant course où on nous avait averti de la difficulté du dernier tiers. À ce stade j’ai du mal encore à imaginer...
Le chemin suit le tracé du lac tantôt à mi pente, tantôt au ras ou un peu à l’intérieur des terres, c’est un vrai travail de dentelle qui use petit à petit l’organisme. Il est bientôt midi et je viens de me manger une montée particulièrement sévère, je commence à être dans le dur, heureusement un nouveau ravito se profile (il y en a vraiment beaucoup, quasiment tous les 8 à 10k !). Et ils ont ici des chips gaufre 😋, c’est encore meilleur que les tucs, je m’assoie sur le banc et m’imagine avec une bière pour accompagner mon festin. Je devais avoir une drôle de tête béate car je me fais chambrer par un des coureurs...
Quelques kms plus loin nous arrivons enfin au pont d’Arpiat qui nous fait passer la Dordogne d’une rive à l’autre. Le côté ouest est réputé être beaucoup plus sauvage et technique. Juste après le pont, le chemin pique en effet sans scrupule droit dans la pente. Je sors mes bâtons. Comme le km30 d’un marathon, c’est ici que le trail commence.
Il est midi passé et tout est monté d’un cran : la chaleur (bien que le chemin soit en grande partie à l’ombre heureusement), la difficulté du terrain (pentes courtes mais très sèches, sol instable et en dévers toujours du même côté ce qui est une souffrance pour des ampoules déjà bien marquées) et mon niveau de fatigue. Je confond en plus la position des ravitaillements. Alors que je pensais arriver à Port Dieu, avant dernier point de passage, j’apprends que je dois encore passer Monestier Port Dieu avant le dernier ravito et barrière horaire - bref comme souvent on a des mauvaises surprises avec les kilometres en trail...
La chaleur nous accable au moindre passage découvert et l’odeur de la terre chaude envahit nos narines. J’ai l’impression d’avoir un corps en surchauffe, je me force à m’hydrater et à m’arroser. Le paysage m’aide à tenir et à avancer même si l’eau du lac et les quelques baigneurs en contrebas me donnent une furieuse envie de me jeter moi aussi. Et de dormir. Alors que j’entends un bruit de sono sur ma gauche et que je pensais enfin arriver à ce satané Monestier Port Dieu, le chemin oblique à droite et remonte dans les terres, cruelle désillusion sur le coup. En fait c’était bien la bifurcation pour atteindre le ravito, plus de peur que de mal.
Ce ravito passé, je suis maintenant en « mode survie », j’avance doucement pour m’économiser et réussir à boucler le grand tour, ce qui me semble bien incertain... ce doit être dur pour tout le monde je pense. Je me fais doubler par des coureurs du 40 et 70km, mais peu du 110k. Une féminine me passe et m’encourage gentiment, ses jambes sont raides comme 2 bouts de bois et elle court comme un robot, mais au moins elle trottine, moi je n’arrive plus à courir. Je ne la reverrai qu’à l’arrivée cette fois. Mes quadriceps sont douloureux et refusent tout effort additionnel. Je me force à avancer et pense à tous ceux aussi qui en ont bavé avant moi, aux nombreux témoignages de courage dans la difficulté - Laurent, Ele, Oscar, Cyprien, Aziz , Marco et tant d’autres sur leurs courses respectives…
Ma montre égrène doucement les kilomètres, sa batterie faiblit tout comme la mienne. Elle va bientôt s’éteindre. J’entends qu’il y a beaucoup d’abandons cette année (en fait moins de 30% j’apprendrai à la fin). Heureusement Outreval est en vue ! C’est la dernière barrière horaire et je suis 3h en avance, sauf incident, je vais aller au bout ! je suis soulagé et le moral remonte. Je dois toutefois avoir une toute petite tête et la bénévole à la buvette me dit qu’il ne faut pas pousser ses limites (bon c’est vrai avec le recul, je me rappelle que mes propos n’étaient certainement pas les plus intelligibles de la journée). Je me dis au contraire que c’est justement pour cela que nous sommes là : pour le plaisir certes et aussi pour repousser nos limites, pour aller chercher au fond de soi et progresser : Citius, Altius, Fortius ! Sur cette pensée héroïque, je pars d’un pas décidé faire une sieste à l’ombre pour récupérer avant les 12k restants...
Je repars avec un coureur mal en point qui prend la mauvaise direction pour commencer puis se met à délirer sur l’air de 10k à pieds, un bâton de berger ramassé dans les sous bois à la main 🤪 je l’abandonne assez vite et le reverrai par la suite à l’arrivée, il aura tenu bon malgré le manque de lucidité et la fatigue, bravo à lui !
Le reste de la course se fera au rythme de la marche rapide d’un escargot. J’ai décidé de prendre mon temps et en profite pour me rappeler cette journée et cette nuit magnifique 🤩 J’essaye aussi de me projeter fin août. Je ne me vois pas vraiment prendre le départ au vu de ma fin de course compliquée aujourd’hui... petit à petit le temps passe et je checke les uns après les autres les points de passage de ce dernier tronçon : la fin du chemin escarpé le long du lac, le ravito dans les champs à Sauliac, la montée au château de Pierrefitte, le chemin de traverse en forêt qui débouche sur une vue panoramique du lac et de son barrage - enfin je le vois ! - puis la dernière descente vers Bort les Orgues.
Alors que les panneaux fleurissaient dès le 6km pour annoncer l’arrivée, je ne réalise en fait que lorsque je verrai celui indiquant 1800m que « ça y est je l’ai fait ! ». Je me rappelle du récit de mon ami Laurent et de son arrivée à l’Ironman de Nice. Il y racontait la puissance de l’émotion des derniers mètres. Ces sentiments là sont universels et puissants en effet, je dois ressentir à peu près la même chose, l’émotion monte au fond de moi. Les 2 derniers kilomètres ne sont qu’une descente que mes jambes dévalent. Je prends de la vitesse. La gravité m’entraîne, je quitte cette nature et ce monde imaginaire pour retomber dans la civilisation. Je croise de plus en plus de personnes , qui m’encouragent. Le cœur chargé d’émotions, la joie d’arriver ici, après ces efforts, ces moments de doute mais aussi d’intenses connexions. La route bifurque soudain sur la gauche et, devant moi, m’attend cette arche que j’avais quittée 19h plus tôt.
Post course
Après avoir souffert tel un phoque sur la banquise, je suis parvenu à descendre les 2 étages sans ascenseur de l’hôtel pour prendre le petit déjeuner. Les jambes sont raides, les pieds encore douloureux à cause des ampoules mais je suis toujours sur un petit nuage. Je lis les différents messages reçus, ça fait chaud au cœur. Je repense à l’arrivée hier soir et la joie de ces derniers mètres.. Et puis aussi du dîner post course charcuterie locale, jambonneau sauce madère et truffade, mais surtout une bière bien fraîche ! De nombreux coureurs sont arrivés tout au long de la soirée, le sourire aux lèvres et les traits tirés. Il me restera à ranger mes affaires, refaire mon sac et rentrer à Paris… mais là pour le moment, je profite enfin de mon café...
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Je remercie mes valeureux lecteurs qui sont arrivés jusqu’ici 😉 Cette histoire est aussi longue qu’a été mon trajet de retour par car et train intercités ! J’avais envie de partager avec vous les bons et moins bons moments de cet ultra, en espérant que cela rappellera de bons souvenirs à mes amis traiteurs et donnera aux autres envie de se lancer.
Pour celles et ceux qui hésitent encore, quelques raisons subjectives pour sauter le pas (il n’y a pas que les 5 points UTMB dans la vie ! ;-) :
• La gentillesse des bénévoles, leur patience et attention sur tous les ravitaillements ! Un grand merci à eux
• Des paysages sauvages, en particulier la rive ouest avec vue sur le château de Val, les parcours sont techniques, roulants et variés (sentier, montraces forêts, champs à vache, très peu de portions goudronnées mais elles font du bien pour se reposer)
• Des ravitos simples mais terriblement efficaces : fruits secs, orange, pain d’épice, chocolat noir, tucs, bananes. Mention spéciale pour les morceaux de pastèque (tellement rafraîchissants !) et les « chips gaufre »
• Un balisage très précis, on ne peut quasiment pas se perde
• Le format des courses : il y en a vraiment pour tous les goûts et les niveaux (il y a même des randonnées à cheval)
• L’envie de revenir après pour participer à une autre course (pourquoi pas le swimrun ?)
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1 commentaire
Commentaire de tricky posté le 13-07-2018 à 14:36:47
Très beau récit, très bien écrit ! Très belle course également ! :-)
C'est tellement bien écrit que l'on sent à peine la souffrance ! ;-)
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