L'auteur : QuentinDRDC
La course : Max'Trail - 16.5 km
Date : 27/5/2018
Lieu : St Jean De Soudain (Isère)
Affichage : 645 vues
Distance : 16.5km
Objectif : Terminer
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Pas d'autre récit pour cette course.
Dimanche 27 mai, 11h15.
Je ne sais pas depuis combien de temps je marche, mais ce que je sais, c'est que je suis sur une route plate, que je viens de quitter un faux plat descendant que j'ai également marché, que je suis à 1km de l'arrivée, et que je ne vais pas bien du tout.
J'ai des débuts de vertige, des picotements dans les mains, et je commence à évaluer mes meilleures options entre m'asseoir pour faire une pause et continuer à marcher en ralentissant le rythme pour rejoindre l'arrivée.
Personne en vue. Si je m'arrête, il y a un risque que je ne reparte pas. Je n'ai aucune idée de l'avance que j'ai sur le serre-file. Je préfère pas rester seul au bord du chemin, donc je choisis la marche lente.
C'est à ce moment là que je reçois un coup de file de ma femme:
"Mais t'es où?
- environ 1km de l'arrivée, mais je suis à bout, je finis en marchant
- on viens d'arriver au stade avec les filles, par où tu arrives
- du côté du collège des Dauphins
- OK je les récupère au stand où elles sont et je te les envoie
- cool!"
C'était une surprise. Je m'attendais à moitié à ce que ma fille ainée vienne voir l'arrivée, raison pour laquelle j'avais envoyé un texto à 5km de l'arrivée, mais pas à ce que toute la famille vienne.
D'un coup ça va un peu mieux. Par sécurité, je continue à marcher, mais le coeur y est un peu plus. Quand mes filles me rejoignent 500m plus loin, je me sens de nouveau capable de trotinner avec elles.
J'en viens même à aller trop vite pour la plus petite... mais pas pour la grande qui arrive à me suivre en prenant sa soeur sur le dos. Autant pour ma fierté.
A 50m de l'arrivée, je ralentis un peu pour qu'on puisse passerla ligne ensemble, en tenant une fille dans chaque main, devant le regard à moitié amusé des quelques uns qui sont resté près de la ligne à cette heure tardive.
Non, malgré le paragraphe ci-dessus, il n'y a (presque) pas d'erreur dans la fiche de la course. Le Max Trail de La Tour du Pin ne fait pas 165km ni 5000m de dénivelé, mais bien officiellement 16,5km et 480d+.
Bon, le parcours affiché au mur lors de la remise des dossards était à 16,9km et 477d+, à quoi se rajoutent un peu plus de 500m d'un détour de dernière minute pour éviter une zone de travaux. Ah et puis le départ était à 9:00 et pas 9:30
Alors comment on fait pour en arriver là sur une course aussi courte?
Recette pour se prendre un mur:
Idéalement, débutez à presque 40ans en n'ayant pas fait d'autre sport d'endurence qu'un peu de rando à pied, en raquettes/snowboard et en splitboard, à rythme très irrégulier depuis un bon paquet d'année.
Ajoutez une bonne dose d'hygiène de vie un peu douteuse.
Environ 1 an avant de servir, lancez vous sur votre premier trail découverte de 10km, histoire de souffrir un peu, mais d'y prendre goût.
Commencez un entrainement de débutant (une à deux séances par semaine, avec montée en charge très progressive).
A l'automne, inscrivez vous à quelques courses, en montant très progressivement les distances.
Idéalement, débrouillez vous pour faire un temps inespéré lors de la dernière course de l'automne (14km; 150d+), en arrivant pas trop fatigué.
L'hiver, poursuivez un entrainement allégé, en remplaçant quelques séances par des rando en splitboard, ou des sorties familiales à rythme très léger.
Au début du printemps, acceptez la proposition d'un pote que vous pensez bien plus fort que vous (s'il vous a mis 15 minutes sur votre premier 10km, c'est bien) de faire la course du village d'à côté (11km; 250d+) le lendemain alors que vous avez une grosse soirée planifiée entre temps.
Le jour de cette première course du printemps, avec peu de participants, démarrez tranquille avant de vous rendre compte que vous collez facilement au rythme du milieu du pack. Pire, accélérez un peu et finissez dans le premier tiers, en battant le pote plus fort et en vous payant le luxe de faire à fond le dernier petit bout de montée avant l'arrivée.
Surtout ne vous reposez pas après ça, mais profitez de la semaine de vacances qui suit pour vous faire votre plus grosse semaine d'entrainement. Avec des sorties trop longues, sinon c'est pas drôle. Mais en rythme endurance fondamentale par contre, parce que sur Kikourou ils disent que c'est bien et sans risque de faire de l'endurance fondamentale.
En plus comme ça, vous pouvez faire des trucs plus longs que votre prochaine course en 2h10, et sans avoir l'impression de vous fatiguer.
En revenant de votre semaine de congé, faites donc un trail découverte de 14km 380d+ avec 850 partants. Ca vous donnera l'occasion de faire toute la première montée en alternant marche trop lente quand c'est bouché et course trop rapide quand il y a une ouverture pour doubler. Faites les premières descentes à fond, et soyez super fier de vous parce que ceux que vous avez laissé sur place dans la descente ne vous reprennent pas dans la montée suivante.
Et surtout, surtout, ne vous inquiétez pas du tout que les sensations n'aient pas été bonne sur les 4-5 derniers km. Après tout, vous avez mis un gros écart au pote déjà mentionné, alors c'est que tout va bien, non?
Là, il est temps d'allonger encore un peu les sorties longues. Afin d'être sûr de soi, on prendra soin d'effectuer la dernière sortie longue avec une paire de chaussure toute neuve, bien sûr d'un modèle très différent de ce à quoi on est habitué. Mais après tout, puisque le drop est le même au mm près, que la foulée est dite "universelle" ce qui est pile poil ce que vous utilisez d'habitude et qu'en plus c'est la même marque, y'a pas de raison de s'inquiéter. Lors de cette dernière sortie longue, malgré des sensations de gène légère au genou droit dès le 5ème km, surtout ne vous arrêtez pas et continuez à vous éloigner de votre domicile. L'idéal est que la douleur commence à apparaître à 10km de chez vous.
Rentrez comme vous pouvez. Quand une fois refroidi vous n'êtes plus capable de descendre un escalier, prenez un doliprane. Avec un peu de chance, la douleur va passer.
Comme vous pouvez marcher normalement le soir même, dites-vous que vous prendrez un doliprane préventif le matin de la course et n'annulez pas votre inscription. Par contre, gardez une part de doute toute la semaine, c'est mieux pour bien réussir son mur.
Le matin de la course, dites vous que non, vous ne prendrez pas le départ d'une course en étant droggué, et renoncez au doliprane.
Commencez par rejoindre le départ à pied, histoire de "vérifier les sensations". Comme la gène est là mais pas la douleur et que la gène disparait en marchant ou en trotinant, dites vous qu'on verra bien.
A ce stade, normalement tout est réuni pour que la course ne se passe pas très bien. Voilà comment ça s'est passé pour moi:
Départ prudent voir très prudent. Au km 1, je commence à trouver une foulée qui va bien, sans problème de genou, en avançant bien. Je suis pas certain de tenir ce niveau d'effort 2h, mais après tout, j'ai prévu d'y aller facile sur d'autres sections.
km2,5: on attaque le détour. Chemin très irrégulier, herbeux où on ne voit pas trop où on mets les pieds. Je vais lentement, mais avec une cadence de pas élevée. La gène apparait instantannément. Je me fais repasser par tous ceux que j'ai doublé ou presque.
On retourne sur le goudron, en faux plat montant. Ca va mieux sur le genou, j'oublie un peu la prudence et je reprends ceux qui m'ont doublé.
On arrive dans la première montée sérieuse. J'essaie de gérer un peu conformément à mon plan, mais j'ai du mal à accepter de me faire distancer. Peut-être monté trop vite sur celle-là.
Sans transition on bascule sur la première grosse descente. J'arrive à préserver le genou, mais la douleur n'est pas si loin. Je suis sur les freins. Je n'avance pas et je fusille les quadriceps en plus!
Au bas de la descente, je suis même content d'attaquer la seconde montée. Je suis dans le rythme d'un petit groupe, on passe un gars qui en est déjà à marcher au ralenti.
Petit faux plat descendant de courte durée. Enfin je peux courir sans trop freiner, mais la suite est une montée bien teigneuse. Je propose à ceux qui me suivent de me doubler avant d'attaquer le single track, mais personne n'a envie de courir là-dedans.
Je tente de recoller à la concurrente qui est quelques mètres devant moi. Pas bonne idée.
Au sommet, c'est ravito. Et là je fais n'importe quoi. Je bouffe ce qui me tombe sous la main (amandes, banane, chocolat...). Je repars sans motivation avec un gars, que je ne suis pas. Le genou n'a pas aimé l'arret, l'estomac sans menacer de tout renvoyé me fait clairement comprendre qu'il ne fera pas descendre ce que j'ai ingurgité. Même l'eau a du mal à passer à présent.
La suite est une longue succession de plat puis de faux plat descendant roulant - dans lequel toute tentative d'accélération relance la douleur au genou - puis un faux plat montant largement courable, que je marche pourtant. Le gars que j'avais en point de mire n'est plus qu'un souvenir.
J'arrive sur un dernier faux-plat montant sur route. Je marche. La concurrente que j'avais doublée au ravito me passe. Même pas la motivation pour tenter de m'accrocher, d'autant que je sais qu'on arrive sur la seconde grosse descente du parcours et que je vais en chier.
J'arrive à contenir la douleur du genou, mais au prix d'encore un fusillage de quadriceps. Au second ravito, je tente le demi-gobelet de coca. Sans changement.
J'ai vraiment l'impression que tout est resté dans l'estomac depuis le premier ravito. Il est 10h40. J'envoie le texto promis pour ma fille ainée, et je repars sans grande conviction. Le mental ne va pas très bien. Finalement, c'est dans les grosses montées marchées que je me sens le mieux. Là au moins le fait de marcher "normalement" me permet d'être au même rythme à peu près que ceux qui sont autour de moi. Mais dès que c'est plus courable, soit je marche, soit je trotinne sans conviction.
La conviction et l'énergie s'étiolent de plus en plus à partir de là, ce qui nous ramène au premier paragraphe.
Bon, c'est quand même une belle course bien organisée, avec un parcours sympa, des bénévoles charmants et une ambiance entre coureurs tout à fait détendue.
D'ailleurs, il est fort probable que j'y revienne l'an prochain... histoire de faire un peu mieux que cette année. Par exemple en me fixant comme objectif de mettre moins de 45 minutes pour les 4 ou 5 derniers km...
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1 commentaire
Commentaire de novass396 posté le 07-06-2018 à 11:08:15
Chapeau en tout cas ; ne serait ce que pour l’humilité...
Reste a faire le bilan de tout ce qui merdé pour eviter que ca se reproduise..
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