L'auteur : NDuffez
La course : Marathon de la Loire
Date : 29/4/2018
Lieu : Saumur (Maine-et-Loire)
Affichage : 1185 vues
Distance : 42.195km
Matos : Asics Dynaflyte 2
Objectif : Battre un record
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Pas d'autre récit pour cette course.
Habitant Villefranche-sur-Saône, mes habitudes de course à pied sont rythmées par le marathon du Beaujolais, que je n'ai couru qu'une fois (4h03), me jurant de ne pas recommencer... deux ans après je replongeais pour le Lyon, beaucoup plus roulant, afin de faire un temps, ça a marché: 3h43 malgré une douleur au genou sur les 8 derniers km.
Pour la première fois cet hiver je n'ai pas interrompu mes entrainements et donc pas grossi, j'ai même fait un peu de PPG, et l'idée de courir un dernier marathon printanier pour améliorer encore (une dernière fois) mon chrono, en visant les 3h30 ou juste au-dessus.
4 mois à 3 sorties hebdo, + du renforcement musculaire intercalé, changement de foulée (attaque par l'avant du pied), tout était réuni, restait à choisir le bon marathon; je visais Annecy mais la date en fin de vacances n'allait pas, OK pour Saumur, proche de chez mes parents (Angers).
Une dernière semaine à scruter la météo avec angoisse... je craignais surtout le vent, en particulier s'il était d'Ouest ou Est, bien dans l'axe de la course... Finalement on aura eu un peu trop de gouttes à mon goût, mais pas de vent et pas trop froid donc rien de catastrophique.
Un départ à 8h45 ça pose des problèmes surtout quand on a à la fois un très gros appétit le matin, une bonne carcasse à nourrir (90kg) et une faiblesse au niveau du transit: dois-je appliquer la règle des 3h de digestion donc petit dej à 5h??? Le vendeur Endurance Shop m'a proposé à la place un Flap Jack censé couvrir mes besoins et poucvant se consommer même 1h avant le départ - compte tenu de mon appétit et mon poids j'en ai pris 2, effectivement ça passe tout seul. Le même vendeur m'a déconseillé de sur-stimuler mon estomac, en gardant des volumes alimentaires normaux les 3 jours avant. Ah bon, ok je fais confiance.
Arrivé à 7h15 pour le parking à la gare, puis 2 ponts à franchir jusqu'au Village, ça se fait bien mais j'arrive un peu juste, pas le temps de m'enduire les pieds de NOK comme j'avais prévu et avec l'attente aux toilettes me voilà à courir vers la ligne de départ sans bien finir mon échauffement, je devrai partir lentement.
L'ambiance est bonne mais nous sommes vraiment serrés dans les sas, impossible de trottiner sur place pour se (r)échauffer. Je me trouve entre les flammes 3h30 et 3h45, c'est parfait, je vais me caler sur le 3h45 pour mes premiers km autour de 5'15" puis je recollerai à mon 3h30 avec un objectif de negative split (pas délirant vu mes sensations aux entrainements sur le travail au seuil autour de 4'30" que je tiens bien dans la durée).
Ca y nous voilà partis, première surprise il y a plein de monde dans les rues de Saumur malgré la pluie qui a commencé 3 mn avant le départ.
Deuxième surprise, Mister allure 3h45 me reprend et me double rapidement, pourtant ma montre indique que je tourne en 4'57" à 5'04" sur les premiers kilomètres. Est-ce qu'il va vraiment trop vite? Ou ma montre (Suunto du dernier père Noël 2017) déconne un peu? Petit grain de sable dans ma gestion de course... d'autres coureurs autour de moi confirment l'impression que le rythme est un peu trop rapide, mais mon chrono et les mesures de ma montre indiquent aussi que mon GPS surestime les distances (400m de trop à la fin du parcours), il va falloir viser plutôt les 4'55 que les 5'...
Les kilomètres défilent dans les faubourgs de Saumur, je suis un peu déçu de ne pas voir plus cette chère Loire qui est un fleuve que j'adore, avec ses rives éloignées, sauvages, ses bancs de sable, ses innombrables recoins regorgeant de vie cachée, hérons, cormorans ou mouettes entr'aperçus... On arrive enfin sur la rive, plusieurs kilomètres sont semi-boisés, parcours très vert et très agréable.
Les ravitaillements sont parfaitement bien préparés, les 50cl d'eau faciles à attraper avec ou sans l'aide des bénévoles. Si on rate les poubelles qui suivent immédiatement, on garde sa bouteille un bon moment, c'est peut-être mon seul reproche: avec un sac poubelle tous les 250 ou 500m, on éviterait de laisser son cadavre de Cristaline ici ou là avec la conscience à moitié allégée par la présence de deux ou trois autres bouteilles laissées là avant nous, mais qui font désordre quand même.
Je boucle mon premier semi en 1h46'09", sans avoir trop forcé, je dois reprendre à peu près 2 mn sur le second, ça va le faire.
Dès le km suivant je commence à m'inquiéter, cette douleur sous le pied est bien une amoule qui grandit, et l'extérieur (cor) commence aussi à être douloureux... et rapidement de l'autre côté c'est le tendon d'Achille qui se manifeste, puis l'ensemble de la jambe jusqu'à ma hanche qui me semble douloureuse à chaque vibration. Au km 22-23, ma conviction est claire: je n'aurais jamais dû écouter le vendeur Endurance Shop qui m'a suggéré de passer de Brooks (4 modèles précédents, quasiment 5000 km, sans jamais la moindre ampoule) à Asics, cette forme de chaussure ne me convient pas sur de la longue distance.
A partir du km25, en plus de ces problèmes mécaniques, je commence à souffrir des muscles de l'ensemble des jambes, ce que j'avais prévu de sentir sur les 10 derniers km en accélérant pour reprendre mes 2 mn. Sauf que là, les douleurs augmentent vite, mais les temps au kilomètre aussi... Mes petits muscles et mon foie m'envoient brutalement dans l'oreillette qu'il n'y a plus de carburant!!! Ma glycémie baisse, c'est clair, et avec elle ma vitesse, mon plaisir et mon moral.
Au km 27 je sais que je ne tiendrai pas mon objectif de battre mon record, alors à quoi bon? J'ai fait plus de 500km d'entrainement uniquement pour battre mon meilleur temps, maintenant que c'est raté, inutile de continuer.
Seulement voilà... il y a plein de monde encore partout sur le bord de la route (le rapport spectateurs / coureurs est bien plus favorable que sur mes 2 marathons précédents), ils sont bruyants, beaucoup m'interpellent par mon prénoms, des enfants tendent leur main, quelques-uns blaguent sur mon TShirt (ok il est un peu provocant, Marathon du Beaujolais en plein pays des vins du Val de Loire), tout ça est vraiment hyper stimulant. Et puis surtout, à l'arrivée il y a mon fils de 11 ans qui m'attend, et c'est un garçon (hyper sportif) qui est totalement dans la notion de compétition, le dépassement, avec le défaut de laisser tomber dès que les choses tournent mal.
Je vais donc m'accrocher pour lui, pour témoigner que le sport c'est aussi se battre contre soi, contre la facilité et contre son orgueil, et la vie même en général c'est un chemin qu'on ne vit bien que si on est résolu à le poursuivre, dans la grandeur ou la faiblesse, même quand les éléments sont contraires, même quand on se révèle à soi-même moins performant qu'on espérait, quand notre corps ne nous obéit pas comme une froide machine binaire.
Donc je continue, je cours au moins jusqu’au km 30 et après je marcherai un peu pour récupérer. Mon allure chute, je me fais de plus en plus doubler, et je finis par ne plus doubler personne… Je résiste à la grande tentation de marcher avant les 30 mais je pense à mon contemporain Paul qui est atteint de la maladie de Parkinson « bien avant l’âge » : son corps commence à le lâcher, je stimule le mien pour lui.
Bref, le 30ème arrive, je marche un peu, j’essaie de repartir au 31, mais les pauvres ressources de mes poches et des ravitaillements ne suffisent évidemment pas à requinquer la bête ! Quand je commence à avoir la tête qui tourne et à voir des étoiles, j’arrête un peu de courir, je marche, je mange et bois, le cerveau est leurré : « ça y est ça revient ! » mais les cuisses se rebellent très vite…
Je suis déçu de ne pas pouvoir savourer le tracé de retour qui est en bonne partie le long du fleuve comme je l’aime, ni ces spectateurs nombreux (le demi-tour sur le pont, avec des hurlements dignes d’une arrivée, c’est grisant !), ni l’arrêt de la pluie…
Au km39 je vois enfin mon fiston, venu avec mon père et visiblement un peu déçu d’avoir attendu 45mn pour me voir passer (ou bien est-ce mon visage pas très rayonnant ?...) et la lutte continue jusqu’au bout, de renoncement en renoncement : allez, je vais viser de faire 3h45, non ce ne sera pas possible ; bon au moins je vais essayer de tenir les 4h… non, ça non plus… Au pire du pire, je dois battre mon temps de premier marathon, au Beaujolais 2013 j’avais fait 4h03’17’’, je m’arrache, je lutte, je marche, je trottine, j’accélère, je cours, je vole… 4h03’10’’ !!!!!!! Argggh, un objectif tenu !
Bilan, un beau marathon, une belle organisation, même si personnellement je préfèrerais très nettement retarder le départ d’au moins une heure pour être plus zen pour dérouler le long protocole d’avant-départ, depuis le petite déjeuner jusqu’à l’échauffement en passant par l’habillage, enduction de crème, dernier WC, etc.
Et à titre perso, je suis content d’avoir « progressé » avec cette leçon d’humilité, mais quand même un peu énervé contre les conseils de mon vendeur local. Je n’aurais jamais dû quitter ma marque de chaussures qui ne m’ont jamais posé de problèmes ; je n’aurais jamais dû m’interdire les grosses assiettes de pâtes et riz que j’engloutissais les 3 derniers jours ; je n’aurais jamais dû avoir confiance en ces barres compactes en guise de dernier petit déjeuner. Après avoir fait tous ces efforts depuis fin décembre (perso je n’ai aucun plaisir avec les entrainements, et encore moins l’hiver), c’est vraiment du gâchis…
Reste l’éternelle question : en franchissant la ligne (et les 15 km précédents) je me suis juré de ne plus jamais courir de marathon… comme après les 2 précédents ! Et maintenant ?...
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1 commentaire
Commentaire de augustin posté le 03-05-2018 à 12:07:43
Courage! l'envie reviendra de s'aligner sur cette distance jamais aisée. Il y a quelques années un equipementier français avait fait une pub avec les 7 étapes du marathon: ritual / choc / demystification / solitude / désespoir / consecration / reprise. Je pense que ça résume bien! A bientot pour un prochain récit ;-)
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