Récit de la course : Andorra UT Vallnord / Mític 2016, par nicospace

L'auteur : nicospace

La course : Andorra UT Vallnord / Mític

Date : 15/7/2016

Lieu : Ordino (Andorre)

Affichage : 4086 vues

Distance : 112km

Objectif : Terminer

1 commentaire

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La mitic ou l'expression "poc à poc" prend tout son sens

J’avais loupé l’inscription de la Ronda Del Cims et je m’étais rabattu sur la Mitic. Sûrement que j’avais eu trop peur de cette Ronda mais la Mitic, tout le monde m’en a dit que du bien. Une petite balade de 112 km pour 9700 D+. Ma préparation fut moyenne comme souvent mais il faut s’en accommoder car gérer le travail, la famille et le trail, c’est vraiment compliqué. Notamment avec un dernier mois très aléatoire où les seules sorties furent sur du vallonné avec un footing à Cherbourg, pas très réputé pour ces montagnes ou sur la Barberousse (Course plate très sympa de 11km à Gruissan). Mais dans ma tête je pouvais me reposer sur l’Euskal trail (130km pour 8000 d+) effectué 9 semaines plus tôt, le trail des crêtes en Ariège et un week-end choc effectué là aussi autour du Fourcat tout seul comme un grand dans la maison de Nahu Pas.

Malgré ça, c’est avec la peur au ventre que nous arrivons en Principauté avec les collègues de la Team Bonnery. Nahu s’est occupé du logement, 2 appartements au 4e étage, un détail qui aura son importance pour l’après course. Le premier matin, je me lève à 6h pour faire un bisou à Nahu Pas et Christophe Favre qui s’en vont en découdre avec la Ronda del Cims (172 km pour 13 500 D+). J’ai la boule au ventre pour eux et m’imagine le nombre d’heures qu’ils vont passer dans le bordel.

Pour moi, le départ sera donné à 22h. La journée est calme et commence par le retrait des dossards. Beaucoup de monde et beaucoup d’attente mais finalement ce sera profitable puisque je suis abordé par un Certains Yoann Mornet, orginaire de Toulouse et résidant à Thaïti. Il m’a déjà vu en photo avec Nahu Pas qu’il connait. Le courant passe, une bonne rencontre qui va s’avérer très pertinente pour la suite. Direction ensuite Arcalis pour le premier gros ravitaillement de la Ronda où nous ratons Nahu (2e) mais pas Chris qui arrive tranquillement, un peu de crème solaire, deux encouragements et le voilà reparti. Nous rentrons à l’appart où j’arrive à faire 3O min de sieste tout en étant rejoint par Grégory Fabre qui s’est engagé sur le Célestrail. Nous regardons le Tour de France et nous nous rassurons comme on peut, lui s’est blessé et aborde sa course encore moins préparé que moi, il va tout donner au mental.  Mes enfants et ma femme étant parti s’amuser au parc, c’est l’occasion pour faire le sac et regarder précisément le profil en lisant le road-book, j’avoue, je ne suis pas un spécialiste pour ça, je préfère retenir l’ensemble et les principales difficultés, le reste je m’adapte pendant la course.  De toute façon, je n’ai retenu qu’une chose de Nahu et Chris, ça monte grave et ça descend grave. Le seul souvenir d’une reco que j’ai, c’était il y a deux ans avec une fracture du gros orteil et l’impression d’un terrain très hostile. Avant de partir sur la ligne, je me mentalise 10 minutes dans la chambre en me disant qu’il faut que je reste sereins quoi qu’il arrive, qu’il faut que je sois prudent et réfléchi en descente et que surtout, qu’il faut je profite des paysages, pour le reste, nous verrons bien, il faut juste rentrer dimanche avant minuit.

Départ- Pla de l’Estany

Dans le sas, je retrouve les collègues Ariégeois, Julien Rescanières, Antoine Biard et Jérôme Abellaneda, tous très bon coureur et impatients d’en découdre mais conscients de la difficulté de la tâche. Je suis hyper détendu et  comme souvent pour les départs de ce genre de course, j’ai la larme à l’œil, peut-être encore plus car la minute de silence pour la barbarie de Nice est émouvante (je m’apprête à taper dans les mains de mes enfants venu m’encourager et je pense aux gosses qui ont perdu la vie la veille à cause d’un abruti)  et elle contraste avec le feu d’artifice et la folie ambiante. Nous partons à trois avec Antoine et Jérôme pour 6km plutôt tranquille sur des petits chemins. Antoine ralenti et nous voilà parti avec Jérôme dans la première montée. 400 D+ qui passent tout seul avec une légère descente pour une remontée qui sera bien plus difficile avec quelques portions bien raides à travers bois. Le rythme est paisible et je perds Jérôme, je décide ne pas ralentir que nous n’avançons pas vie du tout et cela double dans tous les sens. Nous arrivons au pied du fameux Comapedrosa et hop, voilà le retour d’Antoine et Jérôme.   

Pla d’Estany- refuge Comapedrosa

Nous repartons du ravitaillement avec Antoine, Jérôme décide de prendre quelques mètres de retrait.  Je connais le niveau d’Antoine, surtout en montée et lui dis immédiatement que je le laisserai filer rapidement. C’est ce qui se passe au bout de 10 minutes, je prends mon rythme mais rattrape pas mal de monde quand même puis me cale dans un groupe de quatre. Franchement le début monte fort mais essentiellement sur des cailloux donc je trouve que cela passe bien, c’est un pierrier géant qui s’offre à nous. En se tournant, le spectacle est magnifique, une colonne de frontale dessine les contours des montagnes et là je me dis : putain il y a un paquet de types derrières quand même. Puis j’arrive dans une partie que m’avais parfaitement décrite Chris. Très fort droit dans la pente avec un mélange de sable et de concassé qui glisse. Un pas en avant, deux pas en arrière…et surtout des calades qui dévalent de partout. Je crois alors que nous sommes arrivés avec un passage comme dans un col surtout que je vois des coureurs descendre mais il faut tourner la tête à droite pour voir le Pic et une nouvelle pente qui ne fait pas rire du tout. Il faut y aller désormais avec les mains pour monter. C’est à ce moment que je vois Yoann me doubler, je ne peux lui parler, je suis concentré à ne pas tomber. Là-haut, petit coup de cornemuse traditionnel et hop c’est la descente. La première véritable de la course. C’est technique mais je suis frais, je rattrape Yoann, le salue puis il file dans la 2e partie de la descente qui assez facile et plutôt sympa avec notamment quelques névés. L’occasion pour moi de prendre deux belles gamelles sur la neige un peu dure, je me casse le cu… et prend quelques fourires avec des espagnols aussi bon que moi pour jeter les pieds en avants.

Refuge du Comapedrosa (21km pour 2100d+) - Coll de la Botella

Au refuge, je me gave de nourriture en tout genre car cela fait 5h de course et je reste une bonne dizaine de minutes. Je repars pour une petite montée où j’entends le premier « venga venga » de la journée, un espagnol visiblement en forme comme l’une de ces compatriotes qui me reprend et me met 10m en 15m…j'ai rien compris là. Les gesn ils sont fous les gens de mettre des accélérations comme çà.  Je vois à nouveau Yoann et là, je décide de rester un peu avec lui puisque je sens que nous avons le même rythme (Ok, j’avoue, parler me manque un peu). La descente avant la Botella est assez drôle avec des mottes d’herbe et de la boue pour bien glisser. Je me souviens de Pauline Bauza qui m’avait dit, tu descends tout en bas pour remonter et puis je me dis que l’an dernier j’étais venu chercher mon camarade Chris qui avait jeté l’éponge. Finalement, cela monte très dur mais c’est assez court et donc nous voilà au col où tous les collègues de Yoann l’attendent. J’ai froid et presse un peu Yoann, désolé.

Coll de la Botella- Bony de la Pica

Nous expérimentons le profil Andorran et le principe d’une descente qui monte…c’est particulier et inattendu. Le jour se lève et la Bony de la Pica se rapproche avec une vrai descente dans les bois très ludique, ce sera d’ailleurs la dernière …ludique. La montée pour cette Pica n’est pas facile du tout car il faut aller tout à gauche puis tout à droite en crête pour un Pic qui n’arrive jamais mais le spectacle est au rendez-vous avec des vues exceptionnelles sur Andorre la Vieille. Avec Yoann, les km défilent et le courant passe. Nous menons tour à tour tranquillement.

Bony de la Pica- Margineda (44km pour 3400 d+ en 9h49)

Pas le temps d’apprécié que voici une descente de 7km annoncée comme assez cassante…le mot est faible (1600 D-). Direction la première base de vie. Cela débute avec des chaînes puis de la pente raide avec des cailloux, nous frôlons les 4km/h en descente… Nous finissons la partie difficile avec un joli pierrier bien déguelasse pour ensuite rentrer en forêt où la course redevient un peu possible. Nous reprenons les derniers de la Ronda qui sont dans un état de déperdition avancée. La dernière partie au-dessus de la Margineda est assez longue mais plus facile. Je commence à sentir les cuissots donc je prends mon temps en m’arrêtant pisser puis pour manger un peu. Yoann a pris un peu d’avance mais je reviens sur lui en fin de descente.  A la base de vie, nous décidons tous les deux de nous faire masser même si j’en ai pas spécialement besoin mais je sais que la journée va être très longue et comme nous ne sommes pas pressés. Nous nous changeons, mettons de la crème solaire, mangeons et hop c’est reparti  (4O minutes d’arrêt).

Margineda- Claror

Le temps de faire 1,5km offert dans les rues, nous attaquons l’un des montées les plus dures de la course dans les bois. Je m’en souviens de la reco d’il y a deux ans (700 D+ en 2,5km puis 900 D+ sur 5,5km). Le pourcentage est fort d’entrée, je passe devant et mène un petit train régulier. Première fois de la journée que je vois un type en jaune et blanc qui va nous suivre toute la journée. Je le nommerai dans ma tête le pokémon. Ce dernier est sympa, il dit pas un mot même quand tu luis parles, super... Le problème de la reco, c’est que j’avais oublié que pour arriver en bas du col de bout Mor, il fallait remonter 400 D+ après les premiers 700 costaud. Une baisse de moral compensée par mon camarade qui prend les devants et me traîne quelque peu. Arrivé en haut et après s’être fait doubler quelque fois, je me pose au bord du chemin pour manger, je sens que c’est le premier coup de fatigue qui arrive juste avant le col du bout Mort que je crains. Nous arrivons tant bien que mal en bas du col dans un petit refuge. Il commence vraiment à faire très chaud. Je plonge la casquette dans l’eau froide et contemple le col avec des coureurs un peu éparpillés partout. Yoann repasse devant et je lâche rapidement quelques mètres pour faire une course de vitesse avec une femme quelque peu âgée de la Ronda en grande difficulté. Je me fais violence pour la lâcher, je sais, je suis impressionnant à ce moment-là !!!!  Alors que la pente est raide de chez raide, Yoann qui se situe deux virages plus haut m’encourage ; il me fait du bien car je ne lâche pas et parvient à basculer pas très loin. Claror est en point de mire plus bas et je m’aperçois que ça y est, je ne suis plus frais du tout pour les descentes. Je me rassure et me dis que c’est normal après 55km et déjà 4200 d+. Je me souviens de l'Euskal Trail où j'avais souffert très tôt des quadris mais que j'avais finalement su gérer. Au ravito, c’est un peu la guerre, il y a des morts sur les lits (je suppose que c’est la Ronda) et pas mal de monde qui commence à clasquéger (je ne sais pas comment çà s'écrit). Yoann me dis que lui aussi, il a les cuissots qui chauffent.

Claror- Estall Serrer

Au moment de partir, je croise Jérôme qui me dit être désormais en pleine forme. Je luis dis alors que l’on s’avance parce que nous, c’est plus compliqué. Je sens désormais que le rythme est moins soutenu, le terrain est vallonné et les relances sont moins tranchantes. Je repasse devant et tout en discutant nous avançons tout de même correctement. Pokémon refait surface. Je passe devant l’endroit où je m’étais fracturé le pied dans une jolie descente roulante façon Andoranne. Au moment de passer des rondins de bois au-dessus d’une rivière, un gars de l’organisation, nous indique 5km et 500 d+ pour le ravito. Avec Yoann, nous sommes un peu surpris mais bon, nous allons en faire finalement 7km pour arriver au barrage. Un refuge difficile à atteindre dans un chemin interminable où j’indique à plusieurs reprises à Yoann que je reconnais et que c’est bon c’est derrières les rochers puis derrière la coline puis derrière..mes couilles çà n'arrivais jamais le truc. Putain tout se ressemble, je confonds et commence m’énerver sévère. Du monde nous reprends notamment Jérôme qui nous double et nous laisse surplace. J’hésite un moment à le suivre mais je sens que le rythme est trop élevé sur ce genre de terrain où la marche rapide est tout un art. Nous arrivons au refuge tant bien que mal. Il fait une chaleur étouffante et tout le monde se retrouve à l’intérieur à l’ombre. Tout le monde est dans le dur et nous avons beaucoup de mal à se décider à repartir. Nous sympathisons avec un gars du Mans autant marqué que nous. Je sais que le Coll de Pesons derrière le barrage est vraiment solide mais je me dis aussi que la 2e base de vie n’est plus très loin. J’en profite pour envoyer des messages à Marie pour prendre des nouvelles de Nahu, Chris et Greg. Nahu vient de gagner et je suis super content pour lui. C’est génial pour tout son investissement, sa petite famille et je me dis que çà va tomber de la bière demain. Chris est en vie mais Marie ne me dis pas où exactement et Greg est dans le dur mais devrait rentrer.

Estall Serrer- Bordes Envalira (77km pour 6200 d+ en 19h40)

Nous repartons autour de l’étang, les jambes ne sont pas au mieux et en regardant loin devant moi, je vois le col à franchir en plein cagnas droit dans la pente. La montée va s’avérer difficile et à la moitié je laisse passer Yoann car je suis dans le dur. C’est la toute première fois que je me répète « Poc à Poc, pense à Nahu ».  Arrivée en haut, je connais bien la descente car elle est restée un peu gravée en moi avec un orteil fracturé il y a deux ans.  Yoann prend le temps pour manger  et j’en profite pour dire à Marie que je descends, j’arrive !!!! J’appelle Chris, il me dit qu’il est au Pas de la Case et qu’il a trouvé un collègue de galère et qu’il va rentrer, je suis rassuré et je lui dis que moi aussi quoi qu’il arrive.

Quand je dis à Marie, j’arrive, il faut d’abord se taper cette descente et là c’est long de chez long. Le début est technique comme d’habitude et la 2e partie permet de courir mais demande beaucoup d’énergie car il faut souvent sauter de rocher en rocher en faisant attention où l’on pose ses pieds. Après un début prudent, j’accélère un peu et double du monde, Yoann me dis qu’il va y aller tranquille mais je connais très bien l’effet duo, finalement il me suit et prend même la tête à la fin pour arriver au restaurant d’altitude.

Il reste 3km à faire et voilà les petites remontées sur les pistes, un régal. Yoann est obligé de m’attendre car un couple de français me félicite et me dis : « çà va ?, vous avez de quoi à manger ? » Oui c’est bon, il faut chaud, merci pour les encouragements, çà fais du bien. « J’ai des figues séchés que je fais moi-même »?  Là c’est comme tu demandais à un aveugle s’il voulait voir. J’en prends une pleine poignée, le gars me tape sur le dos et me dis : « entre Français, c’est le moment d’être solidaire je crois ». Les attentats ont marqué les esprits. Avec Yoann, nous relançons comme nous pouvons sur le plat et débutons la descente sur la base de vie. C’est le retour du Manceau qui décidément dès que c’est plat ou pas technique, avance drôlement vite. Je vois au loin mes deux petits bout de choux, je sais que c’est long pour eux et qu’il ne se régale pas forcément et que dire de ma femme qui galère toute la journée avec eux pour voir arriver un mec démâté. Je suis vraiment heureux de les voir et je me dis que rien que pour tout ce qu’ils font, je dois rentrer. La remontée pour arriver à la base de vie me fait très mal (200m sur le bitume). Nous allons vraiment abuser au niveau de l’arrêt, nous décidons de nous faire masser mais il n’y a qu’un masseur et qui prend beaucoup de temps.  Nous traitons également des ampoules avec le podologue. J’ai chaud un truc de fou et je suis un peu perdu. Je ne sais pas trop quoi manger. Marie me pose plein de question : qu’est-ce que tu veux, je te sors quoi ?, tu te changes ? tu mets çà , tu prends çà ? C’est le top mais je suis dans l’incapacité de réfléchir de façon rationnelle. Alors je me laisse un faire  par Marie. Je pense à ce qu’il reste à faire entrain de me faire masser, la tente à boudin s’affaisse et je pense que les enfants qui ne font que courir partout et rentrer dans tous les sens y sont pour beaucoup, il est temps de partir. (50 minutes d’arrêt)

 

Bordes de Envalira- Incles

Yoann connaît la montée qui nous attend et m’annonce que çà ne va pas rigoler à nouveau. Effectivement, nous traversons la nationale et çà monte droit dans une pente en herbe. Là encore, nous discutons de Thaïti et de nos femmes respectives. Le temps passe et la pente se radoucie avant un nouveau petit mur qui nous fait basculer dans… une impasse. Nous rattrapons le Manceau 'vraiment sympa pour le coup) qui cherche une issue dans ce petit cirque. Je lui explique que dans ces cas-là, en génénral à Andorre, ils te font passer tout droit et je lui dis : « si, regarde, il y a des types tout petit en haut. » Je le sens quelque peu abattu, il nous dit qu’il voulait faire un trail Montagne, bé pour le coup tu n’as pas choisis le plus facile. Il me répond que c’est dur mais que c’est pourquoi il était venu et qu’il n’est pas déçu du voyage. Nous allons faire donc un magnifique tout droit comme bien souvent dans des herbes basses pour rattraper un chemin à flanc de montagne qui nous emmène finalement au point qui relie la Ronda à la Mitic. Pas de Chris Favre à l’horizon. Le temps de balancer quelque raisonnements aux bénévoles et nous voilà sur une descente à flanc de montagne. Je suis excité car je me dis qu’Incles n’est plus très loin. Je lâche un peu Yoann qui me fait un coup de moins bien mais je décide de ne pas trop l’attendre car la technique à deux, c’est faire avancer l’autre et nous le faisons à tour de rôles parfaitement. Arrivé sur un petit passage de col, nous contemplons la descente qui nous attend avec des petits étangs. Je me dis qu’Incles est juste en bas mais je vais vite déchanter. Nous passons les étangs puis une autre descente se présente à nous et surtout pas de ravito en vue. Je commence à m’impatienter surtout que nous passons dans de la boue, puis des cailloux, rien n’est simple et Yoann m’interpelle en me disant que l’on n’avance pas en fait. Il a calculé le temps pour faire un km et il me fait halluciner. Je m’énerve, je prends conscience que nous nous laissons bercer par la course et lui dis qu’il faut descendre plus vite. J’accélère et Yoann emboîte le pas, Incles est enfin en vue. Nous arrivons assez vite et là, grande surprise, le vainqueur de La Ronda Del Cims 2016 est venu nous soutenir avec Chris. Nahu Pas qui n’a fini la course que depuis quelques heures est là avec sa sœur Eloïse, c’est énorme, çà rebooste grave. Nahu embrasse Yoann et s’aperçoit que l’on fait course commune, il est mort de rire.  Il me dit que c’est un gars bien et que çà l’étonne pas finalement que l’on se soit retrouvé ensemble. Eloïse est aux petits soins avec moi, je la remercie et je sens que les deux sont hyper heureux de cette victoire. Nahu a étalé par terre ses restes de ravito et croyez-moi il y a du choix. Je prends ce que j’adore, berlingo vanille soja et crème de marron. Ensuite, Nahu m’annonce que Chris est à 25 à 30 minutes devant et nous fait un descriptif de ce qui nous attend. C’est le fameux PIM PAM, POUM et à la fin « venga venga ». Attention danger les gars car çà tourne à droite à la fin et feu, tout droit dans la pente, c’est le POUM venga venga »  Il me dit, il y a facile plus de 1000 d+. Un gars assis à côté de nous, explique alors à Nahu qu’il se trompe et il insiste encore le type. Nahu lui dis, bon écoute je suis passé il y a quelques heures et je connais bien. Nahu prend ensuite quelques photos avec des gens qui le reconnaissent, le gars comprend que c’est le vainqueur du jour. J'en profite pour remercier notre champion qui comme d’habitude a fait preuve d’humilité et de simplicité après cette fabuleuse performance.

Incles-Coms de Jan

Nous repartons et qui voit là qui revient : notre ami le Pokèmon, toujours aussi bavard le type, une vraie pipelette. En fait je n’avais pas vraiment saisi le PIM PAM POUM. Je suis excité et mène bon train sans non plus en mettre trop. Je confonds alors le PIM et PAM pour arriver sur un refuge avec un barrage. L’endroit est splendide, je m’arrête pour prendre des photos, il y a un calme. Un bénévoles me dis qu’il faut monter à flanc à gauche et que c’est la dernière montée sévère. Bizarre Nahu nous avait dit à droite mais je le crois !!!!!! çà va monter sévère et c’est le PIM en fait. Je mets une bonne accélération et double même Pokémon qui nous mettait la misère dans les côtes depuis le début. Arriver en haut, Yoann me dis stop, il faut mettre la frontale. En regardant un peu plus loin, je me dis qu’il y a une embrouille quelque part. Nous reprenons une belle montée que je mène à nouveau puis vient le POUM qui se transforme en PIM PAM POUM et BOUM l’explosion pour moi. Un droit dans la pente très méchant avec un phare tout en haut avec des bénévoles qui crient « Venga Venga ». Tu as l’impression qu’ils sont justes là mais en fait non, ils sont loin…ou c’est que l’on n’avance pas peut-être. En tout cas, venga venga, plein le cul. Yoann a repris les commandes car il a vu que j’avais pris un coup au moral, il m’aide bien sur le coup car il m’oblige à m’accrocher et surtout à me calmer. Nous arrivons tout en haut, je suis content car je demande aux bénévoles le prochain ravito. 2,5 km  de descente roulanté !!!! Alors écoute moi bien le bénévole, après avoir effectué la descente avec Yoann,  et bien si j’avais eu assez de force, je remonte pour t’expliquer que ce n’était pas roulant du tout. Roulant que si tu tombes, tu te fractures un truc et tu dévales 150m plus bas. Faut dire la vérité, j’arrive un peu mâché moralement dans le refuge avec quelques douleurs sur les releveurs. C’est bizarre parce que çà monte pas trop le bordel. Le clan de Yoann est là, au milieu de nulle part. C’est vraiment sympa, ils s’occupent aussi bien de moi, l’un de ses copines me dis de manger de la viande de grison, elle a décelé en moi un gros mangeur je crois… Merci encore l’équipe Mornet.                     

Coms de Jan- Sorteny

Dernière montée, je laisse Yoann devant, il est plus frais moralement. Il mène une montée en deux partis, d’abord assez tranquille par palier puis quelques tous droits comme d’hab. La fatigue commence à se faire sentir, nous sommes victimes d’hallucinations. Tu confonds des cailloux avec des personnes, des rochers avec des refuges. Ton cerveau travaille dur. Yoann marque à son tour le pas et comme toute la journée, nous nous passons le relais naturellement. Au loin, nous voyons des lumières qui redescendent puis qui tournent avant de remonter. Nous avons du mal à y croire. La pente est plus douce, nous évoluons à flanc de montagne et je décide d’accélérer car cela commence à me prendre la tête sévère cette affaire. Petite descente puis une remontée costaud avant de comprendre que se profile tout au bout à droite, une nouvelle pente dé la muerté !!! avec un nouveau « venga venga !!!!» J’arrive à un premier étage où il y a le phare avec trois bénévoles qui se réchauffe auprès d’un feu. Je ne comprends rien à ce qu’ils me racontent mais je réponds : « Venga venga, il faut vite le dire quand même, çà monte grave votre histoire » Bon je vous rassure, ils ont rien compris aussi. Je finis le dernier rampaillou et attend Yoann en haut. Je luis dis que c’est fini et que maintenant on rentre à la maison.  6km de descente que j’attaque fort bien décidé à rattraper mon petit Chris. Franchement, je ne vais trop traîner, Yoann me suis et me dis "ooohhhh" t’es excité ou quoi ? Sorteny tarde à venir comme tous les refuges d’ailleurs. Cailloux, boue, ruisseau, terre, herbe mouillée, tout y est. Une chaussure plantée dans la boue plus tard, nous arrivons à Sorteny !!!!!! Nous restons très peu car nous avons conscience que c’est la fin.

Sorteny- Ordino.   

Nous descendons d’abord la piste et déjà nous profitons de l’instant car nous savons que c’est gagné. Le temps de ranger toutes les affaires en trop et de se mettre à l’aise nous voilà dans le chemin dans les bois avec pas mal de marches en  rondins de bois qui te cassent bien les cuisses à la fin. Je me sens bien et commence petit à petit à accélérer, Yoann marque le pas et je ne tarde pas à me retrouver seul en descendant au bord de la rivière. C’est la fin mais le terrain est difficile avec des cailloux assez glissants. J’ai les chevilles défoncées et je me dis putain ils t'épargnent rien ici. Je quitte la rivière et me met à marcher car après m'être tourner pour appeler Yoann, personne ne réponds, bizarre.  Je sors du chemin pour arriver sur la route et j’attends mon camarade. Il arrive et vient de réaliser qu’en fait c’était 12km de Sorteny à l’arrivée et non 6km. Nous nous remettons à courir sur la route et cela fait mal aux mollets. Puis nous prenons les pistes, Yoann me refait le coup de la panne. Oui c’est vrai j’ai envoyé un texto à ma femme pour dire que l‘on arrivait mais que tu traînais la patte Yoann. Il me dit qu’il est mort, qu’il a mal aux jambes mais je lui explique que nous sommes attendus et que son mal aux jambes c’est dans la tête. Avec l’adrénaline de la fin de course, ton corps suit ta tête, c’est tout. La preuve quand nous arrivons au point où il faut traverser la route. Un policier nous dit 5 km et là je suis un peu surpris mais bon. Yoann est revenu parmi nous, nous nous mettons à courir et nous tenons un bon rythme. Plus çà va et plus on accélère, nous rattrapons du monde (Ronda ou Mitic). Puis c’est l’arrivée dans un petit village où deux femmes nous annoncent 2km.Franchement c’est abusé d’autant que nous courons encore 10 minutes et une femme annonce 1 km : c’est quoi ce bordel !!!! Mais à ce moment-là nous ne lâchons pas car çà y est, le camping est là puis le rond-point avec un policier qui nous dis 1km… Moins deux on fait marche arrière non ???    

Nous reconnaissons la route d’arrivée, nous baissons de rythme et profitons de l’instant. Nous sommes contents de s’être trouvés et d’avoir fait cause commune.

L’arrivée est toujours magique, je vois ma femme Marie sur le rond-point, les collègues de Yoann et encore le vainqueur de la Ronda…Nahu. C’est l’heure des embrassades puis je vois mon ami Christophe Favre à table juste derrière l’arrivée. Il est démâté complet avec un regard très vif mais il est bien là. M&M’s bières comme l’an passé, rien de mieux pour la récup.

Ce qui m’a marqué le plus sur cette Mitic, c’est l’absence de chemin pour se refaire une santé. Tout est dur, demande de l’énergie et il y a une multitude de droit dans des pentes très fortes. Des descentes plus dangereuses les unes que les autres. J’y reviens dessus mais « Poc à Poc » est vraiment approprié pour le coup. Je suis ravi de cet Ultra car s’il fut dur voire très dur, je n’ai jamais eu l’envie de jeter l’éponge et puis nous en avons pris plein les yeux. La montagne…çà vous gagne.Andorre c'est un autre monde avec une organisation au top, très bien huilée et des bénévoles au top.

Merci à ma femme et mes enfants pour leur patience et leur soutien. Merci à l’ensemble de la team Bonnery car c’est vraiment une belle bande de copain. Et merci à Sport 2000 Narbonne Saturnino qui me soutient depuis le mois d’avril et l’Euskal-Trail.  

Pour l’anecdote, nous finissons 48eme avec Yoann sur 460 partants et seulement 218 partants soit 55% d’abandon comme d’habitude à Andorre.

1 commentaire

Commentaire de chris favre posté le 27-07-2016 à 18:56:58

Putain de venga venga... tu les as eu toi aussi !!

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