Récit de la course : Paris - Alsace 2016, par FOREST Alex

L'auteur : FOREST Alex

La course : Paris - Alsace

Date : 1/6/2016

Lieu : Neuilly Sur Marne (Seine-Saint-Denis)

Affichage : 887 vues

Distance : 430km

Objectif : Terminer

2 commentaires

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Le récit

Paris - Alsace à la Marche 2016.
Hors-délai à Gironcourt après 316km en 50h.
J'ai découvert la Marche en 2014 lors des 24h de Bourges. 2 ans + tard, je termine 4è des 24h de Bourges, et avec 180.9km, je me qualifie pour le Paris - Alsace 2016, le "championnat du monde" de la discipline.
Cathy m'avait dit lors des 6 jours qu'elle était partante pour m'accompagner, Nicolas est aussi partant pour découvrir l'Alsace et il a un camping car, Cathy recrute Mat, et puis Philippe se joint à nous 2 semaines avant le départ, j'ai 4 assistants et 2 véhicules suiveurs, c'est bon je suis OK au niveau du réglement.
Donc voilà, mercredi 1er juin, 18h30, Neuilly / Marne, le départ est donné.
Et ça part très vite, je me demande ce que je fais là !
Enfin heureusement, après 2 petits tours autour de l'hotel de ville, tout le monde calme le rythme, et j'arrive à me caler dans le peloton principal. Et finalement le prologue jusqu'à St Thibault les Vignes va se passer bien mieux que je ne l’espérais. 1h32' pour les 14kms, je n'ai que 13' de retard sur Dimitry Ossipov en tête.
On file de suite à Chateau Thierry, une petite sieste, une pizza, et à 22h43 pour moi, c'est le départ (sous la pluie) de la grande étape, 350km jusqu'à Epinal.
Cette 1ère nuit va très bien se passer, si on ne tient pas compte des nombreuses averses, mes sensations sont bonnes, mon assistance est parfaitement en place et mon rythme est plus rapide que prévu, je prends de l'avance et de la confiance.
Je pointe à 5h10 à Epernay (km67), le jour se lève, tout va bien, mais la pluie continue.
9h53 à Chalons en Champagne (km104), puis 12h15 à Pogny (km122), le rythme a un peu baissé sous l'effet de la pluie et de la fatigue, mais ça va, je prends toujours de l'avance sur les barrières horaires (2h45 d'avance à Pogny, ce sera mon maximum).
Mais c'est maintenant que ça se gâte. Mes pieds deviennent très douloureux. Mon assistance prévient les podologues. Ils m'arrêtent. Et en enlevant mes chaussures, je m'aperçois que mes pieds sont trempés (je découvre que la pluie ça mouille), tout fripés, comme s'ils étaient restés plusieurs heures dans l'eau. Je refuse que les podologues percent des ampoules qui n'existent pas, je mets des chaussures et des chaussettes sèches, et je repars. Mais mon rythme a fortement baissé. Philippe s'en rend compte, il m'arrête encore quelques kms plus loin, il me sèche une nouvelle fois les pieds et me met des compresses sous l'avant pied pour amortir la douleur.
Je repars tant bien que mal. Je passe à 16h20 à Vitry le François (km146), plus que 2h10 d'avance sur la barrière horaire.
On a enfin quelques rayons de soleil, j'essaye de relancer. Les féminines me dépassent et m'encouragent.
Je pointe à Sermaize à 21h06, moins de 2h d'avance et à partir de là, je suis dernier homme. La nuit tombe, Claudie me dépasse, et après quelques minutes d'hésitation, je fais l'effort pour recoller, je m'accroche pour qu'on reste ensemble, elle va ainsi me tirer jusqu'à Bar le Duc. Enfin presque, j'explose 2km avant le pointage, 5km avant le repos obligatoire. Et là, plus rien, je n'arrive plus à avancer. J'ai mal partout, plein de contractures partout, et puis je ne veux plus poser les pieds par terre, je pleure, j'ai trop mal, je veux m'arrêter, je veux dormir.
Cathy, Nico, Philippe, et Mat vont alors faire un boulot incroyable, ils vont réussir à me faire avancer jusqu'à l'hotel où est prévu le repos obligatoire de 2h.
J'entre dans la chambre, je m'écroule sur le lit et je m'endors aussitôt. 1h45' plus tard, Philippe me réveille, il m'a rafistoler les pieds pendant que je dormais, et je suis prêt à repartir.
Je reprends la route à 4h, la 1ère heure de mise en route est difficile, mais ensuite, avec le lever du jour, j'arrive à retrouver un rythme correct qui me redonne un peu d'espoir de passer les barrières horaires.
Je pointe à Ligny en Barrois (km218) à 6h25, j'ai 1h20' d'avance sur la barrière horaire. Mais une très grosse averse va vite me calmer. Mon rythme baisse considérablement, même si Nico essaye de me relancer.
A partir de là, Philippe me donne des consignes claires : il faut considérer chaque pointage comme celui d'arrivée, il faut tout donner puisque je n'ai plus de marge sur les délais.
Je pointe à Gondrecourt à 11h40, je n'ai plus que 35' d'avance. A la sortie du village, je fais connaissance avec Dominique Rouff, ancien participant de l'épreuve à une époque où il fallait faire 200km en moins de 24h pour espérer se qualifier, et il se propose de m'accompagner jusqu'au pointage suivant à Grand.
L'allure augmente de nouveau, je tiens les délais, je passe à Grand vers 14h25' avec toujours 35' d'avance.
Mais Dominique s'arrête là, et ma vitesse baisse inévitablement. Alors c'est maintenant Philippe qui vient marcher à mes cotés. Jusqu'à Neufchateau, c'est assez descendant, et Philippe arrive encore à me faire relancer, mais je sens bien que je jette mes dernières forces.
Je pointe à 17h52 à Neufchateau, 8' ou 23' avant la barrière horaire je ne sais pas, mais peu importe, j'ai compris que je ne passerai pas la prochaine. Surtout qu'en sortant de Neufchateau, il faut remonter ce qu'on a descendu. Et une fois en haut, on prend une descente terriblement pentue. Je sens que mes jambes ne me portent plus, alors je demande à m'allonger 15 minutes. Toute l'équipe a compris que c'était fini. Ensuite j'ai poursuivi pour le plaisir jusqu'au pointage suivant à Gironcourt, où mon Paris-Alsace s'arrête vers 1h (environ 1h45' après la barrière horaire). Sur les derniers kms, je vais même fléchir les jambes et trottiner un peu, non pas pour gagner du temps, mais simplement pour atténuer les douleurs.
Alors évidemment, c'est une énorme déception de ne pas avoir pu aller au bout de cette épreuve.
Mais je dois tout simplement reconnaitre que cette année, je n'avais pas le niveau pour être à l'arrivée.
J'ai tout donné, mais ça ne suffisait pas.
Bien sur, je manquais de préparation spécifique marche. Depuis le début de l'année, j'avais fait plus de 2000kms d'entrainement course, mais seulement 44kms de marche.
Mon équipe a été parfaite, merci à tous les 4 !
Merci à toutes et tous qui avez contribué à cette épreuve mythique !
Et oui c'est sur, je reviendrai !

2 commentaires

Commentaire de Eric Kb posté le 28-06-2016 à 09:44:05

Le premier récit pour le Paris Alsace, je n'ai pas pu regarder passer les coureurs cette année mais ton récit me console. Merci pour le partage et courage pour le prochain!

Commentaire de Freddy55 posté le 04-07-2016 à 14:14:06

Déjà un grand bravo pour être aller jusqu’à la.
J'ai bien connu ce sport que j'ai pratiqué dans les années 80, j'étais alors ado, dans la catégorie cadet. Je n'étais pas trop mauvais au 5000 (mon record perso est de 24'36)
Rien a voir avec cette course de grand font mythique mais pour dire que j'ai suivie un marcheur de notre club (de Bar-le-Duc)( A l'époque de Roger Quemener ) jusqu’à Mulhouse, arrivée de l'épreuve. Un grand souvenir.
Une belle et grande course tres méconnue, hélas.

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