L'auteur : ilcourtlefuret
La course : Le Circuit de la Sure
Date : 5/6/2016
Lieu : Voiron (Isère)
Affichage : 1689 vues
Distance : 54km
Objectif : Pas d'objectif
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Prologue :
Suite et presque fin de mes entrainements pour l’objectif majeur de 2016, le Grand Duc. Ce dimanche 5 juin je me suis programmé une sortie que je connais maintenant plutôt bien, le Circuit de la Sure ! J’ai fait la course l’an dernier, c’était alors mon premier trail long et même si j’avais pris la chose au sérieux j’avais fini les 10 derniers km bien entamé, au bord de l’hypoglycémie, et me jurant de ne plus jamais refaire ce genre de chose. On voit à quel point l’esprit humain varie !
Cette année le Circuit de la Sure est intégré dans un plan d’entrainement plutôt chargé (à mon niveau certes !) puisqu'en comptant cette course j’aurai cumulé depuis le 7 mai, en seulement 4 sorties du we, plus de 2 grans ducs soit : 165km et 10 000m de dénivelé, sans compter un we plus cool (seulement 10km, 350m de D+) et les séances de la semaine en préparation générale (trois par semaine). Je sens au bout du compte la fatigue s’installer et malgré l’aide de mon kiné le genou droit grince toujours, aussi la dernière semaine avant la course je fais le pari d’une relâche totale.
Je dois avouer que j’étais venu pour faire une course tranquille sans viser le chrono. J’ai fait 9h33 l’an dernier sur le même parcours, il faut donc viser moins de 10h mais guère mieux. On verra que les bonnes résolutions sont faites pour être oubliées !
La course : Partie1 – Des difficultés et des problèmes (que j’ai un peu cherchés)
La première partie de course a, il faut l’avouer, peu d’intérêt. C’est une mise en jambe de 14km à peine, assez roulante malgré deux petites bosses. L’enjeu est de s’échauffer et ne pas chercher à gagner quelques minutes qui seraient perdues deux ou trois fois par la suite.
Le début de course n'a pas l'air d'entamer les forces...
J’arrive aux Grollets en 1h39 pour 1h38 en 2015, c’est cohérent et sérieux mais pas très « fun ». Je ne vais pas être déçu de la suite…
Après le check point on attaque le début de l’étape montagne, et comme l’an dernier on passe par la cascade où ils ont installé une corde pour monter sur des rochers glissants, puis c’est droit dans la pente au milieu des cailloux et de la flotte. Ça bouchonne déjà ! On rejoint un sentier puis une piste. Au début tout se passe bien mais au fur et à mesure, la piste est de plus en plus dégradée par les engins forestiers. Prudent au début, je commence à doubler ceux qui sont le moins à l’aise, puis je m’enhardis. J’accélère et afin de continuer à doubler je passe là ou personne ne met les pieds, au milieu du chemin. Cela s’avère payant un moment jusqu’au drame : un de mes pieds s’enfonce jusqu’au genou et je reste collé sur place. Impossible de ramener la jambe sans y laisser la chaussure. Je force néanmoins en orientant la jambe et le pied de façon à soulever le talon puis la pointe. J’y arrive mais en appuyant sur la jambe libre j’ai coincé celle-ci également ! Me voilà donc en très fâcheuse situation et sans solution pour m’en sortir. C’est là que les esprits du trail m’ont souri et envoyé des coureurs fort sympathiques qui, oubliant leur propre course, se sont arrêtés et ont proposé leur aide : qui propose de tenir un bâton pour me tirer, qui descend littéralement dans la boue pour m’aider à dégager mon pied, je me retrouve entouré de bonnes âmes sans qui je serais sûrement resté jusqu’au soir dans cette position ! L’un des coureurs reste avec moi jusqu’à ce que je sois entièrement libéré et enfin, rampant sur les coudes et les genoux pour ne pas m’enfoncer, je rejoins le bord du chemin. Mais dans quel état ! Je dis à mon bon samaritain qu’il devrait y aller, il s’exécute en m’informant que j’ai passé facilement 15 minutes embourbé… Damned ! Mais merci à lui d’avoir perdu autant de temps pour un imbécile qui voulait juste gagner quelques secondes L
Je me nettoie tant bien que mal et repars. Le passage boueux continue encore un peu et cette fois je prends soin de passer par les extérieurs. Enfin on attaque le sentier vers Jusson où je rattrappe la queue du peloton. Ça coince un peu mais je parviens de temps en temps à trouver des raccourcis pour doubler.
Je parviens à Jusson en 3h16 soit 14 minutes de retard… les spectateurs regardent mon allure ébahis, je leur raconte brièvement mon bain de boue et file dans l’alpage. La redescente est un toboggan de boue mais en assurant je passe plutôt bien. On remonte ensuite vers la cheminée de Lorzier et là encore des grappes de coureurs me ralentissent. Je finis par me retrouver devant sans personne en vue, mais les sensations ne sont pas là. La fin de l’ascension est éprouvante et j’arrive en haut littéralement hagard, alors que j’avais survolé ce passage en 2015. Il n’y a même pas de paysage pour s’en mettre plein les yeux, les nuages sont bien trop bas et trop denses. La descente vers Hurtières est la même que l’en passé, atroce. Je sais que c’est fait exprès parce qu’il y a d’autres passages plus faciles, mais c’est le jeu. Les traceurs de l’organisation aiment nous jouer des tours ! Averti pour cette fois je ne tombe pas ni ne casse de bâton, ouf !
A Hurtières je me lave un peu les bras et jambes dans l’abreuvoir, mais rien n’y fait ça colle et je resterai crotté jusqu’au bout.
Partie 2 : Cavalcade et papotages
Une autre course commence ensuite.
Je rejoins rapidement Velouse et entame la montée de la Sure à 4h43 de course, soit 13 minute de retard sur mon temps de 2015. C’est le 3ème passage violent en montée de la course mais cette fois je lâche la machine. Il y a encore du monde devant, et je continue à doubler. Cette fois j’ai encore mes bâtons et c’est bien utile, sauf à des endroits où je préfère utiliser les mains et grimper presque à 4 pattes tellement c’est raide. La technique est bonne, elle me donne plus d’agilité et d’efficacité.
Le sommet est atteint en 31 minutes soit 3 de gagnées. Il y a ensuite 1500m de dénivelé négatif à avaler, ce que je vais faire très prudemment à cause de mon genou, mais avec une certaine efficacité. Pierriers, rochers, boue, eau, feuilles, racines, il y a tout dans cette descente.
Et pourtant je me relâche et récupère des forces, le cardio baisse enfin, le souffle revient. Dans le dernier quart on trouve une piste en faux plat, les jambes tournent et je dépasse à nouveau des coureurs. Derrière moi j’entends depuis un bon moment un gars à mes trousses mais il ne me rejoint jamais.
Je savais que j'étais suivi!
La fin de l’étape 2 approche, on arrive à Saint Joseph et le ravitaillement est en vue. 1h10 pour la descente, 2 minutes de gagnées dans des conditions plus difficiles, c’est top !
Je me gave de tucs et bananes, recharge en eau et repars après seulement 3 minutes d’arrêt. 6h27 de course, comme l’an dernier, j’ai rattrapé mon retard, enfin !
Sauf que la dernière étape est celle de toutes les peurs. L’an dernier j’avais explosé après le dernier ravitaillement à St Etienne de Crossey. Cette fois je ne sais pas à quoi m’attendre mais je joue le chrono et je me sens assez bien pour ne pas temporiser. Entre St Joseph et St Etienne, après les portions de plat j’attaque vigoureusement la première montée et je rattrape un vétéran, ou plutôt un « Master » qui me regarde et lance : « pleine bourre ? » - « ça va mais il faut que ça tienne jusqu’au bout » je lui réponds. Il me dit que ça fait quelques minutes qu’il est mal, on échange un peu et on est d’accord pour dire que tout peut vite changer. Je rendrai compte, sur les photos, que c'était lui qui me suivait dans la descente avant Saint Joseph. Le bougre, je lui ai fait le lièvre un bon moment!
Je le laisse finalement derrière mais peu de temps après, sur une partie assez plate, je le vois repasser alors que je trottine plutôt bien. : « c’est revenu on dirait ! » Finalement jusqu’au bout de la course on n’arrêtera pas de se doubler l’un l’autre mais surtout de doubler pas mal de concurrents à la dérive. En eux je me reconnais il y a un an, incapables de courir, marchant encore mécaniquement juste pour finir. Je vois leur regard plus ou moins désemparé quand on les dépasse cela fait drôle de se sentir si bien en comparaison. Au total j’aurai gagné 15 places dans cette 3ème étape ! Avec Hervé mon nouveau compagnon de route on se paye le luxe de discuter tranquillement, il m’explique qu’il fait toutes sortes de sports : VTT, natation, triathlon etc… et que s’il n’est pas rapide il est toujours régulier quel que soit le profil de pente. Quant à moi je lui parle de mon objectif de fin juin qu’il apprécie en connaisseur. Il ne nous manque qu’une bière chacun, un parasol et deux fauteuils, et on serait au paradis ! On est néanmoins en course alors on se tire un peu la bourre et si J’arrive à le distancer dans les montées, il revient toujours dès que ça descend et tout est à refaire.
Dans la montée de Vouise j’essaie une bonne fois pour toute de l’abandonner. La dernière montée entre les arbres est très raide et permet de faire des écarts conséquents, je double à nouveau quelques coureurs.
Après Vouise on attaque la descente, je suis seul dans le single et quand j’attaque la dernière piste je crois avoir enfin lâché Hervé pour de bon. Mais non, le bougre revient, et avec lui un jeune avec qui on faisait le yoyo depuis un moment. Le jeune (un relayeur ou un solo ?) finit par partir loin devant mais je garde Hervé dans la ligne jusqu’au bout. Peine perdu, il tient bon je ne reviendrai pas. Dans le parc il franchit la passerelle avec une bonne marge de plus de 30 secondes alors que je continue à trotter en savourant pleinement l’instant. 9h03 sous l’arche d’arrivée, je me sens bien, pas vraiment fatigué et pleinement heureux. J’ai rarement autant pris un tel plaisir dans une fin de course. J’ai non seulement remonté mon handicap de la mare de boue mais amélioré de 30 minutes mon temps dans les 18 derniers km. A peine imaginable.
Une arrivée sous les applaudissements
Bilan
A nouveau l’organisation a été impeccable et les bénévoles adorables. Peut être un peu moins de public que l’an passé j’ai l’impression, ou alors j’étais plus concentré et j’ai moins fait attention.
Une petite déception cette année, j’ai vu pas mal de coureurs avec des écouteurs…. J’ai bien envie de dire aux gars et aux filles d’aller courir en salle sur un tapis, ils pourront rester dans leur bulle… et ils auront même la télé ! Alors je reste tolérant et n’oblige personne à partager ma conception du trail, mais quand ça bouchonne et que le mec devant ne se rend pas compte que ça pousse derrière c’est un peu agaçant, ça c’est dit !
Au bilan cette course locale mérite d’attirer plus de coureurs, un peu plus de 200 en comptant les relais, il faudrait le double pour avoir une vraie reconnaissance. Je prends déjà rendez-vous en 2017, j’ai bien l’intention d’en faire ma course préférée !
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13 commentaires
Commentaire de BOUK honte-du-sport posté le 09-06-2016 à 17:53:10
Après les sables mouvants, le furet invente la boue absorbante !!!
Aaaah ces coureurs avec des écouteurs, je te rejoins entièrement. Chacun fait ce qu'il veut, certes, mais bon.............
Et je te rejoins (encore) sur l'organisation. Mon Dieu qu'ils méritent plus de reconnaissance, l'année prochaine, mariage ou pas J'Y SERAI
Commentaire de ilcourtlefuret posté le 09-06-2016 à 18:11:12
Mon Bouk j'ai l'impression d'être un vieux réac des fois. Mais je suis content de ne pas être seul!
Et maintenant tu sais ce que tu dois faire en 2017: t'inscrire!
Commentaire de centori posté le 09-06-2016 à 18:12:05
pour l'anecdote courir avec de la musique est désormais considéré comme du dopage mécanique et c'est donc interdit en compétition enfin pour ceux qui vont sur la boite :)
pour ma part je m'entraine en musique et n'en met jamais en compétition. l'émulation de la course me suffit et puis il faut profiter des paysages aussi
Commentaire de ilcourtlefuret posté le 09-06-2016 à 18:21:54
merci pour ces précisions! j'avais cru entendre cela mais je n'étais pas sûr. J'ai quand même des doutes sur l'efficacité de ce type de dopage, ce qui me surprend surtout c'est de vouloir s'isoler: la musique rend non seulement sourd mais aussi moins attentif je pense aux paysages ou aux odeurs de la nature. ça me rend bizarrement triste de voir ça. J'en ai déjà débattu avec ma sœur qui court elle-même en musique mais décidément je reste étranger au concept.
Commentaire de BOUK honte-du-sport posté le 09-06-2016 à 18:22:52
Et pourtant on aime la musique !!! Lol
Commentaire de bipbip73 posté le 10-06-2016 à 10:57:44
très, très, belle course... et bon temps 30minutes sur l'année dernière c'est vraiment bien. C'est vrai que la dernière partie on tape dans le dur, faut rien lâcher...
le bonhomme en jaune sur ta première photo c'est bibi.
Commentaire de ilcourtlefuret posté le 10-06-2016 à 13:54:44
oui je suis très content de mon temps alors savoir que tu visais moins de 9h avec si peu d'entrainement ça me laisse sans voix! :-o
Commentaire de Loup Des Steppes posté le 10-06-2016 à 11:13:51
Un seul mot: BRAVO ! Gros finish !
En relisant ton CR du sacré trail des collines, je m'aperçois que c'est de moi dont tu parles, le mec en jaune :-) !
Commentaire de ilcourtlefuret posté le 10-06-2016 à 13:53:08
ça c'est drôle alors; et en plus tu es de Voiron, un voisin!
Commentaire de samontetro posté le 11-06-2016 à 15:07:30
Rester piégé 15mn dans la boue de Chartreuse j'imaginais même pas que ce soit possible! Ça fait peur ce truc! Mais d'un autre côté, c'est très tendance les "mud days"! Belle perf au final, bravo!
Commentaire de ilcourtlefuret posté le 14-06-2016 à 17:56:15
ça fait peur comme tu n'imagines même pas! tu n'as jamais fait ces rêves où tu veux courir mais tes jambes sont lestées et tu bouges au ralenti? C'était ça en mille fois pire, et en vrai.
et en plus sale aussi ;-)
Commentaire de Casidescôtes posté le 14-06-2016 à 12:42:03
Trés bon récit et trés bonne description du parcourt!
Ton récit m'a mis l'eau à la bouche...
Cette année j'aurais bien aimé terminé juste derriere toi (comme l'an dernier ;-) ) Mais une vilaine blessure m'empéche de courir depuis des mois...
BRAVO pour ta 1/2 heure de gagné par rapport à l'an dernier !
Commentaire de ilcourtlefuret posté le 14-06-2016 à 17:58:28
bon rétablissement alors ça doit être dur de rester immobilisé! Au plaisir de te croiser à nouveau sur une course où tu pourras finir devant moi cette fois, qui sait?
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