Récit de la course : Endu'Rance Trail des Corsaires - 68 km 2016, par redgtux

L'auteur : redgtux

La course : Endu'Rance Trail des Corsaires - 68 km

Date : 5/3/2016

Lieu : St Malo (Ille-et-Vilaine)

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Distance : 68km

Objectif : Pas d'objectif

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Pas si simple, l'Endu'Rance Trail des Corsaires

L’endu’Rance trail des Corsaires est une course de 68km (et 1000m de D+ selon mon GPS), principalement sur chemins, qui propose de parcourir les plus beaux paysages de la Rance maritime. Le départ et l’arrivée se font à St Malo.

L’an dernier, la course était complète avant que je n’aie le temps de m’inscrire. Cette année, j’ai été plus rapide et me suis inscrit dès l’ouverture. Je ne suis pas le seul puisque papa s’est inscrit aussi après m’avoir parlé de cette course l’an dernier : ce sera son premier trail “moyenne distance”.

Pour moi, il s’agit de se remettre en jambes avec un premier trail long, avant d’augmenter graduellement la difficulté jusqu’à l’Echappée Belle (144km et 11km de D+) fin Août.

Et pour une remise en jambes, je vais être servi : si il y a bien une chose que je retiendrai de ce trail, c’est que rien n’est jamais gagné avant d’avoir passé la ligne d’arrivée; et ce quelle que soit la difficulté ou la longueur supposée de la course, ou bien encore l’expérience du coureur.

Je ne me suis pas préparé de manière intensive pour cette course car cette année sera déjà bien chargée en kilomètres, et je ne vise pas une performance mais plutôt une ballade tranquille.

Nous allons récupérer nos dossards le Vendredi après-midi et ne nous attardons pas trop sur le village course. Il n’y a pas grand chose dans le sac, sauf l’essentiel : le dossard et la puce.

 

Le lendemain, après une nuit peu réparatrice pour moi, nous nous préparons pour le départ. Comme avant chaque course il faut faire des choix cornéliens : chaussures avec gros crampons ou pas, vêtements chauds/longs ou courts. Nous partons tous les deux avec des chaussures peu cramponnées en prévision des portions bitumées du début et de la fin du parcours, ce sera une erreur au vu de la boue qui nous attend sur les chemins !

Pendant ce temps, c’est une véritable expédition qui se prépare : Ma femme nous emmène sur le départ de la course (qui est à 06:45) pendant que le reste de l’équipe “support” se prépare. Et quelle équipe : Maman et les parents de ma femme sont là !

 

Une fois arrivés sur place et après une rapide pause pipi, nous nous installons dans le SAS en écoutant les consignes de sécurité. La météo n’est pas très engageante : il fait assez froid (~ 2 degrés) et on annonce de la pluie puis du vent dans la journée… Notre stratégie de course est assez simple : on court ensemble au début, puis ensuite chacun prend son rythme.

Au coup de feu nous nous élançons dans la fumée des feux de Bengale et au son des cornemuses. Les premiers kilomètres se font sur le sillon puis dans les rues de St Malo. La lampe frontale obligatoire est presque inutile. Il n’y a pas de bouchons comme souvent au départ des trails, il n’est donc pas nécessaire de partir vite. Pourtant, nous partons sur un rythme très (trop ?) rapide.

Il y a deux types de coureurs : ceux qui font le grand tour comme nous, et ceux qui font le relais et s’arrêtent au km42. Il faut donc se méfier des faux rythmes au départ et ne pas se caler sur les coureurs en relais…

Après un passage dans les rues de St Malo, nous rejoignons les hauteurs du barrage de la Rance, c’est par là qu’il faudra passer au retour.  Nous passons progressivement du bitume au chemin ce qui n’est pas pour me déplaire. C’est aussi là que je perds papa (en fait il s’est arrêté pour ranger son gobelet dans son sac…). Comme je ne sais pas si il est devant ou derrière moi je continue à trottiner en attendant le prochain ravitaillement, là nos supporters sauront bien me dire si ils l’ont vu ou pas.

 

Au premier ravito je suis à la 40è place environ et en avance sur mes prévisions les plus optimistes, je décide de poursuivre, encouragé en cela par mes supporters qui doivent me trouver en forme. C’est aussi à ce moment là que je me prends au jeu de “jouer une place” car tout va encore très bien. Le problème c’est que je n’ai presque rien bu depuis le début de la course et que je ne m’en suis pas rendu compte, de plus l’objectif de départ était de courir en mode « ballade ».

Nous poursuivons notre route en passant le moulin de Quinard. Un coup de fil de Manue m’annonce que papa n’est que quelques minutes derrière moi. Après avoir traversé le ruisseau de la Goutte, nous partons à « l’ascension » du mont Garrot. Nous longeons une route pendant quelques minutes et manquons de peu de nous faire renverser par une voiture qui ne semble pas savoir ce qu’est une distance latérale de sécurité. Après avoir « remercié » la conductrice comme il se doit nous poursuivons notre montée puis redescendons vers St Suliac, la vue sur la Rance est magnifique.

Au deuxième ravito, je m’arrête le temps de boire une soupe et d’embarquer un sandwich que je mangerai en route. Ma femme remplit parfaitement son rôle d’assistante : je n’ai même pas besoin de demander mes lunettes de soleil qu’elles sont déjà sur mon nez. J’ai parcouru 25km en 2 heures. La météo est plutôt bonne (bien meilleure qu’annoncée en tout cas).

 

Nous repartons ensuite vers le Nord pour quitter St Suliac… Avant d’y revenir en passant la pointe de Garel. Je dévale la petite descente qui nous emmène sur la plage de St Suliac. Sur la plage, je retrouve brièvement mes supporters, mais c’est aussi là que les problèmes commencent : j’ai ma première crampe… C’est très mauvais signe et assez surprenant car je pensais m’être débarrassé de ce problème il y a 2 ans… Généralement quand elles arrivent elles ne partent plus. Effectivement elles ne vont plus me quitter jusqu’à la fin de la course. Nous sommes à peu près au 30è kilomètre et à partir de maintenant je suis obligé de ralentir le rythme et de marcher régulièrement. Il faut revoir mes ambitions à la baisse : il n’est plus possible de viser un bon classement mais juste de limiter les dégâts et de terminer la course.

Nous filons désormais vers le pont St-Hubert qui va nous permettre de passer sur l’autre rive. Je me rends compte que j’ai un peu sous-estimé la difficulté de la course et que ma préparation était trop légère. Cumulé avec un départ rapide, le manque de sommeil et une mauvaise hydratation ça explique probablement les crampes. Je trouve un compagnon avec qui discuter mais qui finira par me distancer car je ne suis plus très rapide. J’arrive au pont au km36, soit à peu près la mi-course en 3 heures 15. Toute l’équipe d’assistance est là pour l’encourager et par chance je peux courir à ce moment là ce qui est mieux pour les photos ;-)

Passé le pont, après une petite averse, c’est le vent qui se lève. Je suis toujours obligé de marcher régulièrement, voire de m’arrêter si la crampe est à la cuisse. Je me fais doubler mais tous les coureurs ont un petit mot sympa. Le chemin se complique : il y a beaucoup de marches, de descentes boueuses et de dévers. Je regrette vraiment de ne pas avoir pris mes gros crampons car je me crispe dans les descentes et ça donne… des crampes encore et toujours.

Je finis par arriver (en courant) au km 42 au ravitaillement de Langrolay et j’en profite pour faire une bonne pause. J’en suis à 4 heures de course environ. Toute l’équipe d’assistance est là pour m’encourager mais je ne m’arrête même pas leur dire un mot, c’est pas très sympa il faudra essayer de faire mieux au prochain ravito. C’est à ce ravitaillement que les premiers relayeurs s’arrêtent et passent la main à des coureurs « frais ». En repartant, ma femme m’accompagne un certain temps. Je crampe toujours autant et la pause n’a rien arrangé car je me suis refroidi. Je mange et boit beaucoup mais une déshydratation est difficile à récupérer une fois bien installée.

 

Après quelques km je pense avoir une “idée de génie” : baisser mes chaussettes de compression pour voir si cela change quelque chose : sur le coup ça ne change rien. Elles resteront quand même baissées jusqu’à la fin de la course.

Au détour d’un virage, la faute à un appui fuyant, j’ai la plus grosse crampe de la course. La douleur est tellement vive que je dois m’allonger pour tenter de faire des étirements. Il me faudra l’aide d’un autre trailer qui accepte de s’arrêter pour m’aider (merci à lui). En repartant, je songe à abandonner mais finalement il n’y aura pas d’autre passage plus douloureux.

La portion sur laquelle je suis est la plus longue de la course pour moi entre deux ravitaillements, surtout qu’il n’y a plus qu’un ravitaillement liquide avant l’arrivée. Pour penser à autre chose je mets un peu de musique, malheureusement en mono car j'ai perdu une de mes oreillettes, décidément… Tant pis, au moins comme ça j'ai la nature et la musique... Heureusement les paysages sont super : chemins, plages, marches et une grande variété de types de boues (terre, vase…). J’avance, toujours en boitant, à un rythme correct vu les circonstances.

Peu avant le barrage je croise un joueur de cornemuse, sympa ! Au barrage je retrouve toute l’équipe d’assistance et cette fois-ci je prends le temps d’échanger quelques mots et de prendre des nouvelles de papa. Puis je repars pour la dernière partie de la course que je pense simple. J’annonce à mon équipe 1 heure 30 pour rallier l’arrivée mais dans ma tête je pense 1 heure, il ne reste que 10 km.

 

Après une traversée du barrage ventée, nous remontons dans le parc de la Briantais. Ensuite, on traverse St Servan, puis on passe la tour Solidor et on traverse la cité d’Alet par les fortifications ce qui fait encore pas mal d’escaliers… Je connais bien le coin et le temps passe vite, je vois rapidement qu’il me faudra plus d’une heure. Nous arrivons ensuite à St Malo et prenons le chemin des remparts, sous les yeux amusés des Malouins en ballade. En descendant les remparts, je commence à penser que c’est gagné, sauf qu’il reste une surprise : 2km sur le sable avec du vent de face, en plus au lieu de courir sur le sable humide je m’obstine bêtement à rester sur le haut de la plage… Je commence à en avoir marre mais finalement nous revenons sur le bitume et après quelques centaines de mètres c’est l’arrivée, enfin ! Sur le coup je suis plus soulagé qu’heureux car je pensais faire un meilleur temps que 7 heures 41, mais bon au vu des circonstances ce n’est déjà pas si mal.

 

A l’arrivée tout est fait pour nous mettre à l’aise : un super ravitaillement avec des pâtes et de la soupe, une tente chauffée pour manger où l’on ne se marche pas dessus, et accessible aux accompagnants, des douches chaudes sans faire la queue. Le seul défaut, à mon avis, c’est la dotation finisher (un banal tee-shirt technique). On doit pouvoir trouver plus original ou plus “local” (boite de bateaux par exemple, produit Malouin ou Breton…).

 

Je sors de la douche à temps pour voir papa arriver, il n’est pas si loin derrière ! Nous allons ensuite passer un bon moment à flâner sur le village course, il faut dire qu’il y a de quoi faire : il y a des activités pour les enfants, un bar avec un groupe de rock (et du café gratuit pour tout le monde !). Après une crêpe et une bière nous rentrons à la maison. La soirée et le lendemain seront consacrés à la récupération avec un bon restaurant et une séance aux thermes marins concoctée par maman.

 

Finalement, cette course, en plus d’être belle, aura été bien plus qu’une remise en jambes car il y a pas mal de points que je dois travailler. La prochaine étape sera la Maxi-Race à Annecy fin Mai (86km et 5500m de D+).

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