L'auteur : Coureur du 34
La course : Trail des Hospitaliers
Date : 1/11/2015
Lieu : Nant (Aveyron)
Affichage : 2340 vues
Distance : 75.5km
Objectif : Terminer
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En vérité, je n'ai pas fermé l'oeil de la nuit, peut-être 1 heure tout au plus, la faute au stress qui coule dans mes veines depuis hier. Hier où nous sommes allés retirer nos dossards à Nant et plongés dans l'ambiance du Festival des Hospitaliers la pression a grimpé de quelques bars supplémentaires.
Faut dire que malgré un entraînement épais de 11 semaines et un physique de gréviste de la faim après avoir fondu de 2 kgs, (merci d'enlever maintenant les enfants devant l'écran) le doute m'habite... le doute, pas Satan: pour sortir indemne de ces 75 kms, je vais devoir être solide sur les pattes arrières et gaillard sur les appuis, moi qui suis traileur ascendant crampeur. En outre, funeste présage, c'est aujourd'hui la Toussaint et demain la fête des morts: il ne manquerait plus que ce soit la mienne.
Mais voyons les choses du bon côté: je n'ai pas à me réveiller. Et puis tout a déjà été préparé consciencieusement la veille, boisson, camelback. Je n'ai qu'à prendre le petit déjeuner classique et enfiler la tenue de course. Un dernier contrôle du matériel, passage par la case WC obligatoire et en route pour Nant. Nous nous disons que c'est du grand n'importe quoi de nous être embarqués là-dedans mais nous y sommes presque à pouvoir enfin en découdre avec le Trail des Hospitaliers et en finir avec des semaines d'abstinence de bières malgré une coupe du monde de rugby sollicitateuse.
Les seules voitures croisées à cette heure se dirigent vers le village de départ comme nous. Même les chasseurs n'ont pas quitté leur lit. Le thermomètre indique 8 degrés sur le plateau du Larzac mais ça chute à 5 degrés après être descendus sous le nuage de brouillard qui masque le fond de la vallée de la Dourbie.
Parking à droite à l'entrée de Nant, les bénévoles sont déjà en poste à nous indiquer les places.
Putain qu'il caille, nous restons dans la voiture le plus longtemps possible avant de nous rendre sur la zone de départ à 4h45 pour le briefing. Les coureurs arrivent progressivement, la majorité étant bien couverts alors que j'ai décidé de partir léger, en short et uniquement un sous-maillot de corps manches longues et le buff de la Verticausse, en bon fétichiste local. La météo dans la journée est annoncée excellente. Pas de gants, pas de bâtons, ni de chaussettes de compression, mais évidemment une lampe (Petzl Tikka) pour les 2 premières heures en nocturne. C'est l'occasion de l'étrenner et elle fera parfaitement l'affaire.
Bon, il faut affronter le froid et la nuit, nous trottinons pour nous réchauffer et nous nous insérons dans la masse des coureurs. L'humidité tombe du nuage de brouillard dans le halo des frontales. Il nous tarde que le starter déclenche: après les recommandations d'usage ("pensez à allumer vos frontales"), c'est le maire de Nant qui décompte à rebours de 10 et une musique que je ne reconnais pas accompagne la ruée des traileurs assoiffés de monotraces dans un ciel illuminé d'un mini-feu d'artifices.
Cette fois-ci, nous y sommes, plus que 75 kms à courir et le Trail des Hospitaliers ne sera qu'un souvenir, bon ou douloureux, nous verrons bien.
Nous avons décomposé le trail des Hospitaliers en 6 étapes (une par ravitaillement): Nant -> Sauclières -> La Croix des Prisonniers -> Dourbies -> Trèves -> Cantobre -> Nant. Cette dichotomie devrait nous aider à ne pas (trop) gamberger sur la distance et d'être plus fort mentalement.
1ère étape Nant -> Sauclières
Ce n'est que l'échauffement, courir très, très tranquillement, faire redescendre le stress et rentrer dans la course en douceur en profitant de l'ambiance nocturne.
L'entame d'une paire de kms sur large route et la première montée sur une piste large également, à droite, permet au peloton de trouver son rythme. C'est bien vu des organisateurs. Nous avons décidé de marcher absolument dans toutes les montées, consigne respectée à la lettre.
En haut de cette première bosse, la Nature silencieuse nous accueille dans des décors plus champêtres, des prairies, des haies de buis, ... enfin ce que l'on peut en voir à 5 heures du matin.
Nous dépassons le plafond de brouillard et le ciel sombre s'illumine, concurrencé par la guirlande des frontales devant et derrière nous. Courir à la belle étoile est vraiment agréable, mon coeur bat au rythme de la nuit.
Plusieurs gros ralentissements à la traversée d'un ru ou des flaques. D'ailleurs les 17 premiers kms, jusqu'à Sauclières et à proximité sont plutôt humides et il faut se méfier des chutes.
Mélodie de l'eau qui court en contrebas et nous accompagne de longues minutes (ruisseau de Brévinque), ombres de collines se dessinant autour de nous, arrivée sur le plateau du Larzac, passage sous une route (km 8.8 en 1h16), remontée vers la grande ferme de Comberedonde, grande piste large qui monte et descend, lumière du soleil qui commence à pointer, radieuse et paisible, retour en forêt, sol caché par les feuilles, attention où l'on met les pieds, dernière descente en sous-bois, traversée de la D7, bordure d'un pré et montée dans le village de Sauclières.
Il fait grand jour et c'est le premier ravitaillo au km 15.9 (2h10). Je bois deux verres et je repars.
2nde étape Sauclières -> La Croix des Prisonniers
A la sortie du village, nous attend une longue section boueuse que nous quittons au dessus sur l'ancienne voie ferrée avant de plonger dans de superbes bois de sapins et châtaigniers. J'aurai dû prendre un panier en osier au lieu du camelback pour glaner champignons et châtaignes, style "Martine fait du trail".
L'allure est toujours aussi paisible, les hormones d'accélération sous contrôle, les sensations bonnes et le moral au top.
Après une large et courte montée puis la grande descente sur St Jean de Bruel, nous sommes pointés par les organisateurs (1er temps de passage officiel en 2h50, km 21.8).
Nous ressortons vite de ce village (altitude 540 m) pour la première difficulté, une montée catégorie poids lourds dans les châtaigners puis un replat jusqu'au 2nd ravitaillement à la sortie des bois, la Croix des Prisonniers. Je bois généreusement. C'est le km 26 rejoint en 3h29.
Nous sommes super à l'aise, c'est bien là l'objectif car long is the road. Le trail est jusque là très roulant mais nous n'en avons pas fini avec l'ascension du St Guiral (altitude 1335 m).
3ème étape La Croix des Prisonniers -> Dourbies
Depuis le 2nd ravitaillo, la montée continue régulièrement, rarement fort. Nous découvrons progressivement des monts lointains et les vallées en contrebas noyées par le brouillard. L'automne rajoute ses couleurs oranges, jaunes et rouges à la palette de ce tableau somptueux. La météo ensoleillée est parfaite pour jouir des paysages et nous en prenons plein les yeux.
Le terrain est souvent souple et un peu herbeux, ce qui permet une bonne foulée sans traumatisme. La montée est progressive, par paliers: km. 28.3, 3h49 et alt. 940 m, puis km 30, 4h04, alt. 1010 m, ...
Au km 31.7 (4h23), nous franchissons un petit sommet (alt. 1145 m) venté par un escalier de bois qui enjambe une clôture puis empruntons une large piste plus bas. Toujours pas de St Guiral à l'horizon.
Cette piste permet de dérouler et d'avaler les kms sans laisser de trace. Ce qui est couru n'est plus à courir. Puis nous la quittons pour une piste plus étroite (km 33.5 en 4h36) à droite et l'ascension reprend doucement avant de s'accentuer par un monotrace balisé à gauche bien plus technique (km 35, 4h50, alt. 1215 m). En haut, fausse joie, nous croyons y être mais non, nous repassons en forêt et à sa sortie, il est là dressé devant nous, un gros éperon rocheux avec une croix au sommet, c'est le St Guiral, altitude 1335 m, qui marque le point de passage le plus haut du trail des Hospitaliers.
Moralement, ça fait plaisir même si je sens poindre les premières sensations de fatigue.
Nous sommes partis depuis 5h04 et avons avalé 36 kms. Toujours pas d'indigestion.
Nous ne prenons pas le temps et l'énergie de monter tout en haut du St Guiral et basculons versant nord dans une très longue descente vers Dourbies.
Roulante au début, elle devient bien plus piégeuse, la faute aux feuilles qui masquent les rochers, qui eux cassent un peu les jambes. Toujours en mode gestion de l'effort, nous la jouons extrêmement prudents, comme au niveau de la traversée d'un torrent sur des rocs glissants.
Nous rejoignons une route (km 39.9, 5h30, alt. 1045 m) sur quelques hectomètres, traversons le ruisseau du Crouzoulous et enchaînons par un mur, petit et dur... comme un carambar, les enfants ne sont pas couchés.
Une fois ce mur et le tout petit suivant franchis, nous voyons le village de Dourbies en bas et la descente reprend jusqu'à la rivière Dourbie traversée sur un pont de bois excessivement glissant à cause de l'humidité. Une ruelle montante nous amène enfin dans le village et le 3ème gros ravitaillement.
Là, c'est une maxi-pause de 20 minutes environ: grâce aux parents qui sont là et font "assistance", nous récupérons des affaires propres et sèches pour nous changer et refaire le plein de munitions.
C'est le km 43.9 atteint en 6h09 (auquel s'ajoute une longue pause), ça fait du bien à la tête mais la suite du menu s'annonce copieuse avec les dénivelés les plus forts à encaisser.
4ème étape Dourbie -> Trèves
Les premiers kms de sortie du village de Dourbies facilitent la digestion et la reprise des hostilités en douceur. Nous progressons en hauteur de la rivière dans des paysages extraordinaires.
C'est là que nous dépassons les 48 kms, ce qui constituait mon record à ce jour établi au Trail du Ventoux 2014: je suis désormais en terre inconnue comme dirait Frédéric Lopez.
Changement de décor: au km 48.5 (6h59), nous quittons la Dourbie, montons abruptement, traversons la route, rentrons en forêt, grimpons encore un peu et rejoignons des falaises dominant le village de Trèves tout en bas (km 50, 7h18, alt. 920m).
Je bois constamment à petites gorgées pour éloigner les crampes comme l'ail repousse les vampires, ce qui m'oblige ensuite à m'arrêter des dizaines de fois pour rentrer en communion avec la végétation en la marquant de mon passage. Dans ces instants, la fatigue fissure la pudeur naturelle.
La traversée de cette magnifique forêt réserve quelques belles surprises comme le passage au bord d'une grotte et des nombreux points de vue sur le village cerné de falaises. Trèves semble à portée de mains mais pas de pieds. Car nous parcourons encore les crêtes, replongeons à pic dans les bois assistés par quelques dizaines de mètres de cordes: la paume des mains chauffe tout comme les cuisses.
Tout en bas (km 52.2, 7h41, alt. 655 m), le torrent du Trèvezel nous accompagne sur plus de 2 kms jusqu'au village pittoresque rejoint par un vieux pont. La carte postale est splendide. Juste après, nous gagnons le 4ème ravitaillement au km 54.6 en 8h01.
En résumé, c'est un peu une étape de transition, courte de 10.5 kms mais avec une belle bosse et une sacrée descente qui ont encore plus marqué nos organismes. Et ce n'est pas rassurant avant l'étape hors catégorie qui enchaîne derrière. La fatigue est désormais bien installée, certains muscles des jambes sont douloureux et même si je ne sens pas les signes avant-coureurs d'une défaillance imminente, je commence à gamberger sur ma capacité à encaisser la suite.
5ème étape Trèves-> Cantobre
La guerre est déclarée. Nous descendons dans le village de Trèves jusqu'au cours d'eau du Trèvezel, longeons la rive droite 1 km par une sente parsemée de rochers glissants. Quand on est fatigué, c'est pénible. Mais nous n'avons rien vu encore. Nous remontons de la rive direct dans la pente, traversons une route et la grimpette se poursuit. OK, on n'est pas là pour faire du tricot.
Une sente en rive droite dominant la rivière nous tend les bras, longue de 5 kms, en devers, étroite, souvent encombrée de cailloux et jouant aux montagnes russes. En d'autres termes, c'est assez technique, requiert beaucoup d'attention et d'énergie pour relancer l'allure: nous décidons de marcher majoritairement, à l'économie.
Qui plus est, dans cette partie assez encaissée, le vent est tombé et le réchauffement micro-climatique ne nous épargne pas. Dans ces conditions, le moral perd quelques points de vie.
Après une descente casse-gueule vers la rivière, nous traversons un hameau (km 58.2, 8h47) et repartons en montée par une nouvelle sente plus roulante cette fois, Dieu merci (et pourtant je suis athée).
La sente éprouvante redescend une ultime fois vers la rivière, frôle un vieux pont pittoresque et en voiture Simone pour le plat de résistance, l'ascension du Causse Noir au km 60.8, 9h10, alt. 524 m.
C'est l'instant de vérité, cette montée est au trail des Hospitaliers ce que l'iceberg est au Titanic.
La fatigue est installée bien au chaud dans mes jambes, comme un chat qui ronronne au coin de la cheminée. Et ça ne va pas aller en s'améliorant. Mes mollets picotent, on dirait qu'ils veulent refaire le feu d'artifices du départ, version acide lactique, et je ne peux qu'espérer que les crampes prolongent leur sursis. Cette ascension est très longue, et comme dirait Richard III, "Mon royaume pour un ascenseur".
Alors aux grands "monts", les grands remèdes: je dépose mon cerveau à la consigne, je le récupèrerai plus tard. A cet instant, je ne suis plus que des jambes et le reste de mon corps n'est guère plus qu'une excroissance. Je ne regarde que mes pieds, où je les pose à chaque foulée, mécaniquement, sans lever les yeux et plus rien ne m'importe d'autre que d'enchaîner les pas, mode pilotage automatique sur "ON". Si la gravité impose sa loi, je suis dans le dur mais pas en grande souffrance pour autant.
L'atteinte du sommet du Causse Noir, alt. 855 m au km 63.3 après 50 minutes de montée (10h pile de course) sonne comme une délivrance. Mon moral passe soudain à 8 sur l'échelle de Richter: que c'est bon de pouvoir courir trottiner à nouveau.
Une douce euphorie s'installe et je m'imagine en train de franchir la ligne à Nant. Ne pas s'emballer, ne pas faire n'importe quoi et tout gâcher. La traversée du plateau du Causse Noir sur 1.5 km, parfois en crêtes, avec des vues grandioses sur la vallée du Trévezel et les monts à l'horizon est magnifique, les organisateurs nous ont encore une fois gâtés.
Une petite bise bienvenue nous rafraîchit. J'ai récupéré un peu de tonus et me lance dans la longue descente vers Cantobre: après un passage sous le porche d'une grotte, la sente en devers passe plus loin entre des blocs rocheux munis d'une corde en guise de main courante. Le monotrace se poursuit toujours peu roulant et casse-pattes jusqu'à rejoindre une nouvelle fois le Trévezel. Mes cuisses sont martyrisées, j'ai des appuis précaires alors avec cette fatigue, les lois de la pesanteur imposent une vigilance constante. Au niveau du Trévezel, c'est enfin tout plat et nous rejoignons la passerelle aussi empruntée lors du trail Larzac-Dourbie (km 67.5, 10h40, alt. 460m).
Second miracle de la journée: même pas peur, je passe sans écueil la courte mais violente grimpette sous la falaise jusqu'au village de Cantobre, contre vents, crampes et marées. Quelques spectateurs nous applaudissent et je les gratifie de ma blague culte aux droits de reproduction désormais réservés "Il faudra faire réparer l'ascenseur, il est en panne". Il y en a qui rigolent, preuve que le Cantobrais n'est pas insensible à l'humour foireux.
Le tracé dans le village pour rejoindre le 5ème et dernier ravitaillement a changé mais pas le buffet avec toujours les fameuses crêpes qui font la jalousie des bigoudènes. Je bois de la Quezac, mon eau bénite sur ce trail. Dernier pointage officiel: 10h48 pour 68 kms.
Je suis serein, habité désormais par la certitude que je vais finir les Hospitaliers.
6ème étape Cantobre-> Le Paradis (Nant)
En effet, une fois à Cantobre, il reste moins de 8 kms. A ce stade, il est inenvisageable de craquer si près de l'arrivée, et mon mental boosté à l'adrénaline du finisher prendra le relais si la machine défaille, quitte à terminer en marchant sur les mains. Seul mon GPS a craqué, faute de batterie, la montre l'a désactivé automatiquement mais j'ai toujours le chrono qui tourne.
Je descends de Cantobre heureux comme Ulysse qui a fait un beau trail en Grèce, tout en bas dans un cours d'eau moussu. A l'approche du pont, j'entends la voix de ma femme qui m'attend avec ma fille. Je me signale en criant que j'arrive. Ma gorge se serre, je vais peut-être craquer mais pas de fatigue cette fois. Je suis au comble de l'enthousiasme de les voir toutes les deux, elles qui m'ont attendu un poil plus longtemps que prévu. Elles m'encouragent, prennent quelques photos. Je décline la nourriture, il m'en reste suffisamment et de toutes façons, j'ai du mal à ingurgiter du sucré. Je récupère une frontale même si elle ne me servira pas. Et elles repartent m'attendre à la ligne d'arrivée.
Alors là, je marche carrément sur l'eau, les derniers kms ne sont vraiment que du bonheur, une impression de plénitude intense malgré la fatigue et la pente assassine du Causse Bégon.
Après la rampe de lancement en bord de route, le trail s'enfonce en sous-bois, droit dans la pente jusqu'au pied de la falaise dans laquelle il s'enfonce aussi, le coquin, puis ressort de la faille, continue contre la falaise et repart de plus belle vers les hauteurs. Mais ces efforts ne me marquent plus, je suis poussé dans le dos par l'énergie joyeuse d'en finir .
Lorsque nous ressortons de la rude grimpette et du sous-bois, il ne reste que 800 mètres de montée douce sur large piste et 5.5 kms jusqu'à l'arrivée. Je trottine toujours et je savoure déjà, libéré des peurs et le sourire aux lèvres.
Et voilà le fameux Roc Nantais qui signe la fin des hostilités verticales. Maintenant ça ne fait plus que descendre et à propos des cendres, je décide sur le champ que l'on répandra les miennes de ce sommet-ci à ma mort.
Procédure d'approche à destination "Dernier virage": ça tourne à droite pour longer un instant la bordure du Causse Bégon, avec vue sur la vallée de la Dourbie au soleil couchant, décidément les organisateurs avaient tout prévu.
"PNC aux portes" je pénètre dans la sylve caussenarde pour une sente joueuse, racines et branches en bataille. Encore une peu de prudence, je tiens le bon bout, encore une paire de kms. On aperçoit le village en contrebas et le vent amène la voix du speaker à l'arrivée qui réjouit mes oreilles.
"Vérification de la porte opposée" nous sortons du bois, retour à la civilisation dans un sentier entre de vieux murs de pierre, quelques marches rocheuses, encore des spectateurs qui auront été omniprésents sur tout le parcours, chaque foulée est jubilatoire.
"Désarmement des toboggans" voilà Nant, j'ai envie d'hurler ma joie, je passe sur le pont de La Prade, plus que 300 mètres, je monte la petite ruelle sombre toujours en courant, mais si, c'est possible.
"Vous pouvez détacher vos ceintures" j'arrive dans le jardin du Claux dont nous sommes partis il y a plus d'une demi-journée. Ma fille et ma femme me voient, c'est marée haute dans mes yeux, je lève les bras comme si je rentrais dans le stade olympique pour les derniers 400 mètres du marathon, et tant pis si je brûle en enfer pour ce péché d'orgueil.
Je suis allé au bout, je l'ai fait et je suis physiquement incroyablement bien avec la banane des grands jours. Preuve en est, j'ai couru la portion Cantobre-Nant presque aussi rapidement que lors du Larzac-Dourbie 2014. Le speaker me passe le micro, je remercie les organisateurs et bénévoles pour un trail au top, encore une fois.
Mon premier 75 kms est bouclé en 12:10:55, 157ème sur 440 participants dont presque 60 abandons.
On m'avait annoncé que mes Brooks Pure Grit 4, chaussures minimalistes avec leur 4mm de drop n'étaient pas adaptées à des trails de plus de 40 kms. Et bien voilà, après 75 kms, elles ont tenu le choc et ne sont pas plus abîmées qu'au départ. Leur propriétaire n'a aucune ampoule, aucune blessure ni douleur particulière au niveau des pieds. Au contraire, j'ai constamment eu d'excellentes sensations d'appui et de maintien, que ce soit sur les sections glissantes, de terre meuble, dans les feuilles, les rochers de St Guiral ou ailleurs.
Côté nutrition, j'ai emporté beaucoup trop de barres énergétiques que je n'ai finalement pas consommées ni même appréciées à la longue. Seules les barres fines miel-sésame sont bien passées ainsi que les compotes de fruits bio (Banane-Pomme, Pêche-Abricot...). Par contre, j'ai eu du mal avec les barres de céréales trop épaisses. Dans mon camelback, j'ai exclusivement tourné à l'eau avec de la Crème Sport Déjeuner (Diet Sport Energy) arôme chocolat, coupée à moitié par de la St Yorre secouée et un demi-citron pressé: pas d'écoeurement au goût, pas de mal au bide, mon intestin n'a pas été le tube de ce trail (hum hum). J'ai aussi énormément bu aux ravitaillos, de la Quézac principalement et grignoté des quartiers de bananes, avec une fois en passant des dés de gruyère et des biscuits apéro pour leur goût salé au ravitaillo du village de Dourbie.
Le plan d'entraînement suivi pendant 11 semaines, axé sur le travail en côte et la capacité à supporter la fatigue, a certainement joué un grand rôle. De même que la gestion de la course: partir lentement, marcher toutes les montées, assurer les descentes et ne jamais se laisser emporter par l'envie d'accélérer dans les 40 premiers kms (après, l'envie n'était plus un problème!) m'ont permis de finir dans un temps modeste certes mais dans un état de forme surprenant qui m'a fait apprécier l'intégralité du parcours. Quel pied au final!
Quant aux organisateurs et bénévoles, leur présence nombreuse, leur constante bonne humeur, leurs encouragements permanents, la qualité des ravitaillements et le boulot ahurissant de balisage omniprésent (diurne comme nocturne) sont juste phénoménaux: un énorme merci à eux!
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3 commentaires
Commentaire de Yvan11 posté le 17-10-2016 à 10:22:01
Merci pour ce récit détaillé, bien utile pour préparer l'échéance 2016 !
Commentaire de Yvan11 posté le 17-10-2016 à 10:26:37
Concernant la blague foireuse de l'ascenseur, je t'invite à aller lire mon récit de la Larzac Dourbie 2011 :
http://m.kikourou.net/recits/recit-12459-la_larzac_-_dourbie-2011-par-yvan11.html
Commentaire de manoubis posté le 18-10-2016 à 23:38:46
Comme Yvan et faute de pouvoir se connecter sur le site des Hospitaliers, ton CR (très agréable à lire et qui m'a souvent fait sourire) m'a permis de mieux appréhender cette course: ne pas s'enflammer au début et en garder pour la fin ... on verra dans 15 jours!!
Bravo pour ta course et cette belle gestion.
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