L'auteur : jematt10
La course : Trail des Hospitaliers
Date : 1/11/2015
Lieu : Nant (Aveyron)
Affichage : 1802 vues
Distance : 75.5km
Objectif : Terminer
Partager : Tweet
26 autres récits :
Trail des Hospitaliers, 1 novembre 2015.
3h30 du matin, le réveil sonne. Apres un bon petit dej (banane, tartine de miel, muesli, café et gâteau sport) je me prépare pour le départ du TDH. Enfin, après un plan d'entrainement en deux étapes, marqué au milieu par le trail des Lavoirs que je recommande à tous, 48km et un petit d+1100 mais qui pour moi sonne l'alarme : au 30e je me prends le mur, une fatigue insoupçonnée tellement je pensais être facile sur le parcours. Je me suis alors mis dans ma bulle avec mes écouteurs (j’écoute toujours de la musique dans les moments durs, je pense que ca m’aide car en sortie longue je prend beaucoup de plaisir à écouter ma playlist, donc je pense que ca joue dans le bon sens) ; bref je le fini fracassé en 5h54 avec un constat post course : surentraînement : la 2e sortie des 25bosses était probablement en trop. Je vais donc revisiter la 2e partie de mon plan, sauf que là, j’accumule un déficit de volume à cause des impondérables de la vie courantes: boulot, réunion entre midi et deux, déplacements… Roro qui s'entraine alors pour les Templiers et que je devais suivre pour cette partie du plan se fout de moi en me demandant aux vestiaires - alors, ca marche ton entrainement pour la parisienne ! sic ! Bref je me lève avec l’envie d'en découdre ce matin.
Vers Sauclières, à l’ancienne...
La journée sera ensoleillée mais ce matin nous partons dans la brume de nuit. Cela me rappelle une sortie longue matinale faite entièrement dans le brouillard, j’adore cette ambiance LoL. Les frontale sont toutes allumées et la magie des premiers pas nous entraînent vite sur une route à l’allure sous les 5! Je contrôle ma vitesse pour ne pas dépasser les 5:30, 2km après on prend à droite et commençons à monter, pas trop pentu donc on cours, puis plus dur, on marche. Tout ce passe bien, les sous bois sont détrempés car il avait beaucoup plu cette semaine, des rus traversent notre route et nous obligent à tremper nos chaussures. Nous avançons bien quand tout à coup ma frontale s'éteint. Je suis victime du chargeur que j'avais emporté avec moi pour recharger mon matos et qui la veille était tombé en panne. Pas trop inquiet car j avais rechargé chez moi à la maison sauf que je l’avais fait avec le même chargeur, déjà faiblissant sans que je m’en rende compte. Me voila sans lumière, à l’ancienne. Ca monte donc ca va, surtout que j'aime bien courir de nuit ; en entrainement j’éteints souvent un peu la frontale pour les sensations, ou il m’arrive de fermer les yeux sur la piste en vma pour voir autrement ma foulée… Sauf que là j’angoisse à l approche des descentes. Alors que nous sommes en file indienne sur un single track descendant un mec derrière moi et qui me faisait rire car il arrêtait pas de déconner me dit :
- dit donc devant, t’a pas de lumière
- non +explication
- tu veux des piles ?
-ah, heu... non
à vrai dire j avais vraiment pas envie de m’arrêter, on avançait bien et j’ai avec moi un chargeur amovible, lui chargé à bloc c'est sur, donc j’envisage de recharger ma loupiote cet aprem avec, ce que je lui explique. Et la il me sort une phrase que je garderais avec moi toute la journée - ben non, tu arriveras de jours, ou alors tu te crois sur un 10km avec ta vitesse... Toujours est il que ce mec mesure 2m et m’aide à déjouer les pièges de cette descente un peu technique avec son faisceau; de surcroit il ajoute :
- maintenant c’est moi qui voit plus bien !! rire... Merci à toi, traileur de 2 mètres!
Puis la croix des Prisonniers…
Le jour se lève doucement, arrive Sauclières, je recharge vite mes bidons avec la petite dosette de sel que je récupère de la cantine du boulot, exactement la bonne dose pour les 2 bidons de 750ml que j’ai avec moi. En plus de ces bidons, je porte 1 litre dans le camelbak, juste en réserve au cas ou ; un truc que fait le pote de Pierre et que j ai retenu lors d'une discussion, j'aime bien ce principe de précaution.
Arrive tout d un coup au 20e en descente un peu technique des crampes aux adducteurs, "pas déjà, c’est pas possible me dis-je, même pas la distance d’un semi et déjà des crampes, comment vais-je tenir toute la journée... je profite d'une montée que j’attendais avec impatience pour allonger le pas et étirer les muscles, ca va… ca passe… je peux relancer un peu plus loin. Arrive la croix des Prisonniers avec un ravitaillement en eau uniquement où je décide de ne pas m’arrêter, j'ai assez de flotte sur moi.
Vers Saint Guiral puis Dourbies au fond…
Je m'éclate sur la montée vers le saint Guiral, passé l'épisode des crampes, cette ascension est un vrai régal car on peu courir les montées, elles ne sont pas trop sévères. Arrive le point culminant, 1360m d'altitude, je regarde à droite pour voir la mer, conseil de l’organisation, puis je pique à gauche, ici le vainqueur de la course aurait perdu 15minutes victime d’un dé-balisage ! Descente super technique vers Dourbies avec des feuilles mortes qui recouvrent souvent sur plus de 20cm des cailloux glissants. J’apprends plus tard par Fred, mon covoitureur depuis Montpellier, un mec sympa qui a les yeux qui brillent quand il parle de la diag, accroche toi Fred, tu y arriveras!! qu’un traileur s’est cassé une jambe ici, aie... Puis Dourbies arrive, premier ravitaillement solide, j'ai presque 3 heures d'avances sur la barrière horaire. Le solide n’est pas terrible terrible mais il y a une soupe aux cèpes excellente, j’en absorbe 2 bols, et de la quézak et du perrier, ca c'est top! Pour le salée, pas grave car j'ai emporté avec moi du jambon cru que l'oncle de la Fannie ma vendu à Nant, j'en reparlerais plus tard. Je prends de la charcut avec moi en course car à chaque heure c’est le même protocole : une bonne gorgée d’eau, une pompote et/ou une ultra barre, j’aime bien les aptomia et un cachet de sporteïne contre les crampes, un truc que m’a donné Sébastien, mon covoitureur des Templiers en 2014. Le hic, c’est qu’un moment j’ai le dégoût du sucre, alors je mange par dessus un morceau de jambon cru, et ca c’est hyper bon. L’inconvénient, c’est que ca donne aussi soif, donc déconseillé pendant les fortes chaleurs ; si qqun peut me conseiller des barres salées. Je profite aussi de ce ravitaillement pour me changer : nouveau T-shirt, manchon de bras, nouvelles chaussettes ; au passage je vois du sang entre mes doigts de pieds, c’est vrai que je souffre un peu des pieds ; je ferme les yeux et repars vite.
Vers Trèves, bâton cassé.
L’étape vers Trèves est assez technique, avec une montée sur un flan de colline en plein cagnard très rocailleux, dont les cailloux secs sont tenus par des planches le long du chemin ; il fait chaud et la montée est sévère, heureusement on devine que cela ne durera pas. Je cherche à sortir mes bâtons sauf que pour l’un d’eux, je n’arrive pas à le déplier ; le bitoniau qui doit sortir reste bloqué… je range le matos et me fait une raison sauf qu’un mec me double, avec ses bâtons, et je vois bien qu’il est plus facile que moi, ces appuis sont meilleurs que les miens car je glisse un peu tellement c’est pentu, alors ca m’énerve, je ressors le bâton et je mets de la salive à l’endroit ou ca bloque, je chauffe avec bouche (très sensuel non ?) et… finalement arrive à le remonter ! ouf… un traileur bricoleur est un traileur qui avance !
A ce moment là je ralenti pas mal, je me fais doublé, en montées comme en descentes ; y a une fille qui paraît super légère, que je manque d’éborgner avec un églantier resté accroché à mon sac qui lui vient sur la figure, la vache, qui me parle aussi des crêpes de Cantobres, j’en reparlerais, que je cherche à suivre… impossible. Trèves arrive enfin, il est 13h, j’ai 2h55 d’avance. Je décide de repartir vite. Erreur.
Cantobre, tu te mérites.
Erreur parce que entre Trèves et Cantobre il y à comment dire… une bosse qui ressemble à un mur, un truc qui vous fait penser "mais pourquoi nous font ils passés par là ?", c’est long de 12 km seulement, mais des km à 21’ pour le plus long (62e) et 12’ pour le plus court, en descente, à pic, très douloureuse. Je sors mes écouteurs pour écouter une chanson que ma femme a travaillé avec mes enfants, "mon père, il est tellement fort, que même il peut faire un footing de 1000km en 2 secondes, mon père, il est tellement fort, que même il peut doubler les ferarri en courant…" j’en pleure et rigole à la fois, super moment de réconfort ca me donne la pêche mais quand même, cette étape me demandera 3h et 15’ d’effort. A l’approche, on voit le village en face un peu plus haut alors que l’on descend pour traverser une rivière ; bref une fois traversé il faut encore monter un petit mur entre des arbres et finalement déboucher par une sorte de grotte ou des bénévoles vous acclament chaleureusement. Alors, on contourne un bâtiment et on entre au ravitaillement, enfin… enfin les crêpes ; j’en avale 6 je crois, excellentes et sans sucre en plus, bravo à l’orga qui sait que le traileur peut avoir le dégoût du sucre LoL
A Cantobre aussi je m’inquiète, et que ceux qui se lancent sur les Hospitaliers lisent bien : le profil de la course montre exactement la même bosse entre Cantobre et Nant, donc j’ai peur et pose des questions à un ancien de l’organisation : non ne t’inquiète pas me dit-il, c’est différent… bon je relance.
Vers Nant.
A ce moment je commence à croire à mon objectif de le finir en moins de 14h ; surtout avec les sms de Zeq et Pierre qui me disaient peu après Saint Guiral "Tu bombardes !!" genre de messages qui font hyper plaisir ! Bref je monte, vers Roc Nantais, dernier sommet de la dernière bosse. Ici c’est tout différent que la précédente, les chemins invitent à relancer sur un sol doux genre pine de pins et humus ; finalement Roc Nantais arrive, on voit au passage un super paysage ouvert sur la vallée avec au fond, Nant ; et l’on devine bien l’arrivée car on entend déjà le bruit des animateurs de l’arrivée. Reste à descendre ; assez douloureuse descente d’ailleurs, 4km sur des rocailles et cailloux à 15% je dirais ; j’entends un rapide derrière moi, je le laisse passé en lui disant – vas y, tu gagnes une place ; je croise un jeune de l’organisation qui me dit – plus que 1,5 km et vous y êtes ; - quoi ?? 1500m c’est vrai ? – oui je vous l’assure… alors là je bénie le mec qui a inventé le GPS, je pointe la distance sur ma montre, je relance bien, même ma foulée devient plus coulante, je redouble le mec que j’ai laissé passer et c’est l’arrivée, après 12h49 de course hyper tiptop J
Bon, je comprends pas pourquoi l’orga affiche D+’4000 car au final j’ai 3400 à ma montre, mais pour le reste ce trail est vraiment super ; j’avais beaucoup souffert du monde sur les Templiers, ici c’est une autre échelle ; "nous on a su rester petit", comme ils disent ici.
Ah oui, j’oubliais, Fannie je l’avais interpelé au petit marché pour lui acheter le fameux jambon cru; elle m’a indiqué la boucherie ou je trouverais son oncle et qu’il pourrait me préparer ca.
Dans la boucherie : “A bé mon ptit, Fannie elle me l’a bienne dit que vous viendrez acheter de la saucisse pour la courseu ; vous savéé , mon neveu il sera au saint Guiral cette année, attention car là bas c’est un autre pays c’est que c’est les Cévennes, c’est otre choseu"…
Les Hospitaliers c’est aussi ca, Nant et les villages alentours centrés sur la course ; des gens chaleureux qui s’efforce de rendre votre séjour agréable.
Un grand merci à tous mes supporters qui m’ont bien aidé à avancer et un gros bisou à mes enfants pour cette jolie chanson qui m’a donnée le courage qu’il fallait au bon moment.
Accueil - Haut de page - Aide
- Contact
- Mentions légales
- Version mobile
- 0.08 sec
Kikouroù est un site de course à pied, trail, marathon. Vous trouvez des récits, résultats, photos, vidéos de course, un calendrier, un forum... Bonne visite !
2 commentaires
Commentaire de tiblam posté le 04-11-2015 à 10:24:32
Bravo Jematt,
c'eut été pas mal dans ton CR que tu indiques le kilométrage, car tout le monde n'est pas du cru hein ...
Super idée pour la chanson, je retiens comme idée.
Par contre, de grosses erreurs qu'il va falloir corriger ...
La frontale, ce n'est pas possible d'arriver sans l'avoir testée.
Pareil pour les bâtons ...
Et sauter un ravito, comme te dit le mec de 2m, tu t'es cru sur un 10kms ...
Sinon, bravo; je suis fier de mon poulain!!
Commentaire de jematt10 posté le 05-11-2015 à 19:43:56
Warf Coach !!!! Je les avais testé et ca marchait bien !!! Pour la CCC j emporterais des piles de rechanges indeed !! Rhanks pour les encouragements pd la course encore :-))
Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.