Récit de la course : Le Défi du Granon 2006, par titifb
Pas d'autre récit pour cette course.
Le défi du Granon
DIMANCHE 5 AOUT 2006 (Soleil, fraîcheur et vent en altitude)
8 heures, direction Chantemerle où nous récupérons nos dossards. Nous reprenons la voiture pour Saint Chaffrey car, comme l'an dernier, le départ (fictif) aura lieu devant la gendarmerie. A l'échauffement, je repère mes futures adversaires : Isabelle Grenier, Maria Fornelli (annoncée comme une des favorites, Anna Garelli (vice-championne du monde de montagne), Alessandra Bianco (qui m'a déjà réglé mon compte la semaine dernière), Jana Mostecka (membre de l'équipe de la République Thèque pour les Europe 2006), Chantal Baillon, (championne du monde Master 2004, et championne d'Europe 2006) ! Toutes ces filles ont un palmarès de haut niveau : je suis la première coureuse non-élite !!! !
Au programme, 12 km de montée et pas de descente ! Le chrono démarre au bout de la ligne droite de Saint Chaffrey aux alentours de 10 h 05, quelques minutes après le départ des cyclistes. Il y a un départ fictif et un départ réel, sans neutralisation des coureurs, comme l'an dernier. Comme je m'en suis doutée, j'ai envoyé Chantal aux avant-postes, histoire qu'elle ne prenne pas 100 m dans la vue dès le départ !!! La course est partie, dans le prolongement du footing, moi, je n'ai pas accéléré : je suis déjà à ma vitesse de compétition ! Il faut dire que la pente est tout de suite raide (7%). Je fais course commune avec la Thèque Jana Mostecka pendant les deux premiers kilomètres. Puis, sans à-coup, elle me décroche, à moins que ce ne soit moi qui décroche toute seule ! Anna Garelli, restée prudemment à son rythme en ce début de course me crucifie de sa foulée rase-motte, mais terriblement efficace ! Magnanime, je l'encourage même ! Je vois la transalpine revenir sur la Thèque et la laisser sur place (je comprends pourquoi, elle a un tel palmarès ! Surtout à son âge : elle a quand même 52 ans !!! Fichtre, la course de montagne, ça conserve.Quant à moi, je connais mon niveau, je prends mon mal en patience, mon rythme de croisière (qui ne s'amuse pas !), à environ 9 km/h (j'ai un G.P.S. au poignet, qui joue les délateurs). En prenant de l'altitude il y a tellement de vent que je suffoque par moment, et dois me résoudre à ralentir pour attendre un groupe, plus lent, mais à l'abri duquel je vais pouvoir m'abriter (c'est bien la peine d'avoir fait tant d'efforts pour gagner du temps au début !) . Il y a deux ans, la canicule, l'an dernier et cette année, on doit courir face à un ventilateur !
Et allez, la pente s'accentue encore à l'approche de Villard-Laté (9,5 %). Je ferme les yeux, et cours en aveugle...le temps passe plus vite, et j'ai l'impression de m'échapper de cette course, de cette souffrance. J'ouvre les yeux régulièrement, histoire de ne pas accrocher les talons du coureur qui est devant moi ! Il n'est pas bien gros, mais me protège un peu des rafales ; je me baisse le plus possible pour ne pas offrir trop de prise au vent. Heureusement, il fait moins froid que l'an dernier, où il neigeotait au sommet quelques minutes avant l'arrivée des premiers concurrents. De temps en temps, à la faveur d'un virage, je relaye le leader en relançant. Dernière moi, le groupe s'organise, toujours en file indienne ! Notre lente progression nous mène aux Tronchets où un bon 11 % nous fait plier l'échine. Bon Dieu, qu'est-ce qu'on fait là ? se demande tout fort, une des victimes du Granon. Sans doute serait-il mieux à la pêche avec son beau-frère ! Je guette les bornes qui jalonnent l'itinéraire. Je les cherche des yeux dans la montagne, plus que 5 km, plus que 4 km...Nous rattrapons des cyclistes à la dérive, qui zigzaguent dangereusement devant nous, coupant la route, visitant les bas-côtés. C'est sûr, leur compteur affichera plus de kilomètres qu'ils auraient dû en faire ! Certains poussent le vélo à la main, pliés en deux pour lutter contre et le vent et la déclivité de la pente, le nez sur le cadre, les mains sur le cintre. Ils accomplissent comme nous leur chemin de croix, mais la chance que nous avons par rapport à eux, c'est qu'on n'a pas besoin de pousser une machine en plus de notre propre corps ! Quand je pense que certains croient que nous courons pour notre plaisir !!! Moi, j'vous l'dis le VRAI plaisir, c'est quand je passe la ligne d'arrivée ! Dans des épreuves comme celle-là, ma fierté, c'est de l'avoir fait, alors que PERSONNE ne m'y a obligée ! On est un peu maso, nous, les forçats de la pente !
Cette course n'en finit plus. Comme les kilomètres semblent longs, lorsqu'il y a autant de dénivelé ! Des spectateurs m'encouragent. Ils sont toujours surpris de voir des féminines sur les compétitions, au milieu de pelotons majoritairement masculins !
2000m, 400 m de dénivelée ??? Vivement qu'on arrive. Je regarde le paysage pour passer le temps. A ma droite, le massif des Ecrins...Des sommets qui me sont familiers….Nous arrivons au dernier ravitaillement. Je suis tentée d'en faire l'impasse, car je n'ai pas soif ; néanmoins, nous sommes en altitude, avec un air sec.L'hyperventilation, et la transpiration menacent de déshydratation l'imprudent qui ne boirait pas pendant une telle course. J'ai l'intention de perdre le moins de temps possible. Je me suis suffisamment arrêtée dans les points d'eau situés plus bas. J'attrape au vol un gobelet, prends le virage à la corde et quitte mon petit groupe de wagonnets ! Heureusement, maintenant, le vent me pousse, c'est déjà ça, et je suis comme le cheval qui sent l'écurie. Le final de ce Défi est moins dur que la semaine dernière (14% au Noyer, contre "seulement" 12% ici.) J'ai mes repères depuis le temps que je viens ici et reconnais au loin les barrières qui indiquent le dernier kilomètre...Une douleur vive me foudroie l'aine gauche au même endroit que l'an dernier ! J'enfonce mon poing gauche dans le pli. Je ne vais quand même pas me mettre à marcher et me faire remonter par le gruppetto que j'ai lâchement abandonné à son triste sort ! Ils rigoleraient bien ! Heureusement, j'aperçois au loin la ligne d'arrivée juste après les casemates du fort.
1 h 18'45 au col du Granon ! Le même chrono qu'en 2005! J'aurais voulu le faire exprès que je n'aurais pas pu !!! J'ai froid. Je me dirige vers la table de ravitaillement, où je retrouve Chantal en train de se restaurer copieusement ! Je ne m'attarde pas (après avoir ingurgité : un sandwich au jambon/tomme de montagne, une compote et deux verres de jus de fruits, et deux d'eau), je monte rapidement dans la navette pour me changer ! Chantal me suit et m'annonce son temps : 1 h 08 et des poussières ! Comme au Noyer, elle est deuxième derrière Isabelle Grenier. Mon idée première était de redescendre par les chalets du Granon...mais, j'ai froid, et mes jambes refusent tout net de me rendre service ! Désobéissance pardonnée, elles ont des excuses. Au départ, elles n'étaient pas tellement d'accord pour monter jusqu'ici à plus de 2400 m ! Finalement, j'ai insisté, et généreusement elles ont accédé à ma demande...Un caprice ont-elles pensé !!!
Le retour se fait en stop. Nous sommes descendues par Pascal Bertrand (3e chez les garçons : course remportée par Franck Lelut, et l'Ardéchois Nicolas Pasquion) et sa compagne.
15 h place du téléphérique, à Chantemerle, les 5 premiers hommes et 5 femmes de la course escaladent le podium scratch. Résultats : 1ère Isabelle Grenier, 2e Chantal, 3e la Turinoise Maria Fornelli, 4e Anna-Maria Garelli, 5e Jana Mostecka.
Les organisateurs récompensent également les premiers et premières de chaque catégorie, sans faire de cumul. Je m'offre donc, la première marche du podium V1; c'est déjà ça !!! Coupe, bouteilles, tee-shirt, sac à chaussure, etc...tous ces cadeaux saluent les efforts concédés au Granon ! Je ne les ai pas volés !
Jeannie Longo l'emporte chez les féminines de la course cycliste.
Un beau plateau !
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2 commentaires
Commentaire de nicou2000 posté le 10-08-2006 à 08:52:00
bravo pour ta course (12km uniquement en montée ça force le respect!) et pour la qualité de ton CR!!
Commentaire de vboys74 posté le 11-08-2006 à 11:57:00
Vraiment très beau compte rendu!
On s'y croirait...!!!
Félicitations.
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