L'auteur : gilles+
La course : Via Romana - 62 km
Date : 3/8/2014
Lieu : Carpineto (Haute-Corse)
Affichage : 2111 vues
Distance : 62km
Matos : Asics Trabucco
Objectif : Terminer
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Via Romana 2014, 62km/3700d+
4h du mat' départ de Bastia, direction Carpineto pour la 4°fois depuis 2011 mais cette année je suis seul car Delphine se repose, nous serons bientôt 4 ... :-)
La route est belle, pas besoin de 4x4 (hum, elle est moyenne celle-là ...) Il fait encore nuit quand j'arrive, la bise à Marcel, je récupère mon dossard, j'ai le nº4, inscrit depuis 4 jours seulement ... Un grand café, 4 canistrelli gentiment proposés par les adorables bénévoles, comme chaque année ils vont de plier en 4 ... (bon ok c'est relou, basta avec les 4 !)
Après le 23km en 2011 et 2012 et le 40km en 2013, je vais tenter le grand parcours: 62km/3700d+ en mode tranquillou puisque ma prépa se résume à quelques sorties en colline à compter les lapins, 1 sainte victoire, 1 trail de 38km dans le Champsaur avec crampes et 2 sorties aux glacières: un total de 80km en juin et 163km en juillet, sans parler du mini mois de mai où j'avais les voûtes plantaires qui couinaient, bref pas très volumineux tout ça ...
L'objectif du jour est donc de finir, de prendre un max de plaisir en évitant les bobos/gamelles. La météo prévoit quelques gouttes de pluie dans la journée, ce serait cool car il fait souvent bien chaud sur ce parcours. Pour l'heure il fait bon, voire frisquet à l'ombre de la jolie petite église devant laquelle se trouve l'arche de départ. Je reconnais Olivier/Bikoon et nous papotons pendant le briefing qui, comme dans toutes les courses, est inaudible :-D
L'hélicoptère approche, le départ du 40km et du 62km est donné simultanément sans bousculade, nous sommes une petite centaine à nous élancer dans le raidillon qui va nous permettre de sortir du village situé à 650m d’altitude. Chacun sa course, Olivier part devant, son mode tranquillou n'est pas le mien ! Ça monte, ça descend souvent en dévers et en sous bois, le terrain est souple, parfait pour se mettre en jambe.
Passage devant la jolie petite chapelle San Giorgio puis descente vers E valle d'Orezza où je double Véronique qui vient de se faire une entorse :-( Elle me doublera à l'aise dans la montée vers la chapelle San Bartolomeo alors que je commence à bien suer avec une belle hyper-ventilation qui va bien. Je monte à mon rythme, m'asperge régulièrement et arrive à Saint Bart' en 1h35 (km10/1074m) dans un état de fraicheur moyen puisque je manque d'oublier mon bidon au ravito ...
La descente se passe carrément mieux, je reprends quelques coureurs, zappe le ravito de Piazzole (518m) et finis par rejoindre Olivier au moment de passer le ruisseau de Chiarasgiu (306 m).
On se fait ensemble le raidillon pour rejoindre les 1.5km de piste qui vont nous mener aux eaux d'Orezza. Olivier prend de l'avance, on se croise au ravito (km19/404m) où j'arrive en 2h40.
Il n'est pas encore 10h du matin et la chaleur se fait déjà sentir dans la montée pourtant ombragée en direction du couvent d'Orezza (678m) puis de Pastoreccia (734m), pas un nuage à l'horizon tant pis, il va falloir gérer. On traverse de jolis hameaux avec de magnifiques petites chapelles et fontaines, au loin des églises pointent le bout de leurs clochers, Olivier fait des photos, moi pas du tout car le parcours est le même que l'an dernier jusqu'à Campodonico.
Je transpire à grosses gouttes dans les montées mais j'arrive facilement à envoyer dans les descentes, trop peut-être puisque dans celle qui suit Piedicroce se fait sentir une belle douleur au tendon d'achille gauche. Je prends l'alerte au sérieux, cela ressemble à une crampe comme au trail du Champsaur, je vais faire gaffe, boire davantage et tâcher d'assouplir ma foulée car j'ai l'impression de bloquer systématiquement ce pied gauche en descente.
3h55 de course, j'arrive seul à Campodonico (km25/900m), n'ayant pas pu suivre Olivier dans la montée, il pensait que j'allais le rejoindre dans la descente suivante mais non, nous nous reverrons à l'arrivée seulement. Après le ravito tucs/bananes + eau/coca les deux courses se séparent, bien qu'étant un peu entamé je n'hésite pas et prends le chemin du 62km, je suis venu pour ça, donc vamos !
Deux petites bosses sont au programme pour rejoindre La Porta, pied de la plus longue ascension du parcours. Je rencontre Bruno/The Dude, on a le même rythme, lui aussi semble avoir bien chaud, on papote bien c'est cool.
On passe par les villages de Campana puis de Verdese (km30/550m) en 4h45, des petits nuages arrivent ... 5h56 de course à Croce (km37/742m), les nuages ont grossi, il fait louuuuuuuuurd et je commence à avoir un petit coup de mou, j’espère vivement que quelques gouttes de pluie viennent rafraîchir l'atmosphère.
Passage à La Porta (km39/553m) en 6h14, ce village est superbe avec sa majestueuse église et son haut clocher classés aux monuments historiques. J'apprécie même si je suis de plus en plus dans le gaz et ne m'aperçois même pas que Bruno s'est arrêté prendre un truc dans son sac.
SMS pour Delphine, Bruno me rejoint au ravito quelques mètres plus loin. Toujours pas de pluie, grrrrrr ça devient une idée fixe, on en plaisante alors que commence la plus grosse montée du parcours sur du ... bitume !
Cela nous convient, les appuis sont plus stables et cela soulage les gambas. Ceci dit, plus que les montées, ce sont plutôt les parties "courables" qui commencent à être délicates, je me dis que je vais morfler grave dans la fameuse descente vers Piedipartino, Delphine et moi l'avions trouvé interminable l'an passé. Un quart d'heure après La Porta, enfin quelques gouttes de pluie ! Un bénévole nous prédit un bel orage, ah ! Les gouttes éparses se transforment en une petite averse, mmmmmh il commence à faire plus frais, j'évite soigneusement les flaques qui commencent à se former quand d'un seul coup des grondements sourds se font entendre et la pluie s'intensifie. Plus question d'épargner les chaussures, l'eau ruisselle à gogo alors nous arrivons au village de Quercitello puis de Stoppia Nova où de véritables cascades dévalent les escaliers, je suis trempé comme si j'avais plongé tout habillé dans la piscine, mais totalement hilare et revigoré par ces conditions.
La pluie s'arrête à notre arrivée au col de Prato (km43/980m), mon gps n'a plus de batterie, il est 13h50 soit 7h10 de course, je tente un SMS en vain, pas de réseau. La famille de Bruno est là, on nous apprend qu'on a échappé à de gros grêlons. Au ravito les biscuits Tucs sont mouillés, beeeeeeerk, les abricots secs ne le sont plus, je sors une barre de céréales et vamos pour la fin de cette montée. Il reste environ 5km et 600d+ et cela commence par une très belle piste assez roulante, puis la pente se raidit peu à peu sous une forêt de hêtres puis de pins Lariciu. Le coin est enchanteur et je me sens mieux, la montée se passe sans encombre et nous atteignons le sommet de cette bosse dans un brouillard épais (km48.5/1516m). Pas un bruit, une clairière verdoyante, l'instant est magique ... mais ou sont les balises ? Bruno cherche à gauche, moi vers la droite, on s'appelle pour ne pas se perdre, petit moment de flottement ... Un coureur arrive, c'est le "suisse" en rapport à sa casquette portant le drapeau helvétique. Ça fait un moment qu'il fait l'élastique avec nous, il semble avoir du mal en descente et n'est pas très bavard. Peu importe c'est lui qui trouve le chemin au moment ou nous entendons des encouragements venant de plus bas, c'est le ravito de Bocca Favalta.
Les courageux bénévoles nous apprennent qu'il reste 7/8 coureurs derrière nous, le Suisse se fait appliquer de la bombe de froid puis repart aussi sec sans un mot. Bruno et moi prenons le temps de remette à niveau les bidons/poches à eau avant d'entamer la partie roulante sur cette belle crête qui rejoint le tracé du 40km. Les nuages nous privent du splendide panorama sur les plus hauts sommets de l'île, dommage mais pas sûr que je l'aurais pleinement apprécié: je suis tout rouillé, courir m'est pénible et je recommence à serrer les dents. Bruno semble plus à l'aise et m'attend gentiment. Il recommence à pleuvoir quand nous quittons le refuge de San Cristofanu (km51.5/1319m), le berger rentre son blanc troupeau et nous attaquons un petit raidillon dans une sublime forêt de hêtres qui va nous mener à Calderuccio (km53/1437m).
Comme il pleut et que ça monte j'avance mieux et passe devant. Je me souviens que l'an dernier il y avait un point de contrôle/ravito en haut de cette bosse, on approche mais je ne le vois pas quand soudain le bruit déchirant d'une bâche en plastique nous fait sursauter: "Vous voulez manger quelque chose ? Y'en a encore beaucoup derrière vous ?" Rires, remerciements chaleureux: la palme du bénévole pour cet homme seul depuis des heures sous la pluie et sa bâche au pied d'un arbre !!!
Obligé de m'arrêter soulager un besoin naturel et sachant que je vais souffrir dans la loooooooooongue descente caillouteuse, je propose à Bruno de ne plus m'attendre, on se reverra à l'arrivée. La pluie cesse mais les pierres sont glissantes, méfi ! Comme l'an dernier je trouve ce passage interminable d'autant plus que je suis seul et sans GPS mais j'arrive tant bien que mal à rejoindre Piedipartino (km58/600m) non sans avoir évité 2/3 sguilades et fait fuir un gros cochon planté au milieu du chemin à l'aide de mes bâtons.
Enfin le bitume, je tente un SMS, portable éteint, plus de batterie ... j'ai du faire une mauvaise manip sous la pluie, pfffff ! Je demande l'heure au ravito: 16h40 soit pile 10h de course. Le plus dur est fait et je me dit que je devrais réussir à terminer en moins de 11h, cool ! Les nuages se sont dissipés mais les descentes sont toujours plus pénibles que le reste et j'ai hâte de retrouver le tracé du 23km, synonyme de dernière montée pour rejoindre Carpineto. Je passe devant la superbe cascade puis dans le village de Carcheto, le clocher sonne: il est 17h.
Le parcours du 23km est enfin là, pour moi c'est le km60, il reste 150d+ et je suis trop content d'arriver, je monte avec aisance tout en m'aspergeant régulièrement quand j’entends l'hélico se poser tout près, haaaaaaa j'approche, il reste deux lacets mais qui j’aperçois devant ? Bingo, le Suisse ! J'arrive à sa hauteur sur le bitume de Carpineto, des enfants nous encouragent et courent avec nous, quelle aubaine pour moi, je prétexte faire la course avec un petit pour doubler la casquette rouge à croix blanche, et hop une place de gagnée ! hé hé ... Je franchis la ligne d'arrivée soulagé, sans bobo et hyper heureux pour un temps final de 10h47mn21s, classé 15° wouuuuuah !!! Bon en fait, nous étions 28 au départ et je termine dernier de ma catégorie, sniiiif ;-) Les bénévoles m'invitent à rendre ma puce et derrière la table de ravitaillement une dame me demande ce que je veux: "Un tabouret !" :-)))
Je me pose entouré d'Olivier déjà douché auteur d'une jolie 9° place en 9h29 et de Bruno arrivé quelques minutes auparavant. Merci les mecs, c'était super sympa de vous rencontrer et de faire un petit/grand bout de chemin avec chacun de vous.
Merci aussi à Florence et Marcel d'avoir renseigné/rassuré Delphine sur ma progression et mon arrivée alors que je n'avais plus de téléphone.
Mais surtout un grand BRAVO + un immense MERCI à toute l'équipe organisatrice, quel courage et quelle passion de gérer tout cela pour le plus grand plaisir des coureurs, tout était parfait comme d'habitude, vive la VIA ROMANA et rendez-vous en 2015 !!!
Gilles
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4 commentaires
Commentaire de Japhy posté le 08-08-2014 à 06:49:19
Ha ben voilà! Il te faut un Bikoon pour te ramener sur kikourou!
Profite profite, bientôt tu devras te lever toutes les 4h la nuit (et même moins...) pour nourrir des petits monstres qui mangent comme 4, manger toi-même en 4ème vitesse quand tu pourras, mais nul doute que vous serez bientôt pliés en 4 de rire devant leurs pitreries! Bref, belle entrée dans la 4ème dimension des jumeaux!
Commentaire de gilles+ posté le 08-08-2014 à 15:03:08
:-) Merci Japhy, bises et à un de ces 4 ;-)
Commentaire de the dude posté le 09-08-2014 à 18:21:43
Salut Gilles,
Alors ça y est tu es entré dans la secte? :)
Merci pour ton récit qui fait bien revivre cette très belle journée (je vais aussi essayer d'en faire un aussi mais j'ai profité au max des derniers jours en Corse, je n'ai pas le bonheur d'y aller tous les ans moi...)
Je confirme tout le bien que tu as dit de cette course et des gens qui la font vivre, on sent qu'ils y mettent du cœur et l'accueil des bénévoles et du public est vraiment exceptionnel; ça a été un plaisir de partager ce long bout de chemin ensemble, comme je te l'ai dit: tout seul ça aurait été bien difficile de monter vers le refuge de Favaltu, faut croire que j'ai pas un mental de Suisse ;-)
Commentaire de gilles+ posté le 10-08-2014 à 00:05:24
:-))) ouaiiiiis c'était carrément mieux à deux, pi un compagnon de route ça peut toujours servir pour une p'tite manœuvre de Heimlich si un Tuc fait de la résistance looool !!! Au plaisir de lire ton récit, tu as bien fait de profiter de ton séjour avec ta chouette tribu, bonne récup et bon jus d'ici ton utmb, et oui un supporter de plus dans la secte :-)
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