Récit de la course : Andorra Ultra Trail Vallnord - Ultra Mitic 2012, par kelek

L'auteur : kelek

La course : Andorra Ultra Trail Vallnord - Ultra Mitic

Date : 6/7/2012

Lieu : Ordino (Andorre)

Affichage : 3119 vues

Distance : 112km

Objectif : Terminer

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mon premier ultra de montagne

N'ayant pas été retenu pour l'UTMB cette année, je me décide à tenter l'ultra mitic d'andorre en début d'année...

Je considère que ce sera mon premier vrai ultra trail (plus de 100km en montagne).

 

La préparation :

3 entrainements par semaine avec une sortie longue le WE. en trails de prépa, je fais le trail de vulcain et le trail des piqueurs, tous deux de 70km, à 15 jours d'intervalle. Puis en mai les coursières du lyonnais, 103km.

Je ne peux malheureusement pas faire de sortie montagne, difficile à caser avec la vie de famille. heureusement mon boulot m'envoie une semaine à mexico (2250m d’altitude) à 3 semaines de l'échéance... merci pour cette semaine d'acclimatation gratuite !

 Mais cela sera t il suffisant ? pour la première fois j'aborde un trail en me demandant si je finirai...

 

L'avant-course :

Dimanche atterrissage en provenance de Rio. je viens de faire 2 semaines de déplacement pour le boulot, il va falloir récupérer du décalage horaire et du manque de sommeil...

Arrivée à andorre le mardi, grasse mat et sieste tous les jours jusqu'au vendredi. repos, repos et repos !

 Le vendredi, je récupère mon dossard, dépose mes deux sacs d'affaires pour les bases de vie et écoute le briefing. le temps s'annonce bon, juste quelques gouttes sont annoncées.

 

La course :

On démarre donc à 23h, il ne fait pas trop froid j'ai juste un teeshirt manche longue en haut.

Les 6 premiers kilomètres sont faciles, petit faux plat montant. A llorts, derniers encouragements de la foule puis on attaque la montée, bien raide, ça annonce la couleur pour le reste du parcours.

Ça ne parle pas trop dans le peloton, chacun est déjà dans sa bulle.

Arrivé au premier sommet, un peu de brouillard rend parfois difficile la recherche des petits fanions mais les coureurs s'entraident et le peloton est encore pas trop étendu.

On attaque la montée du comapedrosa. C’est raide, technique à souhait : beaucoup de pierriers, blocs de roches. Je monte lentement mais régulièrement et ça passe plutôt bien. Je commence à entendre la fameuse cornemuse et quelques minutes après j’arrive enfin au sommet ! J’ai enfilé ma micropolaire quelques temps avant, le vent souffle. Il est 4h environ, j’ai la bonne surprise de voir que je suis en avance d’une heure sur mes prévisions… c’est bon pour le moral !

C’est ensuite la redescente jusqu’au col de la botella (bon, avec une petite montée entre). Arrivée au col vers 5h, c’est le petit matin, le temps se radoucit comme on redescend, je renlève ma micropolaire.

Suis une bonne portion relativement plate, un coureur du coin m’explique que l’on est vers les meilleures pistes de ski d’andorre… ça donne envie !

Puis c’est la longue descente sur la première base de vie, la margineda. La descente est longue mais pas trop technique, j’ai hâte d’arriver et de faire une pause. J’appelle ma femme pour lui annoncer que j’arriverai en avance sur mes prévisions, pas de chance elle a crevé la veille à llorts. Elle doit réparer ce matin, je serai donc seul à la margineda. Arrivée à 9h, 45minutes de pause : changement de tenue, il va faire chaud, tartinage en règles des pieds et je bois et mange un peu.

Je redémarre requinqué, franchis le fameux pont de la margineda et attaque la montée vers le col Bou Mort qui s’annonce longue, très longue. Il fait très chaud en cette fin de matinée et je commence à rationner un peu mon eau, voyant que le prochain ravito est encore loin. Heureusement, des petits torrents me permettent de refaire le plein. La montée est épuisante, je commence à ressentir les effets de l’altitude, j’halète malgré un rythme des plus lents. J’arrive enfin au ravito de Perafita. C’est la mi-course, je souffle un peu.

Après le passage d’un petit col, nous traversons la vallée d’Illa. Sans doute l’un des pire moments de ma course alors que l’endroit est magnifique. Le sentier chemine dans la vallée le long de torrents, pas mal de randonneurs se promènent ou sont venus encouragés des coureurs. Le chemin est un long faux plat montant, je suis contraint de tout faire en marchant. Je suis épuisé, manque de souffle, je me fais doubler par pas mal de coureurs. Je serre les dents et m’accroche, tant pis si je perds des places, l’important est d’avancer. Je sais que je suis dans le creux de la vague et qu’il faut laisser passer…

Enfin la délivrance et le refuge de l’Illa ! Je fais une longue pause ici, certains sont en train de dormir dans un coin du refuge.

Je repars à l’assaut du Collada Pessons, l’ascension est longue et éreintante. Penser que la prochaine base de vie n’est pas loin me motive. J’arrive enfin au sommet, il ne reste plus qu’à descendre jusqu’à Bordes d’Envalira.

Le début de cette descente est terrible, raide et technique. Puis le chemin est plus horizontal mais technique et cassant. Je préfère marcher, et ne pas prendre le risque de me faire une entorse. Je me fais doubler par quelques coureurs qui trottinent eux, tant pis.

Nous récupérons les pistes de ski, le chemin est plus facile à présent et il ne reste plus qu’à se laisser descendre. Je peux enfin courir un peu et j’arrive enfin à Border d’Envalira, tout content d’arriver au ravito et d’y retrouver ma femme. Ça fait du bien de voir un visage connu !

La base de vie est un peu sommaire : une grande tente dressée au bord de la route. Même pas de lavabo pour se débarbouiller un peu. Enfin, je change à nouveau de tenue en prévision de la nuit qui arrive. Je retartine mes pieds de crème NOK et change de chaussures. Après une petite heure de pause (ce sera ma plus longue), je repars, les compteurs au vert : pas de bobo, pas sommeil et le moral est bon. Je sais que le plus dur est derrière moi, rien ne m’empêchera d’aller au bout à présent.

C’est reparti pour une grosse montée et une grosse descente avant le prochain ravito à 8km de là. Je croise quelques coureurs qui font demi-tour, blessés ils préfèrent arrêter. Je monte doucement, subissant encore l’altitude. Puis c’est la descente sur Incles. La nuit commence à tomber, ma frontale est dans mon sac. Comme je n’ai pas trop envie de m’arrêter pour la sortir, je commence à accélérer pour arriver avant la nuit noire au ravito. Du coup je redouble quelques coureurs qui m’avaient doublés dans la montée ou le début de la descente. Je termine à très bon rythme et arrive à Inclès. Je sors ma frontale, me lave le visage grâce à ma femme qui a pensé au savon. Je sors la micropolaire et le coupe vent, les orgas annoncent froid là-haut. Je repars rapidement, motivé par la hâte d’en finir !

Mais 15 minutes après, me voici à nouveau au fond du trou ! Je n’ai plus d’énergie, cette avant dernière montée est un cauchemar : mal au ventre, envie de vomir, chaque pas est une épreuve. Je sors alors mon mp3, écouteurs dans les oreilles, musique à fond. Je me concentre alors sur la musique et plus sur mes douleurs et j’avance pas après pas. J’arrive ainsi à reprendre le dessus et arrive finalement au sommet du col. Toutes mes douleurs s’envolent alors ! la joie de savoir qu’il ne me reste plus qu’une petite montée fait disparaitre mal de ventre et envie de vomir ! dopé à l’adrénaline à présent, j’entreprends la descente jusqu’à l’avant dernier ravito sur un bon rythme. Arrivé à ce ravitaillement, je remplis vite mes gourdes et repars rapidement afin de profiter au max de mon bon état de forme.

Cette dernière ascension sera finalement pas si petite ni si aisée. La montée est technique et raide à souhait mais je la monterai sans problème, toujours sur mon petit nuage.

C’est enfin le col, terminé les montées, il ne reste plus qu’une longue descente vers l’arrivée.

J’entame la descente d’un bon pas, courant quand je peux, marchant autrement. Je préfère ne pas prendre de risque, une entorse serait trop bête maintenant.

Je suis seul à présent depuis le dernier ravitaillement, un seul coureur de la ronda me double dans la descente. La fin sera en solitaire.

Arrivé au dernier ravitaillement, je m’arrête à peine, le sentier final est proche.

Je récupère enfin la route, il ne me reste plus que 9km environ de descente douce vers Ordino.

Le moral est au top, les jambes pas trop douloureuses, la fatigue envolée. Je pars sur un rythme de 9km/h environ, pressé de terminer !

 Je double quelques coureurs qui marchent, me retourne régulièrement histoire de voir si moi-même je me fais rattraper. Je remarche un peu sur les petites côtes, cette descente est longue et je commence à avoir du mal à maintenir le rythme.

Je crois voir une frontale au loin me rattraper, je redouble d’effort et repart de plus belle !

Ordino est enfin en vue, l’arrivée n’est plus qu’à quelques centaines de mètres… et c’est enfin la délivrance ! Ça y est je suis finisher ! Oublié toutes les douleurs et les difficultés ! Contrat rempli. J’espérais mettre entre 30h et 35h, je mettrai finalement 30h30 environ. Bon, ce n’est pas la foule pour m’accueillir, il est 5h30 environ, seuls quelques bénévoles sont là.

Ma femme me loupe à 20min près, elle pensait que j’arriverai un peu plus tard.

Je me douche et retour sur andorre la vieille pour un petit somme réparateur.

 

L'après course :

A midi, nous repartons à Ordino pour récupérer la polaire finisher et profitons un peu de l’ambiance, il y a foule à présent ! Puis direction Caldéa pour un bon bain à remous. Je suis assez surpris de mon état de forme, je pensais être épuisé le dimanche et finalement ça va plutôt bien. Les jambes ne sont pas trop douloureuses.

 Le lendemain, retour à la maison et fin de cette belle aventure.

 

Le debrief :

Au final, le plus dur pour moi a été l’altitude. Il faudra que j’essaie de faire plus de sorties montagne la prochaine fois pour habituer mon corps.

Le manque de sommeil par contre n’a pas été un problème, 2 nuits blanches et je n’ai pas spécialement eu envie de dormir.

 

Un trail superbe en tout cas. Très difficile et technique. 9500m de dénivelé concentré sur 90km. Les paysages sont magnifiques, je regrette d'avoir été dans une mauvaise passe, le samedi après midi, cela m'a empêché de profiter au maximum de cette belle vallée d'Illa.

Mais je reviendrai, c'est sûr, me mesurer à la Ronda del Cims et ses 170km !

 

 

 

 

 

 

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