L'auteur : Baobab
La course : Les Foulées du Chocolat
Date : 9/4/2012
Lieu : Illkirch Graffenstaden (Bas-Rhin)
Affichage : 743 vues
Distance : 10km
Objectif : Se défoncer
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Pas d'autre récit pour cette course.
D'une certaine manière je pourrais dire qu'il suffit que je participe à une course en Alsace pour qu'il se produise le même phénomène que lorsque ma famille du (plus au) sud débarque à la maison : en l'espace de quelques heures on perd 15 degrés, il se met à flotter, et on ressort les combinaisons de neige.
Ce matin ça ne loupe pas : alors que je sors de ma caisse, le ciel maussade laisse filtrer une petite pluie mesquine. J'ai froid malgré mes deux pulls...et dire que j'avais prévu les lunettes de soleil !
Après le retrait de mon dossard, retour dans la bagnole pour une demi-heure de repos avant de me changer et de partir pour 20 minutes d'échauffement.
Avec mon short, mon Tshirt orange manches longues, mon buff Saintélyon2008, mes chaussettes et mes NAZICS, je termine mon échauffement avant d'aller rejoindre la ligne de départ. Il reste 8 minutes avant le starter, je suis placé à deux mètres de l'arche, et je n'ai plus grand chose à faire que de profiter de la bonne ambiance qui règne au départ de cette 5e édition des 10km de l'eurodistrict, dans le cadre des foulées du Chocolat. Cette course part après un cani-cross adulte, enfant, et une marche non chronométrée. Plus tard dans la matinée, les organisateurs proposeront aux enfants une chasse aux œufs...mais il paraît que j'ai passé l'âge.
Je découvre le monde de la ligne de départ. Habituellement je me case un peu à l'arrache, généralement, souvent plus loin encore. Mais sur ce coup là j'ai envie d'éviter la cohue, quitte à me faire dépasser 200 fois sur le premier kilomètre.
Un coureur non-voyant et son accompagnateur partent une minute avant le peloton sous les encouragements du public et des la meute qui patiente derrière la ligne de départ, puis les premiers rangs se tiennent prêt pour un départ de folie, doigt sur le chrono, et langue pendante.
Le starter présente son arme, la soupèse, l'observe, prend plaisir à étirer son effet, puis avise un azimuth vers un point du ciel mûrement choisi. L'index se place sur la détente, apprécie la résistance, et d'un mouvement sec mais infiniment précis libère le mécanisme. BOUM.
Je pars prudemment, avec pour objectif de ne pas me griller bêtement sur un coup de lyrisme musculaire naïf. J'évite les déboîtements inutiles, et me laisse doubler par quelques fusées. Le parcours passe devant le centre de recherche génétique , puis le parking avant de prendre à droite. Sur un dépassement aventureux un coureur manque de se manger le bitume. Étant donné sa carrure, sa chute m'aurait sûrement fait voler.
Au rond-point nous prenons à gauche, direction la forêt (mon lecteur s'en fout et il a raison)
KM1 4'00
D'accord il était prévu de partir pépère mais tout de même, la grasse matinée doit cesser. Je décide de viser une allure qui me permettra d'accumuler une avance chronométrique qui ne pourra que me donner du baume au coeur passé le 7e kilomètre.
Le meneur d'allure en 38' n'est pas loin, je le garderai dans le viseur sur ces 1000mètres.
KM2 3'41
Le premier trop lent, le deuxième trop rapide. Je récupère tout de même le bonus et décide de tenter de la conserver telle qu'elle jusqu'au 5e, puis de décider de la stratégie à suivre en fonction de la fraîcheur de mes gambettes. Je laisse filer Pierre Joncheray, métronome des 38' (il a eu chaud!) et tente de m'imprimer mon propre rythme.
Rapidement la grappe de devant prend le large, et je me retrouve comme Robinson sans Vendredi, seul comme un lapin de Pâques au mois de juillet.
KM3-4-5 courus en 11'46 soit une moyenne de 3'55/km.
Je passe la mi-course en 19'27, je suis satisfait, et si les étapes ont été assez irrégulières, l'ensemble est cohérent avec l'objectif. Je décide de maintenir 4'00/km jusqu'au 7e puis de voir ce qui serait faisable sur la dernière partie. En gros je gambergerais presque si le circuit n'avait pas été aussi agréable, presque entièrement dans une jolie forêt longeant le Rhin Tortu (qui doit être un bras sauvage du fleuve, un peu tortue parce qu'il flâne nonchalamment dans cet écrin de verdure, et beaucoup tordu...si j'en juge à son tracé tourmenté sur la carte IGN)
KM6 3'59
Je me sens bien, j'ai comme l'impression que cette fois si, ça va passer. Un peu de prudence ne fera pas de mal cependant : on n'est pas encore rentré dans le dur, je ne réponds pas aux provocations des bolides qui me doublent, et me concentre sur ma course.
KM7 3'53
Voila ce que ça donne de se tirer la bourre avec d'autres coureurs : on s'amuse on s'amuse et on oublie le chrono. Disons que certaines provocations m'ont davantage parlé que d'autres, et puis on n'est pas là pour se faire engueuler, on est là pour voir le défilé.
KM8 3'58
Tout va bien, je décide de viser quelque chose comme 3'55 au kilo jusqu'à la fin. Mes mollets tirent un peu mais c'est sans comparaison avec mes expériences passées sur la distance. Les fins de course tenaient invariablement du calvaire, j'étais carbonisé au 7e, bon pour la casse au 8e et au bord du naufrage au 9e. J'exagère à peine...
KM9 3'58
Un poil lent mais ça passe toujours, j'ai une avance considérable, et à moins d'un gros pépin (un lacet défait ou une traversée inopinée de sangliers) les 40' devraient être enfoncées. Je décide de me faire plaisir, relance la machine, et me prépare pour la dernière ligne droite. Je passe quelques coureurs, voici une ligne au sol indiquant 500m (fractionné du mardi matin, on est lundi mais je ne vais pas en faire une maladie)
Ben oui j'ai remarqué : je cours avec le pouce droit en l'air...
Le dernier kilomètre est passé en 3'53.
Au passage de la ligne, le chronomètre indique
Total : 39'10 temps réel (39'14 temps officiel)
Je suis particulièrement satisfait par la nuance de mon sub-40. 50 secondes en dessous, c'est quand même 1'11 gagnées sur mon record (novembre 2008 à Vénissieux)J'ai atteint un objectif que je m'étais fixé en 2008. Il était temps, certes, mais le voyage en valait la peine : j'ai beaucoup appris au cours de ces 3 années. Je m'entraîne bien différemment, connais mieux mes limites, j'ai appris à aimer certaines allures de course.
Par dessus tout la barre des 40 m'est apparue pendant des années comme un Everest qui prendrait des mètres supplémentaires régulièrement : 41'17 puis 40'49 en 2007, 40'21 en 2008 puis 40'45 et 41'15 en 2009...avant de faire un passage sur marathon, puis de couper quelques mois, pour reprendre presque à zéro, sans jamais retrouver complètement mes jambes d'antan.
La clé, puisque clé il y a eu, aura été de réfléchir un peu, de délaisser les plans d'entraînement tout prêts, beaucoup, et de développer mes points faibles. L'assiduité aux séances de seuil (30' en un bloc) a ainsi payé bien plus que des 6*1000 récup 1'30. Ces dernières séances m'avaient amené à la régression, et au découragement probablement parce que je ne rendais pas compte que je me cognais la tête avec persévérance, contre le même mur.
A partir de novembre 2011 et jusqu'à mars 2012, je n'ai fait qu'une séance à allure spécifique 10km (4*1500m en 3'52 de moyenne). Le chrono était inespéré, à croire que je progressais sur 10km en forçant sur l'allure semi ! Trois séances à allure 10km (1700m/1850/1700m récupération 2' entre les séries) quelques semaines avant la course d'Illkirch ont confirmé une impression : la barre des 40 était jouable. 6 jours avant la course j'ai couru un 4*1000m avec 1'30 de récup en 3'45 de moyenne. Dans mon esprit la barre des 40 était déjà surmontée, et ne restait donc plus qu'à concrétiser sur le terrain.
Prochainement je vais m'atteler à confirmer le chrono, puis je repartirai sur un plan qui j'espère m'amènera sous les 39'.
J'en frémis presque en l'écrivant tant j'ai l'impression de parler d'une « petite rando-pique-nique sur Mars », le truc tellement incroyable, qui ne m'avait jamais fait rêver jusqu'à présent tant l'idée était saugrenue.
Pour finir, merci aux organisateurs pour tout leur travail, un immense merci aux bénévoles présents malgré une météo de latrines. Merci aussi aux photographes (http://coureursenalsace.fr/index.php?page=display_gallery_199_foulees-chocolat-illkirch-9-avril-2012)
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3 commentaires
Commentaire de Fredy posté le 11-04-2012 à 18:22:18
Tu es un vrai, un dur, un tatoué, tu peux regarder les joggeurs du dimanche de haut ;-)
Moi qui croyais que les foulées du chocolat consistaient à se gaver d'oeufs de Pâques à chaque ravito ...
Bon courage pour la suite.
Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 13-04-2012 à 09:50:29
P... que t'as l'air jeune sur la photo !!! Beau chrono et bonne analyse au niveau de l'entraînement mais il ne faut pas, de toute façon, rester toujours sur les mêmes types d'exercices.
Tu as une belle progression devant toi, de toute façon.
Commentaire de Japhy posté le 13-04-2012 à 19:34:07
Tiens tiens, intéressant. Pour que ce soit bien clair, ce que tu appelles ton bloc de seuil (30'), c'est de l'allure semi ou semi+?
Je savais déjà que les séances où on avait de l'allure semi ou semi + placée après de l'allure marathon faisait de belles fins de marathon, et je savais aussi que deux semis courus à deux semaines d'intervalle avaient été le prélude à ma meilleure saison de trail l'an dernier. Si tu dis que ça aide aussi sur les 10 kil, moi qui ne les aime pas, c'est bien!
De toute façon, j'ai l'impression que tu es quelqu'un d'assez aventureux qui aime bien défier les dogmes, que ce soient pour les pieds ou pour les entraînements! Bonne continuation!
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