L'auteur : marmotte_parano
La course : Trail du Cousson - 44 km
Date : 16/10/2011
Lieu : Digne Les Bains (Alpes-de-Haute-Provence)
Affichage : 2320 vues
Distance : 44km
Objectif : Pas d'objectif
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16/10/2011
44km
2300D+
Le dernier objectif de la saison après une année faite de hauts et de bas, de beaux souvenirs (la Transjutrail et X-trail) et surtout de blessures à répétition (douleur sur la voute plantaire gauche et par conséquent une tendinite au tendon d’Achille droit).
Je voulais finir la saison par un beau trail, le choix s’est fait naturellement sur ce jeune trail (3ème édition) dont le départ se situe à Digne les Bains. L’occasion rêvée de rendre une petite visite à ma tante et mon oncle (coucou à eux, j’en profite ! ).
Des photos sur le site web qui font rêver et un profil intéressant, ainsi qu’un prix d’inscription relativement bas (34€ ) ont achevé de me décider (à propos, je salue vraiment l’organisation de proposer aussi des tarifs « low-cost » à 23€ de mémoire sans le repas d’après course ni le t-shirt en coton bio, une heureuse initiative). Et je ne parle pas du chapitre bio qui est la cerise sur le gâteau !!
On arrive donc la veille, la météo s’annonce plus que clémente. On profite d’une conférence sur l’alimentation des coureurs pour réviser nos élémentaires et comprendre un mieux ce qui se passe dans nos organes.
Un tajin aux coings et une bonne nuit de sommeil !
Le matin, il faut gratter les vitres de la voiture et la température flirte avec le 0°C mais le ciel est pur.
Zone de départ - crédit photos : http://www.trailducousson.fr
Première bonne surprise au retrait des dossards, la quantité de lots : un buff polaire, un t-shirt habillé en coton bio, un petit sac en toile type marin, et … et … et un petit paquet de biscuits artisanaux . Toutes ces petites attentions feraient presque oublier la mauvaise surprise pour un événement qui se veut bio / respect de l’environnement : pas de toilettes. Mais on n’oubliera pas qu’il y a failli ne pas avoir d’édition 3, et que les organisateurs ont complètement revu leur copie pour 2011 afin d’attirer de nouveau du public.
Et du monde, il y en a un peu au départ de ce 44km : une petite centaine de coureurs. La fraicheur aidant, tout le monde part vite. Je remonte rapidement le peloton pour pouvoir me placer dans la tête de course dans les 10 premiers.
Devant, trois coureurs ont déjà pris les rênes de la course, un peu derrière Corinne Favre accompagnée de trois gars, et puis un peu plus loin, il y a moi ! Le départ est bien roulant, jusqu’à l’entrée dans les robines, des terres noires. Je suis les marquages blancs à travers un dédale de rigoles profondes tracées dans ce décor lunaire. Cet instant magique aurait pu durer des kilomètres…
Les robines - crédit photos : http://www.trailducousson.fr
La montée au Feston me permet de lâcher mes poursuivants. Je me retrouve donc en 8ème position, tout seul sur les sentiers roulants dans les sous-bois du Feston. J’allonge, je me fais plaisir. Peu à peu, je rattrape un autre coureur. Mais à la faveur du début de la montée au hameau des Dourbes, il me prend quelques mètres. Je ne fais pas d’effort particulier pour le tenir. La course est encore longue ! Je le vois rattraper Corinne Favre qui est alors à moins d’une minute de moi.
Quelques minutes plus tard, un petit groupe s’est formé devant moi, à une cinquantaine de mètres, Corinne avec deux autres concurrents.
A une intersection, je les vois tous les trois partir à droite en direction d’un photographe alors qu’à gauche, des rubalises pendent aux arbres. Je les rappelle et cela me permet d’intégrer leur groupe.
Je me retrouve dans les pas de Corinne sur une route qui monte vers le hameau des Dourbes où doit nous attendre le 1er ravitaillement. Les deux autres coureurs ne s’accrochent pas. Au dessus du hameau, une immense barrière de calcaire me rappelle les falaises de Chartreuse ou du Vercors. Ce sera notre prochain objectif, la barre des Dourbes, pour le moment, après avoir quitté le hameau des Dourbes, on se demande où se trouve ce ravito…
Ah, le voilà enfin. Comme promis, le ravitaillement est uniquement à base de produits bio et artisanaux : jus de pomme et de raisin, pates d’amandes, cake et fruits secs.
J’ajoute un peu d’eau dans la poche et me ravitaille rapidement pour repartir avec Corinne. Le coureur qui s’était trompé tout à l’heure nous rejoint au départ du ravitaillement et prend … la mauvaise direction. Décidemment il veut ajouter des km supplémentaires.
L’itinéraire emprunte une belle piste. C’est un gros faux plat montant. Je me mets dans le rythme de Corinne. En discutant, cette longue section de piste passe plutôt bien mais je sens qu’aujourd’hui, ce qui va me poser problème ce sont mes adducteurs . Ils sont déjà bien douloureux comme si j’avais déjà parcouru des dizaines de kilomètres et nous sommes que dans la première ascension.
Après avoir tenu un bon moment l’excellent rythme de Corinne, je me raisonne, et la laisse partir un peu devant. Le sentier s’élève de plus en plus tout en restant roulant. La falaise est maintenant toute proche et je me demande bien comment on va passer dessus. Aucune faille en vue dans cette barre infranchissable.
Finalement le sentier part à gauche sous la falaise, avec un profil presque descendant et j’aperçois alors le col par lequel on va passer.
L'arrivée à la Barre des Dourbes - crédit photos : http://www.trailducousson.fr
L’orga à cet endroit me confirme ma 5ème place à 13 minutes des premiers. Pas mal, pas mal ! Je suis bien content. Il va falloir confirmer maintenant.
La section suivante se passe sur les crêtes de la barre des Dourbes. Le sentier, ou plutôt, la trace s’approche et s’éloigne du vide. Il faut être très attentif au marquage dans ce labyrinthe et surtout bien faire attention aux rochers.
Pour le moment, j'ai encore le sourire...
En cherchant un peu mon chemin, je passe à travers quelques buissons et, CRAAAAC je suis projeté à l’avant. Je me rattrape comme je peux mais je tombe pas (YEEES ! ). Je sens le contact du rocher sur le dessus de mon pied. Ma chaussure sera blessée à jamais. Un magnifique trou de quelques centimètres dans le mesh vers le petit orteil…
Je redouble de vigilance après cet épisode et je me retrouve à marcher presque partout. Je vois au loin une tache orange qui galope, Corinne. La vue est particulièrement incroyable, un 360° « de la Provence aux Alpes, des Ecrins au nord aux massifs de la Ste Beaume et de la Ste Victoire au sud, du Mercantour à l'est au géant de Provence à l'ouest » (extrait du site web)
Barre des Dourbes - crédit photos : http://www.trailducousson.fr
L’organisation avait prévenu que le début de la descente était un peu scabreux. Je m’attendais à poser les mains. Le sentier est bien meilleur que ça, des petits virages serrés un peu glissants mais rien de bien méchant. La descente se passe bien, les adducteurs reposés par la marche au sommet. Un coureur me rattrape un peu avant le ravitaillement.
J’arrive au ravitaillement au moment où Corinne en part. Un petit coup d’œil sur le chrono : 2h20 pour 22km m’apprend que je suis pour le moment bien en avance sur mes estimations. Je ne m’attarde pas, j’aimerais bien essayer de rattacher le wagon. Je pars à un bon rythme sur cette piste roulante, en prenant garde toutefois à ne pas me cramer. Je reprends peu à peu quelques mètres sur Corinne. Mais surtout peu à peu, le mal aux adducteurs revient (et revient horriblement vite) et cette piste qui n’en finit pas d’être roulante.
Alors que je m’étais dit que ça allait être une partie facile pour moi, cette section roulante n’en finit plus de devenir un calvaire. Je sens que je lâche prise sur ma course qui avait pourtant si bien commencé.
Je me raisonne en me disant que ce n’est qu’un passage à vide, que ça va revenir. Mais au fond de moi, je n’y crois pas vraiment. Une douleur musculaire comme celle-là, je ne vois pas comment elle peut passer.
Je me force à courir mais j’attends avec impatience la prochaine section raide que je puisse marcher sans mauvaise conscience.
Oh et puis m….e, je marche. Personne ne m’oblige courir. Je passe cependant le Col de Pierre Basse en trottinant. Grand réconfort quand je vois que mon oncle est là. Ça me motive bien de le voir !
L’itinéraire continue sur une piste toujours aussi roulante. La température a un peu augmenté mais rien de bien gênant. Toute cette section doit être excellente avec de bonnes jambes ! Je sais que je suis capable d’aller bien plus vite sur de telles sections.
Je garde juste dans la tête que l’objectif c’est le prochain ravito.
Enfin j’aperçois un village au pied du Sommet du Cousson. Le cadre est toujours aussi magnifique. De nouveau mon oncle au ravitaillement. Je ne pensais pas le revoir ici. Cette fois-ci, ce ne sera pas un ravito express. Je prends le temps de m’alimenter, de remplir ma poche, de discuter avec mon oncle, qui ne me rassure pas vraiment en me disant qu’il reste un gros morceau, l’ascension du sommet du Cousson. Montagne emblématique de Dignes les Bains. De toute manière, mon seul but est de terminer en bon état maintenant. Qu’importe la place, qu’importe le temps. Je veux juste terminer et continuer à prendre un peu de plaisir.
Et finalement, j’en prends un peu dans cette ascension. Par moment, c’est raide, c’est un peu caillouteux. Je me fais doubler souvent, mais comme je me suis fait une raison, ça passe bien. J’ai un œil sur l’altimètre, histoire de savoir combien il me reste à grimper.
Enfin, on passe de l’autre côté de la crête et j’aperçois la suite. Ouh, c’est encore un beau coup de cul que nous avons là !
Dans la montée au Cousson - crédit photos : http://www.trailducousson.fr
J’arrive au sommet et là, je m’assois quelques instants. C’est trop bête de ne pas en profiter ! Le paysage est magnifique. Je ne connais pas le nom des montagnes autour mais la luminosité permet de voir loin. Une chapelle (chapelle St Michel du Cousson) est posée au bord du précipice. La tradition veut que les jeunes femmes voulant se marier fassent le tour sans tomber dans le ravin.
Sympa la tradition, non ? - crédit photos : http://www.trailducousson.fr
Mais un doute s’installe, sur le profil j’avais bien noté que l’ascension se faisait en deux parties. Suis-je définitivement au sommet de la course ou faut-il encore que je monte sur le sommet que je vois en face ?
Je demande aux orgas postés là. Ouf, maintenant il me reste que de la descente. D’ailleurs en parlant de descente, c’est d’abord un véritable mur dans un alpage qu’il faut descendre.
Et là, on ne voit pas que c'est VRAIMENT raide ! - crédit photos : http://www.trailducousson.fr
En bas de ce mur, c’est un sentier super roulant qui descend dans la forêt. Quel plaisir ! Les adducteurs reposés par cette longue ascension en marchant restent réactifs alors que je craignais vraiment ce retour. Je suis tout seul, personne devant, personne derrière. Et les kilomètres défilent, enfin je l’espère. Car les indications au sol ne correspondent pas à ce que j’avais vu sur le profil. Elles me paraissent un peu optimistes, mais j’aimerais bien y croire.
Vue au début de la descente - crédit photos : http://www.trailducousson.fr
Dernier ravito. Je m’arrête encore une fois dans le doute. Un peu d’eau dans la poche. Et c’est reparti. Je scrute mon alti. Il y en reste encore pas mal à descendre. Je ne vois pas comment on va prendre autant de négatif en si peu de kilomètres.
Et je commence à entendre un poursuivant revenir peu à peu. Je l’entends à la faveur des lacets que nous empruntons. Un sursaut d’orgueil me fait accélérer.
Ah oui ! Je comprends mieux maintenant comment on va réussir à prendre le négatif. Le sentier plonge dans la forêt. C’est raide , ça glisse un peu et ça me permet de remettre des mètres avec mon poursuivant qui semble moins à l’aise.
Enfin je reconnais le vallon où se trouve l’arrivée. Je franchis la ligne en 5h24min (soit 13ème sur 81).
Emilie finit même pas une demi-heure derrière moi, prend une belle 4ème place en féminine et gagne en senior !
Mon oncle et ma tante sont là, je les remercie encore pour leur accueil !
Le repas est super bon bien que les quantités sont justes (alors que nous ne sommes pas les derniers, il ne reste pas beaucoup dans les gamelles).
Mon bilan est très mitigé. J’ai eu le sentiment d’avoir loupé une occasion de faire une grande course. Ce profil était parfait pour moi. Mais mon entrainement ne m’avait pas préparé à une course aussi roulante où tout (ou presque) peut se faire en courant. En soit, je ne fais pas une mauvaise place ou un mauvais temps mais j’aurais aimé faire mieux. Cependant, cette course est magnifique et avec son côté « développement durable » pourrait bien l’aider à gagner en notoriété.
Un immense merci aux organisateurs et aux bénévoles qui, ne l’oublions jamais, sont le cœur de la course.
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