Récit de la course : Sundown Marathon 2011, par Drill38

L'auteur : Drill38

La course : Sundown Marathon

Date : 28/5/2011

Lieu : Singapour (Singapour)

Affichage : 573 vues

Distance : 42.195km

Objectif : Pas d'objectif

1 commentaire

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Pas d'autre récit pour cette course.

Mon premier Marathon et à Singapour !!!

  • Date : 28 mai 2011
  • Lieu : Singapour, départ de Changi Exhibition Centre (Aviation Park Road)
  • Heure de départ théorique : 22h
  • Nom de la course : The Sundown Marathon
  • Nombre de participants : 25 000 coureurs (10k, semi et marathon)
  • Résultats :
04:23:29 (net)
- 29ème femme catégorie « open »
- 400ème au scratch sur 7237 finishers
- 46ème femme sur 1169 finishers
- 9ème de ma catégorie sur 285 finishers 



Introduction :
Tout le monde a une idée bien personnelle de ce que représente un marathon. Pour certains c’est quelque chose d’inimaginable ou complètement impossible, pour d’autres c’est l’ultime épreuve et pour les habitués c’est une épreuve comme une autre qui demande de la préparation et pour laquelle on veut toujours mieux réussir que la fois précédente.
Chacun vit aussi complètement différemment sa course et chaque course est unique. Ces 42,195 km m’ont tellement apportés de bonheur que j’ai envie de partager mon expérience et de me souvenir longtemps de ces moments. Ce qui est incroyable c’est que je me souviens bien de mon premier 10km à Toulouse en 2008 (course de nuit aussi d’ailleurs) : j’avais précisément les mêmes sensations de joie et d’envie de dire à tout monde : faites pareil, c’est dément ! Ce petit récit n’a pas pour but de vous convaincre de courir mais plutôt expliquer ce que j’aime dans ce sport et garder une trace de ce petit « moment de vie ». Pour ce qui sont pas trop intéressés ou qui n’ont pas le temps de lire un roman au boulot, j’ai fais une version courte ! Pour les plus curieux ou intéressés, juste en dessous vous trouverez ma « saga » au fil des kilomètres. Enjoy !

VERSION COURTE
Ca y est c’est fait, j’ai couru mon premier marathon. Vous l’aurez compris je pense, pour moi ça n’a été que du bonheur ! J’ai bien stressé avant car je n’étais sure de rien même pas de l’heure à laquelle arriverait mon bus sur le site de la course. La course s’est déroulée par la suite comme prévue, des points d’eau tous les 2 kilomètres, du monde et 2 supporters de compétition :-). Dans ma tête je me suis dis que ce n’est pas si difficile que ça mais que j’attendais le 30ème km pour en être vraiment sure. Cette impression m’a aidé quand même à être dans un esprit « positive attitude » tout le long ! Même la température et l’humidité me semblent complètement supportables très certainement grâce à mon arrêt systématique à chaque point d’eau (cela malgré le fait que mon tee-shirt soit intégralement trempé dès le 6ème km)…. La musique et le fait de ne regarder ma montre que pour contrôler ma vitesse (et non pas l’heure ni le chrono) ont été des aides précieuses sans lesquelles je ne suis pas sure que j’aurai pu gérer ma course de la même façon. L’un des plus gros autres facteurs fut mes supporters ! Le fait d’avoir d’un mini objectif (à 14 et 28km) avant l’arrivée m’a vraiment aidé à tenir le rythme. Passé ces 2 points, il m’a resté le conseil crucial pour moi qui a été de ne surtout pas m’arrêter. Alors là pour le coup ça n’a été que du mental, le cerveau a bien décroché, j’ai eu presque la sensation de dormir de temps en temps et d’avoir des petits flashs de lucidité pour relever la tête, voir un panneau de kilométrage, regarder ma vitesse et repartir en mode « ok bientôt arrivée, je continue ». La toute fin de course est un bonheur inexplicable mais que je pense avoir bien résumé 50m avant la ligne par un hurlement de bonheur et une magique accélération venue de nulle part ! :-)

VERSION LONGUE
  •        L’avant course : aéroport, hôtel, stresse, transport, fatigue, doutes et excitation
Après avoir récupéré mes 2 supporters de choc (mon papa et mon oncle) à l’aéroport c’est l’heure de récupérer les clés de la chambre qui évidemment n’est pas prête, on souffle un bon coup, « allez c’est pas grave on va visiter la piscine de 150m de long sur le toit ! ». On prend quelques photos et on  redescendre finalement 30 minutes plus tard pour crier au scandale et obtenir nos passes magiques. Là rien à dire… tout est magnifique dans la chambre et j’aurai moi-même bien testé les matelas en siestant rapidement… mais il est déjà 18h, pas le temps de s’éterniser. Je repars chez moi avec une valise entière pleine de victuailles bien françaises : petits pains au lait, pim’s, fromages, vin, Chartreuse et j’en passe !!!
Un dernier plat de pates aux pates à avaler, mes affaires sont prêtes depuis la veille, hop je file dans le métro. Il est 19h40, je suis comme une puce, il faut que je parte, je pense être large… en métro il me faut 20min pour arriver aux navettes. Je grimpe directement dans celle qui arrive au même instant, j’ai une place assise : parfait J, on roule on roule puis le drame : on s’arrête ! sur le côté je vois passer les premiers coureurs du semi marathon qui sont partis à 20h… je regarde ma montre effectivement il est déjà bien tard, mais comme je ne sais pas où je suis, je commence par ne pas trop m’inquiéter..puis petit à petit n’avançant pas du tout et l’heure tournant vraiment, le doute s’installe : je n’y serai jamais pour 22h ! Entre stresse et fatigue nerveuse quelques coups de fil aux copains supporters pour le 21, coups de fil à mes supporters coincés aussi mais dans un taxi… pas beaucoup d’info et beaucoup de stresse, une attente interminable. Finalement le bus obtiens l’autorisation de traverser une route barrée jusqu’alors, il passe difficilement mais arrive tout de même à se faufiler dans l’étroit passage créé par les policiers : heureuse de cette brave action j’applaudie… bon apparemment il ne fallait pas, personne n’a suivi ! ^^ tant pis, moi ça m’a fait du bien. Il est plus de 22h quand j’arrive finalement sur le site.

  • Le départ : sac, toilettes et « ah il faut y aller… ? »
Je me dépêche de déposer mon sac, je remonte à l’arrache mes magnifiques bas roses (que je ne découvre à l’envers que vers le 22ème kilomètre, morte de rire !) et file faire la queue pour une dernière pause pipi. Juste un peu plus loin je vois des gens qui semblent être arrêtés. Je m’approche et non en fait ils marchent… me voilà en réalité dans le « départ »..ah bon ?! bon ben du coup ça va être le moment de partir.. ! ok à peine le temps de réaliser qu’en fait il est déjà 22h06, je me retrouve « emportée par la foule ». 

  • Les premiers kilomètres : les tortues de nuits
Me voilà donc dans la Masse Humaine. Une chaleur s’émane des corps qui m’entourent et créés une atmosphère chaude et humide insupportable. En doublant par les côtés je ressens un légère brise tellement agréable que cela me rassure pour la suite. La route n’est pas beaucoup éclairée et l’image de tous ces gens qui courent tout compactés dans la nuit noire me fait penser aux tortues qui sortent du sable et vont toutes dans la même direction de la mer.  C’est au premier virage que je crois apercevoir mon papa et puis soudain mon oncle ! Ils ont réussit à sortir de leur taxi à temps pour me voir une première fois dans les premiers kilomètres, ils tiennent dans leurs mains un tissus blanc que je n’ai pas le temps de distinguer. Je n’ai qu’une hâte : les recroiser au kilomètre 14 (point d’attente prévu par l’organisation pour les supporters) pour découvrir leur surprise ! En attendant je cours au bord de la piste de décollage des avions et j’ai pu en compter 3 partir ! Il est toujours assez difficile de se faufiler entre les gens pour remonter le flux mais je sens de plus en plus que la masse s’effiloche. Les kilomètres s’enchainent bien indiqués par d’énormes panneaux immanquables. Je laisse passer le premier ravito d’eau car complètement blindé de gens mais n’en laisserai ensuite pas passé un seul jusqu’à la fin ! C’est ainsi que tous les 2 kilomètres j’ai pris mes 2 verres d’eau, complètement indispensable vu l’eau déjà perdue au 4ème kilomètre.
  • A partir du kilomètre 9 et jusqu’au 14 : les atterrissages, le début de la « fraicheur » et « attente » des bof’.
A partir du panneau 9 les avions ont commencé à nous « frôler » en passant juste au dessus de nos tête avant d’atterrir… ça me fait regarder en l’air et voir que le ciel est plein d’étoiles.
C’est aussi à ce moment là que la « masse » disparait. L’air frais du bord de mer arrive enfin. Je repère un « monsieur-sac-à-dos » que je ne vais finalement pas quitter jusqu’au 14K. Il est à peu près au même rythme que moi mais ne s’arrête pas au ravito donc à chaque fois reprend un peu d’avance mais je le rattrape un peu plus loin. Les « water-stations » s’enchainent et deviennent de bons alliés de rythme de course. A l’approche du point clé, j’enlève mes écouteurs et repère de loin une grande banderole blanche avec mes 2 supporters de chaque coté ! Je distingue « Sandrine » taggué en énorme…je suis alors intérieurement morte de rire et je leur fait de grand signe pour qu’ils me voient arriver. Moment magique d’entendre son prénom, de les voir tout contents. Je leur souffle des bisous et hop je suis malheureusement déjà plus avec eux…Tellement heureuse j’ai du bien accélérer et j’en ai perdu mon « monsieur-sac-à-dos ».

  • 14 au 28 : un samedi soir typique sur East Coast Park 
Les kilomètres défilent et tout me semble parfait. J’arrive dans la partie vraiment animée d’East Cost Park. Et là je n’y avais pas pensé mais tout le monde vivait sa petite vie comme un samedi soir ordinaire à Singapour : BBQ sur la plage, tentes plantées dans le sable pour les amoureux qui habitent encore chez leurs parents et puis quelques rollers et vélo qui se baladent au milieu des coureurs…Des kilomètres bien animés donc. Et oh surprise ! il y a enfin quelques supporters avec une petite pancarte et un drapeau … A ce niveau là on peut dire que c’était pas la folie toulousaine du centre ville avec les bandas et autres danseuses… mais l’animation ambiante est tout de même agréable.
Au 28 je crie en voyant mon papa, il y a plein de gens autour de lui qui crient aussi tous du coup ! yeahhhhhhhhhhhhhhhh !

  • Du 29 au 35: le Grand Noir
Après le 28 tout va bien mais le paysage change radicalement en très peu de temps. La folie des BBQ et des quelques joueurs de guitare ou percussion, rire des enfants pas encore couchés ou postes radio laissent place à un grande vide. D’un coup tout n’est plus que silence et nuit. Petit à petit les gens se mettent à marcher ou s’arrêtent pour s’étirer. Moi j’écoute ma musique et me dis que le mur du 30eme kilomètre ne me fait pas peur ! j’ai quand même une petite fringale et craque pour un gel au 29k au lieu du 30eme…intérieurement je rigole de cette « folie » complètement ridicule !

  • Du 36 au 40 : Première et unique douleur, accrochage et autisme
Je crois que c’est par là que j’ai senti le muscle de ma cuisse gauche commencer à se durcir un peu et me faire bien peur. J’ai repensé aux crampes chopées pendant un raid qui m’avaient complètement immobilisée. Je décide de ne surtout pas m’arrêter pour ne pas revivre ça. Finalement un nouveau ravito arrive je bois et accepte de prendre un peu de crème que propose une bénévole… tout le monde semblait en mettre aux autres stands précédents, je tente donc d’en récupérer un peu dans ma main et de déposer le tout sur le haut de mon genoux là où mon muscle commençait à m’inquiéter. Un grand coup de froid d’abord qui m’a fait beaucoup de bien puis une sorte de brulure cutanée m’a fait regretter mon geste pendant un bon quart d’heure… mais finalement ma cuisse n’a plus retenté le coup de la crampe donc je pense que c’était tout de même un bon choix. Le gel suivant a eu un peu le gout de crème encore mais l’épisode fut oublié après m’être rincé les mains au ravito suivant. Vient alors la phase interminable de profonde solitude et d’autisme. Il n’y a plus que des gens qui marchent ou qui courent très lentement, il fait très sombre, il y a de temps en temps des taxis qui passent et je me dis que peut être mon papa et mon oncle sont dans l’un d’eux en direction de l’arrivée… mais très vite je décroche le cerveau. Je croise finalement un gars à lunette qui semble avancer à la même vitesse. Instinctivement je me suis littéralement accroché à son pas. J’avais la tête baissée, je me suis surprise à être dans une sorte de « mode veille », je suivais juste le gars mais quand même en regardant ma montre de temps en temps, on était toujours autour de 10km/h donc aucun souci, je me suis laissé guidée. Je crois qu’il a du essayé de me parler mais j’avais ma musique sur les oreilles et ne pensais pas à grand-chose à part à ne pas aller trop vite pour ne pas m’arrêter. Je voulais juste continuer à dépasser tout le monde et à garder ce rythme.

  • Du 41 au 42,195 : the end !
La fin était tellement longue… une belle petite cote qui ne semble jamais finir sur une grande route de bitume déserte ! j’avais l’impression d’être le gars de la photo de l’affiche sauf que le soleil était remplacé par un gros lampadaire qui brillait vraiment fort par rapport à l’obscurité alentour. Je continue a dépasser mais j’ai tellement peur de m’écrouler avant que je reste sur le même rythme. Apres un virage dans le noir complet je découvre enfin finalement la lumière éblouissante de la ligne d’arrivée… je suis incapable d’évaluer la distance à ce moment là mais je vois finalement des gens sur les côtés et mes 2 réflexes ont été de commencé par hurler de joie à 2 reprises : j’ai tellement crié que je pense avoir réveillé des supporters endormis qui a leur tour ont crié et applaudis et puis ensuite j’ai accéléré comme une déglingo pour passer la ligne et sauter en l’air !!!!



  • L’après course : sur un petit nuage
      On me donne une médaille, me dit de m’avancer vers les t-shirt et là le cerveau a comme refusé les ordres… et puis je me force profondément à avancer mais là ouille ouille ouille très bobo au genou gauche… limite envie de m’assoir et puis non je ne peux pas rester là… mais je manque de m’écrouler par terre et sautent sur moi deux petites minettes pour m’aider…. « heu… non mais ça va je suis trop contente ! » et puis finalement je crois que j’ai mal mais j’ai trop envie de sortir pour retrouver ma famille ! alors je continue, je chope mon t-shirt, ma banane et mon 100plus et je retrouve mes deux voyageurs :-) Je suis restée perchée un bon moment, je crois que je le suis toujours un peu mais je ne sais toujours pas comment expliquer pourquoi je ressens autant de bonheur d’avoir passé cette ligne. Je pense qu’il faut le vivre pour comprendre. Mais ce soir là j’ai eu l’impression de rendre heureux également mes 2 supporteurs et ça, ça n’a pas de prix ! :-)

 
Apres avoir passé les 2 jours suivants à me balader gentiment avec mes visiteurs je suis quand même bien surprise et heureuse de ne pas avoir de grosses courbatures ou douleurs particulières. Maintenant c’est le retour à la réalité du boulot mais avec dans la tête que du positif et aussi des pensées pour le prochain marathon… !



Sandrine.

1 commentaire

Commentaire de lulu posté le 02-06-2011 à 10:48:00

BRAVO pour ton 1er marathon. Une bien belle course et un bien beau marathon !
@ +

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