Modérateur: Modos
Japhy a écrit:Je trouve ton analyse assez bonne rodio, j'ai eu exactement les mêmes impressions sur chaque coureur quand j'y étais. Je me fais un peu de souci pour Bando, qui semble reperdre du terrain. J'ai discuté un long moment avec lui, malgré son anglais un peu hésitant, et c'était assez émouvant. ça a été terrible pour lui les premiers jours, malade, contracture à la cuisse, méga-ampoules, très très dur physiquement et moralement. J'espère que ça va de nouveau aller mieux...
M. Koshita est assez marrant mais très chic, lui c'est le japonais typique (alors que Bando serait plus du genre brut de décoffrage et rigolo comme Toshiru Mifune dans les 7 samuraïs). Il fait son petit bonhomme de chemin. Il est aussi allé au Grand canyon mais n'y est pas descendu contrairement à Rainer! Mais quand je lui ai montré les photos du fond du canyon où j'étais allée deux jours avant, avec les cascades est tout, il m'a dit "si jamais l'étape de demain est annulée j'y vais, mon ticket d'entrée est valable une semaine!" :mrgreen:
Je dois être un peu quiche mais je ne trouve pas les nouvelles de ceux qui sont hors classement, comme Jenni ou Markus Mueller par ex, qui n'est pas mauvais du tout, mais qui a été terrassé par un genre de gastro au début de la course;
Japhy a écrit:Ah oui, j'oubliais, bien contente que le paysage navajo plaise à James, j'avais été un peu peinée que les organisateurs parlent de paysages très monotones voire ennuyeux pour ces étapes, parce que moi je les trouve chargés d'émotion; Bien sûr c'est mieux d'aller au fond des canyons (Chelly par ex) ou en haut des mesas plutôt que de rester sur la route, mais c'est vraiment un endroit à part quand même.
Pour le coup du drapeau je pense qu'il vaut mieux éviter! Les indiens des différentes tribus ont des sentiments parfois ambivalents du point de vue de la nation, par ex il y a des drapeaux dans certains villages et des soutiens aux soldats indiens partis à l'étranger, mais l'engagement dans l'armée est quand même le plus souvent une nécessité vitale, étant le seul moyen d'avoir une formation professionnelle gratuite par exemple. Mais en même temps, beaucoup d'indiens gardent une très grande amertume, bien évidemment.
J'ai un copain à Chelly qui m'avait emmenée à peu près partout où je voulais et on était allé une fois à El Morro National Monument, un très grand rocher "signé" (gravé en fait) par des centaines de "conquérants", notamment espagnols, arrivés dans le sud-ouest américain par cet endroit du Nouveau-Mexique, puis par des vagues de colons successives. Le copain en question avait accepté de m'y emmener (je ne sais pas trop pourquoi j'avais tenu à y aller) mais n'avait pas arrêté d'enquiquiner les rangers du coin en leur demandant s'ils n'avaient pas honte de travailler là.
Enfin, depuis que les huiles très intelligentes des états majors ont eu l'idée lumineuse d'appeler l'opération anti-Ben Laden, Géronimo, du nom du plus grand "terroriste" du 19ème siècle, les indiens l'ont eu très très mauvaise et s'aperçoivent que rien n'a changé dans les mentalités. ça avait beaucoup ronflé à Window Rock, siège du gouvernement navajo par exemple.
Japhy a écrit:Oh il y a quand même pas mal de choses à lire, parmi lesquelles les bouquins de N.Scott Momaday, qui parlent beaucoup de sa vie en Arizona et Nouveau-Mexique au siècle dernier, ceux de Sherman Alexie (indiens spokane de Seattle, bouquins très rigolos sauf Indian Killer, très chouette mais pas rigolo du tout...), ou encore les polars de Hillerman, un américain qui écrivait sur les navajos, mais d'après eux c'est assez représentatif de leur vie.
Et puis il y a le bouquin extraordinaire « Nous, le peuple » de Serle Chapman, un recueil d'interviews ou de textes de dizaines d'indiens de toutes nations, des plus conservateurs (aussi crétins et arriérés que les conservateurs blancs) aux plus révolutionnaires, avec des gens entre les deux, des artistes, des écrivains, des acteurs etc... Ils racontent leur vie ou tout ce dont ils ont envie de parler, tout simplement. Il y a beaucoup de choses sur les évènements du Dakota et d'Alcatraz dans les années 70, pas très reluisant pour le gouvernement américain comme d'habitude. Je l'avais mais je l'ai prêté et on ne me l'a jamais rendu....
Il y a aussi un très bon livre sur la région Sud-Ouest, « Ecocide of Native America », qui parle des désastres écologiques dus à l'exploitation du charbon, de l'uranium ou même de l'eau des fleuves, au fil des siècles, et sur la façon dont les nations indiennes du coin l'ont vécu et continuent à le vivre. Pas en français par contre.
Après il y a des choses plus spirituelles ou religieuses qu'ils ne veulent pas partager avec les autres, ça se comprend aussi.
rodio a écrit:Le texte est moins long que d'habitude. Pas de photos. L'organisatrice lui a conseillé de passer moins de temps sur son blog et d'aller se coucher plus tôt. C'est ce qu'il a fait.
cloclo a écrit:rodio a écrit:Le texte est moins long que d'habitude. Pas de photos. L'organisatrice lui a conseillé de passer moins de temps sur son blog et d'aller se coucher plus tôt. C'est ce qu'il a fait.
Bonne résolution, les forçats de la route 66 ont besoin de repos
T'en fait pas, James, les forçats du canapé compensent au niveau "blog"
Japhy a écrit:Pauvre James...Petite baisse de moral, sa chérie lui manque on dirait. C'est vrai qu'il écrit de mieux en mieux, ce qui est logique lorsque les émotions remontent. Sa première remarque sur les 2,5 miles de plus est intéressante, parce que Rainer m'a dit justement que "seulement" 2,5 miles de plus c'était très important, même sur de très longues distances journalières, et ça faisait une grosse différence parfois, car c'était en gros 3/4 d'heure de moins pour se reposer! Chaque km est important...
Le premier problème de James c'est qu'il est tout seul, ses amis de L.A. sont partis maintenant, et même si l'orga s'occupe de son ravito sur la route, il doit faire ses sacs, sa lessive le soir etc...ça crève. Et en plus il ne mange que des merdes, des nachos, des frites et des burgers, franchement, ça plombe, c'est super gras et ça fait gerber. C'est vrai que dans cette région on ne trouve pas de trucs sains facilement. Une fois au restau, on a pris avec Bartel des pâtes, censées venir avec une salade Caesar; mais elle n'a pas été "livrée" à table. On s'est souvenu de la salade au bout d'un moment et j'en ai parlé à la serveuse qui m'a fait:
"ah mais si vous voulez la salade qui est indiquée, il faut me le préciser explicitement".
J'ai pris deux kilos en une semaine, et pourtant j'ai vraiment beaucoup bougé!
Bando ne va pas bien non plus on dirait. Bon, espérons que ce soit temporaire.
cloclo a écrit:rodio a écrit:Le texte est moins long que d'habitude. Pas de photos. L'organisatrice lui a conseillé de passer moins de temps sur son blog et d'aller se coucher plus tôt. C'est ce qu'il a fait.
Bonne résolution, les forçats de la route 66 ont besoin de repos
T'en fait pas, James, les forçats du canapé compensent au niveau "blog"
gdraid a écrit:
Mathématiquement sur les 17 étapes, l'allemand Rainer KOCH bénéficie en moyenne,
d' 1 heure de plus, de repos quotidien que le premier Français Patrick MALANDAIN,
et 4 heures de plus, de repos quotidien que les 2 derniers japonais Yoshiaki BANDO et Makoto KOSHITA
Mattews a écrit:Sacrés références le bonhomme
Une question me taraude quand même, à savoir comment un athlète comme Rainer a priori très jeune pour cet exercice de style, arrive-t-il à maitriser ce genre de format de course?
Des références chronométriques certes, mais quoi d'autre?
Japhy a écrit:Chaco canyon est bien plus qu'un "canyon" minéral de plus. C'est un genre de Machu Picchu en plus plat. Un ensemble de plusieurs "villes" reliées entre elles, et occupées de 800 à 1100 environ par les ancêtres des indiens du Sud Ouest. Un centre spirituel et commercial, dont on ne sait pas encore trop pour quelle raison il a décliné, simple émergence d'un centre concurrent ailleurs, ou sécheresse prolongée. Encore un endroit très chargée d'histoire et d'émotions, presque aussi émouvant qu'un Pompéi.
A la place de Malandain, je ferais gaffe à la pression d'Orru. Malandain a quand même pas mal d'avance sur Orru au général (quelques 14h ?), et le second est un petit malin. Est-ce que Malandain refuse de perdre l'ascendant psychologique sur l'italien et de lui céder la deuxième place sur quelques étapes?
J'espère que James ira mieux aujourd'hui...
rodio a écrit:Mattews a écrit:Sacrés références le bonhomme
Une question me taraude quand même, à savoir comment un athlète comme Rainer a priori très jeune pour cet exercice de style, arrive-t-il à maitriser ce genre de format de course?
Des références chronométriques certes, mais quoi d'autre?
Ben, il faut peut-être tordre le cou au genre de constat qui dit qu'il faut être "vieux" pour réussir sur grand fond. Les monuments de cette discipline ont scoré jeune : Kouros et Jornet. Les meilleurs scores de Kouros (les Sydney-Melbourne, son Spartathlon record, son 24 heures record) ont été réalisés très jeune.
Rainer Koch a commencé à faire du grand fond à tout juste 18 ans (selon le site du DUV). Il a une particularité c'est qu'il score sur 50 km et 100 km, mais que ses tentatives sur 24 heures et 6 jours sont relativement faibles. C'est typiquement un coureur à étapes. Il se régénère en s'arrêtant longuement.
Voici sa rodiométrie :
marathon : 2h38'29 = 1389
60 km : 4h01'12 = 1477 (estimation)
100 km : 7h05' = 1560
24 h : 220 km = 1235 !
Spartathlon : 28h51 = 1255
A signaler qu'il a tout de même une dizaine d'expériences de course de 24 heures (dont plusieurs Spartathlon) et plus, et qu'il n'a jamais bien réussi dans cet exercice. Son meilleur 6 jours n'est pas non plus follichon (733 km) pour un coureur de ce niveau.
Bref et la rodiométrie est très parlante dans son cas : Rainer Koch est le prototype du coureur à étapes de 70 bornes !
Japhy a écrit:Ha. Je suis bien contente de voir que Malandain a résisté à Orru. Je l'aime bien aussi Orru mais on a le droit d'avoir ses chouchous non?
Par contre Bando aïe aïe aïe, pourvu que ça n'aille pas plus mal.
Chouette pour James si ça va un peu mieux.
rodio a écrit:Japhy a écrit:Ha. Je suis bien contente de voir que Malandain a résisté à Orru. Je l'aime bien aussi Orru mais on a le droit d'avoir ses chouchous non?
Par contre Bando aïe aïe aïe, pourvu que ça n'aille pas plus mal.
Chouette pour James si ça va un peu mieux.
James reprend du poil de la bête et Bando est un lutteur. On y croit.
23e étape : Velarde - Palo Flechado Pass, 75 km
Classement de l'étape :
1. Rainer Koch.............8:43:05
2. Patrick Malandain......9:47:35
-. Italo Orru...............9:47:35
4. Serge Girard...........10:22:34
5. Alexandro Bellini......10:39:30
6. James Adams......... 11:50:47
7. Makoto Koshita....... 12:52:28
8. Yoshiaki Bando........ 13:07:56
Classement après 23 étapes :
1. Rainer Koch.............174:17:20
2. Patrick Malandain......198:11:12
3. Serge Girard............211:30:51
4. Italo Orru...............213:18:25
5. Alexandro Bellini......228:05:23
6. James Adams......... 237:45:49
7. Makoto Koshita....... 267:17:52
8. Yoshiaki Bando........ 270:15:42
Ce matin je lis avec un réel plaisir le récit de la 23e étape de James Adams. Ce gars-là est un vrai poète. Suivre l'épreuve à travers son texte est un régal supplémentaire. Il nous court et nous écrit le roman de l'été. Merci James Adams. Juste une phrase de ce bijou de texte http://www.runningandstuff.com/ram/.
When going through the bad times the minutes feel like hours, good times the hours can feel like minutes.
Quand les minutes des mauvais moments durent des heures, les heures des bons s'enfuient comme des minutes.
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