par Bourdonski » 14 Juil 2010, 17:18
La frustration des abandons pour cause de BH est compréhensible. La déception est de rigueur face aux nombreux paysages zappés mais je crois, encore une fois, qu'on a tendance à oublier l'environnement : la montagne.
Celui qui arrive à bout de souffle juste après une BH ne se pose en général pas de question car il est cuit de recuit et prends presque comme une délivrance le fait d'être stoppé. Le risque vient de ceux qui estiment être encore physiquement apte car leur retard est du, à leur avis, non pas à une certaine lenteur mais à ce qu'ils ont pris le temps de (prendre des photos, discuter, admirer, etc...). Hors, même si le parcours TGV est archiconnu et fréquenté, il reste un parcours de montagne à plus de 2000 m. Prendre du retard dès le début, à moins d'être un champion, ne prédispose pas à ne pas en avoir sur les autres BH. Chaque année, l'orage gronde à partir de 16h sur le secteur Chavière - Péclet Polset, et la fatigue aidant, il peut faire extrêmement froid sans compter le brouillard. Il ne faut pas oublier que le secteur n'a pas de balisage spécifique trail avec une rubalise tous les 50 m comme sur l'UTMB.
Les organisateurs avaient bien précisé les spécificités du TGV et en particulier les BH, garantes, en 1er lieu, de la sécurité des concurrents ce que l'on a tendance à oublier. Après l'organisateur a parfaitement le droit de fixer ses règles, connues et acceptées au départ, et d'estimer qu'un retour Arpont - Pralognan était moins risqué et couteux, financièrement et logistiquement, qu'une poursuite jusqu'à Plan Sec.
Concernant les dangers potentiels émis par certains de ce retour sur Pralognan livrés à eux-mêmes. De nombreux trails le pratiquent dès lors que les concurrents ne sont pas épuisés physiquement : retour vers le départ ou raccourci à pied. Sur l'UTMB 2008, j'ai abandonné un peu au-dessus de La Balme et j'ai du revenir seul de nuit jusqu'aux Contamines où se trouvait la navette pour Chamonix. A part la petite remontée vers le Blockaus et le passage du névé, plus facile en montée qu'en descente, le traçé est tout plat jusqu'à La Vanoise puis descente vers Pralognan. Il ne faut pas oublier que nous étions début juillet, un dimanche sur un traçé GR entre 10 et 16 h don très fréquenté. De plus, le refuge de La Vanoise faisait une excellente halte pour se ravitailler avant d'entamer la descente avec une pause supplémentaire aux Barmettes. Si l'organisation annonce 4 serres-files derrière, ils devaient y être et il faut rappeler que le chemin était connu car parcouru dans l'autre sens quelques heures avant. Désolé mais certains ont parfois tendance à oublier que trail en montagne signifie un minimum d'autonomie de la part du trailer et qu'à ce titre, il doit être capable de regagner par ses propres moyens le départ sauf blessure.
Petite précision, le passage du col d'Aussois est un peu plus limite que le col de Chavière et surtout pas sécurisé pour des coureurs déjà en difficulté sur un névé et après 8 h de course. Par contre, l'idée d'un petit TGV qui court-circuiterait le Barbier et l'Orgère est intéressante si réalisable techniquement.
Encore une fois, pour avoir connu l'abandon, je sais la frustration engendrée par celui-ci et celle-ci doit être encore plus grande si quelqu'un d'autre décide pour soi-même (BH dépassée). Dans une autre réponse, j'ai estimé que le TGV était un des trails les plus durs justement à cause de ses BH et de l'altitude moyenne de progression. Cela signifie qu'il faut vraiment arrivé en forme et bien préparé car il ne faut pas trop lambiner sur le parcours. Par ailleurs, je n'ai pas trouvé que les fameux névés avaient durci la course : ils ne font pas plusieurs km de long et la trace était bien faite avec une neige bien portante.
Les organisateurs se sont montrés responsables à mon sens et ils ont montré leurs respect pour les coureurs en classant finisher tous ceux qui ont bouclé le tour même hors délai. Je conseillerais aux frustrés des beaux paysages de retourner à Pralognan et de se faire le TGV en off sur 2 ou 3 jours en profitant de l'accueil des refuges et de la vallée.
Bonne saison d'été.