stephrunrun a écrit:Le sujet est que ce sujet se pose pour bien des français, c’est le fameux sentiment d’insécurité posé dans l’article. Peut-être pourrait-on tirer un parallèle avec les patelins profonds qui votent régulièrement FN sans jamais connaitre d’insécurité réelle…
Ça s'est exactement ce dont je parle, le fonctionnement de la peur, on a peur aussi et surtout de ce qu'on connait pas : c'est ce que oui j'avais retenu de l'analyse du vote FN au tournant des années 80 par Nonna Mayer.
Le sentiment d'insécurité a besoin d'exutoires, qui rarement sont complètement rationnels.
stephrunrun a écrit:Pour être tout à fait pertinent sur l’Italie, il faudrait être factuel. Tu nous fais part de ton expérience, en parlant même d’« ambiance ». Peut-on extrapoler cette expérience ? Il faudrait d’abord étendre ton observation sur les runners aux autres utilisateurs de la nature (qui factuellement, en France, ne représentent pas la majorité de ces utilisateurs), donner des statistiques, comparer avec les pratiques et réglementation effectives (y a-t-il en Italie des jours de chasse complètement off ? peut-on chasser partout ? les accidents touchent-ils les non chasseurs dans les mêmes proportions ?), etc.
Comme je l'ai dit, il a très bien fait son taf le mec d'ESSEC, il était motivé (j'en ai expliqué une partie des raisons), il se trouve que même en admettant que j'ai tout ou une partie de ses capacités... je n'ai en rien ses motivations.
Je ne suis pas chasseur, je n'ai aucune motivation particulière à défendre la chasse... si ce n'est une connaissance moyenne et directe du phénomène supérieure à celle de beaucoup de personnes qui en parlent, du fait de mon lieu de naissance et de ma capacité acquise à emmagasiner des informations.
Pour vous répondre ou lui répondre point par point il faudrait du temps... un peu comme pour éventuellement améliorer une étude sur le vote de Nonna Mayer. Mais ça ne veut pas dire que l'on ne puisse pas percevoir, facilement, des endroits où ça coince et des endroits où c'est
militant.
stephrunrun a écrit:La solution passe par le dialogue, plutôt que de s’opposer stérilement. Faisons donc un pas les uns vers les autres. Recréer les conditions d’un partage de l’espace naturel, en bonne intelligence, en évitant de diviser. C’est militant anti chasse ca ?
Cette dernière affirmation n'est en rien militante anti-chasse. Et je suis à 100% d'accord, j'y reviens ensuite.
Passer par le dialogue, cela implique d'éviter les clichés comme les bobos ou les vannes supposées sur l'embonpoint, ou sur l'alcool...
Mais surtout le dialogue est une chose qui se fait de personne à personne, en local, là où chacun de nous vit.
Je suis né à la campagne, dans une zone où aujourd'hui on chasse le sanglier, si je voulais aller y courir en période de chasse, je saurais très facilement qui chasse où et à quelle heure. Je sais comment obtenir les informations, comment et à qui parler, j'ai les codes de communication, je sais comment cela fonctionne.
Je vis dans une zone où on chasse... j'ai eu peur à un moment : au moment du premier boom des sujets sur la chasse dans kikourou...
J'ai réalisé que l'an dernier je suis allé me balader en famille au
milieu d'une battue au sanglier, sans avoir aucunement peur, on a croisé des chasseurs, dont des gens qui étaient sur le chemin où on passait, armés, en battue, quand on est revenu il y avait un pick-up archi plein de sangliers morts, on a fait des photos, tout le monde rigolait. En passant j'ai posé mes questions, il y avait visiblement 2 équipes dans 2 battues différentes, j'ai expliqué où on allait, j'ai demandé... zen complet... j'avais pourtant l'accent clairement étranger, habillés pour la rando, tout s'est (évidemment) très bien passé. Là où on montait la battue était terminée, l'autre non (certains était 'au poste').
Et ce zen complet allait dans les 2 sens, eux savaient très bien que nous on risquait rien et du coup nous le disaient très sereinement...
donc si je devais "aider" quelqu'un à courir sereinement, je lui dirais de 1) arrêter de lire des trucs qui lui foutent les foies 2) chercher à comprendre comment fonctionne la chasse là où il va courir en dialoguant avec les habitants du lieu qui savent comment fonctionne la chasse de cet endroit et, enfin, réussir à dialoguer avec les chasseurs du lieu en question.
Le dialogue dont tu parlais, est clairement nécessaire, mais il ne se fait pas sans y investir de son temps... bref il faut devenir (si on ne l'est pas) un individu citoyen de l'endroit où il va courir.
Ce dialogue, direct, sur place, préparé, anticipé, me paraîtrait la base mais ne semble pas si évident que ça si on se laisse aller à lire des conseils sur l'argument.
https://www.je-vais-courir.com/running-trail-quand-comment-ou-courir-en-periode-de-chasseIl nécessite le pas, au niveau concret, physique dont tu parles.
stephrunrun a écrit:Faisons donc un pas les uns vers les autres.
Oui, il faut faire ce pas, et si c'est de ma sérénité et/ou sécurité qu'il s'agit, je le fais.
Plus haut quelqu'un a dit, si la loi était respectée, il n'y aurait pas d'accidents... oui, mais mon conseil serait plutôt celui de l'ethnographe : sachant que la loi est un texte en papier et que les accidents interviennent entre les personnes en chair et en os, essayons nous, de nous prémunir des accidents non pas en brandissant un bout de papier, mais en établissant des relations humaines.
Si je devais courir là où je suis né... je suis certain que les chefs de battues sauraient où je cours, quand et comment, qu'ils sauraient qu'en jaune c'est moi et qu'ils tirent pas comme si c'était un mec en orange de la battue d'en face. Je chercherais à comprendre leurs raisons et je présenterais les miennes. J'ai jamais été à l'apéro chez le plus fort chasseur, mais si je devais y passer 1 mois en période de chasse, je le ferais... bref je communiquerais, dialoguerais, sans jamais parler de lois, règles, etc. mais en utilisant les codes de communications qui fonctionnent dans le lieu en question : parler aux bonnes personnes avec le juste ton.