LIBERTE, MORALE ET MARATHON
Publié: 15 Juin 2009, 22:25
J'ai trouvé un article intéressant à propos de la théorie morale du professeur Harry Frankfurt de l'université de Princeton, spécialiste de la philosophie morale.
Voici une illustration de sa théorie :
La situation est très simple à décrire : un coureur lors d'un marathon, arrivé au 30ème kilomètre commence à souffrir, il émet deux actes de volonté contradictoires : vouloir s’arrêter et ne pas vouloir vouloir s’arrêter.
S'en suit le conflit interne entre ces deux actes de volonté contradictoires :
1 De l’incapacité à supporter la situation naît un acte de volonté : je veux m’arrêter. C’est ce qu’on nomme un désir du premier ordre. Désir parce qu’il n’est pas encore accompagné par un acte.
2 Mais presque tous les marathoniens émettent à ce moment-là un acte de volonté contradictoire : je ne veux pas vouloir m’arrêter. Je ne veux pas vouloir m’arrêter parce que cela fait des mois que je m’entraîne pour faire ce marathon et que je sais que je suis prêt pour le mener jusqu’au bout. Je ne veux pas vouloir m’arrêter parce que mes amis sont venus me voir et que j’aurais honte devant eux s’ils me voyaient m’arrêter. Je ne veux pas vouloir m’arrêter parce que je sais que dans deux ou trois kilomètres les questions partiront et les souffrances seront moins fortes…
Ce désir requiert des raisons, plus ou moins convaincantes selon les cas. Il s’agit d’un désir du second ordre parce que ce désir prend pour objet un autre désir, le désir du premier ordre : le marathonien ne veut pas vouloir s’arrêter.
Rien ne pousse le marathonien à suivre un désir plutôt qu’un autre. Mais il est plus ou moins forcé de choisir entre deux solutions incompatibles.
La définition de la liberté est la suivante : un individu est libre si et seulement s’il choisit librement d’agir conformément à l’un des deux désirs, c’est-à-dire de le réaliser en s’identifiant à lui. Je suis libre aussi longtemps que j’ai le pouvoir de choisir un désir du premier ordre contre un désir du second ordre, ou vice-versa.
Dans cette situation, le marathonien a un désir du premier ordre (vouloir s'arrêter) et un désir du second ordre (ne pas vouloir vouloir s'arrêter). Pour mettre fin au conflit, le marathonien doit construire un désir du troisième ordre, qui sera, dans ce cas (vouloir ne vouloir pas vouloir s'arrêter). Si ce désir de sortir du conflit en endossant un désir plutôt qu'un autre n'est pas construit, le marathonien reste dans le conflit, le statu quo (il marche : ni arrêt, ni course).
Mais qu'est-ce qui empêche le marathonien de ne pas former un désir du quatrième ordre (ne pas vouloir vouloir ne pas vouloir vouloir s'arrêter, ou vouloir vouloir ne pas vouloir vouloir s'arrêter) ? Comment arrête-t-on la hiérarchie des désirs et passe-t-on à la réalisation de l'action ? Quand le marathonien recommence-t-il à courir ?
C'est à ce propos que je vous invite en toute sérénité à débattre.
Voici une illustration de sa théorie :
La situation est très simple à décrire : un coureur lors d'un marathon, arrivé au 30ème kilomètre commence à souffrir, il émet deux actes de volonté contradictoires : vouloir s’arrêter et ne pas vouloir vouloir s’arrêter.
S'en suit le conflit interne entre ces deux actes de volonté contradictoires :
1 De l’incapacité à supporter la situation naît un acte de volonté : je veux m’arrêter. C’est ce qu’on nomme un désir du premier ordre. Désir parce qu’il n’est pas encore accompagné par un acte.
2 Mais presque tous les marathoniens émettent à ce moment-là un acte de volonté contradictoire : je ne veux pas vouloir m’arrêter. Je ne veux pas vouloir m’arrêter parce que cela fait des mois que je m’entraîne pour faire ce marathon et que je sais que je suis prêt pour le mener jusqu’au bout. Je ne veux pas vouloir m’arrêter parce que mes amis sont venus me voir et que j’aurais honte devant eux s’ils me voyaient m’arrêter. Je ne veux pas vouloir m’arrêter parce que je sais que dans deux ou trois kilomètres les questions partiront et les souffrances seront moins fortes…
Ce désir requiert des raisons, plus ou moins convaincantes selon les cas. Il s’agit d’un désir du second ordre parce que ce désir prend pour objet un autre désir, le désir du premier ordre : le marathonien ne veut pas vouloir s’arrêter.
Rien ne pousse le marathonien à suivre un désir plutôt qu’un autre. Mais il est plus ou moins forcé de choisir entre deux solutions incompatibles.
La définition de la liberté est la suivante : un individu est libre si et seulement s’il choisit librement d’agir conformément à l’un des deux désirs, c’est-à-dire de le réaliser en s’identifiant à lui. Je suis libre aussi longtemps que j’ai le pouvoir de choisir un désir du premier ordre contre un désir du second ordre, ou vice-versa.
Dans cette situation, le marathonien a un désir du premier ordre (vouloir s'arrêter) et un désir du second ordre (ne pas vouloir vouloir s'arrêter). Pour mettre fin au conflit, le marathonien doit construire un désir du troisième ordre, qui sera, dans ce cas (vouloir ne vouloir pas vouloir s'arrêter). Si ce désir de sortir du conflit en endossant un désir plutôt qu'un autre n'est pas construit, le marathonien reste dans le conflit, le statu quo (il marche : ni arrêt, ni course).
Mais qu'est-ce qui empêche le marathonien de ne pas former un désir du quatrième ordre (ne pas vouloir vouloir ne pas vouloir vouloir s'arrêter, ou vouloir vouloir ne pas vouloir vouloir s'arrêter) ? Comment arrête-t-on la hiérarchie des désirs et passe-t-on à la réalisation de l'action ? Quand le marathonien recommence-t-il à courir ?
C'est à ce propos que je vous invite en toute sérénité à débattre.