Différences de performances femmes / hommes en ultra
Publié: 13 Mai 2021, 10:40
Titre d'un article dans le dernier Zatopek : "Le dernier homme debout peut-il être une femme ?"
L'allongement démentiel des distances n'a pas attendu l'UTMB ou du Tor des Géants.
Il y a 1 siècle, les 6 jours étaient très à la mode.
Mais depuis qques années j'ai l'impression que les épreuves "ultra+" sont bcp plus médiatisées.
La tendance de fond depuis des décennies est aussi que les pelotons se féminisent...
Il y a tout un tas d'exemples récents de victoires féminines au scratch : Zatopek cite Corinne Favre à la CCC en 2007, Maggie Guterl au "Big's Backyard 2019" avec 402 km, Courtney Dauwalter en 2020, Ruth Croft au Tarawera ultra (108km) en 2021, Jasmin Paris à la Montane Spine Race 2019 (450km), Fiona Kolbinger à la Transcontinental Race 2019 (4000km de vélo)... et pas plus tard que ce WE, Sissi Cussot et Manon Bohard se sont permis de griller la politesse à François d'Haene himself au "Treg Cape verde". Bon ok, FDH a coulé une bielle, mais quand même.
Alors que le taux de participation des femmes reste encore très inférieur à 50% : Zatopek évoque 28/376 au dernier LDHD en Belgique, 9/271 en Vendée, 27/287 à Château-Chinon... et de manière plus générale "rarement plus de 15 à 20% de femmes [sur les épreuves d'ultra-trail] alors que, sur des distances plus courtes, elles sont aussi nombreuses que les hommes et même parfois majoritaires".
"The State of Ultra Running 2020" donne 23% de femmes en ultra contre 14% il y a 23 ans.
(la France obtient le triste score de 11%...)
L'article de Zatopek continue en évoquant un article de Nature en 2002 qui prédisait une inversion de suprématie, par exemple en 2002 pour le marathon. Raté !
Le consensus scientifique actuel semble être que jusqu'au marathon, c'est plié. Trois facteurs objectifs handicapent les femmes : moins d'hémoglobine, plus de graisse, une respiration plus coûteuse.
Et après ? Questionne Zatopek.
Une constatation : plus la distance s'allonge, plus l'écart homme/femme diminue. "The State of Ultra Running 2020" (étude de 15 451 courses d'ultra sur 23 ans) donne ces chiffres :
5km : écart = 17,9%
Marathon : 11,1%
100 miles : 0,25%
>195 miles : -0,6% !!!
Et en ultra-natation (au-delà de 46km, quand même !), "females generally outperform males" !
En ultra, la VO2Max cesse d'être déterminante, et plein de nouveaux facteurs entrent en jeu... et les hommes ne sont pas forcément les meilleurs sur ces facteurs là : fatigabilité, résistance à la souffrance, bonne utilisation des substrats énergétiques (proportion de fibres lentes), gestion de course, système digestif (estomacs 10% plus petits), changements hormonaux (incluant : testostérone => prise de risque => plantage !)...
Bref, "la question elle n'est pas vite répondue", et les chercheurs cherchent...
Si vous avez 5 minutes devant vous, l'article récent (co-auteur Guillaume Millet) est intéressant : "Do Sex Differences in Physiology Confer a Female Advantage in Ultra-Endurance Sport?". Voir aussi l'analyse qui en est faite sur irunfar ici.
En gros la conclusion c'est : le problème est complexe, il faut continuer à chercher... et on espère que le taux de participations féminines aux ultras va continuer à augmenter pour qu'on puisse étudier des pelotons féminins et masculins un peu plus comparables entre eux !
Si on veut éviter d'attendre 20 ans que ces proportions s'équilibrent en ultra comme c'est déjà le cas sur des courses courtes, je me demande s'il ne serait pas possible d'étudier le lien entre les perfs sur courtes et longues distances, pour tenter d'extrapoler les conclusions obtenues sur courtes distances, à l'ultra.
L'allongement démentiel des distances n'a pas attendu l'UTMB ou du Tor des Géants.
Il y a 1 siècle, les 6 jours étaient très à la mode.
Mais depuis qques années j'ai l'impression que les épreuves "ultra+" sont bcp plus médiatisées.
La tendance de fond depuis des décennies est aussi que les pelotons se féminisent...
Il y a tout un tas d'exemples récents de victoires féminines au scratch : Zatopek cite Corinne Favre à la CCC en 2007, Maggie Guterl au "Big's Backyard 2019" avec 402 km, Courtney Dauwalter en 2020, Ruth Croft au Tarawera ultra (108km) en 2021, Jasmin Paris à la Montane Spine Race 2019 (450km), Fiona Kolbinger à la Transcontinental Race 2019 (4000km de vélo)... et pas plus tard que ce WE, Sissi Cussot et Manon Bohard se sont permis de griller la politesse à François d'Haene himself au "Treg Cape verde". Bon ok, FDH a coulé une bielle, mais quand même.
Alors que le taux de participation des femmes reste encore très inférieur à 50% : Zatopek évoque 28/376 au dernier LDHD en Belgique, 9/271 en Vendée, 27/287 à Château-Chinon... et de manière plus générale "rarement plus de 15 à 20% de femmes [sur les épreuves d'ultra-trail] alors que, sur des distances plus courtes, elles sont aussi nombreuses que les hommes et même parfois majoritaires".
"The State of Ultra Running 2020" donne 23% de femmes en ultra contre 14% il y a 23 ans.
(la France obtient le triste score de 11%...)
L'article de Zatopek continue en évoquant un article de Nature en 2002 qui prédisait une inversion de suprématie, par exemple en 2002 pour le marathon. Raté !
Le consensus scientifique actuel semble être que jusqu'au marathon, c'est plié. Trois facteurs objectifs handicapent les femmes : moins d'hémoglobine, plus de graisse, une respiration plus coûteuse.
Et après ? Questionne Zatopek.
Une constatation : plus la distance s'allonge, plus l'écart homme/femme diminue. "The State of Ultra Running 2020" (étude de 15 451 courses d'ultra sur 23 ans) donne ces chiffres :
5km : écart = 17,9%
Marathon : 11,1%
100 miles : 0,25%
>195 miles : -0,6% !!!
Et en ultra-natation (au-delà de 46km, quand même !), "females generally outperform males" !
En ultra, la VO2Max cesse d'être déterminante, et plein de nouveaux facteurs entrent en jeu... et les hommes ne sont pas forcément les meilleurs sur ces facteurs là : fatigabilité, résistance à la souffrance, bonne utilisation des substrats énergétiques (proportion de fibres lentes), gestion de course, système digestif (estomacs 10% plus petits), changements hormonaux (incluant : testostérone => prise de risque => plantage !)...
Bref, "la question elle n'est pas vite répondue", et les chercheurs cherchent...
Si vous avez 5 minutes devant vous, l'article récent (co-auteur Guillaume Millet) est intéressant : "Do Sex Differences in Physiology Confer a Female Advantage in Ultra-Endurance Sport?". Voir aussi l'analyse qui en est faite sur irunfar ici.
En gros la conclusion c'est : le problème est complexe, il faut continuer à chercher... et on espère que le taux de participations féminines aux ultras va continuer à augmenter pour qu'on puisse étudier des pelotons féminins et masculins un peu plus comparables entre eux !
Si on veut éviter d'attendre 20 ans que ces proportions s'équilibrent en ultra comme c'est déjà le cas sur des courses courtes, je me demande s'il ne serait pas possible d'étudier le lien entre les perfs sur courtes et longues distances, pour tenter d'extrapoler les conclusions obtenues sur courtes distances, à l'ultra.