Free Wheelin' Nat a écrit:Veux bien lire ton article, Boulegan
- Le mythe du caractère bénéfique de la bière:
Le caractère bénéfique supposé de la bière fait partie des mythes largement répandus dans le milieu sportif, sans doute parce qu'on y compte beaucoup d'amateur de houblon et que la consommation de cette boisson faiblement alcoolisée bénéficie d'une complaisance supérieure, dans ce milieu, à celle des autres boissons alcoolisées. Celles-ci se trouvent affectées d'une connotation plutôt négative, même si l'image du vin tend à s'améliorer ces dernières années, notamment grâce aux découvertes des scientifiques qui ont démontré les vertus du vin rouge absorbé en quantités modérées. Quoi qu'il en soit, on présente la bière comme une panacée après l'effort, et c'est tout juste si celui qui n'en boit pas à ce moment-là ne souffre pas d'un handicap, comparativement à d'autres qui descendent une à deux canettes sitôt le pied posé à terre! Mais cette conception est pour le moins erronée.
Des propriétés diurétiques malvenues:
La bière possède des propriétés diurétiques qui s'expriment difficilement après un effort prolongé ou intensif, car l'organisme met en œuvre des processus de conservation de l'eau qui se poursuivent tant que le volume hydrique corporel n'est pas restauré. De plus, un sportif déshydraté ne se met pas à uriner s'il avale une bière: il lui en faut parfois 5 ou 6 d'affilé pour satisfaire aux besoins du contrôle antidopage, et dans ce cas c'est tout simplement l'excédent de liquide qui doit être mis en cause. De toute façon, le principe même de cette démarche encore répandue est à mettre en cause: est-il vraiment souhaitable de rechercher une boisson diurétique au moment où les réserves hydriques de l'organisme sont entamées? En théorie, cela peut aggraver ce déficit. N'oublions pas que la priorité de l'organisme, sitôt l'effort terminé, est de restaurer le plasmatique (la partie liquide du sang). Une fois cet objectif atteint, les vertus diurétiques de certaines boissons pourront alors commencer à s'exercer. De ce fait, c'est dans un second temps que la bière pourra se révéler efficace et aidera à éliminer certains déchets formés à l'effort.
Une extrême pauvreté en sel:
Cette boisson se caractérise encore par son extrême pauvreté en sel, qui n'a d'égale que celle du coca. Cette particularité lui confère-t-elle une supériorité par rapport à d'autres boissons?
Non, et ce pour deux raisons. Tout d'abord, l'apport de sodium est souhaitable en phase de récupération, car il permet de restaurer plus rapidement le volume plasmatique, et parfois même d'atteindre un niveau supérieur à celui qu'on observait avant l'effort. Indépendamment du bénéfice qui en résulte sur le plan circulatoire (on dispose d'un sang plus fluide), ceci présente un avantage évident: la solubilisation des déchets s'opère plus aisément. Cette diminution du risque de cristallisation, notamment au niveau rénal, se révèle à terme aussi important que la rapidité d'élimination des déchets. Or, pauvre en sel, la bière ne permettra pas la survenue d'un tel phénomène. De fait, en dépit de propriétés diurétiques démontrées au repos chez un sujet normalement hydraté, la bière ne permet absolument pas de mieux récupérer qu'avec une boisson énergétique appropriée. Elle ne constitue donc pas le choix le plus judicieux immédiatement après un exercice.
Un apport d'alcool néfaste:
Au delà de la question d'un éventuel effet diurétique en phase de récupération, on peut également s'interroger quand au bien-fondé de l'apport d'alcool éthylique immédiatement après un effort. Rapidement absorbé, plus vite parvenue au cerveau que lorsqu'elle est bue au cours d'un repas, la bière affecte-t-telle plus rapidement les fonctions cérébrales que si on l'ingérait au repos? Cela dépend beaucoup des individus. Ce qui est par contre général, c'est que l'alcool perturbe le métabolisme et l'aptitude de l'organisme à restaurer la glycémie. Pour toutes ces raisons, et en dépit d'une teneur vitaminique et glucidique qu'on pourrait juger intéressante, la bière ne parait guère recommandable après un effort. Il vaut mieux laisser passer quelques heures pour profiter de ses bienfaits et la savourer sans souci.
Denis RICHE - L'alimentation du sportif en 80 questions, chez Vigot).