Fabriquer en France du matériel de Trail
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Bonjour,
un petit point que j'aimerais partager avec vous, j'espère de façon objective.
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Le « Made in France » est à la mode. Mais chez Raidlight, PME française, nous avons choisi dès 2008 de créer une marque « Made in France by Raidlight » avec des produits 100% fabriqués en France. La même démarche avait été initiée par Vertical, et nous avons rassemblé nos efforts quand nous avons repris cette société. Cela concerne aujourd’hui une gamme d’une douzaine de produits textiles, confectionnés en France, et qui représentent environ 8% de notre chiffre d’affaire. Seulement 8%, déjà 8%, à vous de juger, c’est un constat.
Pourquoi faire du textile Made in France ?
Il n’y a pas d’avantage technologique ou qualité à faire de la confection textile en France. Les machines à coudre et les savoir-faires textiles sont quasi-identiques partout dans le monde pour cette industrie de main d’œuvre. Le coût de production varie de 1 à 5 entre la France et d’autres pays du monde.
C’est donc un choix délibéré de tenter de produire une partie en France.
Délibéré pour laisser le choix au client, délibéré parce qu’en ces temps de « crise », nous voulons apporter un axe « social » à nos productions. Soit on se plaint du chômage et on ne fait rien, soit on agit et on essaye de faire travailler ici. Nous proposons le choix à nos clients d’acheter du textile de sport « fabriqué en France ». Aujourd’hui, le constat est que ce choix « Made in France » se fait pour 8% de notre chiffre d’affaire.
Pour d’autres produits où la « quantité de main d’œuvre » influe moins sur le coût de revient, il y a encore des pistes en France, et nous les suivons quand c’est possible, par exemple avec notre gamme de chaussettes, la majorité de nos bidons, et des bâtons que nous faisons produire en France chez Guidetti.
A noter que chez Raidlight-Vertical nous jouons la transparence sur nos productions au Maghreb et en Asie, en mettant à disposition de façon transparente sur internet des photos des usines qui travaillent pour nous, et que nous visitons régulièrement. Un produit fabriqué à l’étranger peut également être réalisé avec respect.
Nous tenons aussi chez Raidlight-Vertical à conserver notre savoir-faire textile, et à le valoriser. Ainsi notre atelier de conception est ouvert à la vue de tous nos clients à Saint-¨Pierre-de-Chartreuse, et nous organisons plus de 50 visites de l’entreprise par an, et avons reçu plus d’une quinzaine de classes d’étudiants dans l’année écoulée. Ce savoir-faire textile français nous l’entretenons, et nous le revendiquons.
Quels produits fabriqués en France ?
Partant du constat que le coût de main d’œuvre varie de 1 à 5 entre France et Asie, nous nous sommes orientés vers des produits assez simples ne demandant que peu de temps-minute. L’objectif est de ne pas ajouter un surcoût supérieur à +25% du prix de vente par rapport à un prix concurrent. Et pour cela, nous rognons nos marges, et demandons à nos distributeurs de faire de même.
La gamme concerne donc des maillots, sous-vêtements, et sacs à dos assez simples à produire, et où la valeur du produit se situe plus dans la matière utilisée. Nous précisons que ce que cette gamme Made in France by Raidlight est 100% confectionnée en France, il ne s’agit pas d’un simple rajout de broderie ou autre artifice.
Relocalisation ?
Ce serait politiquement correct de dire qu’il s’agit de relocalisation. Mais ce n’est pas le cas. Notre production en France concerne une gamme dédiée, et la production en France n’est pas applicable à la grande majorité de nos produits.
Exemple :
- Un sac à dos technique que nous commercialisons 60€ TTC au public, nous le vendons nous-mêmes entre 20€ et 30€ à nos distributeurs (selon le canal de diffusion).
- Pour ce type de sac à dos, il faut environ 2 heures de main d’œuvre.
- Le cout de la main d’œuvre en France, au SMIC, est juste supérieur à 10€ de l’heure, soit plus de 20€ de main d’œuvre...
? la main d’œuvre de production seule est égale, ou presque égale, au prix que nous devons le vendre, sans compter le prix des matières premières, la marge nécessaire pour payer la conception, le commercial, la promotion, la logistique, le management… L’équation est impossible à résoudre.
? Autre solution : vendre ce sac entre 200€ TTC et 300€ TTC. Qui en voudra aujourd’hui ??
? « Réduire la marge distributeur » ?? L’idée suivante est souvent lancée : que le distributeur conserve une marge fixe de 30€ (celle qu’il applique sur le produit Asie) et commercialise le sac à 90€.
Séduisante idée sur le papier, mais qui se heurte au fait que la majorité des frais reste proportionnelle à la valeur d’achat. Et dans un monde concurrentiel, cela ne fonctionne pas. Nous en faisons le constat à chaque fois que nous proposons une marge moindre.
Nous ne reportons pas le problème sur notre réseau de distribution, aujourd’hui composé en grande majorité de magasins indépendants, et qui ont besoin de ce coefficient x2 entre prix d’achat et prix de revente (dont 19.6% de TVA reversée) pour vivre, voire pour survivre. Les bilans financiers de ces magasins ne dégagent pas de -surmarge indécente- source de solution miracle. Pour nous-mêmes quand nous vendons en VPC, cette marge supplémentaire couvre raisonnablement les frais de commercialisation (site internet, préparation des colis, promotion…).
Nous en arrivons au constat objectif qu’aujourd’hui,
dans notre métier, le TEXTILE, dans notre marché « LOISIR », où les utilisateurs recherchent un produit très TECHNIQUE, il n’est pas possible actuellement de relocaliser nos productions en France.
Digression sur l’avenir ?
Le monde évolue, peut-on espérer relocaliser en France à l’avenir ? Voici mon avis, qui ne s’applique pas qu’au textile, mais à l’ensemble des produits fabriqués aujourd’hui dans la grande usine du monde, l’Asie.
Tout d’abord deux fausses pistes à un avenir de relocalisation :
- Le coût du transport depuis l’Asie augmente. Mais le coût de transport représente moins de 10% du coût de revient du produit. Avant que cette augmentation ait rattrapé la différence de prix de 1 à 5…
- Les prix des matières premières augmentent, « indexées » sur le prix du pétrole qui augmente. Mais les matières premières augmentent autant en France qu’ailleurs dans le monde…
Un troisième facteur est plus intéressant :
- Pendant quelques décennies, nous arrivions à avoir « mieux et moins cher en produisant plus loin ». Mais depuis trois ans, le coût horaire en Asie augmente de +10% à +15% par an. (la fluctuation de l’euro, lorsqu’il baisse à cause de la crise européenne, accroit encore ce facteur). Et la politique industrielle de pays comme la Chine ou le Vietnam est de monter en gamme de production vers des produits technologiques, et d’abandonner progressivement des secteurs comme le textile.
La Chine évolue très vite. Quel pays (ou continent) pourra remplacer un pays comme la Chine ?? Je pense qu’il n’y en n’a pas, qu’il n’y aura plus cette ressource « à très bas coût » pour produire les produits tel que nous consommons aujourd’hui.
On peut donc croire que la France et l’Europe redeviendra à moyen terme plus compétitive par rapport aux autres pays.
Il faudra cependant nécessairement faire un choix pour s’adapter :
- Soit revoir notre mode de « société de consommation », et effectivement acheter notre sac à dos technique à 200€ - 300€ (le même que celui à 60€ actuellement), mais alors pour le faire durer 4 fois plus longtemps pour l’amortir financièrement.
- Soit il faudra complètement revoir le produit, pour revenir à bien plus de simplicité. Il y a 20 ou 30 ans, les sacs à dos étaient beaucoup plus simples techniquement (bretelles droites, quelques poches plaquées, etc…), cela avant tout parce qu’ils étaient produits dans le pays où ils étaient vendus.
Un autre débat sera de revaloriser les métiers manuels, parce que les usines de production ne tourneront pas sans main d’œuvre…
En attendant.
Raidlight-Vertical n’a pas la capacité à changer le monde,
mais nous apportons cette contribution transparente pour entretenir le débat.
Aujourd’hui, en produisant 90% de nos produits à l’étranger, il n’en reste que plus de 50% de nos dépenses annuelles sont faites en France : 25% en masse salariale (28 salariés), 25% en achats généraux, promotion, logistique, impôts…
Depuis 2009 nous proposons une gamme confectionnée en France pour volontairement donner une chance au Made in France. Le choix est donc désormais en partie entre les mains des utilisateurs, clients, consommateurs.
Cela représente aujourd’hui 8% à 10% de notre chiffre d’affaire annuel.
Il ne tient qu’à vous, de faire évoluer ce ratio, si vous le souhaitez.
http://www.raidlight.com/madeinfrance
Benoit LAVAL
un petit point que j'aimerais partager avec vous, j'espère de façon objective.
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Le « Made in France » est à la mode. Mais chez Raidlight, PME française, nous avons choisi dès 2008 de créer une marque « Made in France by Raidlight » avec des produits 100% fabriqués en France. La même démarche avait été initiée par Vertical, et nous avons rassemblé nos efforts quand nous avons repris cette société. Cela concerne aujourd’hui une gamme d’une douzaine de produits textiles, confectionnés en France, et qui représentent environ 8% de notre chiffre d’affaire. Seulement 8%, déjà 8%, à vous de juger, c’est un constat.
Pourquoi faire du textile Made in France ?
Il n’y a pas d’avantage technologique ou qualité à faire de la confection textile en France. Les machines à coudre et les savoir-faires textiles sont quasi-identiques partout dans le monde pour cette industrie de main d’œuvre. Le coût de production varie de 1 à 5 entre la France et d’autres pays du monde.
C’est donc un choix délibéré de tenter de produire une partie en France.
Délibéré pour laisser le choix au client, délibéré parce qu’en ces temps de « crise », nous voulons apporter un axe « social » à nos productions. Soit on se plaint du chômage et on ne fait rien, soit on agit et on essaye de faire travailler ici. Nous proposons le choix à nos clients d’acheter du textile de sport « fabriqué en France ». Aujourd’hui, le constat est que ce choix « Made in France » se fait pour 8% de notre chiffre d’affaire.
Pour d’autres produits où la « quantité de main d’œuvre » influe moins sur le coût de revient, il y a encore des pistes en France, et nous les suivons quand c’est possible, par exemple avec notre gamme de chaussettes, la majorité de nos bidons, et des bâtons que nous faisons produire en France chez Guidetti.
A noter que chez Raidlight-Vertical nous jouons la transparence sur nos productions au Maghreb et en Asie, en mettant à disposition de façon transparente sur internet des photos des usines qui travaillent pour nous, et que nous visitons régulièrement. Un produit fabriqué à l’étranger peut également être réalisé avec respect.
Nous tenons aussi chez Raidlight-Vertical à conserver notre savoir-faire textile, et à le valoriser. Ainsi notre atelier de conception est ouvert à la vue de tous nos clients à Saint-¨Pierre-de-Chartreuse, et nous organisons plus de 50 visites de l’entreprise par an, et avons reçu plus d’une quinzaine de classes d’étudiants dans l’année écoulée. Ce savoir-faire textile français nous l’entretenons, et nous le revendiquons.
Quels produits fabriqués en France ?
Partant du constat que le coût de main d’œuvre varie de 1 à 5 entre France et Asie, nous nous sommes orientés vers des produits assez simples ne demandant que peu de temps-minute. L’objectif est de ne pas ajouter un surcoût supérieur à +25% du prix de vente par rapport à un prix concurrent. Et pour cela, nous rognons nos marges, et demandons à nos distributeurs de faire de même.
La gamme concerne donc des maillots, sous-vêtements, et sacs à dos assez simples à produire, et où la valeur du produit se situe plus dans la matière utilisée. Nous précisons que ce que cette gamme Made in France by Raidlight est 100% confectionnée en France, il ne s’agit pas d’un simple rajout de broderie ou autre artifice.
Relocalisation ?
Ce serait politiquement correct de dire qu’il s’agit de relocalisation. Mais ce n’est pas le cas. Notre production en France concerne une gamme dédiée, et la production en France n’est pas applicable à la grande majorité de nos produits.
Exemple :
- Un sac à dos technique que nous commercialisons 60€ TTC au public, nous le vendons nous-mêmes entre 20€ et 30€ à nos distributeurs (selon le canal de diffusion).
- Pour ce type de sac à dos, il faut environ 2 heures de main d’œuvre.
- Le cout de la main d’œuvre en France, au SMIC, est juste supérieur à 10€ de l’heure, soit plus de 20€ de main d’œuvre...
? la main d’œuvre de production seule est égale, ou presque égale, au prix que nous devons le vendre, sans compter le prix des matières premières, la marge nécessaire pour payer la conception, le commercial, la promotion, la logistique, le management… L’équation est impossible à résoudre.
? Autre solution : vendre ce sac entre 200€ TTC et 300€ TTC. Qui en voudra aujourd’hui ??
? « Réduire la marge distributeur » ?? L’idée suivante est souvent lancée : que le distributeur conserve une marge fixe de 30€ (celle qu’il applique sur le produit Asie) et commercialise le sac à 90€.
Séduisante idée sur le papier, mais qui se heurte au fait que la majorité des frais reste proportionnelle à la valeur d’achat. Et dans un monde concurrentiel, cela ne fonctionne pas. Nous en faisons le constat à chaque fois que nous proposons une marge moindre.
Nous ne reportons pas le problème sur notre réseau de distribution, aujourd’hui composé en grande majorité de magasins indépendants, et qui ont besoin de ce coefficient x2 entre prix d’achat et prix de revente (dont 19.6% de TVA reversée) pour vivre, voire pour survivre. Les bilans financiers de ces magasins ne dégagent pas de -surmarge indécente- source de solution miracle. Pour nous-mêmes quand nous vendons en VPC, cette marge supplémentaire couvre raisonnablement les frais de commercialisation (site internet, préparation des colis, promotion…).
Nous en arrivons au constat objectif qu’aujourd’hui,
dans notre métier, le TEXTILE, dans notre marché « LOISIR », où les utilisateurs recherchent un produit très TECHNIQUE, il n’est pas possible actuellement de relocaliser nos productions en France.
Digression sur l’avenir ?
Le monde évolue, peut-on espérer relocaliser en France à l’avenir ? Voici mon avis, qui ne s’applique pas qu’au textile, mais à l’ensemble des produits fabriqués aujourd’hui dans la grande usine du monde, l’Asie.
Tout d’abord deux fausses pistes à un avenir de relocalisation :
- Le coût du transport depuis l’Asie augmente. Mais le coût de transport représente moins de 10% du coût de revient du produit. Avant que cette augmentation ait rattrapé la différence de prix de 1 à 5…
- Les prix des matières premières augmentent, « indexées » sur le prix du pétrole qui augmente. Mais les matières premières augmentent autant en France qu’ailleurs dans le monde…
Un troisième facteur est plus intéressant :
- Pendant quelques décennies, nous arrivions à avoir « mieux et moins cher en produisant plus loin ». Mais depuis trois ans, le coût horaire en Asie augmente de +10% à +15% par an. (la fluctuation de l’euro, lorsqu’il baisse à cause de la crise européenne, accroit encore ce facteur). Et la politique industrielle de pays comme la Chine ou le Vietnam est de monter en gamme de production vers des produits technologiques, et d’abandonner progressivement des secteurs comme le textile.
La Chine évolue très vite. Quel pays (ou continent) pourra remplacer un pays comme la Chine ?? Je pense qu’il n’y en n’a pas, qu’il n’y aura plus cette ressource « à très bas coût » pour produire les produits tel que nous consommons aujourd’hui.
On peut donc croire que la France et l’Europe redeviendra à moyen terme plus compétitive par rapport aux autres pays.
Il faudra cependant nécessairement faire un choix pour s’adapter :
- Soit revoir notre mode de « société de consommation », et effectivement acheter notre sac à dos technique à 200€ - 300€ (le même que celui à 60€ actuellement), mais alors pour le faire durer 4 fois plus longtemps pour l’amortir financièrement.
- Soit il faudra complètement revoir le produit, pour revenir à bien plus de simplicité. Il y a 20 ou 30 ans, les sacs à dos étaient beaucoup plus simples techniquement (bretelles droites, quelques poches plaquées, etc…), cela avant tout parce qu’ils étaient produits dans le pays où ils étaient vendus.
Un autre débat sera de revaloriser les métiers manuels, parce que les usines de production ne tourneront pas sans main d’œuvre…
En attendant.
Raidlight-Vertical n’a pas la capacité à changer le monde,
mais nous apportons cette contribution transparente pour entretenir le débat.
Aujourd’hui, en produisant 90% de nos produits à l’étranger, il n’en reste que plus de 50% de nos dépenses annuelles sont faites en France : 25% en masse salariale (28 salariés), 25% en achats généraux, promotion, logistique, impôts…
Depuis 2009 nous proposons une gamme confectionnée en France pour volontairement donner une chance au Made in France. Le choix est donc désormais en partie entre les mains des utilisateurs, clients, consommateurs.
Cela représente aujourd’hui 8% à 10% de notre chiffre d’affaire annuel.
Il ne tient qu’à vous, de faire évoluer ce ratio, si vous le souhaitez.
http://www.raidlight.com/madeinfrance
Benoit LAVAL