Salut Akira,
bonne nouvelle que ce fil, sympa que de l'avoir ouvert !
Je suis également coureur pieds nus, et mon histoire est la suivante:
j'ai véritablement découvert la course à pied il y 7 ans environ à la lecture du best seller "born to run". Jusque là je trouvais l'activité de courir chiante à mourir préférant l'escalade, le snow ou la bringue. Je suis tombé par hasard sur ce bouquin à une époque où courir allait s'imposer comme le moyen de maintenir aisément une activité défouloir dans un quotidien bien rempli avec 3 enfants alors en bas âge.
A la lecture de ce bouquin j'ai eu une révélation: c'est comme ça que je devais courir (médio pied pour résumer) et une envie irrésistible de courir la campagne ! J'ai acheté des five fingers et tout a commencé...
Depuis je cours régulièrement, sans objectif de temps ou de distances particuliers, avec peu de dossards, mais avec plaisir et une envie de m'améliorer constamment. j'aime me sentir en forme et pouvoir explorer de nouvelles contrées durant les vacances et la course est un excellent moyen pour cela. J'aime le plaisir que procure la course. J'aime l'intellectualisation à comprendre la course, la foulée, les méthodes d'entrainement, et plus que tout atteindre mon saint Graal: être en capacité de courir pieds nus !!!
Au fond de mon être je suis une personne qui refuse tout handicap de ma personne. Mon papa était paraplégique et je l'ai suffisamment vu souffrir, être frustré, subir le regard des autres, pour accepter d'être moi même diminué sans chercher à me battre, à comprendre les raisons de ce qu'il nous arrive. Je suis toujours appliqué ces principes pur surmonter des fractures, des maladies, en refusant de considérer les choses comme une seule fatalité. Et quand j'ai lu "Born to run" j'ai compris que le port de chaussures de running était un artifice pour compenser la fragilité de nos corps atrophiés par trop de semelles et de confort. Bon je résume et j'en rajoute un peu. Mais au fond je voulais comprendre comme est-il possible de courir pieds nus, et pourquoi pas moi !
La course pieds nus est venue petit à petit. Dans un premier temps j'ai développé chaussés mes capacités techniques et musculaires, mon endurance, la proprioception, l' allongement des distances, trail, vitesse, etc. Toujours en chaussures minimalistes avec des VFF, des Merell, des Vivibarefoot, etc. La course pieds nus allait devenir un aboutissement de ma démarche.
Je reviendrai plus longuement sur les difficultés traversées (j'ai déjà pas mal posté sur le fil dédié au minimalisme) mais j'ai compris que la course pieds nus est une course qui ne transige pas avec le compromis, mais qui est de très loin la meilleure école pour acquérir une foulée légère, médio pied, et adopter une gestuelle économique et non traumatisante. Le seul ressenti du sol permet de constamment compenser, s'adapter au relief, augmenter la surface de contact au sol pour réduire la pression sur l'épiderme et donc la douleur due au relief parfois irrégulier, etc.
Mais le plaisir de la course pieds nus est infini. Les sensations procurées apportent une dimension supplémentaire à la course. C'est comme la différence entre escalader avec des gants ou à mains nues. Et pourtant pour un grimpeur il ne viendrait même pas l'idée de porter des gants. Alors quelles raisons porter des chaussures pour courir ? Se blesser diront certains: de ma propre expérience je ne me suis jamais coupé sur des bouts de verre, des cailloux, des épines. Les seuls bobos sont des ampoules "profondes" sous la corne dont j'ai compris qu'elles proviennent d'une mauvaise technique et d'un déséquilibre entre les muscles agonistes et antagonistes (la course pieds nus ne soufre d'aucun compromis
) et que des tensions internes aboutissent à des tensions sous le pied qui gênèrent des ampoules par frottement des couches épidermiques. Un podologue ou un ostéopathe serait en mesure de donner plus de détails sur le pourquoi du comment...
Mettre des chaussures pour l'hygiène ? D'un je ne pense pas que l'on attrape des germes par les pieds si ces derniers sont sains, et sans porte d'entrée aux agents infectieux. De deux se laver les pieds n'est pas plus difficile après avoir courir nus pieds que chaussés. De trois la macération au fond d'une chaussure de running n'est pas un modèle d'hygiène non plus. De quatre après une sortie, plus de temps perdu à faire sécher ou à laver ses pompes. Bref je ne vois pas le problème.
Enfin en lisant le bouquin de Blaise Dubois, la clinique du coureur, je me retrouve dans tous les points abordés dans l'ouvrage, et plus que jamais je rejoins la position qui veut que face à un stress (qui peut finir par une blessure) la meilleure réponse est l'adaptation (du corps) et non la protection. J'ai l'intime conviction que courir medio pied est bon pour l'organisme. Plusieurs choses me font dire cela: je 'n'éprouve jamais le besoin de m'étirer après une séance comme si cette façon de courir était naturelle et douce, je ne suis jamais blessé, ni même ressenti des douleurs passagères, hormis des courbatures les premiers temps.
Gilles