Comme quoi c'est bien d'en parler sur un forum, ne serait-ce que pour recueillir le témoignage de ceux qui sont dans un cas similaire.
Par contre, c'est vrai que cette phrase cause un peu interrogation:
Free Wheelin' Nat a écrit:si je m'arrête de courir je vais vraiment me sentir malade , c'est de continuer à vivre trail qui me tient (les endorphines... ça aide à limiter les dégâts, les maladies auto-immunes sont assez liées à la forme psychique )
Est-ce qu'il n'y aurait pas quand même moyen de ne pas simplement compter sur une seule activité physique très exigeante, donc soumise à des risques divers qui peuvent arriver à tout le monde (surentraînement, blessures etc), pour se sentir bien psychiquement ? Ce n'est pas propre à ton cas, c'est un cas très fréquent.
Je connais bien le coup des endorphines, c'est pour ça que ça ne m'a jamais choquée que les gens extérieurs parlent de drogue à propos du sport. Il m'est arrivée d'aller courir ou nager fort avant des réunions importantes, histoire de faire baigner mon cerveau dans un jus calmant pour ainsi dire. C'est un bon truc mais est-ce que c'est la seule solution ? Et surtout je crois que c'est une énorme erreur de mettre tous ses oeufs dans le même panier.
Récemment j'ai découvert qu'il y avait d'autres façons de se sentir bien, qui n'étaient pas de l'ordre du défoulement. Des choses à faire en amont et qui pouvaient constituer une base solide pour affronter les petits tracas de la vie (je ne parle pas d'affronter des drames personnels hein). Je crois que chacun peut trouver d'autres sources d'apaisement et de renforcement psychique sans tomber dans la dépendance vis-à-vis d'une activité qui n'est pas sans risque comme je le disais plus haut.
J'ai la chance de ne pas avoir de graves soucis physiques (ni psychiques) mais l'an dernier j'ai expérimenté quelque chose de particulier, une très grande fatigue et des douleurs articulaires très pénibles. Pendant plus de deux mois je courais en ayant envie de pleurnicher tellement je trouvais ça crevant. La boule dans la gorge sur la prom même où il y avait eu un drame moins d'un mois plus tôt, je me suis dit que c'était quand même la honte.
Depuis ça va beaucoup mieux, je n'ai plus de douleurs articulaires, mais la fatigue est toujours là et je suis tjs incapable d'encaisser un entraînement "normal", en tout cas ce que je faisais avant. Pour l'instant, ou peut-être pour toujours allez savoir, je ne peux pas envisager de compètes longues, ni même un plan marathon. Mais je suis arrivée à m'en moquer, j'ai découvert plein d'autres choses à vivre et à aimer, et je vais très bien.
Je crois qu'on manque parfois d'imagination et de confiance en nous et dans le monde et le futur. Il ne faut pas se dire "
je ne tiendrai jamais si je dois arrêter ou diminuer", c'est une violence qu'on se fait, une auto-illusion, et une chance qu'on se retire à soi-même. C'est le contraire de la bienveillance envers soi-même. Tu vas me dire "
oui mais je me connais bien, je sais que ça se passera comme ça", ben non, on ne se connaît pas toujours bien, on peut se surprendre soi-même, on ne doit pas s'enfermer dans une cage.
C'est pour ça que j'aime bien le message d'Arclu parce qu'il contient de l'imagination (des idées de pratique adaptées à une situation actuelle et pas forcément définitive) et de la confiance (découvrir qu'on est apte à aider d'autres à se lancer dans cette activité).
Pour finir, une petite phrase de Chogyam Trungpa, qu'on peut lire même si on mange de la viande
:
"
Pour se libérer de sa prison, il faut abandonner son intention de s'évader, et accepter les murs tels qu'ils sont".
Ce qui ne veut en aucun cas dire qu'il faut se résigner, juste qu'il faut faire avec notre état, sans le nier ou faire semblant de l'oublier, et construire dessus.